Depuis des mois, je me contorsionne pour faire rentrer mes accompagnements dans du temps court. Je me vois ainsi contrainte par mes clients de régler ma mécanique à la seconde près pour produire le maximum d’effets dans un minimum de temps. Car, dans le monde du travail, chaque journée est une course effrénée contre la montre. Le temps doit être géré, optimisé, économisé… Il est devenu un consommable comme un autre au service du productivisme et de la performance. Et si on se trompait ? Serait-il envisageable de reconsidérer le temps, de le voir comme un bien précieux au service de notre créativité, propice à construire des relations solides et au lâcher prise. Et si nous décidions de prendre le temps pour ce qui est essentiel, dans notre travail comme dans la vie ?

Vous rappelez-vous du lapin blanc d’Alice au pays de merveilles ? Il ne poursuit qu’un seul but : être à l’heure à son travail. Il apparaît très responsable face aux autres personnages parfois loufoques qu’il va croiser dans sa course folle. Pour autant, il manque cruellement de caractère et se révèle à plusieurs reprises totalement impuissant à imposer ses volontés, tant il est absorbé par le temps qui file sur sa montre… Comme le lapin blanc, à trop vouloir maîtriser le temps, n’en devenons-nous pas victimes ?

S’émanciper de la dictature du temps

Comme le lapin blanc, j’ai moi aussi couru après le temps, jusqu’à l’absurdie, au point de basculer dans une fuite sans but et sans fin, comme un hamster dans sa roue. Le driver « Dépêche-toi ! » est devenu ma deuxième nature. Ça m’a sauté aux yeux, un mercredi alors que j’accompagnais mes enfants à leurs activités. Je me suis entendue leur répéter comme un leitmotiv : « Dépêche-toi de mettre tes chaussures », « Dépêche-toi de monter dans la voiture », « Dépêche-toi, dépêche-toi… ». J’ai mis un certain temps à réaliser que je conditionnais mes enfants à aller toujours plus vite pour faire rentrer tout mon programme dans cette journée que je leur avais consacrée. C’est effrayant de prendre conscience que chaque mercredi, je reproduisais exactement le même schéma que celui dont j’étais devenue prisonnière dans mon travail… Combler le vide. Remplir mes journées jusqu’à saturation. Un jour, mon fils m’a dit qu’il voulait arrêter la batterie pour être plus tranquille le mercredi. Quelle leçon !

Je constate que nous sommes nombreux à vivre cette fuite en avant. Ce besoin de « faire » pour répondre aux injonctions d’optimisation et de compétitivité qui sont la règle dans les organisations aujourd’hui. Être toujours dans le coup d’après, la course à la performance, pour avoir un temps d’avance sur la concurrence.

Avant toute compétition, les sportifs de haut niveau, s’emploient à se préparer, physiquement et mentalement. Ils observent attentivement le jeu de leurs adversaires, visualisent les conditions de leur réussite. Ils s’entraînent longuement pour répéter leurs gestes encore et encore. Or, on nous demande d’être des sportifs de haut niveau, sans nous octroyer le temps de la préparation et de l’entraînement. On comprend aisément pourquoi nous connaissons un tel niveau de souffrance aujourd’hui dans le monde du travail.

Pour nombre d’entre nous, « faire » c’est exister. Le besoin de reconnaissance est légitime au travail. Alors, en cas d’absence de reconnaissance, nous sommes tentés de démultiplier nos efforts, espérant ainsi rendre notre action plus visible. Derrière cette ligne de fuite se joue bien souvent un phénomène de compensation. On s’étourdit dans un tourbillon de « faire toujours plus » pour pallier le manque de sens ou d’alignement qui nous ébranle, dans une organisation « optimisée » qui a rendu notre travail littéralement invisible.

J’ai aussi rencontré des personnes qui bouillonnaient de mille idées et s’enflammaient en permanence, portées par l’urgence de les mettre en œuvre. Dans ce cas, j’ai pu observer que dans leur course folle à lancer mille projets, peu d’entre eux arrivaient efficacement à leur terme, faute d’avoir pris le temps nécessaire à la clarification de leur intention et à la consultation des parties prenantes. Notre nature « pressante » ne s'avère-t-elle pas être un piège dans certaines situations ? Pourquoi tant d'empressement ?

Entrevoir le temps comme créateur

Au secours, nos agendas nous étouffent ! Nous sommes entraînés malgré nous dans une spirale infernale qui nous pousse à remplir nos agendas jusqu’à l’asphyxie. Il n’existe plus le moindre souffle entre les rendez-vous et autres réunions qui s’enchaînent inlassablement…

J’accompagne régulièrement des managers à « chasser leurs voleurs de temps ». Cela consiste d’une part à identifier ce qui dans leur comportement et dans leur environnement de travail peut être consommateur de temps. D’autre part, je les amène à se centrer sur l’essentiel dans leur activité. In fine, je les invite à devenir leur propre « gardien du temps ».

Entendons-nous bien. Mon rôle ne revient pas à « optimiser », mais à « préserver » le temps ; c’est-à-dire, permettre à chacun de donner le meilleur de chaque minute ! L’idée est ici de séquencer ce temps si précieux, en fonction d'une échelle de qualité, du temps dont nous avons besoin. Avec un prérequis : bannir la notion de « temps mort » qui pollue notre raisonnement.

En effet, nous prétextons l’existence de « temps morts » pour les remplir de tout et de rien. Quelle ineptie ! C’est dans ces moments où l’esprit et le corps sont dans une disponibilité totale que le temps se fait pleinement vivant. Il faut du vide pour laisser germer les idées et donner toute sa place à l’imagination, la création, l’innovation… Le temps, lorsqu’il est entretenu peut être incroyablement fertile.

« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. »

Jean de la Fontaine – Le lion et le rat

Je me souviens d’un échange avec un dirigeant au lendemain du premier confinement imposé par la crise du Covid. Il m’avouait avoir pris la mesure des bienfaits du télétravail pour s’extraire de la spirale des urgences et se donner du temps, au calme, pour prendre de la hauteur de vue et réfléchir aux sujets de fond. Il a d’ailleurs pris la décision de s’accorder une journée de télétravail par semaine afin de se recentrer sur l’essentiel. Voilà une pratique qui me paraît vertueuse.

Apprendre à construire à partir du « vide »

La dictature du temps qui régit notre vie au travail joue sur nos peurs et notre besoin d’être actif. Laissant planer l’idée qu’être « inactif » pourrait s’apparenter à être « inutile », en tout cas aux yeux de la société.

A titre personnel, j’ai vécu cette peur après avoir pris une nouvelle orientation dans ma vie professionnelle ; un virage qui m’a confrontée à une période de trois mois sans la moindre activité rémunératrice. Trois mois de vide abyssal, c’est vertigineux ! J’ai donc appris à dompter ma peur et à me réconcilier avec le vide.

Surtout, j’ai compris que ce temps m’était offert pour que j’en fasse quelque chose ; je l’ai alors mis à profit pour me consacrer au développement de l’outil qui est aujourd’hui au cœur de mon accompagnement : la Fresque de l’intention. En définitive, je n’ai pas vu passer ces trois mois, entre mes recherches sur le mécanisme de l’intention, le design, puis le prototypage et enfin la phase d’expérimentation de la Fresque. Régulièrement, mon impatience m’a bousculée : aller plus vite dans la mise en œuvre, me lancer sur de nouvelles pistes... Bref, être dans l’action, toujours et encore, sans me laisser le temps d’aller au bout du processus et d’observer ce qui allait émerger. Rétrospectivement, je vois clairement les vertus du rythme pondéré sur lequel j'ai avancé dans mon projet.

Je remarque combien les personnes qui viennent de quitter leur activité se précipitent pour rebondir sur un nouveau projet, sans prendre le temps de se ressourcer, de faire le bilan et surtout, de s’inspirer et d’interroger leur désir profond en matière de travail. Bien souvent, on démarre sa carrière tambour battant. Puis les expériences s’enchaînent sans que l’on se pose de questions existentielles sur notre rapport profond ou notre alignement à notre activité professionnelle. C’est quand les choses se corsent que les questions fusent ! Ces interrogations sont légitimes et essentielles pour construire durablement l’avenir. Et là, encore, le temps consacré à cette réflexion est un investissement sur le futur.

A l’heure de l’immédiateté, nous devons réapprendre la patience. Avez-vous remarqué combien notre vie est semblable à une autoroute ? Aller le plus vite possible d’un point A à un point B ; c’est pratique ! Pourtant, quand on roule à cent à l’heure, les paysages défilent et les détails nous échappent. Personnellement, j’ai appris à ralentir : emprunter les petites routes, traverser les villages pour observer et apprécier les aspérités du voyage. Avoir les deux yeux ouverts, plutôt qu’un seul. Être aux aguets du moindre petit détail qui va faire toute la différence, sur notre trajet, dans notre journée…

Ne pas rester focus que sur l’objectif mais savoir savourer ce qui se passe au fil de l’eau. Voilà qui est d’une richesse absolue pour qui veut bien se donner le temps de ralentir et d'accueillir les apprentissages qui se font jour tout au long du chemin.

Faire du temps son allié

Personnellement, j’ai fait le choix, aussi souvent que possible, de sanctuariser des moments centrés sur l’essentiel. Ces instants où le temps s’arrête prennent notamment la forme de « rencontres augmentées », des échanges avec des personnes chères à mon cœur, ou de nouvelles connaissances, avec lesquelles nous partageons sur toutes ces choses qui rendent notre vie si pleine et vibrante. Ces moments de partage sont si riches que nous en sortons invariablement grandis, les uns et les autres.

J’ai décidé que je ne transigerai plus sur le temps ! Nous en avons fait notre ennemi en nous abandonnant au rythme effréné dans lequel la société nous contraint aujourd’hui, vecteur de stress, de frustration et d’insatisfaction. Pourtant, il est notre meilleur allié. Sachons l’apprivoiser, apprenons à le préserver et à honorer sa dimension de calme et de fertilité. Investissons sur lui pour investiguer les dimensions essentielles de notre vie et ne pas se satisfaire de la superficialité.

Toute ma vie, j’ai entendu cette phrase : « Tu es trop gentille ! ». Je ne dirai pas que j’en ai souffert, simplement, j’ai régulièrement ressenti de l’inconfort à me voir classée dans la catégorie des « gentils », avec toutes les représentations que cela sous-entend. Aujourd’hui, j’ai compris combien cette forme d’intelligence – car c’est bien ce dont il s’agit – m’a été précieuse tant dans mon évolution personnelle que dans mes relations. Je réalise que mon ouverture du cœur est un cadeau qui me conduit chaque jour à faire les choix qui sont les meilleurs pour moi et à construire des liens solides et puissants avec les autres et le monde.

Rétrospectivement, je vois clairement les manifestations de mon intelligence du cœur car j’ai toujours su décrypter mes désirs profonds. A quatorze ans, j’avais déjà une vision très précise du métier vers lequel je voulais m’orienter. Par la suite, mes choix professionnels ont toujours été dictés par ma sensibilité du cœur. Dans mes relations amicales ou amoureuses, il en a été de même ; j’ai rarement été trompée par mes élans du cœur. Même s’il m’est arrivé de ne pas être en mesure de justifier instantanément d’une attraction ou d’une répulsion, la raison m’est apparue clairement un jour ou l’autre. Cependant, c’est bien là que se trouve la limite de l’intelligence du cœur, me semble-t-il, car si nous savons nous écouter et traduire nos intentions en actes, le motif de ces dispositions et bien souvent inaccessible. Pour permettre à l’intelligence du cœur de se déployer pleinement, nous devons donc faire preuve d’une grande confiance dans nos choix.

Aujourd’hui, l’intelligence du cœur est une capacité reconnue scientifiquement. La recherche en neurosciences a permis de découvrir que le cœur possède son propre système nerveux intrinsèque : un réseau de nerfs fonctionnellement sophistiqués décrit comme le « cerveau du cœur » contenant plus de 40 000 neurones. Ce petit cerveau donne au cœur la capacité d’évoluer de façon indépendante, de traiter l’information, de prendre des décisions, et même de démontrer un type d’apprentissage et de mémoire. Le cœur est donc reconnu comme un système intelligent qui influe directement sur le traitement des émotions et les facultés cognitives, en lien avec le cerveau de la tête et le cerveau du ventre.

Pour comprendre la place centrale qu’occupe notre cœur dans notre système neuronal, je vous invite à vous immerger dans l’ouvrage du psycho-praticien et thérapeute quantique Stéphane Drouet, intitulé L’intelligence quantique du cœur.

Stimuler notre conscience

Stéphane Drouet, présente notre corps comme un média à part entière, un système d’information qui, sous l’influence de données extérieures, émet des signaux vers le centre de liaison et de coordination qu’est notre cerveau (de la tête) via nos ramifications nerveuses. Ces torrents d’informations qui circulent en nous à chaque instant pour rejoindre notre cerveau sont très majoritairement inconscients puisqu’ils relèvent d’un fonctionnement automatique. En effet, la plus grande partie de notre activité corporelle et psychique échappe à notre conscience qui ignore plus de 99 % des informations captées par nos sens. Cette intelligence automatisée est une merveilleuse mécanique qui nous permet de consommer un minimum d’énergie au quotidien.

Pourtant, les 60 000 à 70 000 pensées quotidiennes inconscientes, que nous ressassons de jour en jour, nous maintiennent dans des schémas du passé, construits sur la base des expériences et des perceptions que nous avons déjà vécues. [A lire : « Soigner son intention, c'est dire STOP aux ruminations ! »] Alors comment actualiser ces informations issues du passé et les mettre à jour sur la base de notre réalité au présent ? Selon l’auteur, c’est en capitalisant sur le 1 % d’espace de conscience, ce canal ouvert à de nouvelles informations, que nous pouvons en permanence créer de nouvelles connaissances, de nouvelles compétences qui, à force de répétition, vont s’ancrer dans l’inconscient, et devenir à leur tour réflexes et automatiques.

Si nous souhaitons sortir des programmes érigés par notre inconscient à partir des empreintes émotionnelles de notre petite enfance, nous devons stimuler notre conscience sur ce que nous captons de la réalité dans le présent.

J’aime beaucoup l’image utilisée par Stéphane Drouet quand il évoque ce phénomène. Il décrit l’inconscient comme « notre bulle d’histoire d’enfant qui nous entoure de manière invisible, comme un halo qui porte toutes nos joies et désillusions, tous nos espoirs et désespoirs. Et surtout, qui nous influence dans l’expression de nos émotions, comme des programmes automatiques qui se déclenchent, et qui nous interdisent de ressentir et penser autrement que par l’intermédiaire de ces informations portées par cette bulle qui nous entoure. Comme une mémoire que nous transportons avec nous et qui nous dit comment agir et réagir, et qui influence nos perceptions, nos interprétations des gestes et comportements des autres ».

Ces programmes de pensées récurrentes associées à nos dépendances émotionnelles constituent seulement le tiers de notre potentiel neurologique. A côté, figure un vide neurologique immense correspondant aux idées, questions, pensées ou émotions que nous n’avons jamais ou quasiment jamais eues. Voilà pourquoi il nous est plus facile de dire ce que nous ne voulons plus mais très difficile d’identifier ce que nous voulons vivre de différent à la place. Car dans ce vide, nos circuits sont débranchés et nous sommes incapables de penser avec les pensées de ce vide car nous n’avons jamais pensé dans ce sens. En conséquence, changer d’avis, de croyance, de valeurs, de modèle du monde, de philosophie de vie, nous demande une énergie considérable, car les circuits ne sont pas créés. Ou plutôt, certaines connexions neuronales se sont débranchées au fil des années. Car à l’âge de deux ans, l’enfant dispose d’un maximum de connexions neurologiques au regard de son potentiel génétique. Puis, en fonction de nos interactions avec nos parents, notre famille, notre environnement scolaire…et des émotions qu’elles génèrent, nous allons privilégier certaines connexions plutôt que d’autres, pour préserver notre sécurité, jusqu’à créer le vide que nous venons d’évoquer.

L’idée est ici de retrouver notre génie d’enfant, en recréant de nouvelles connexions, pour nous reprogrammer dans un sens qui est bon pour nous, dans notre réalité du présent. Cela signifie ouvrir les deux yeux, au lieu d’un seul, pour percevoir l’intégralité des informations de la situation, au-delà de notre vide neurologique du cerveau de la tête.

Reconnecter nos 3 cerveaux

Pour la plupart d’entre nous, il n’existe qu’un cerveau, celui de la tête. Or, nous savons aujourd’hui que notre plein potentiel émane des connexions neuronales entre nos trois cerveaux.

Dans les années 1960, les docteurs américains Baule et Mac Fee découvraient un nouveau cerveau autonome qu’est celui du cœur, fait de 40 000 neurones. Puis, ce fut le scientifique Michael D. Gershon dans les années 1990, qui mis à jour l’intelligence du ventre, à travers son cerveau entérique, fait de 200 millions de neurones. Certains diront que face aux 100 milliards de neurones du cerveau de la tête, ces intelligences sont bien dérisoires. Pourtant, on sait en neurologie que ce qui fait l’intelligence, ce n’est pas le nombre de neurones, mais le nombre de connexions entre les neurones.

Pour redevenir des êtres complets, nous avons la responsabilité de faire dialoguer entre elles nos trois intelligences.

Nous avons d’abord appris à nous alimenter et penser par le ventre (survie par le cerveau entérique) puis à penser par le cerveau de la tête pour agir et évoluer dans ce monde (évolution personnelle). Il est temps d’apprendre à penser par le cœur pour être en lien avec l’autre (évolution universelle).

Selon l’auteur : « ce n’est pas un hasard si le cerveau du cœur se trouve entre le cerveau des émotions (ventre) et celui des pensées (tête), grâce au nerf vague qui relie les trois. Il permet de les rééquilibrer, de les synchroniser, de les réconcilier. Et réconcilier l’enfant (émotions) et l’adolescent en nous (pensées), pour accéder à l’adulte (lien). Le cœur est le grand réconciliateur. Il permet de mettre en cohérence, en congruence nos pensées et nos émotions, de les mettre en paix ».

Et la nature est bien faite ; tout est conçu en nous pour que ces trois cerveaux soient en lien ! Notre cerveau de la tête, pour communiquer avec les autres cerveaux, présente une « succursale » de chacun des deux cerveaux. Il est non pas le chef d’orchestre général, comme on pourrait le croire, mais le serviteur, soit du ventre, soit du cœur. Le reptilien et le limbique sont les deux « succursales » du cerveau du ventre, le néocortex est propre au cerveau de la tête et le préfrontal est la « succursale » du cerveau du cœur.

Le cerveau du cœur émet nos désirs, le cerveau de la tête les reçoit du champ et les transmet, notre cerveau du ventre les ressent émotionnellement.

Le ventre, notre cerveau originel

Le cerveau originel est celui du ventre car nous sommes intrinsèquement des êtres émotionnels ; nos émotions circulent à une vitesse qui dépasse largement celle de nos pensées.

Comme le rappelle Doc Lew Childre Jr, fondateur du Heartmath Institute : « nos réactions émotionnelles se présentent dans l’activité cérébrale avant même que nous ayons eu le temps d’y penser. Nous évaluons tout d’une façon émotionnelle à mesure que nous le percevons. Si l’énergie émotionnelle est plus rapide que l’énergie mentale, comment pouvons-nous espérer gérer nos émotions avec nos pensées ? La cohérence du cœur aide à équilibrer notre état émotionnel ».

Emotion vient du latin « emovere » qui signifie mouvement. Une émotion est donc une énergie qui nous met en mouvement. En soi, l’énergie émotionnelle est neutre. C’est la sensation générée et la réaction physiologique qui rendent une émotion positive ou négative et ce sont les pensées qu’elle suscite qui lui donnent un sens. Car le cerveau de la tête agit en « miroir » de celui du ventre. Que les émotions soient positives ou négatives, c’est l’affaire du mental. Il va aller chercher les expériences et croyances héritées du passé ou de l’éducation pour étiqueter chaque émotion. Elles sont également des amplificateurs de nos pensées et de nos perceptions. Lorsque nos émotions sont en déséquilibre, notre vision de la vie est déformée.

Le développement de l’intelligence du cœur nous permet d’observer nos émotions, de les accueillir pour les vivre autrement, et en créant de la cohérence, d'équilibrer notre état émotionnel.

Le cerveau de la tête, un paradoxe

Notre cerveau de la tête est une incroyable merveille de technologie. Il a mis des centaines de milliers d’années à se perfectionner pour répondre aux défis changeants de son environnement. Pourtant, paradoxalement, il est animé de forces contraires qu’il n’arrive pas à concilier. En effet, il n’y a rien de commun entre sa partie primaire, le reptilien, qui gère des fonctions essentielles à la survie, et le cortex, qui élabore des représentations mentales, communique avec ses semblables, planifie des actions, conceptualise... Selon Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et auteur du livre Le bug humain : « le premier n’a même pas de conscience. Quant au second, il pourrait soulever des montagnes tant sa puissance est immense, mais il n’a pas d’objectif clairement établi. C’est un colosse aveugle ».

Stéphane Drouet considère que les pathologies viennent du conflit entre le cerveau du ventre et le cerveau de la tête, entre les pensées et les émotions. Le cerveau du cœur vient les réconcilier, les synchroniser. Au lieu de les séparer, il les remet en lien.

Le cœur, le cerveau du lien et du sens

Très tôt, notre cœur et notre thymus, sa glande associée, subissent une décroissance. Selon Galien, médecin dans l’Antiquité, le thymus est le berceau de l’esprit et de l’âme. Il le décrit comme l’organe de purification du système nerveux. Il fut le premier à observer que de la naissance à la puberté, la taille du thymus augmente. Puis, à la puberté, le thymus subit un processus appelé « involution », qui définit sa décroissance progressive avec l’âge. Stéphane Drouet relie ce processus au fait que, très tôt dans notre vie, nos liaisons neuronales avec le cœur se sont déconnectées. Nous sommes alors séparés de notre cœur qui ne sait plus voir l’amour en tout. Un autre amour prend alors le dessus, celui du ventre, qui aime de manière conditionnée. Notre amour devient alors conditionné à nos attentes envers notre environnement : « Si tu m’aimes comme je l’attends, alors je serai certain que tu m’aimes ».

Tant que nos circuits neurologiques du cœur sont débranchés, nous vivons dans un monde très réduit. Or, c’est le cerveau du cœur qui peut percevoir ce qui est inaccessible pour nous aujourd’hui, dans le vide neurologique du cerveau de la tête ; c’est lui qui peut nous écarter peu à peu de nos dépendances émotionnelles, et construire une civilisation adulte et universelle.

« Seul le cœur peut apprendre à décoder l’insondable, à travers ses formes trompeuses. Il voit le sens à travers le brouillard épais des émotions et des perceptions du ventre qui nous trompent. »

Pour réapprendre à « penser avec le cœur », Stéphane Drouet nous dévoile les rôles du cœur quantique :

Nous sommes responsables de tout ce que nous créons par nos pensées, nos émotions et nos désirs en construisant un champ de cohérence en nous et autour de nous. Pour cela, nous devons faire en sorte que nos trois cerveaux émettent sur la même longueur d’ondes, en cohérence, pour construire des vies fidèles à ce que nous sommes et inspirer ceux qui nous entourent par notre rayonnement. Car une personne en cohérence rayonne et entraîne dans son sillage.

Viser la cohérence du cœur

Pour Stéphane Drouet : « la cohérence du cœur est une puissante source de cohésion et de stabilité émotionnelle. Une source de confiance, d’harmonie, de convivialité et de paix intérieure. Un acte civique et responsable ».

Ce champ de cohérence du cœur a également un rôle déterminant dans nos prises de décisions car notre mental, nos émotions et nos sentiments synchronisés s’accordent pour faire les meilleurs choix pour nous dans un discernement et une clairvoyance aiguisés. C’est dans cet état de cohérence du cœur profond que tous les choix deviennent accessibles, que toutes les réponses à nos questions sont disponibles. C’est dans cet état de neutralité, que tout existe, que tout devient possible. [A lire : « Le désir est l'essence de l'homme... sa source est inépuisable ! »]

Lorsque vous respirez en vous concentrant sur votre cœur pendant plusieurs minutes et tous les jours, votre cerveau de la tête se met alors au diapason de cette cohérence et c’est tout votre être qui devient cohérent. A travers leurs ondes électriques, les champs des cerveaux du cœur, de la tête et du ventre se synchronisent. Ils font de même avec les champs électromagnétiques aux alentours, avec lesquels ils s’enchevêtrent, en commençant par vos enfants, votre compagnon, vos parents, vos amis, vos clients… Tout le monde est gagnant. Ils se transmettent de la paix, de la cohérence, de la sérénité.

« Notre chemin est un chemin de transformation par le cœur. »

L’intelligence du cœur se déploie à travers trois pratiques quotidiennes interdépendantes : la cohérence, l’attention et l’intention. Ce trio permet de mettre en lien nos quatre dimensions d’être humain, à savoir les dimensions émotionnelle, mentale, intuitive et corporelle.

La cohérence : je fais ce que je suis

C’est la cohérence du cœur qui, par la loi d’entraînement en physique, va entraîner toutes les autres fonctions de notre système vers la cohérence. Donc, c’est le cerveau central du cœur qui entraîne tous les autres vers la performance.

La pratique quotidienne de la cohérence cardiaque permet de mieux gérer ses émotions, apporte sérénité, endurance, confiance, favorise la créativité, l’intuition, et la prise de hauteur face aux aléas de la vie.

Je mets de l’attention à vivre qui je suis

Apprenons à nous focaliser sur ce qui est bon pour nous, dans l’instant présent. Cela consiste à la fois à muscler notre concentration, à élever notre niveau de conscience mais aussi, à coordonner tous nos cerveaux, sans oublier notre corps, pour que tout fonctionne ensemble.

L’intention : j’envoie des messages à la vie en cohérence avec qui je suis

C’est la cohérence intérieure, c’est-à-dire apprendre à mettre en adéquation nos actions avec nos désirs, nos pensées avec nos désirs : je fais ce que je suis, je fais ce que j’aime.

Cela nécessite de s’entraîner chaque jour à interroger nos désirs, dans notre cœur, notamment lorsqu’un choix se présente à nous, dans la perspective d’un événement nouveau… pour se mettre en chemin avec joie et détermination et ainsi, avoir un impact positif sur nous, les autres, la vie. [A lire : « Avez-vous pris soin de vous accorder avec votre intention aujourd'hui ? »]

Ce triangle magique cohérence-attention-intention est capital pour notre écologie personnelle, au même titre que manger, dormir… La répétition quotidienne de ces pratiques est essentielle si nous voulons, à côté de nos programmes de survie, développer des programmes de croissance et d’évolution. S’entraîner continuellement afin de créer entre nos trois cerveaux des circuits durables et automatiques qui feront de nous des êtres équilibrés, des êtres de haute cohérence, des êtres de cœur, tout simplement.

Mes sources d'inspiration :
L'intelligence quantique du cœur de Stéphane DROUET
VIVRE LIBRE - L'intelligence du cœur influence nos pensées

Cet article est le fruit d’une belle rencontre avec Agnès Mazenc, praticienne et coach certifiée en neurosciences appliquées. Nos chemins se sont croisés juste avant que la Covid-19 ne fasse son apparition. Nous savions alors qu’allait naître une belle collaboration au sein de notre communauté d’acteurs de la transformation sociale ACT4 TALENTS, sans en connaître encore les contours… Près d’une année s’est écoulée. La crise sanitaire s’est installée avec son lot de déconvenues et d’opportunités, d’incertitudes et de prises de conscience. Chacun a cheminé à la lumière de cette nouvelle réalité. Et l’accompagnement proposé par Agnès au sein de la NeuroAcademy se fait encore plus prégnant aujourd’hui pour conduire les transformations individuelles et collectives qui s’invitent dans cette nouvelle réalité. Sa démarche s’est nourrie de sa propre expérimentation : grâce aux neurosciences, s’entraîner à libérer son plein potentiel pour réaliser ses ambitions les plus grandes et tendre vers une performance durable. Agnès accompagne les hauts potentiels (HPE, HPI), sportifs de haut niveau, entrepreneurs et managers qui sont une vraie source d'inspiration pour ces travaux de recherche.

Comment décide-t-on, après 25 ans de management d’équipes et de projets dans des directions financières de groupes internationaux, de tourner la page pour se former aux neurosciences ?

« Au regard des responsabilités qui m’ont été confiées pendant ces 25 années de management d’équipes et de projet, j’ai appris à me montrer forte en toute circonstance. Et puis, un jour, je me suis retrouvée coincée dans une situation inextricable. Cette situation m’a challengée dans ce schéma « sois forte » jusqu’au bout… Jusqu’à ce qu’un matin, je ne puisse plus me lever. C’était le 9 juin 2016. Aussi étrange que cela puisse paraître, dans un contexte où tout semblait s’écrouler, je me suis sentie libérée. Je n’avais alors pas d’autre alternative que de quitter mon entreprise ; pour autant, j’ai accueilli ce départ comme un cadeau. Pendant 6 mois, j’ai pris soin de moi. J’ai fait beaucoup de sport, et j’ai cheminé en toute liberté, en laissant parler mes envies. Sans le savoir, j’ai mis en route une rééducation cérébrale dont les effets sur mon bien-être et ma créativité allaient être époustouflants ! C’est en cherchant d’où provenait cette libération émotionnelle que j’ai compris qu’il s’était passé quelque chose dans mon cerveau. Mon appétence pour les sciences et les signes de la vie – je crois aux synchronicités ! – ont fait le reste. Je me suis laissée guidée et au fil de rencontres, de lectures, de mes recherches, je me suis tout naturellement orientée vers les neurosciences. Une discipline qui donne à voir les processus issus du cerveau. Une découverte pour quelqu’un comme moi, qui pendant toute sa carrière s’est intéressée aux processus. J’ai alors décidé de suivre la formation de « praticien certifié en neurosciences appliquées » délivrée par le neuroscientifique canadien Mario Beauregard. »

En quoi cette formation a-t-elle été une révélation ?

« J’ai découvert la neuroplasticité : la capacité du système nerveux à se modeler et à se réorganiser lorsqu’il subit un changement. Notre cerveau est comparable à un ordinateur, constitué de hardware (structure cérébrale et neuronale), de software (programmes qui organisent nos pensées, émotions et comportements) et de stockage des données (mémoires et croyances). Toutefois, le cerveau a de singulier qu’il modifie en permanence sa structure et ses programmes, au gré de nos expériences et de nos apprentissages.

Ça a été un véritable « waouh » ! Tout devenait possible. J’ai compris, que comme pour une radio, si on se branchait sur la bonne fréquence de son cerveau, on pouvait choisir le programme aligné avec nos envies. Et lorsque le programme ne nous convient plus, nous pouvons changer de fréquence… La clé est de tenir compte des indicateurs que sont nos pensées et nos émotions pour prendre conscience du changement à engager et d’aborder cette transformation avec discipline et plaisir. Car la bonne nouvelle, c’est que le cerveau apprend par le plaisir ! Les neurosciences nous offrent la liberté de choisir le changement lorsque nous le décidons plutôt que d’être en réaction face à notre environnement ou d’attendre une situation de crise pour se transformer. »

Tu évoques la nécessité de « rééduquer notre mindset » pour aborder le changement. Qu’entends-tu par-là ?

« J’aime parler de « rééduquer notre mindset » pour illustrer l’importance de manager nos neurones lorsque l’on éprouve le besoin de se transformer durablement. Pour traiter nos 60 000 pensées journalières, le cerveau a deux circuits d’exploitation : un circuit automatique avec des programmes alimentés par notre hérédité, nos expériences et apprentissages passés, et un circuit adaptatif utilisé pour intégrer les nouveaux apprentissages et corriger les modes de fonctionnement qui ne sont plus adaptés pour réaliser nos objectifs. Par défaut, nous faisons confiance à notre système automatique. Mais nous devons garder à l’esprit que ce mode est celui du passé, et que dans une perspective de changement, il est de notre responsabilité de sortir du mode automatique pour passer en mode adaptatif.

On s’engage alors dans un véritable processus d’amélioration continue de notre base de données cérébrale. Ceci passe par une rééducation de notre mode de pensée et par le renforcement de notre intelligence émotionnelle. Nos pensées sont des stimuli électriques qui déclenchent des réactions chimiques (à la base de nos émotions) et des actions (à la base de nos comportements). Nos pensées créent ainsi notre réalité : ce que nous ressentons et vivons ou la représentation que nous nous en faisons. Changer notre réalité revient donc à changer nos pensées. Pour cela, nos émotions sont des indicateurs bien utiles, puisqu’elles sont la traduction chimique de nos pensées.  Avouons qu’il est plus facile d’observer nos émotions que nos pensées ! C’est là que l’intelligence émotionnelle joue un rôle déterminant car elle nous permet d’observer en conscience nos émotions, d’en comprendre le message, de décoder le programme ayant créé la pensée (nos croyances et nos mémoires) pour le mettre à jour le cas échéant.

C’est au prix de répétitions et d’entrainement que nous pouvons abandonner ces informations périmées pour ancrer une nouvelle façon de penser. Rien ne résiste à la répétition car le cerveau apprend et désapprend par la répétition. Comme pour l’entraînement sportif, entraîner son cerveau revient à pratiquer des exercices réguliers et en conscience pour entretenir et améliorer ses performances. »

Concrètement, en quoi consiste cet entraînement du cerveau ?

« Pour conserver le parallèle avec le sport, je dirais que pour prendre conscience de la justesse de ses mouvements et des éventuels besoins de correction, l’effet miroir est important. Soit on se corrige devant un miroir, soit à travers les conseils d’un entraîneur. Il en va de même pour le cerveau. Personnellement, pour accompagner la haute performance, j’utilise le neuro-coaching et aussi le neurofeedback, un outil d’apprentissage et d’entraînement qui appréhende l’activité électrique du cerveau comme un ensemble d’ondes que l’on peut entraîner et développer à partir du moment où l’on dispose d’un retour (feedback) et donc d’une boucle d’apprentissage. Le neurofeedback est beaucoup utilisé en Amérique du Nord, à des fins thérapeutiques, mais aussi par des sportifs de haut niveau et des CEO. Pour rendre tangible notre activité cérébrale, je réalise tout d’abord une « échographie » de nos ondes cérébrales à l’aide d’un moniteur et logiciel de neurofeedback, le Mind Mirror. Ce dispositif est né des travaux des chercheurs américains Anna Wise et Maxwell Cade, qui ont étudié le profil des ondes cérébrales de sportifs de haut niveau, de CEO et d’artistes afin de modéliser un profil type des ondes cérébrales de ces esprits performants et un protocole d’entrainement vers la haute performance. Il permet à une personne de visualiser les ondes de son cerveau au cours d’une tâche et de mettre en œuvre un entrainement personnalisé pour installer cette symphonie d’ondes, clé de la haute performance. Le Mind Mirror mesure les ondes cérébrales et la cohérence cardiaque. On l’utilise pour la gestion du stress, le développement de l’intuition et de la créativité. Il a reçu, aux Etats-Unis, en 2016 et 2017, le prix Transtech pour sa contribution innovante et scientifique à la santé mentale et émotionnelle de l’humanité.

Les potentialités de ce dispositif sont particulièrement intéressantes pour le monde de l’entreprise et le neuromanagement que j’envisage comme un processus en 3 temps. La première étape invite à mieux se connaître : comprendre ses mécanismes cérébraux et prendre conscience de sa responsabilité et de son pouvoir dans la réalisation de ses objectifs personnels. La deuxième étape met en mouvement pour mieux se transformer grâce à une feuille de route visant à libérer ses blocages et son potentiel, les deux faces d’une même médaille, au service de la réalisation d’un « super » objectif. La troisième et ultime étape conduit à mieux transformer autour de soi, à être un vecteur inspirant de transformation collective, à polliniser le bien-être et la performance au travers de la créativité et de la coopération. C’est un cercle vertueux. »

A qui s'adresse ce parcours d'exception ?

« Ce parcours, baptisé « Brain training », est dédié aux personnes à haute responsabilité, dirigeants, top-managers, qui souhaitent, tout comme un grand sportif, s’entrainer pour améliorer leurs capacités mentales et émotionnelles : avoir une vision claire sur les prises de décision, accroître sa créativité, développer son intelligence émotionnelle, relationnelle et situationnelle, optimiser sa dépense d’énergie, améliorer sa santé mentale et physique.

Une opportunité unique et exaltante de devenir l’architecte de son cerveau pour maîtriser sa réalisation et ses performances en toute conscience ! »

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