Plus j’avance dans mon enquête sur le sens, plus je perçois la complexité du sujet. En dehors de la philosophie, j’avoue trouver assez peu de recherches qui éclairent la dimension du sens dans le travail. Cette quête de sens qui s’exprime partout et par tous aujourd’hui, les jeunes comme les moins jeunes, mérite qu’on lui accorde toute notre attention. Pour soi, pour faire les bons choix et initier des actions à impact dans sa vie professionnelle et aussi pour les autres, lorsqu’on est dirigeant ou manager. Car avant d’imaginer donner corps à un projet collectif, encore faut-il avoir approfondi le sens individuel…

Il arrive régulièrement, lorsque j’accompagne des collectifs dans l’exploration du sens et de l’intention qui les anime dans leur travail, leur mission, que l’on me rétorque que c’est « intime ». En effet, le versant personnel du sens dans le travail est trop souvent considéré comme « intime », « privé »… Parce que ce versant a rarement été exposé, par souci de discrétion, par méconnaissance des véritables ressorts individuels, par confusion entre « intimité » et « authenticité ».

Pourtant, j’ai pu observer qu’aucun sens collectif n’est accessible, sans avoir dans un premier temps clarifié le sens individuel. C’est-à-dire, avoir pris le temps d’explorer le sens qui m’anime, moi, dans ce projet, cette action, cette transformation… C’est en faisant résonner entre elles toutes les pistes de sens individuel que l’on est en mesure de trouver le sens commun au collectif. Partir du sens en JE pour tendre vers le sens en NOUS !

Pour avancer dans mon enquête sur le sens au travail, j’ai choisi de m’inspirer d’une structure de sens proposée par Cécile de Lisle et Rodolphe Durand qui codirigent le « Purpose Center » d’HEC Paris. Tous deux ont rassemblé dans le livre « En quête de sens » les témoignages de dirigeants et de futurs dirigeants qui se confient sur le sens qu’ils trouvent à leur action, en tant que personnes et représentants de grandes et moins grandes organisations.

Pour les auteurs, trouver le sens s’apparente à atteindre une voie sur un chemin de crête, entre le versant personnel et intime qu’est l’ubac, à l’ombre, moins souvent éclairé, et le versant organisationnel qu’est l’adret, sous la lumière et l’exposition du collectif.

Dans cet ouvrage, ils nous partagent les pistes de sens incarnées par ces hommes et ces femmes au gré de leurs expériences en entreprise, comme des lignes de crête qui réunissent l’ubac et l’adret. Je trouve intéressante la trajectoire singulière qu’ils nous proposent pour cheminer vers le sens au travail, trois dimensions afin de passer de l’intention à l’action : « être soi », « être avec » et « être pour », en entreprise.

« Être soi », signifie se délester des peurs et des croyances qui nous incitent à nous cacher derrière des masques, à endosser des costumes dont nous pensons qu’ils sont conformes aux attendus du monde du travail. La vie professionnelle nous confronte à des situations difficiles, qu’elles soient d’ordre relationnel ou qu’elles nous enjoignent à prendre des décisions délicates. Elle nous met face à notre réalité d’humain dans toute sa complexité… Reconnaître que nous sommes quotidiennement chahutés par des peurs et des croyances n’est pas un aveu de faiblesse, mais une preuve de robustesse ! Les reconnaître avec lucidité est le meilleur moyen pour les traverser et finalement trouver la force de s’en affranchir.

« Être soi », c’est avoir le courage de regarder en face les marqueurs de notre singularité et oser les assumer pleinement. La comparaison sociale, cette tendance à se comparer aux autres, à nos collègues, à nos pairs, à nos concurrents…, est inscrite dans nos gènes. Ce mécanisme, qui peut nous aider à mieux comprendre notre position dans la structure sociale, peut aussi avoir des effets ambivalents sur notre estime de soi. Prendre conscience des valeurs qui nous sont propres et leur rester fidèle face aux aléas du monde du travail est un gage d’alignement et de confiance dans la durée. En revisitant nos réalisations marquantes, nous révélons la richesse qui est en nous. Ainsi reliés à nos talents, nous nous sentons faire partie de quelque chose de « plus grand ».

« Être soi », c’est rester connecté au cœur vibrant de son leadership, ce cœur vaillant qui, en se heurtant au monde, aux injonctions, aux contradictions, aux incompréhensions, nous amène au dépassement de soi et ouvre le chemin à tous les possibles. La vie professionnelle n’est pas rectiligne ; notre carrière ne suit pas une voie toute tracée. Elle est faite de hauts et de bas, de tâtonnements, de bifurcations, de renoncements parfois… Ce chemin, aussi chaotique soit-il, dessine notre trajectoire d’évolution, c’est un devenir qui nous mène à toucher notre essentiel et notre liberté.

« Être avec » au travail, c’est comprendre que toute victoire est collective ! L’entreprise est un incroyable réservoir de diversité. Elle offre chaque jour l’opportunité de participer à une aventure humaine, en partageant nos convictions et nos interrogations, nos peurs et nos doutes, nos freins et nos élans… En acceptant de ne pas avoir toutes les réponses, nous apprenons à nous décentrer, à nous entourer de personnes qui pensent et agissent différemment, qui nous invitent à élargir notre champ de vision. En s’alignant avec toutes les parties prenantes de l’entreprise, il est possible de dégager une puissance collective extraordinaire ! Chacun doit sentir qu’il existe et qu’il compte pour que l’entreprise puisse faire corps. Connecter les individus à leurs rêves permet de libérer les énergies et la magie humaine.

« Être avec », c’est faire le choix de la confiance. La confiance est une forme supérieure de motivation et d’inspiration. Elle est d’une puissance infinie lorsqu’elle se propage dans les organisations. Pour créer un environnement de confiance optimal dans notre cadre professionnel, il est nécessaire d’être digne de confiance et de savoir construire des relations confiantes à tous les niveaux. Mais c’est notre capacité à « faire confiance » qui est le facteur décisif, car elle donne des ailes à celles et ceux qui en sont gratifiés.

« Être avec », c’est faire grandir et réussir les autres. Un leadership de sens se fonde sur une connaissance approfondie de soi, des autres et du monde. C’est-à-dire être au moins aussi conscient de ses talents que de ses limites. L’exemplarité est moins synonyme de perfection que de lucidité et de sincérité. En étant à l’écoute de ses équipes, un dirigeant, un manager, se met en situation d’éprouver la réalité du terrain de son organisation et de son marché. Connaître et reconnaître les forces vives qui sont à l’œuvre est un formidable vecteur d’accomplissement personnel et collectif. La reconnaissance développe le sentiment d’utilité. Elle favorise l’autonomie et la responsabilisation. Elle encourage le pouvoir d’agir et crée un environnement permettant de donner le meilleur de soi-même, de déployer tout son potentiel.

« Être pour », c’est s’engager, de bout en bout… Pour dépasser les intérêts court-termistes d’une organisation, l’engagement, qu’il soit environnemental ou sociétal, doit être porté par l’ensemble des individus qui la constituent. Se sentir engagé, c’est se sentir lié. Assumer ce lien nécessite de s’assurer que notre activité ne nuit pas aux membres de notre communauté et qu’elle soit bénéfique au maximum d’entre eux. D’un bout à l’autre de l’organisation, tout le monde doit s’accorder et cultiver le même niveau d’engagement, le même niveau d’exigence, partager les bons réflexes, incarner l’ambition collective pour que sa raison d’être devienne sa raison d’agir.

« Être pour », c’est assumer ses responsabilités ! Pour s’engager, encore faut-il se sentir responsable. Le militantisme a sa place dans les organisations. Il est fondamental, en tant que citoyen, de contribuer à développer en leur sein un rôle d’influence sur les réglementations et les standards de bonnes pratiques. Notre responsabilité personnelle consiste à ne pas rester passif, et la responsabilité des organisations à réduire leur impact environnemental au minimum et surtout assumer les conséquences de leurs actions. La deuxième ne sera pas assumée si la première ne l’est pas d’abord… Une action citoyenne et militante en parallèle des logiques marchandes et visant les enjeux institutionnels est indispensable pour faire face à ce qui est vraisemblablement la plus grande crise jamais vécue par l’humanité.

« Être pour », c’est choisir et parfois renoncer… Sanctuariser les décisions n’allant pas nécessairement vers une maximisation du profit à court terme mais visant à créer de la valeur partagée et durable permet de pérenniser la mission de l’entreprise. Il s’agit ici de repenser ses activités cœur de métier à l’aune de leur contribution aux grands enjeux sociétaux et/ou environnementaux. Arbitrer en permanence entre les performances à court terme et les enjeux à long terme est une manière de répondre à l’injonction contradictoire qui pèse sur toutes les entreprises à l’heure actuelle. La mission devient alors un moyen de guider les dirigeants pour tout ce qu’ils font, mais aussi pour tout ce qu’ils décident collectivement d’abandonner. À travers ce prisme, les renoncements d’aujourd’hui sont les profits de demain. Le renoncement est aussi une affirmation. Il est préférable parfois d’avancer à contre-courant plutôt qu’à contrecœur ! Cela nécessite que les parties prenantes de l’entreprise s’accordent sur le sens dans lequel elles souhaitent se diriger.

Ma source d'inspiration :
En quête de sens : Un dialogue entre dirigeants et futurs dirigeants - Cécile de Lisle & Rodolphe Durand

Comment se préserver de l’angoisse des injonctions, divisions, mensonges, menaces et autres brutalités qui bouleversent notre monde aujourd’hui ? Se couper du flot d’informations issu des médias et des réseaux sociaux n’y suffit pas. Face à la violence de notre époque, la réponse est intrinsèque. Elle se niche au cœur de la douceur qui berce la vie depuis ses origines. La douceur est une force de résistance. Comme un rempart, elle sait mettre la bonne distance vis-à-vis des inévitables agressions du quotidien. La douceur est politique. Elle n’offre aucune prise au pouvoir. La douceur est transformation. Elle réconcilie passé, présent et futur ; elle coud les mondes ensemble.

Selon le philosophe Charles Pépin, le métier d’homme est difficile et nous ne nous en sortirons pas sans la douceur : « C’est parce que la vie est dure que la douceur est nécessaire ; c’est parce que nous venons au monde inachevés, intranquilles, quasiment perdus, que la douceur est salutaire ».

Jamais autant qu’aujourd’hui, je n’ai éprouvé le besoin de brandir la douceur comme un étendard, de crier haut et fort cette paix intérieure pour qu’elle essaime mon monde, à l’extérieur. Je ressens la douceur si puissamment dans chacune de mes cellules ; son énergie réconfortante, sa puissance transformatrice font d’elle une énigme qu’il me revenait de percer, guidée par les mots d’une grande poésie de la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle, croisés avec les recherches de la journaliste Aurélie Godefroy.

Dans toutes les traditions spirituelles, la douceur relève d’un attribut de Dieu, avant d’être une vertu humaine. Tantôt élevée au rang d’état de grâce, tantôt inscrite comme fondement même de l’éthique, la douceur est féconde et porte en elle la quintessence des causes morales et politiques : la paix, le pardon, la générosité, la compassion, l’écoute, la justice…

« Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. » Évangile selon saint Matthieu

Certes, il n’est pas toujours doux de vivre. Car la douceur ne se possède pas, elle nous visite, inspirée d’un regard, d’un geste, d’une sensation, d’une lumière… Nous la sentons là, aussi discrète, intense et vitale qu’un battement de cœur.

La douceur nait de la vie comme la vie nait de la douceur. Venue du plus loin de la mémoire de la vie, là où mère et enfant ne font qu’un, la douceur évoque un paradis perdu, un bercement.

« La douceur vient avec la possibilité de la vie, avec l’enveloppe utérine qui filtre émotions, sons et pensées, avec l’eau amniotique, avec le toucher à l’envers de la peau, avec les yeux fermés qui ne voient pas encore, avec la respiration encore protégée des agressions de l’air. Sans la douceur de ce toucher originel nous ne serions pas au monde. » Anne Dufourmantelle

Le monde de l’enfance prolonge l’expérience de la douceur. On ne survivrait pas à l’enfance sans douceur, car tout y est tellement exposé, suraigu, violent en un sens, à découvert, que la douceur en est le préalable absolu.

Dans les bras maternels, la douceur s’éprouve, elle laisse une marque indélébile, une harmonie entre caresse et fermeté, une essence que le philosophe André Comte-Sponville prête au féminin : « …c’est un courage sans violence, une force sans dureté, un amour sans colère ».

Cette faculté de tisser une relation douce à soi-même et aux autres élève la douceur au rang des plus grandes qualités existentielles que sont la sagesse et la noblesse. Dans cette harmonie que vise la douceur, elle tient compte de la cruauté et de l’injustice du monde. Pour la philosophe : « être doux avec les choses et les êtres, c’est les comprendre dans leur insuffisance, leur précarité, leur immaturité, leur bêtise ».

Selon Anne Dufourmantelle, un art illustre autrement l’intelligence inhérente à la douceur : l’art équestre. « Il suppose l’entente de l’homme et de l’animal à un haut degré de raffinement et de complicité. Il s’agit pour l’un de comprendre (de deviner, de tolérer) l’autre au point d’en être accepté. Le cheval peut être guidé, dressé, bridé, cravaché, il ne s’accordera au cavalier que si celui-ci sait trouver avec douceur la légèreté de main et le mouvement dont il s’ajustera à la foulée du cheval. Il y a dans l’équitation un art de la douceur comparable à nul autre. En cela, la douceur est une harmonie. »

L’intelligence de la douceur porte la vie, elle y laisse son empreinte subtile au gré de notre vécu ; de l’animalité, elle garde l’instinct, de l’enfance l’énigme, de la prière l’apaisement, de la nature l’imprévisibilité, de la lumière la lumière.

La douceur est une manière d’être au monde. Les êtres qui en font preuve sont des résistants dont les actes ont plus de pouvoir sur le cœur des hommes que la violence et la barbarie. Incapables de trahir comme de se trahir, leur combat est au centre de l’éthique et du politique.

« La douceur est invincible » Marc Aurèle

Oui, la douceur est politique ! Elle est une force de résistance qui s’oppose à toute tentative de contrôle. Car elle n'est ni désobéissance ni insurrection. Elle n’offre aucune prise au pouvoir ; elle est non-gouvernable. « Là où la loi commande, la douceur invite. Là où la loi menace, la douceur attire. Là où la loi contraint, la douceur engage. »

La douceur est une passivité-active. Elle ne plie pas. Sa force de résistance tient précisément à sa vulnérabilité, à son exposition à tout ce qui peut la détruire. La promesse de la douceur est aussi celle d’un retournement des pouvoirs, d’une révolution secrète. Précisément parce qu’elle ne commande pas, n’oblige pas, ne gouverne pas. Comme dans certains arts martiaux, la douceur peut retourner le mal et le défaire mieux qu’aucune autre réponse.

« Son pouvoir est immense : elle soigne les âmes blessées, elle éloigne du mal ; elle nous guérit de l’illusion de la toute-puissance. Elle nous arrache au vouloir et nous rend au désir. » Charles Pépin

La douceur ne laisse pas indemne ; elle modifie substantiellement ce qu’elle affecte. Parce qu’elle sublime la vie, la sauve, l’accroît, elle est une insoupçonnable puissance de transformation des choses et des êtres.

« Je crois que la puissance de métamorphose de la vie elle-même se soutient dans la douceur. Quand l’embryon devient un nouveau-né, quand la chrysalide laisse éclore le papillon, quand une simple pierre devient la stèle d’un espace sacré dans les jardins de Kyoto, il y a, au minimum, la douceur. » Anne Dufourmentelle

La transformation ne peut arriver que dans la douceur. Elle n’est pas possible sans l’énergie du cœur, sans le courage du désir. À l’opposé de la violence de l’effraction, de l’injonction de la norme, elle crée un espace de liberté, la bonne distance, le bon rythme, qui permet à chacun d’oser exister à sa mesure.

« Car la douceur rend possible autre chose qu’elle-même ; elle favorise tous les passages, permet toutes les transitions, les métamorphoses les plus belles. » Charles Pépin

La douceur commence par soi, l’accueil de soi. Se montrer doux avec soi est très éloigné du défaitisme, de l’inaction ou de la complaisance. Cette capacité d’autocompassion favorise une grande résilience face aux difficultés, mais aussi une meilleure aptitude à se remettre en question, accompagnée d’un désir accru de changer !

En accueillant qui nous sommes, nos sensations, nos émotions… avec douceur, nous augmentons notre qualité de présence à nous-même et devenons capables d’augmenter notre accueil de l’autre avec douceur. En accueillant la douceur en nous, nous devenons meilleurs.

Mes sources d'inspiration :
Puissance de la douceur - Anne DUFOURMANTELLE
Eloge de la douceur - Aurélie GODEFROY
Et si nous réapprenions la douceur ? - Charles PEPIN

Dans un monde empreint d’incertitude et d’impermanence, il vous arrive certainement d’éprouver des difficultés à vous orienter dans votre vie professionnelle comme personnelle. Vous vous sentez chahuté(e) dans tous les sens, impuissant(e) face à cette agitation. Vous avez le sentiment de maîtriser peu de choses. Naturellement, pour trouver un peu de sérénité, vous avez tendance à chercher dans votre environnement des perspectives rassurantes, des signaux qui semblent vous indiquer la direction à prendre… Il est cependant superflu de chercher très loin, car vous seul(e) portez le sens qui vous mettra en mouvement avec énergie et impact. La boussole est en vous ; encore faut-il en connaître le mode d’emploi.

Dans le tumulte du monde d’aujourd’hui, gouverné par l’incertitude et une certaine dictature de la vitesse, nous faisons face à de profonds dérèglements, d’ordre écologique, social, économique… et individuel. Nos repères sont ébranlés et il nous est difficile de nous projeter avec confiance dans l’avenir.

Pourtant, au-delà de ce tableau inquiétant, il existe des voix porteuses d’espoir qui discernent d’immenses potentiels dans l’époque que nous vivons. Otto Scharmer, maître de conférences au MIT et cofondateur du Presencing Institute, y voit le berceau de transformations profondes. Pour lui, nous assistons au passage d’un mode de pensée ego-systémique, centré sur le « moi d’abord » et le « toujours plus », à un mode de pensée éco-systémique, plus sobre et incluant le bien-être de tous.

Pour sa part, le sociologue et ethnologue Alain de Vulpian considère que nous avons organisé notre société, nos entreprises, nos systèmes de gouvernance et nos relations de façon rationnelle. Nous avons construit une économie rationnelle dont nous avons été incapables de piloter le développement et qui s’est emballée. En réaction, il voit s’esquisser une société plus fraternelle pour affronter les défis du XXIe siècle. Une nouvelle société, plus organique qu’organisée, pleine de vitalité, douée pour panser ses blessures et prendre soin de son bien-être. Une société qui, en s’épanouissant prépare un futur plein de sens pour l’espèce humaine.

Tous deux évoquent les formidables capacités dont tous les êtres humains sont dotés pour transformer ces obstacles en opportunités et nous invitent individuellement et collectivement à nous connecter aux ressources insoupçonnées que nous procure notre « plasticité du vivant » pour trouver le sens, la direction qui est juste pour chacun d’entre nous.

Mesurez le niveau de vos indicateurs humains

Comment prendre ma place dans ma nouvelle activité ? Comment engager mon équipe dans un nouveau projet, une nouvelle organisation ? Comment retisser des liens avec un collègue, un collaborateur, un ami, un membre de ma famille ? Quelle nouvelle orientation professionnelle envisager ?

Ces interrogations que je vois régulièrement émerger lors de mes accompagnements illustrent le besoin de sens qui nous étreint sur les grandes questions de notre existence. Que l’on soit dirigeant pour s’adapter aux bifurcations des marchés et des règlementations, que l’on soit manager pour accompagner les défis de son équipe, à titre individuel pour prendre sa place dans un nouveau projet…

Dans un environnement instable, complexe, incertain ; face à un horizon bouché, le principal indicateur sur lequel nous pouvons compter, c’est nous-même ! Pour faire le parallèle avec les indicateurs de pilotage ou de qualité en entreprise, nous pouvons mesurer au quotidien quel est le niveau de nos indicateurs humains afin d’apprécier la justesse de nos décisions, de nos actions et se réguler le cas échéant.

Selon Otto Scharmer, nous sommes aveugles à la dimension profonde de notre leadership. Pourtant, comme ses recherches auprès de dirigeants et d’athlètes le montrent, être à l’écoute de l’état intérieur, à la source de nos décisions, de nos actions, permet d’accroître son acuité et donc ses performances. Il nous invite ainsi à mettre en lumière ce « point aveugle » en approfondissant notre expérience de l’écoute « de l’intérieur vers l’extérieur ».

Otto Scharmer nous propose trois chemins pour accéder à nos territoires profonds :

Pour Alain de Vulpian, dans notre environnement vivant, impermanent, fragile et robuste à la fois, nous ne pouvons pas prévoir ni commander les évolutions. Nous pouvons tout juste percevoir les tendances, en cultivant le vivant, et anticiper prudemment des bifurcations. Ce sont les mécanismes naturels du vivant beaucoup plus que les volontés et les initiatives des acteurs qui produisent des changements structurels majeurs.

Ainsi, il nous invite à être à l’affût des réactions du système afin d’ajuster notre intervention, et nous propose d’adopter une « posture tâtonnante ». Pour cela, il nous faut développer notre conscience de nous-même, de la façon dont nous fonctionnons et de notre évolution continue. C’est-à-dire mieux comprendre le vivant en augmentant notre « plasticité du vivant ».

Nous devons apprendre à être en prise directe sur nos émotions, nos sensations et nos intuitions, tout en restant connectés à notre raison. En mobilisant tout notre potentiel humain et en reliant toutes nos intelligences : rationnelle, émotionnelle, sensorielle et spirituelle, nous pouvons faire face aux problèmes complexes de la vie. Nous devenons ainsi plus aptes à repérer les signaux faibles annonçant des blocages ou des opportunités, des fluctuations ou des bifurcations à engager pour avoir plus d’impact dans ce que nous créons et plus d’énergie pour passer à l’action.

En nous découvrant plus grands, plus profonds, plus multiples que nous le croyions, nous prenons conscience de la richesse des ressources dont le vivant nous a dotés. Et nous trouvons la faculté de mieux sentir le sens de notre vie et la voie à suivre. Cette connexion augmentée à nous même et à notre environnement fait de nous des êtes « socioperceptifs », à la fois sensibles et connectés aux autres.

Ressentir, c’est faire l’expérience du sens

Sentir le sens, c’est donc vivre une expérience des sens, de tous les sens. Pas seulement le sens rationnel fabriqué par notre mental, porté par nos croyances, nos habitudes, nos modèles mentaux, nos peurs… mais aussi le sens issu de notre intelligence émotionnelle et corporelle. Car le corps pense et nous ne comprenons une situation distinctement qu’à travers ce que nous ressentons. Notre corps est notre ami intime, notre boussole intérieure, notre indicateur de sens.

Par exemple, la joie nous fait vivre des sensations délicieuses qui courent dans notre sang jusqu’au fond de notre cœur et qui traversent notre esprit le plus pur dans une impression de calme. Notre esprit et notre corps se mêlent en harmonie. La tristesse s’accompagne d’une sensation de rétrécissement intérieur, voire de verrouillage de certaines parties de notre corps. Notre esprit et notre corps se trouvent comme entravés et notre respiration peut être altérée jusqu’à l’apnée. Chacune de ces informations délivrées par notre corps est précieuse pour comprendre notre état intérieur.

Comme l’évoque la psychologue et psychothérapeute Jeanne Siaud-Facchin, ressentir, c’est rendre nos vies pleines de sens, au sens propre et avec tous nos sens. Ressentir, c’est se sentir vivant, c’est donner de la vie à la vie.

C’est avec tous nos sens que l’on discerne clairement ce qui est bon pour nous. Je le sens, je le sais. Nous savons avec nos sens, juste avant de comprendre avec notre tête. Ressentir nous libère du besoin de maîtriser, a fortiori dans un environnement incertain et impermanent. D’ailleurs, nous conservons la trace d’un souvenir, agréable comme désagréable à travers ce que nous avons ressenti, au-delà des mots échangés. Nous sommes un tout, une alchimie.

En ressentant le sens avec tous nos sens, un champ des possibles s’ouvre à nous avec clarté. Ainsi, nos pensées, nos mémoires, nos émotions, nos sensations s’accordent pour entrevoir un futur souhaitable vers lequel se mettre en chemin et faire les meilleurs choix. S’entraîner chaque jour à activer cette « plasticité du vivant », nous permet de développer notre acuité et d’affuter notre discernement en étant pleinement connectés à notre boussole intérieure.

Mes sources d'inspiration :
Théorie U, l'essentiel d'Otto SCHARMER
Eloge de la métamorphose d'Alain de VULPIAN
Happinez.fr - Jeanne SIAUD-FACCHIN - Ressentir
Le ressort invisible ou comment survivre aux situations extrêmes - Philippe SILBERZAHN

Je n’ai jamais autant pris la mesure de l’impact des rencontres dans ma vie que depuis que j’en ai changé… Est-ce à dire que les grandes étapes de transformation qui jalonnent notre existence sont émaillées de rencontres clés, voire que ces transformations sont favorisées par les personnes que nous rencontrons sur notre chemin ? Oui, c’est une évidence : la rencontre est au cœur de l’aventure de notre existence. Pourtant, ce que l’on pourrait croire être l’œuvre du hasard, se provoque, en se tenant prêt.e à accueillir les rencontres.

J'ai donc décidé de les ritualiser, de me nourrir aussi souvent que possible du plaisir de la rencontre dans un principe de réciprocité. C’est-à-dire de gratifier mes journées de « rencontres augmentées », ces moments précieux de pleine présence à soi et à l’autre, d’où chacun repart comme « augmenté », plus grand, plus intense, plus profond… En plaçant la rencontre comme centrale dans le déroulement de ma vie, le champ des possibles s’est ouvert, telle une invitation à « sortir de moi », à quitter ma zone de confort. Dans la rencontre, je me suis rendue disponible pour accueillir ce que la vie m’offrait à travers l’autre, et donner à mon tour.

Pourquoi certaines rencontres nous donnent-elles l’impression de renaître ? Cette question que pose l’ouvrage de Charles Pépin : La Rencontre, une philosophie, traduit l’extrême puissance de cette aventure humaine qui peut nous bouleverser au plus haut point.

Rencontrer l’autre, c’est accepter d’être troublé, bousculé

Charles Pépin nous partage sa définition : le mot « rencontre » vient du vieux français « encontre ». Il exprime « le fait de heurter quelqu’un sur son chemin » et renvoie donc à un choc avec l’altérité. Deux êtres entrent en contact, se heurtent, et voient leurs trajectoires modifiées.

Quelque chose se produit, que nous n’avons pas choisi, qui nous prend par surprise : c’est le choc de la rencontre. Ce trouble qui nous étreint a une double résonance. Il nous porte vers l’autre, cet inconnu qui nous étonne et nous attire à la fois, pour qui nous ressentons perplexité et curiosité. Le choc de la rencontre nous renvoie également vers cette partie de nous-même qui nous échappe. Comme un retour à soi, il nous révèle à nous-même.

Selon le philosophe, dans la rencontre, l’autre m’intéresse, au sens le plus noble ; il m’intéresse même deux fois. Une première en tant qu’autre qui m’éblouit et me questionne. Une seconde en tant qu’occasion de progresser.

Rencontrer l’autre, c’est une invitation à explorer un autre monde

Pour Charles Pépin : « Rencontrer quelqu’un, c’est se trouver projeté au seuil d’un monde nouveau, happé par l’envie de l’explorer ; c’est une invitation au voyage. »

La rencontre nous aspire vers un ailleurs, un territoire inconnu et nous élève au rang d’explorateur. Le choc laisse place à une vibration, un désir intense de découvrir l’autre, de déplier le paysage dans lequel il est enveloppé et s’y promener.

Dans ce voyage, nous faisons l’expérience de l’altérité, en découvrant un autre point de vue, en acceptant de se décentrer pour voir les choses à travers son regard. Ce rapprochement d’horizons différents produit une pensée nouvelle et permet à chacun de progresser, de s’ouvrir à la vision de l’autre, sans renier la sienne, mais en l’approfondissant. Il s’agit de faire exister l’autre à ses côtés, dans son altérité. Se donner la chance de voir le monde avec les yeux de l’autre nous autorise à ressentir les choses avec son cœur.

La première rencontre a une saveur toute particulière. Ce moment où nous croisons le chemin de cette personne pour la première fois. Il peut nous sembler que nous la connaissions déjà, que nous avions rendez-vous avec elle. Ce sentiment d’évidence que nous ressentons lorsque l’inconnu nous semble si familier donne à la rencontre une forme de durabilité, l’espoir que l’autre reste un mystère à découvrir sans fin.

Il existe autour de moi quelques « personnes ressources » avec lesquelles je pourrais goûter au plaisir de la rencontre, encore et encore. Les retrouver me procure curiosité et joie, comme une soif inextinguible de les découvrir vraiment. Car chacune de nos rencontres est l’occasion d’approfondir et de croiser nos facettes respectives.

« Nous n’avons jamais fini de faire le tour de l’autre » écrit le philosophe Alain Badiou.

Parfois, une rencontre a lieu pour accompagner une transformation ou impulser la naissance d’un projet. Avoir rencontré l’autre nous donne des ailes. Nous allons additionner nos talents pour écrire une histoire ensemble et créer quelque chose de plus grand que nous, que nous ne pouvions accomplir seul.e.

Le signe que la rencontre a lieu est l’excitation que ce projet provoque en nous, cette envie de s’engager sans tarder, la certitude que nous allons faire équipe et ensemble réaliser de grandes choses. La rencontre permet alors de dépasser nos craintes ou nos angoisses, attachées à notre propre histoire, comme l’autre le fait avec les siennes. Ainsi, s’ouvre un champ des possibles inédits : du seul fait de la rencontre, le pouvoir de l’un s’accroît de celui de l’autre.

Lorsque nous changeons au contact des autres, nous comprenons combien nous avons besoin d’eux pour devenir nous-mêmes.

Nous avons besoin de rencontrer l’autre pour nous rencontrer

« Le plus court chemin de soi à soi passe par autrui » nous partage le philosophe Paul Ricoeur.

Si la rencontre est première, marquée par un mouvement hors de soi, où nous restons un temps fasciné par l’autre, vient le moment où nous revenons à nous-même, où nous intégrons cette rencontre dans notre propre histoire, où nous en faisons quelque chose pour nous-même.

Pour Charles Pépin, au fond, c’est comme s’il y avait deux rencontres simultanées : à travers l’altérité de l’autre se révèle l’altérité en nous. En s’aventurant hors de soi pour aller à la rencontre de l’autre, nous éprouvons cet ailleurs pour nous-même, nous goûtons à une nouvelle identité, échappée de notre conditionnement social.

Heureusement, certaines rencontres nous arrachent à ce cadre social dans lequel nous sommes enferrés. Elles produisent un choc capable de fissurer notre carapace et de faire souffler un vent de liberté sur notre identité figée.

Ces rencontres-là se jouent sur une fréquence transformatrice, elles ébranlent toutes nos croyances. Les émotions qu’elles génèrent provoquent un débordement qui abolit les limites ordinaires et laissent place à un espace infini pour exister pleinement.

Le trouble, la curiosité et le désir de se lancer sont les premiers signes de la rencontre en train de se faire. Puis l’expérience de l’altérité et la transformation sont les signes d’une rencontre qui se continue et produit ses effets.

Encore faut-il être disposé.e à la rencontre…

Nous avons tous connu des rendez-vous manqués ! La rencontre n’a pas eu lieu pour une raison ou une autre, avec son lot de déception et de frustration. Pour réussir la rencontre, Charles Pépin relève trois dispositions préalables.

Sortir de (chez) soi

Rencontrer quelqu’un, c’est s’arracher à sa position de sujet autocentré pour s’ouvrir à la perspective de l’autre. C’est provoquer la chance en faisant un pas de côté, rompre avec les habitudes qui nous engourdissent. C’est aussi être prêt à accueillir ce qui se présente, le bon comme le mauvais. Se lancer l’esprit ouvert, moins concentré sur le but qu’attentif à tout le reste.

Notre époque ne nous encourage pas suffisamment à l’action. Comment oser partir à la rencontre de l’imprévu, se jeter dans l’inconnu avec confiance, quand le mot d’ordre est à la prévision, à l’anticipation, au risque calculé ?

« Une vision gestionnaire de l’existence a triomphé des conceptions aventureuses de la vie » selon Charles Pépin.

Avec son mantra « J’y vais-je vois », le philosophe nous invite à la rencontre. Car la vie véritable, essentielle, repose précisément sur ce qui échappe à l’anticipation. Y aller vraiment, c’est y aller sans vraiment être prêt.

Se rendre disponible à la rencontre

Des attentes trop précises risquent de nous faire manquer la rencontre. Développons donc notre disponibilité en goûtant à l’excitation que connaît l’aventurier. Sortons de chez nous, enthousiaste à l'idée de ne pas savoir à quoi nous attendre.

« Plutôt qu’abolir le hasard, embrassons-le et jouons avec lui. […] Laisser le hasard présider à nos destins est souvent la promesse des plus belles rencontres » nous encourage Charles Pépin.

Nous rendre disponible, nous demande d’assouplir nos attentes, nos critères, nos préjugés. Pareils à des œillères, ces derniers restreignent notre champ de vision et nous empêchent d’envisager ce qui pourrait faire notre bonheur. Débarrassons-nous de nos restrictions, remettons en question nos habitudes et nos certitudes. Expérimentons notre aptitude à ne pas savoir.

Moins nos attentes sont précises, plus nous sommes ouverts à ce que le moment peut nous offrir dans le présent. Il ne s’agit pas d’une attention focalisée vers un but précis, mais d’un état général d’éveil. Là s’exprime la vraie disponibilité.

La rencontre exige cette disponibilité-là, être capable de prendre son temps, de la perdre aussi, de s’arracher à la dictature des choses à faire, à la pression de l’urgence. En discutant de tout et de rien, en flânant, nous nous donnons le loisir de rencontrer profondément, de vivre un moment hors du temps. Nous nous autorisons un instant de grâce en nous livrant entièrement à la rencontre.

Laisser sa vulnérabilité s’exprimer

S’autoriser à tomber le masque, se départir de son « meilleur profil » pour se montrer sous un jour moins lisse, plus sincère. Lorsque nous assumons nos doutes et nos craintes, lorsque nous osons les exprimer ouvertement, sans fard ni faux-semblant, alors s’ouvre un espace où la rencontre devient possible.

Nous croyons que ce masque social dont nous nous affublons nous protège, alors qu’il nous isole et nous éloigne des belles rencontres. Oser se montrer vulnérable permet de briser d’un coup tout un jeu de postures et de rôles qui font barrage à la rencontre.

« Il y a une faille en toute chose, c’est par là qu’entre la lumière » chante Léonard Cohen.

Se montrer vulnérable autorise l’autre à faire de même, à se montrer comme il est, sans craindre d’être jugé, à laisser surgir ses émotions, en écho à sa propre histoire.

Le dénominateur commun à ces trois dispositions à la rencontre est la confiance. Avoir confiance en l’action et son pouvoir de reconfigurer le réel. Avoir confiance dans l’imprévu et dans l’inconnu pour se découvrir autre. Avoir confiance en nous-même pour oser se « mettre à nu ». La meilleure façon de rencontrer les autres est de leur faire confiance.

Dans la rencontre, nous vivons littéralement un choc à retardement ! Un temps pour le choc initial, un temps pour l’assimiler. Un temps pour être désemparé, un temps pour agir et s’aventurer dans sa propre existence. Un temps pour s’oublier, un temps pour revenir à soi.

Nos rencontres nous permettent, en nous tournant vers les autres, d’exister au plus haut point possible par la conscience commune que nous avons l’un de l’autre.

La découverte de l’autre, et plus encore, sa redécouverte permanente dans une rencontre perpétuellement augmentée, est un rendez-vous avec soi, en même temps qu’une exploration du monde.

Honorons ces rencontres qui chaque jour tissent la toile de notre vie !

En matière de leadership, l’ego et l’intention sont les deux faces d’une même pièce. A qui se fier : côté pile, la voix tonitruante du jugement et des peurs portée par notre ego, ou côté face, la voix du cœur faite de désir et de joie, issue de notre intention ? Si vous laissez le hasard tirer à pile ou face, en faisant une confiance aveugle à votre ego, vous prenez le risque d’être orienté(e) dans la mauvaise direction, ou de prendre la mauvaise décision. Alors que si vous vous connectez à votre intention...

Je discutais récemment avec une ancienne journaliste qui venait de prendre un virage professionnel en accédant à de nouvelles fonctions managériales dans l’accompagnement à l’entrepreneuriat. Elle me partageait ses difficultés à prendre sa place dans une organisation qu’elle avait intégrée au bénéfice d’une création de poste. Comment prendre possession pleinement de ses nouvelles responsabilités sans empiéter sur les missions de son équipe qui était là avant elle ? Comment laisser s’exprimer les capacités pour lesquelles elle avait été recrutée sans faire de l’ombre à ses collaborateurs ? Je l’ai tout naturellement invitée à clarifier son intention dans cette prise de poste et à la partager, en toute sincérité et authenticité avec les membres de son équipe. Sans surprise, ses réflexes de journaliste ont rapidement été mis en éveil pour bien comprendre en quoi consistait cette intention sur laquelle je la challengeais. Elle m’a alors demandé de but en blanc si une intention pouvait être bonne ou mauvaise, faisant référence ici au management toxique dont peuvent souffrir certaines organisations, pilotées par des manageurs pétris de mauvaises intentions. J’avoue avoir été prise de cours par sa question ! Car le propre de l’intention est de libérer son énergie pour avoir un impact positif sur les environnements que nous désirons créer ou changer. Il n’existe pas d’un côté, les bonnes, et de l’autre, les mauvaises intentions. C’est un abus de langage, car une intention est nécessairement portée par un dessein constructif pour soi comme pour les autres.

Alors, qu’est ce qui guide ces managers à adopter des comportements nocifs pour leur collègues, leurs collaborateurs ? Ne serait-ce pas plutôt… leur ego ?

L’ego, cet imposteur qui dirige notre vie !

Mais qui donc est cet ego qui fait tant parler de lui ? C’est une construction mentale, une représentation que l’on a de soi-même, des autres et du monde. L’ego est une fausse identité en quelque sorte, un imposteur né de nos peurs et de nos croyances. Depuis notre plus tendre enfance, nous avons appris à nous comparer aux autres, à nos frères et sœurs, à nos camarades de classes… Ce réflexe s’est ancré avec les années, nous invitant à nous juger en permanence en nous affublant de trop ou de pas assez. Notre ego nous conduit à nous conformer à l’image de ce qui serait bien ou mal.

Notre mental, nourri par nos peurs et nos croyances, nous conduit ainsi à endosser des rôles qui font écran à notre vraie nature. Comme une partie de nous qui s’exprimerait à notre place, verrait et entendrait à notre place, et surtout, voudrait exister de plus en plus en nous… Nous ne réalisons pas à quel point notre ego dirige notre vie ! Quand il prend le pouvoir, nous sommes dans le mental. [A lire aussi : « Soigner son intention, c’est dire STOP aux ruminations ! » ]

« C’est un peu comme si vous n’habitiez plus votre corps, n’écoutiez plus votre cœur, ne ressentiez plus votre existence : vous interprétez la réalité, le plus souvent en la déformant, vous prêtez aux autres des intentions qui ne sont pas les leurs, vous projetez vos peurs, vos problèmes, vos doutes, vos attentes. Vous réfléchissez les événements au lieu de les vivre. Car le mental ne connaît que le passé et le futur. Le mental vous coupe du présent. » confie Laurent Gounelle dans son roman Et tu trouveras le trésor qui dort en toi.

L’ego a besoin de se sentir unique et différent. En cela, il nous sépare des autres et nous éloigne de notre vraie nature qui, au contraire, tend à l’union. Notre ego peut même nous pousser à l’opposition, au conflit et à la division pour se sentir exister, comme en témoignent les jeux de pouvoirs auxquelles s’adonnent nos édiles politiques.

C’est notre ego qui se manifeste lorsque :

Lorsque nous nous sentons misérables, angoissés, querelleurs, jaloux ; lorsque nous sommes effrayés, que nous nous sentons insultés ou flattés, c’est le jeu de notre ego. Alors, que faire puisque se battre contre son ego revient à lutter contre soi-même ?

Accepter que notre ego puisse avoir tort

L’ego étant le fruit de notre mental, il est infiniment difficile de faire taire les ruminations dont il nous affuble. Au contraire, chacune de nos pensées vient l'alimenter et lui donner encore plus de place. Il nous faut donc apprendre à détourner notre attention de ces raisonnements erronés pour se concentrer sur nos désirs, nos valeurs, nos engagements et vivre pleinement la réalité présente.

Le psychologue américain Albert Ellis nous enseigne que tous les êtres humains ont la même valeur, indépendamment de ce qu’ils possèdent et de leurs caractéristiques externes. En conséquence, il nous invite à reconnaître en conscience nos forces et nos faiblesses, notre potentiel, ainsi que nos limites pour mieux les accepter. Il fait de l’acceptation une condition indispensable pour affronter les aléas de la vie avec sérénité et trouver les ressources pour passer à l’action.

L’enjeu est de progresser vers plus de conscience en observant les informations qui proviennent de l’extérieur, tout comme nos pensées et émotions, avec recul et neutralité, sans jugement de valeur. Nous devenons ainsi plus conscients de ce qui nous guide et nous égare pour focaliser notre énergie non pas à lutter inutilement contre les errements de notre ego mais à progresser avec détermination vers notre objectif.

Développer une nouvelle conscience

« Nous vivons à une époque de profonds dérèglements et d’immenses potentiels ; une époque marquée par la fin d’un mode de pensée et de structures sociétales liés au passé ; une époque qui accueille la naissance d’une nouvelle conscience », tel est le constat d’Otto Scharmer, maître de conférences au MIT (Massachussetts Institute of Technology) et cofondateur du Presencing Institute, à l’origine de la Theory U.

Pour lui, ce changement de conscience est capital, au regard des trois fractures que nous connaissons aujourd’hui :

En matière de leadership, O. Scharmer constate que nous assistons au passage d’une conscience ego-systémique, centrée sur notre propre bien-être, à une conscience eco-systémique, c’est-à-dire l’émergence d’une conscience incluant le bien-être de tous portée par l’activation d’une nouvelle intelligence, l’intelligence du cœur. Il observe que les groupes qui se mettent en action à partir de cette conscience peuvent être terriblement efficaces.

Il fait référence ici à ce qu’il appelle l’angle mort du leadership, c’est-à-dire cet état intérieur, à la source de nos actes, de nos paroles, de nos décisions… auquel la plupart d’entre nous est aveugle. Il nous invite à faire émerger cette conscience profonde, cette intention qui nous anime et suscite chez nous des émotions positives.

Le domaine du sport de haut niveau nous donne une grille de lecture de cette dimension intérieure. Tout compétiteur va s’employer à aligner sa volonté (ses forces physiques/mentales, sa capacité à se dépasser…), avec ses émotions (l’enthousiasme à vivre ce défi sportif et l’optimisme quant à ses résultats…), avec ses désirs (de victoire, de nouveaux records…) et son imaginaire (celui de se voir monter sur le podium). Dans le domaine du management, ces dimensions intérieures nous sont relativement inconnues. Il est très rare que soit mise en œuvre cette conscience de l’intérieur vers l’extérieur pour améliorer les performances managériales.

L’intention, catalyseur de notre désir d’être et pouvoir d’agir

Cette nouvelle conscience de l’intérieur vers l’extérieur, est selon O. Scharmer le fruit d’un grand vouloir qui peut être activé sous trois conditions :

En psychologie, ce grand vouloir est ce qui caractérise l’intention. Dans son ouvrage Le pouvoir de l’intention, Wayne Dyer, psychothérapeute américain, désigne l’intention comme « un but ou un dessein clairement affirmé, accompagné de la détermination à obtenir le résultat désiré ». Pour lui, l’intention est « une force que nous portons tous en nous, un champ d’énergie qui se déploie au-delà de nos repères habituels ». [A lire aussi : "Avez-vous pris soin de vous accorder avec votre intention aujourd’hui ?"]

L’intention naît de l’alchimie entre notre désir d’être et notre pouvoir d’agir.

L’intention nous est propre et ne dépend que de nous ! Elle demande donc à être conscientisée, questionnée, explorée pour émerger et devenir claire à nos yeux. Car si l’intention existe déjà en nous, elle a besoin d’être extériorisée pour donner sa pleine puissance. L’intention fait l’action ! Plus souvent nous prenons le réflexe de clarifier notre intention, dans toute situation, mieux nous sommes à même de nous orienter dans l’action.

Pour Claire Rosart, chercheuse en systémique des groupes : « Une intention, c’est un peu comme une balise que l’on jetterait dans la direction que l’on souhaite emprunter et qui donnerait le cap en envoyant des signaux réguliers, nous permettant ainsi de cheminer dans son sens tout en s’adaptant à la réalité du terrain. C’est donc une force invisible qui dirige nos actions en mettant en route des dynamiques qui nous font avancer. […] Lorsqu’on est sur son chemin d’intention profonde, l’énergie déployée est décuplée. »

Il nous revient de choisir le champ d’énergie qui nous permettra d’avoir un impact positif sur les environnements que nous désirons créer ou changer dans notre vie. Cela signifie faire le choix d'ignorer notre ego et à travers lui la voix du jugement, du cynisme et de la peur, pour porter toute son attention sur son intention et écouter à travers elle et en pleine conscience la voix de son cœur et de sa volonté.

Cheminer en se laissant guider par son intention profonde procure l'enthousiasme pour passer à l'action, le cap pour prendre les bonnes décisions, la vision pour porter un projet, le sens pour engager ses parties prenantes et le bon niveau d'écoute pour se comprendre.

Mes sources d'inspiration
Et tu trouveras le trésor qui dort en toi de Laurent GOUNELLE
Le pouvoir de l'intention de Wayne W. DYER
Théorie U, l'essentiel d'Otto SCHARMER
L'intention personnelle en vidéo par Claire ROSART

Il y a à peine dix ans, nous débattions de l’opportunité de convoquer le « bonheur » au travail… Avec la crise sanitaire, on a vu poindre une question encore plus cruciale dans le monde du travail : la place du désir… Il ne vous a pas échappé que depuis un an ou deux le désir a investi le vocabulaire de l’entreprise : économie désirable, entreprise désirable, expérience désirable du travail… Pas étonnant, si l'on considère le séisme qui a bousculé de façon systémique tous les piliers de notre vie depuis 2020. Pas étonnant lorsque l’on se remémore le premier confinement ; ce temps suspendu qui nous a permis de prendre un peu de hauteur sur notre quotidien et de nous poser les vraies questions sur le sens de notre existence, notamment dans notre travail. Un temps long, détaché du bureau, pendant lequel de nombreux salariés ont éprouvé le besoin de comprendre à nouveau pourquoi ils travaillent. Derrière ce besoin de sens au travail, se cache l’histoire d’une quête, celle de nos désirs profonds !

Le désir est en nous la marque du manque, une faille qui caractérise le fonctionnement humain. Par extension, le désir est donc la condition de tout projet, de tout espoir, de tous les possibles…

« De ce point de vue, il est non seulement le signe de l’imperfection au cœur de l’être humain et de son "défaut" structurel, mais il est aussi et surtout ce qui permet à chacun de se projeter en dehors de lui-même, de s’activer, d’aller vers la rencontre, de sortir de sa solitude et de s’acheminer là où son désir le pousse » comme le décrit la chercheuse, philosophe et écrivaine italienne Michela Marzano dans son article Le désir : un équilibre instable entre manque et puissance.

Entre manque et puissance, je vous propose ici d’invoquer ce désir, de le faire émerger et de penser la place qu’il occupe dans votre vie ! Car le désir évoque l’homme, comme l’écrit le psychanalyste Denis Vasse dans son essai Le temps du désir. Le désir est notre essence, la source de ce qui nous pousse à agir, la marque de ce qui fait de nous un être singulier.

« Le désir n’est jamais une « chose » qui est « là », déterminée une fois pour toutes. Il n’est jamais un « point précis ». Il est plutôt une espèce de ligne de fuite, une tension, une expansion, ce par quoi la subjectivité de chacun peut se définir. » selon M. Marzano.

Spinoza a une conception énergétique du désir. Le désir est selon lui un effort pour persévérer dans son être et devenir conscient de soi. On trouve une illustration de cette approche grâce à Roland Guinchard, psychologue et psychanalyste et Gilles Arnaud, psychosociologue et professeur de psychologie des organisations à l'ESCP, qui ont collaboré à l’écriture de Psychanalyse du lien au travail. Le désir de travail.

Ils explorent ici le Désir de travail comme un processus vivant qui est une part importante de la vie, au moins autant que l’amour. Leur réflexion se réfère à l’existence, chez tout être humain, d’une énergie pulsionnelle orientée vers l’action ou la réalisation : « Cette poussée énergétique brute, en s’intégrant à la psychologie de l’individu au cours des premières années de sa vie, se transforme alors en un désir d’agir et de faire à la recherche d’un accomplissement en ce monde… ».

Dans leur ouvrage, ils proposent de changer de regard : plutôt que de chercher à mettre un peu de désir dans le travail, faire apparaître que le travail est partie intégrante du désir humain

Le Désir de travail, un désir d’agir et de faire à la recherche d’un accomplissement en ce monde

Selon R.Guinchard et G.Arnaud, le désir qui nous pousse au travail est une énergie. En cela, le Désir de travail n’a rien à voir avec l’envie de travailler ou la motivation. C’est l’ensemble des éléments conscients et inconscients qui déterminent tous les avatars de notre travail, depuis notre comportement face à la tâche jusqu’à notre parcours de carrière.

« Créer la motivation est évidemment un abus de langage, si on considère que la seule chose vraiment possible ne consiste en rien d’autre qu’à dégager de la place à un Désir de travail. […] Il conviendra de respecter d’abord le Désir, et tout ce dont il a besoin et se nourrit : du « sens » et du « symbolique », de la parole claire et des repères sans cesse revus et précisés, des champs délimités, des relations infiniment régulées, et entretenues. »

La question du Désir de travail se pose à tous. Toute personne qui travaille ou souhaite travailler, doit donc s’attacher à ne jamais renoncer à son désir et s’engager à faire absolument quelque-chose de ce désir-là ! Pas seulement une petite place, ni n’importe quelle place car le Désir de travail est exigeant.

Un Désir cinq fois exigeant

Dans ce sens, la responsabilité du chef d’entreprise ou du manager est de favoriser l’expression du Désir de travail chez les personnes auxquelles il propose un emploi. Car l’ignorance du Désir de travail ne peut qu’entraîner sa maltraitance. Il leur appartient donc de désencombrer le Désir de travail.

« La richesse de l’entreprise, c’est son énergie, et l’énergie de l’entreprise n’est pas l’homme mais le Désir de travail. »

Le Désir de travail ne se manage pas, il se ménage plutôt !

Dégager le terrain pour permettre au Désir de travail de s’exprimer pleinement nécessite de s’appuyer sur une idée qui peut paraître invraisemblable : tout le monde a envie de travailler ! Car, comme nous l’avons vu dans le précédent chapitre, le Désir de travail est exigeant au regard de l’ambiance et de ses conditions d’exercice. Ce que certains pourraient caractériser de paresse est en fait le résultat d’une forme de carence au sein de l’organisation, l’absence d’un véritable espace pour permettre au projet de l’équipe de s’épanouir.

Il faut comprendre qu’il existe une rivalité entre l’objet travail interne, qui est la manifestation de notre désir, et l’objet travail externe, qui est porté par le marché de l’emploi, la culture d’entreprise… Il y a manifestement méprise lorsque l’entreprise s’évertue à rendre cet objet travail externe tout de même assez désirable pour ses collaborateurs. Cette course éperdue à la (re)motivation est illusoire si le management laisse le Désir de travail orphelin, sans reconnaissance, sans repères et sans parole tenue.

« Si le travail est enfin reconnu comme objet véritable du désir humain, il devient inutile de vouloir créer la motivation de toutes pièces puisque le désir a cette particularité qu’il ne meurt jamais, même s’il peut être recouvert ou mis en veille. »

C’est dans cet espace, cette place consacrée à l’expression du Désir de travail que se joue la manifestation du sens. On parle souvent de sens dans le travail sans pouvoir définir clairement de quoi il s’agit. Pour R.Guinchard, quatre dimensions contribuent au sens car elles sont constitutives des piliers qui soutiennent le Désir de travail :

Comme le souligne G.Arnaud : « L’origine de la plupart des problèmes de management réside dans tout ce qui empêche le Désir de travail de se manifester ».

Nous avons le devoir d'explorer le champ des possibles de notre Désir

A l'invitation de R.Guinchard et G.Arnaud, je vous invite donc à changer de regard, à appréhender le travail comme Désir, comme un objet au cœur de notre inconscient, mystérieux et essentiel, avec lequel nous entretenons une relation intime, précieuse. Acceptons que le Désir de travail soit à l'œuvre en nous. Accueillons cette donnée énergétique indispensable pour comprendre notre rapport au monde et à nous-même. Nous avons le devoir d'explorer le domaine de notre Désir de travail pour déterminer le champ des possibles et nous réaliser en ce monde.

J'aimerais conclure en vous partageant une très belle contribution à l'ouvrage Le désir au féminin de Gabrielle Halpern, Docteur en philosophie et autrice : « C’est précisément par le désir que l’on échappe à soi, à ses rétrécissements et que l’on est entraîné vers tout ce qui est autre. C’est par le désir seulement, comme sortie hors de soi, que l’on existe, au sens fort du mot, plutôt que de se contenter de vivre ».

Pour G.Halpern : « Désirer, ce n’est pas voyager, c’est s’aventurer. [...] Cette philosophie du désir devrait être la première chose que l’on enseigne aux enfants : les rendre désireux du monde, de ceux qui les entourent, de ce qu’ils ne connaissent pas, de ce qui leur est étranger. On apprend trop souvent aux enfants à être désirables, et non à être désireux ».

Quelques références pour poursuivre l'inspiration :
RIMEFI Recherche en Management Economie et Finance - Qu'est-ce que le Désir de travail ?
CAIRN.INFO - Le désir : un équilibre instable entre manque et puissance
Cercle de Réflexion Universitaire du lycée Chateaubriand - Spinoza ou l’énergie du désir

J’aimerais apporter un éclairage sur une capacité vitale pour tout individu dans sa vie personnelle comme dans sa vie professionnelle : la confiance. La confiance peut tout changer, selon si vous la ressentez ou pas… Elle est, selon moi, un véritable marqueur de notre société. Car la confiance est au cœur des besoins exprimés aujourd’hui, individuellement et collectivement, pour réduire l’incertitude dans notre société et donc le sentiment de risque, et ainsi, permettre à chacun de se projeter sereinement vers un futur qu’il envisage comme possible.

La confiance a pris une dimension toute particulière dès les premières semaines de la crise sanitaire. Dans les entreprises, elle s’est trouvée exacerbée par la nécessité pour les dirigeants et les managers de déployer le travail à distance en responsabilité, en limitant les moyens de contrôle. Dans la société toute entière, elle s’est vue questionnée au regard des nombreuses inconnues qui ont jalonné l’évolution de la pandémie et des décisions prises par le gouvernement pour tenter d’en limiter les effets sur la population. Force est de constater que la confiance ne va pas de soi… Elle n’est pas quelque chose que nous devons considérer comme acquis une fois pour toutes. C’est une œuvre que nous devons consolider, chérir et préserver soigneusement. La confiance est un choix !

Dans le contexte des élections présidentielles, nous voyons chaque jours les dégâts causés par les postures de méfiance, voire de défiance, développées par certaines personnalités politiques, car elles génèrent une véritable crise de confiance vis-à-vis de nos institutions et de la société dans son ensemble. Un fléau que nous avons la responsabilité d’enrayer tant il nous entraîne dans un engrenage délétère et nous enferme dans une vie étriquée, cynique et insatisfaisante. Nous devons prendre conscience que chercher à obtenir des résultats en détruisant la confiance est une stratégie court-termiste car elle s’avère insoutenable dans le temps…

« La confiance est partie intégrante de la trame de notre société. Nous comptons sur elle. Nous la tenons pour acquise jusqu’au moment où elle est altérée ou détruite. Nous réalisons alors, dure prise de conscience, que la confiance est sans doute aussi vitale pour nous que l’est l’eau pour un poisson. Sans confiance, une société se désintègre et finit par imploser. » Stephen M.R. Covey

Fort heureusement, comme toute capacité humaine, la confiance se cultive. Il est à la portée de tout un chacun d’apprendre comment établir, accorder et restaurer la confiance autour de soi. Une « confiance intelligente », synonyme de discernement, moteur de l’action et catalyseur de la relation !

Dans son ouvrage « Le pouvoir de la confiance, l’ingrédient essentiel de l’épanouissement et de la performance », Stephen M.R. Covey, l’homme d’affaires et conférencier américain évoque une « économie de la confiance » à travers une formule simple qui fait de la confiance une variable tangible et quantifiable. Sa formule est basée sur une idée décisive : la confiance affecte toujours deux facteurs, la vitesse et le coût. Quand la confiance baisse, la vitesse baisse aussi et le coût augmente. Quand la confiance augmente, la vitesse augmente aussi et les coûts décroissent.

« L’impact pratique très tangible de l’économie de la confiance se mesure dans beaucoup de relations, dans beaucoup d’interactions, où nous payons un impôt masqué de basse confiance sans même nous en apercevoir ! »

Selon Stephen M.R. Covey, cet impôt basse confiance ne se limite pas à l’activité économique. Il est perceptible dans tous les secteurs, dans toutes les relations, interactions, communications, dans chacune de nos décisions, bref dans tous les aspects de la vie. Dans une entreprise, une confiance élevée améliore la communication, la collaboration, l’exécution, l’innovation, la stratégie, l’engagement, les partenariats et les relations avec toutes les parties prenantes. Dans notre vie personnelle, une confiance élevée améliore nettement notre enthousiasme, notre énergie, notre passion, notre créativité et la joie dans nos relations avec la famille, les amis et la communauté. De toute évidence, les dividendes de la confiance ne se limitent pas à une augmentation de la vitesse et de la rentabilité ; ils se retrouvent dans une satisfaction accrue et une meilleure qualité de vie.

Ce livre vous donne une paire de « lunettes pour la confiance » car pour la plupart des gens, la confiance est une variable invisible. Ils n’ont pas conscience de son impact dans nos relations et notre épanouissement. Mais une fois qu’ils ont chaussé les « lunettes de la confiance », ils détiennent la clé qui va améliorer aussitôt leur efficacité dans tous les domaines.

Choisir de « faire confiance » !

La confiance est une forme supérieure de motivation et d’inspiration. Rien n’est aussi puissant que l’influence de la confiance quand elle se propage.

Nous avons tous été soumis un jour ou l’autre à des situations de manque de confiance : contrôle tatillon, jugement, rétention d’informations, suspicion… Et nous avons pu éprouver les effets négatifs de ces comportements sur notre engagement, notre enthousiasme, notre créativité et sur le déploiement de notre énergie. A l’inverse, dans des situations où la confiance nous a généreusement été accordée, nous avons pu nous montrer inspirés, libérant le meilleur de nous-même.

Pour créer un environnement de confiance optimal, dans votre famille comme dans votre cadre professionnel, il est bien sûr nécessaire d’être digne de confiance et de savoir construire des relations confiantes à tous les niveaux. Mais c’est votre capacité à « faire confiance » qui est le facteur décisif.

Pour Stephen M.R. Covey : « Accorder sa confiance aux autres régénère l’élan intérieur, aussi bien le leur que le nôtre. Cet acte touche et éclaire la propension innée que nous avons tous à faire confiance et à nous montrer dignes de confiance. La confiance apporte le bonheur dans les relations, les résultats dans le travail et la foi dans la vie. »

Pour apprendre à placer judicieusement sa confiance et développer une « confiance intelligente », deux qualités sont nécessaires : une propension à la confiance et une capacité d’analyse.

Une faculté d’analyse élevée alliée à une forte propension à faire confiance permettent de développer l’intuition nécessaire à un jugement lucide et sage. Cette capacité à la « confiance intelligente » est littéralement effervescente ! Elle stimule une dynamique qui fait émerger sans cesse de nouvelles possibilités.

Les cinq vagues de la confiance, de l’intérieur vers l’extérieur…

A l’image d’une onde circulaire à la surface de l’eau, qui se propage de l’intérieur vers l’extérieur par vibrations, la confiance est une force qui se déploie en nous selon cinq vagues. Elle commence au niveau individuel, se propage à nos relations, s’étend à notre cadre professionnel, aux relations professionnelles hors entreprise et jusque dans nos relations sociales en général. La confiance reflète cette approche de « l’intérieur vers l’extérieur » : pour construire la confiance avec les autres, nous devons commencer par nous-mêmes.

1ère vague : la confiance en soi
Le principe de crédibilité

La première vague concerne la confiance que nous avons en nous-même – dans notre aptitude à nous fixer et à atteindre des objectifs, à tenir des engagements, à mettre en accord nos paroles et nos actes – ainsi que la confiance dans notre capacité à inspirer confiance aux autres. L’idée est de devenir pour nous-même comme pour autrui une personne digne de confiance.

La confiance en soi repose entièrement sur la crédibilité, de la racine latine credere, « croire », c’est-à-dire sur votre capacité à développer 4 fondements qui vous rendent crédible à vos propres yeux comme aux yeux des autres :

2ème vague : la confiance relationnelle
L’importance de l’attitude

La confiance relationnelle est centrée de A à Z sur l’attitude… la cohérence de votre comportement. Le principe-clé qui sous-tend cette vague est un comportement cohérent, à savoir la maîtrise du langage et des attitudes adaptées pour instaurer et développer la confiance.

Comme je l’ai évoqué dans mon article [ Cultiver son langage, c’est prendre soin de soi et des autres… Pour tisser des liens sincères et durables ] Parler le langage de la confiance, c’est construire une éthique du dialogue ; un dialogue fondé sur le respect et la dignité de chacun. C’est aussi concevoir le langage comme un agent de liaison, d’échange et d’intégration plutôt qu’un facteur de division. Cette éthique du dialogue ne se résume pas à un simple échange de paroles. Elle suppose que l’on respecte certaines règles, comme être de bonne foi, écouter, accepter l’objection, être prêt à reconnaître ses erreurs… Car le langage de la confiance doit permettre la recherche d’une vérité partagée dans le dialogue.

Selon Stephen M.R. Covey, 13 attitudes améliorent sensiblement votre capacité à instaurer la confiance dans toutes vos relations, aussi bien personnelles que professionnelles :

3ème vague : la confiance organisationnelle
Le principe d’intégration

La confiance organisationnelle montre comment les leaders peuvent susciter la confiance dans tous types d’organisations et d’équipes. Le principe-clé qui sous-tend celle-ci est l’intégration.

La priorité pour tout dirigeant ou manager est de s’attacher à instaurer la confiance en soi et la confiance relationnelle autour de lui, et bien entendu à obtenir la confiance de ses équipes. Pour favoriser la confiance organisationnelle, il doit s’employer à piloter sa structure, sa stratégie, ses processus en s’appuyant sur les 4 fondements et les 13 attitudes que nous venons d’appréhender dans les deux premières vagues. Il s’agit ici d’intégrer les méthodes qui développent la confiance dans tous les rouages de l’organisation.

Procédures bureaucratiques, règles pointilleuses ou inéquitables, attitude inadaptée d’un dirigeant sont autant de symboles, de représentations d’une culture d’entreprise, et de ce qui ne fonctionne pas dans une organisation. Il convient donc pour les responsables d’harmoniser l’organisation et ses méthodes avec les principes qui développent la confiance.

Et, dans votre entreprise, dans votre organisation à vous, qu’en est-il des symboles ? Quel message adressent-ils à vos collaborateurs en interne ? Ces symboles sont-ils en accord avec les principes qui créent un haut niveau de confiance ? Et quels sont les résultats ? Pour améliorer l’intention organisationnelle, assurez-vous que votre mission et vos valeurs reflètent des motivations et des principes qui permettent de bâtir la confiance.

4ème vague : la confiance du marché
Le principe de réputation

La confiance du marché se joue tout entière sur la marque ou la réputation. Elle repose sur un sentiment : celui qui va vous faire acheter des produits ou des services, investir votre argent ou votre temps, ou recommander cette marque à vos relations.

La confiance du marché concerne des acteurs extérieurs. Il s’agit des fournisseurs, des distributeurs et des investisseurs ou des clients, mais le plus simple à ce stade pour vous c’est de les considérer comme vos « clients ».

Si une organisation renforce ses quatre fondements et adopte les treize attitudes avec ses clients, elle sera capable d’accroître sensiblement la valeur de sa marque. Ces fondements et ces attitudes sont les clés de la construction de la crédibilité et de la confiance sur le marché. Et, n’oubliez pas : la confiance que vous serez capables de créer dans votre organisation et sur le marché résultera de la crédibilité que vous aurez d’abord créée en vous-mêmes.

5ème vague : la confiance sociétale
Le principe de la contribution

Une société à confiance élevée est une société d’abondance dans laquelle chacun a plus de choix et de possibilités. L’axiome n° 1 de la confiance sociétale est la contribution. C’est l’intention de créer de la valeur plutôt que d’en détruire, de donner plutôt que de prendre, qu’il s’agisse d’individus qui cherchent à se rendre utiles ou de grandes sociétés qui acceptent de servir non seulement leurs actionnaires, mais toutes leurs parties prenantes à travers leur visée humanitaire ou sociale.

L’essentiel des contributions qui donnent leur âme à nos sociétés est le fait d’individus ordinaires qui, un peu partout dans le monde, apportent leur pierre à l’édifice commun.

Comme nous le confie Stephen M.R. Covey : « C’est vous et moi qui prenons la décision consciente de valoriser et d’investir dans le bien-être des autres. C’est vous et moi qui répercutons cette décision dans tous les aspects de notre vie. »

Nous voyons avec cette cinquième vague combien la confiance rayonne à partir de l’estime de soi, avant de se propager à nos relations, à nos organisations et puis au marché, pour s’étendre à la société dans son ensemble. La citoyenneté est un choix individuel qui engage une vie entière. Et quand nous faisons ce choix dans notre vie, nous incitons celles et ceux avec qui nous travaillons et vivons à faire des choix aussi positifs dans leur propre vie. Ensemble, nous bâtissons des organisations et des familles qui contribuent au bien-être du monde.

Le besoin de trouver du sens dans son activité professionnelle peut s’exprimer à différents moments de notre vie. Il est très prégnant auprès des jeunes générations qui aspirent de plus en plus à choisir une voie en accord avec leurs valeurs. La question du sens peut également se poser face aux difficultés rencontrées dans le cadre du travail ou à certains moments charnières de l’existence : la crise de la quarantaine, le départ des enfants... Elle n’épargne pas non plus certaines personnes qui ont tout réussi dans leur vie professionnelle et ressentent soudain un besoin de motivation supplémentaire, comme de s’aligner avec de nouveaux challenges.

« La question se pose tout au long de notre vie professionnelle, au moment de notre orientation ou en début de carrière, mais aussi à chaque évolution professionnelle, qu’elle soit voulue ou subie, et de manière plus aigüe lorsque nous ressentons une grande insatisfaction dans notre travail » précise Marguerite Chevreul dans son ouvrage Ta vie est une mission.

Ces questionnements se sont encore accélérés avec la crise sanitaire que nous venons de traverser et les bouleversements qu’elle a suscités à travers l’émergence d’une quête de sens inégalée.

Si ce besoin de sens, inhérent à notre nature humaine, est particulièrement fort aujourd’hui, c’est vraisemblablement parce que beaucoup d’entre nous n’ont jamais pris conscience de l’importance de se connecter à leurs ressources profondes, de connaître leurs talents innés, leurs capacités à réaliser quelque chose dans quoi ils se sentent utiles et qui les rendent uniques. Car nos capacités sont des trésors qui ne demandent qu’à être découverts !

Faire émerger ses talents est essentiel ; c’est une source de joie et d’épanouissement personnel car ils sont une composante importante de l’estime de soi. C’est un véritable cercle vertueux : plus nous exerçons nos talents, plus nous réussissons, plus nous sommes confiants, plus nous osons les développer encore, et plus nous sommes épanouis. La prise en compte de nos talents est donc essentielle dans nos choix professionnels car elle nous aide à déterminer si nous sommes épanouis ou pas dans notre activité.

Cette responsabilité incombe naturellement à tout individu au travail, comme elle peut être assumée par l’organisation elle-même, qui, en challengeant les aspirations personnelles de ses collaborateurs, leur permet de s’illustrer sur des capacités nouvelles à travers de nouveaux rôles par exemple, favorisant ainsi le développent de la polyvalence, de l’engagement et d’une performance durable. Pour nombre d’entre-nous, trouver sa juste place se décline au pluriel et nécessite de se déployer à travers différentes activités, d’exprimer plusieurs talents, de croiser plusieurs disciplines, d’hybrider les champs de compétences...

Dans cet article, je vous propose une chasse aux trésors, une plongée dans les profondeurs de vos capacités, à travers l’éclairage de deux ouvrages très inspirants : Ta vie est une mission de Marguerite Chevreul et Eloge des métiers hybrides d’Audrey Chapot.

Créer un espace de liberté pour déployer TOUS vos talents…

Comme nous le rappelle Audrey Chapot : « Anthropologiquement, nous, êtres humains avons besoin de nous réaliser individuellement ; nous avons aussi besoin de contribuer au groupe, d’être utile pour le collectif, de faire notre part pour la communauté. L’activité professionnelle est à notre époque la manière la plus fréquente et la plus évidente de contribuer socialement ».

Notre travail fait partie intégrante de notre vocation humaine. Il est le premier lieu où nous développons nos talents, pas seulement pour nous mais pour participer à une œuvre de création. Dans son ouvrage, l’auteure souhaite réhabiliter la noblesse du métier, celui pratiqué par nos ancêtres qui combinaient de nombreux rôles car ils maîtrisaient un large éventail de savoir-faire artisanaux, en général très pointus, transmis de génération en génération. Au fil des années, avec l’apparition de la production industrielle, la notion de « travail » a pris le pas sur les métiers, avec une fragmentation des activités professionnelles et le développement d’une hyperspécialisation qui a conduit inévitablement à la perte d’autonomie des individus. Cette hyperspécialisation, bien que favorisant l’intégration de la personne qui travaille à une famille de spécialistes et sa reconnaissance par une communauté de pairs, le réduit également à une simple étiquette. Une étiquette qui peut aussi l’enfermer et la maintenir à distance de ses capacités profondes.

C’est là qu’A.Chapot introduit la question de l’hybridation, en partant d’un constat : « Nombreux sont ceux qui savent faire beaucoup plus que ce que nécessite leur poste. Professionnellement, ils se sentent en sous-régime, limités par leur champ d’action, en manque de sens, et s’en épuisent. Ils se questionnent sur les raisons de ce mal être et de leur insatisfaction chronique. Ils en souffrent pudiquement. Ils vaquent désespérément vers un type d’activité qui les nourrisse suffisamment. Leur quête les guide souvent vers une évolution de poste ou une reconversion. Ils espèrent simplement une activité qui les satisfasse pleinement, où leur potentiel sera mobilisé ».

Si elle n’est pas la norme dans beaucoup d’organisations encore très silotées, l’hybridation des talents est une réalité pour nombre d’individus qui s’y développent. Elle se matérialise à travers quatre qualités : le besoin de diversité, l’appétence de la nouveauté, la stimulation à explorer et la connaissance approfondie de plusieurs domaines. L’hybridation a ainsi la double vertu de nourrir chaque personne qui se voit, de fait, reconnue dans la diversité de ses talents et dans sa singularité, et d’enrichir son activité professionnelle. L’hybridation se traduit donc par :

Bien souvent, l’hybridation de nos talents et de nos capacités se révèle au fil des années et de nos expériences professionnelles. Elle se construit souvent avec ce qui est à disposition et des croisements de compétences inattendus. Elle émerge ainsi imperceptiblement, puis elle nous embarque, suscitant un enthousiasme débordant à être et à faire !

Comme l'évoque A.Chapot : « Les pièces du puzzle sont là, prêtes à s'emboiter pour constituer une identité professionnelle qui fait de plus en plus sens. [...] Ce qui importe est de faire un premier pas, puis un second, et ainsi de suite... Il s'agit de créer ses propres expériences, sa mosaïque, son hybridation, pas à pas. Il s'agit de se trouver ou au contraire de se perdre, plutôt que de se mouler ».

Prêts à découvrir vos trésors de talents ?

Dès notre plus tendre enfance, nos parents et nos enseignants, et par la suite nos dirigeants et managers, nous ont engagés à progresser en insistant sur nos manques et nos limites. Une vision négative qui a eu bien souvent pour conséquence de nous forger des croyances limitantes et de développer un regard très sévère sur nous-même. Par ailleurs, nous avons plus facilement tendance à voir les talents des autres, en cherchant à leur ressembler, plutôt que d’être attentif à nos propres talents.

Selon M. Chevreul, la meilleure façon de découvrir nos talents est de rechercher des exemples de nos réalisations significatives : « Il s’agit de recenser des actions dont nous sommes légitimement fiers – des pépites dans notre parcours – et que nous avons été heureux d’accomplir, que ce soit dans notre vie professionnelle ou dans nos activités personnelles ou associatives ».

A travers ce récit de nos actions marquantes, nous pouvons identifier quels sont les talents qui se sont révélés. Bien souvent, ces forces se répètent d’une action à l’autre. Nos talents sont là, ils se manifestent dans nos réussites et dans le plaisir que nous avons éprouvé à réaliser ces activités. Demander des feedbacks à sa hiérarchie, à ses collègues ou à ses collaborateurs, peut également nous apporter des indications complémentaires sur ce qui est apprécié dans notre contribution à l’organisation.

Pour sa part, A. Chapot propose d’imaginer notre propre archipel, en faisant émerger des îles correspondant à nos talents et capacités ; en imaginant comment ces îles peuvent être reliées les unes aux autres, leur propre écosystème, ce à quoi elles nous invitent… Considérer notre activité professionnelle comme un archipel permet de la réguler et de l’ajuster à l’envi, en jouant sur les variables, les frontières et ce que nous en faisons. « Libre à chacun de renoncer à des savoir-faire, d’en ajouter de nouveaux, d’en approfondir certains, ou d’investir de nouveaux champs d’activité. […] Notre archipel est notre signature unique et modulable. »

La prise en compte de nos talents dans nos choix professionnels est essentielle pour que nous puissions nous épanouir dans notre activité : « Être dans son élément, c’est changer d’état de conscience, être sur une fréquence en totale résonnance avec ce qui est juste pour vous ». Pour trouver la « fréquence juste » et reconnaître si notre activité professionnelle est en pleine résonnance avec nos talents et capacités, nous pouvons nous fier aux signaux suivants :

Se laisser guider par la joie, l’enthousiasme et oser…

Si la recherche de nos talents est déjà en soi une activité qui nous apporte de la joie, plus encore, ce sont nos talents eux-mêmes qui sont source de joie car ils sont une composante de l’estime de soi qui nous est essentielle. M. Chevreul nous invite donc à éprouver de la gratitude vis-à-vis de nos talents, à savoir :

Pour M. Chevreul, la joie grandit lorsque l’on utilise et développe nos talents : « Plus nous exerçons nos talents, plus nous réussissons, plus nous sommes confiants, plus nous osons les développer encore, et plus nous sommes épanouis. »

Cette plénitude que nous procure le développement de nos talents et capacités produit une forme d’enthousiasme selon A. Chapot : « Un carburant infini, une force qui nous donne des ailes et nous permet de tout envisager et de tout accomplir. […] Il facilite les apprentissages, il accélère la maîtrise de la compétence, il nous stimule, il nourrit notre légitimité ».

Toutes deux nous invite donc à OSER ! « Oser bousculer les règles du jeu, oser faire, oser changer la donne. Oser s’accepter et accepter ce qui se présente. Oser se faire plaisir aussi. S’autoriser à concrétiser et matérialiser ce qui nous enthousiasme. »

Il convient donc de défaire ce qui ne nous convient pas pour faire ce qui nous inspire. Pour cela, plusieurs possibilités s’offrent à nous :

En se fixant comme intention suprême d'être « épanoui, dans le sens d'être régulièrement et suffisamment nourri. C'est une voie de liberté. [...] Ce n'est pas uniquement bon pour soi-même, c'est bon aussi pour la société dans laquelle nous vivons ! [...] Ce sont nos actions et nos engagements individuels qui amorcent les évolutions de la société. [...] Oser, c'est aussi ne pas attendre que la société fasse d'abord. C'est proposer un nouveau regard, initier une ouverture, faire sa part ».

Pour compléter avec quelques lectures inspirantes
CAPITAL - Et si cumuler plusieurs métiers était la clé pour s'épanouir dans sa vie professionnelle ?
HBR - Se manager soi-même
CADREMPLOI - CV : faut-il un profil T-shaped pour se distinguer en 2021 ?

Lorsque vous vous apprêtez à partir travailler le matin, ou avant un rendez-vous important, vous prenez soin d’ajuster votre coiffure ou votre tenue, d’un rapide coup d’œil dans le miroir… Juste pour vérifier que votre apparence et votre allure sont adaptés à votre programme de la journée. Et bien pour l’intention, c’est pareil ! Avant de prendre la parole ou en prévision de l’animation d’une réunion ou d’un rendez-vous, prenez-vous soin de vous aligner avec votre intention ? En d’autres termes, vous posez-vous la question de ce qui fait sens pour vous, de ce qui vous met en action, jour après jour ? Si on va plus loin sur l'intention, avez-vous conscience de la volonté profonde qui vous anime et guide votre vie, votre raison d'être ?

Mon premier contact avec l’intention s’est manifesté il y a une quinzaine d’années lors d’une formation au management particulièrement inspirante à laquelle tous les managers intermédiaires de mon organisation participaient. Il s’agissait des prémices de l’équicoaching, à savoir, à partir de l’éthologie équine - l’étude du comportement des chevaux - apprendre à communiquer avec le cheval. Cette expérience a été extrêmement marquante pour moi, comme pour tous les participants d’ailleurs ! Seule face au cheval, au milieu du manège, les yeux de tous mes collègues rivés sur moi, la consigne consistait à communiquer au cheval mon intention de le mettre en mouvement, sans prononcer le moindre mot... Autant vous dire que ça n’a pas été chose aisée ; mais après de nombreux efforts, le cheval a fini par bouger. J’ai compris, bien des années plus tard, pourquoi le cheval n’avait pas été immédiatement sensible à l’intention que je lui exprimais alors. J’ai saisi que cette intention ne pouvait pas être lisible pour le cheval car j’étais moi-même, tiraillée entre deux intentions ambivalentes : la première, ma priorité en réalité, consistant à réussir l’exercice devant mes collègues et la deuxième étant effectivement de faire bouger le cheval. Il est clair que le cheval ne se sentait pas concerné par ma première intention !

Dans mes accompagnements individuels, lorsque je refais l’histoire de l’échec d’une communication, d’une réunion inefficace, d’un défaut d’engagement d’un collaborateur sur sa mission…, dans la majorité des cas je décèle un manque de clarté sur l’intention de mon interlocuteur, voire la cohabitation de deux intentions ambivalentes qui viennent brouiller les pistes du message délivré ou de la décision à prendre. J’ai donc décidé d’inviter systématiquement les personnes que j’accompagne à clarifier leur intention et je constate que cette pratique produit de fabuleux résultats en termes de prise de conscience, d’enthousiasme et de pouvoir agir. « C’est de la folie ! », a déclaré récemment une responsable RH suite à notre échange…

L’intention, une force et un champ d’énergie que nous portons tous

Concrètement, de quoi parlons-nous lorsque nous évoquons notre intention ? Dans son ouvrage : Le pouvoir de l’intention, Wayne Dyer, docteur en psychologie et psychothérapeute américain, désigne l’intention comme « un but ou un dessein clairement affirmé, accompagné de la détermination à obtenir le résultat désiré ». Pour lui, l’intention est une force que nous portons tous en nous, un champ d’énergie qui se déploie au-delà de nos repères habituels. Cette puissante énergie que nous ressentons lorsque nous sommes inspirés… L’énergie de l’intention nous propulse vers notre potentialité à vivre une vie pleine de sens.

L’intention ne se trompe jamais. Encore faut-il l’activer ! Pour ce faire, nous devons apprendre à identifier comment nous créons, à notre insu, nos propres obstacles à l’atteinte de notre intention. Notre façon d’envisager la vie est essentiellement fondée sur ce que nous croyons mériter et être capable d’accomplir, ou encore le résultat d’une influence extérieure comme notre famille, notre communauté… En conséquence, nous devons modifier nos pensées réflexes focalisées sur « ça a toujours été comme ça » ou « voilà ce que l'on attend de moi », influencées par ce petit compagnon qui ne nous quitte jamais d’une semelle : notre ego. Nous devons prendre conscience que l'intention est un pouvoir avec lequel nous pouvons entrer en contact, non quelque chose que notre ego doit accomplir. Et éliminer de nos pensées les conditions préalables, les limitations et les possibilités d'échec.

Selon W.Dyer : « En bannissant le doute et en faisant confiance à votre intuition, vous devez dégager un espace qui permet au pouvoir de l’intention de s’infiltrer en vous ».

Pour se connecter à son intention, sortir de l’emprise de l’ego

Comme nous y engage W.Dyer : « Chacune de vos pensées possède une énergie qui peut soit vous renforcer, soit vous affaiblir. De toute évidence, il convient d’éliminer les pensées qui vous affaiblissent, puisque ces pensées sont des obstacles qui vous empêchent de vous accorder avec votre intention ».

Pour cela, il faut cesser de s’identifier à notre ego et atteindre un niveau de conscience qui rend les choses possibles. L’ego est la représentation que nous avons de nous-même. Il donne une vision de ce que nous croyons être et pas de ce que nous sommes en réalité. L’ego nous ramène à nos croyances limitantes et agit ainsi sur notre mental en prenant le contrôle de nos pensées, raisonnements, émotions, désirs… Quand nous éprouvons du stress et de l’anxiété, nous pouvons être assuré que c’est le jeu de notre ego. Le stress est la conséquence d’un affaiblissement du lien qui nous unit à l’intention. En étant de mauvaise humeur, nous demeurons dans un champ d’énergie qui oppose de la résistance à tout changement positif. Le stress et l’anxiété n’étant que des effets secondaires de cette résistance. Chacune de nos pensées possède une énergie qui peut soit nous affaiblir, soit nous renforcer ; à nous de faire peser la balance du bon côté de l’énergie ! Nos émotions sont donc un excellent baromètre pour détecter nos résistances et évaluer notre capacité à connaître le succès.

Pour sortir de l’emprise de l’ego et atteindre un niveau de conscience qui nous permet d’être connecté à notre intention, W. Dyer nous propose cinq voies à travers lesquels nous projeter dans la vie :

« Vous ferez ainsi la connaissance d’un monde qui souhaite votre réussite au lieu d’un monde qui conspire contre vous. »

« Le secret pour concrétiser tout ce que vous désirez tient à votre volonté et à votre capacité à vous réaligner afin que votre monde intérieur soit en harmonie avec le pouvoir de l’intention. Ce dernier attend simplement que vous fassiez le premier pas. »

« Pour réussir à manifester une idée dans votre réalité, vous devez être prêt à faire un saut dans l’inconcevable, puis à retomber sur vos pieds, en contemplant non pas ce qui vous manque, mais ce que vous souhaitez obtenir. »

« Vous devez croire que vous avez reçu tout ce dont vous avez besoin […] et vous traiter vous-même comme si vous étiez déjà la personne que vous aimeriez devenir. »

« Commencez à vivre pleinement le seul moment qui est réellement le vôtre : le moment présent ! »

W. Dyer nous invite à sentir l’intention, à entrer en contact avec elle, la connaître et lui faire confiance : « L’intention est une prise de conscience intérieure que nous ressentons explicitement comme telle, même si nous ne pouvons la décrire adéquatement avec des mots ».

L’intention, c’est un cadeau que vous vous faites à vous-même, et bien au-delà…

Comme je le soulignais au début de cet article, s’aligner avec son intention demande un entraînement quotidien. En étant à l’écoute de ses émotions, chaque jour est l’occasion de s’accorder un peu plus avec son intention, de la nourrir de « petites intentions » qui vont contribuer à construire sa raison d’être. Chaque matin, projetez-vous sur l’intention à travers laquelle vous avez envie de vivre votre journée ; appréhendez votre programme, vos rencontres, en capitalisant sur les émotions positives que vont générer ces moments.

« Lorsque vous êtes suffisamment éveillé pour vous interroger sur votre raison d’être et vous demander comment la définir, c’est le signe que vous êtes inspiré par le pouvoir de l’intention. »

Vous l’avez bien compris, se connecter à son intention requiert de la discipline. Autant que possible, cela nécessite de simplifier sa vie en se débarrassant de ses pensées limitantes pour repousser les frontières de sa réalité. Et ainsi, être en mesure de s’épanouir à travers ce que nous aimons faire et ce dans quoi nous excellons. Car c’est bien là, le chemin de l’intention : s’aligner avec ses désirs les plus profonds en se connectant à son intelligence créatrice pour les réaliser.

Personnellement, j’ai pu vivre pleinement cette expérience lorsque j’ai pris conscience que je n’étais plus alignée avec le métier que je pratiquais depuis plus de vingt ans et l’environnement qui s’y rattachait. [à lire aussi : Quand tout devient possible ! Un message d’espoir dédié à toutes celles et ceux qui se mettent en mouvement…] Tiraillée par mes émotions négatives, il m'a fallu du temps et de nombreux questionnements pour trouver le chemin vers mon intention. Lorsqu’enfin j’ai eu le déclic de ce qui faisait sens pour moi, je me suis découvert une forme d’intelligence intuitive, comme une boussole intérieure, qui me guidait vers les bonnes décisions, les bonnes personnes… en pleine confiance. J’étais connectée à mon intention !

« Lorsque vous êtes inspiré par un but élevé, tout se met à fonctionner pour vous. […] Ce qui semblait risqué devient une avenue que vous ne pouvez vous empêcher d’explorer. Il n’y a plus de risque, car vous agissez dans la joie. »

En nous connectant à notre intention, nous faisons le choix délibéré de nous sentir bien, de favoriser les pensées qui mettent de bonne humeur et de nous laisser porter par l’énergie de l’enthousiasme et de la passion. En résumé, de renouer avec la joie qui est notre état naturel. Gardons à l'esprit qu'il n’est pas nécessaire d’avoir une raison pour être heureux, le désir de l’être suffit… A fortiori si on prend conscience que nos pensées et nos actions ont également un impact sur les autres. Ainsi, en étant en harmonie avec notre intention, nous devenons un vecteur d’harmonie pour ceux qui nous entourent. Rappelons nous que nous ne sommes pas seuls, que l'on ne peut rien accomplir sans les autres car c'est à travers eux que nous découvrons qui nous sommes... La façon dont nous voyons les autres est une projection de la façon dont nous nous voyons nous-même. Traitons donc les autres comme des co-créateurs de notre intention.

« Dans cet univers où tout est étroitement lié, chaque amélioration que nous apportons dans notre sphère privée améliore le monde dans son ensemble ».

Pour faire de votre intention une réalité, confrontez-là aux 7 visages

W.Dyer, décrit l'intention à travers sept visages :

Pour se connecter au pouvoir de l'intention, nos émotions et nos comportements doivent être en harmonie avec ces sept visages : créativité, bonté, amour, beauté, expansion, abondance, réceptivité... Un beau chemin de vie !

Ça y est ! Il semble que nous apercevions la lumière au bout du tunnel… Avec le calendrier de levée des restrictions sanitaires, le retour de certaines libertés se dessine enfin. Même si le télétravail reste encore de mise dans les organisations, on peut imaginer retrouver ses collègues, managers, clients, partenaires… que l’on n’a pas croisés physiquement depuis fort longtemps. A la rentrée peut être !

Pour autant, aujourd’hui, beaucoup de dirigeants s’interrogent sur la motivation de leurs collaborateurs à retrouver le chemin du bureau. Car depuis un an, le télétravail s’est installé dans beaucoup d’entreprises et les études montrent qu’il fait maintenant partie du paysage pour la plupart des salariés qui y ont trouvé un certain confort.

Même si cet attrait pour le travail à distance est à relativiser en fonction de la taille de l’entreprise, de l’activité télétravaillée, des conditions d’installation à son domicile…, avec la durée de la crise sanitaire, les salariés ont dû s’adapter et s’approprier de nouvelles pratiques dans lesquelles ils ont pu trouver quelques avantages. Un mode de travail qui leur a notamment permis de gagner en liberté d’action et d‘organisation. A tel point que le retour au bureau soulève des réticences pour nombre d’entre eux !

Et si c’était notre cerveau qui bloquait ?

Alors qu’est ce qui bloque ? Pourquoi certaines personnes rechignent à retourner au bureau tandis que d’autres n’aspirent qu’à retrouver leurs collègues ?

Il faut avouer qu’avec la mise en place du travail à distance dès le premier confinement, les managers ont été contraints d’accroître très tôt l’autonomie de leurs équipes. La responsabilisation de chacun sur ses missions a eu des effets très positifs sur l’organisation du travail et sur le développement des compétences : optimisation des tâches, plus de polyvalence, émergence de nouvelles capacités, rupture des routines professionnelles… Des bénéfices tangibles pour de nombreux salariés qui redoutent de perdre l’autonomie à laquelle ils ont largement goûté pendant plus d’un an et de retrouver la dimension contrôle qu’ils ont pu connaître par le passé.

Ces nouvelles méthodes de travail, qui jouent sur l’autonomie et la responsabilisation des personnes, participent directement à leur épanouissement. En l’espace d’une année, ces habitudes de travail ont eu largement le temps de s’ancrer dans le quotidien, à tel point que notre cerveau les a maintenant adoptées.

Pour le psychanalyste Saverio Tomasella, nous avons tout bêtement perdu l’habitude de supporter les inconvénients du travail : « La perte de l’habitude est très puissante neurologiquement et psychiquement. En télétravail, le cerveau a pris l’habitude de ne plus prendre les transports, de ne plus entendre de bruit en travaillant, de ne plus subir la pression directe des managers, les mauvaises relations avec les collègues... Donc instinctivement, le cerveau refuse de se forcer à travailler de manière moins agréable et moins confortable ».

Cette analyse dépasse la simple opposition entre travail en distanciel ou en présentiel. Il est avant tout question de sens du travail. Car pour donner envie aux collaborateurs de reprendre la direction du bureau, encore faut-il assurer un sens à leur travail. Et c’est là que le bât blesse car selon une enquête récente, pendant la crise, 40% des actifs ont remis en question le sens de leur travail. Un phénomène que nous avons tous observé dès le premier confinement, à travers l’expression d’une certaine confusion chez un grand nombre de salariés tiraillés entre la futilité de certains pans de leur activité et la nécessité soudaine de se concentrer sur l’essentiel…

Et si cet « essentiel » du travail, ce qui fait vraiment sens, devenait le cœur de l’activité au bureau ? Les organisations pourraient ainsi faire du bureau le lieu privilégié d’une nouvelle « expérience », centrée sur la collaboration et l’expérimentation.

Les travaux de M.Morin et B.Cherré (2008) sur l’importance du sens au travail pour promouvoir le bien-être psychologique, l’engagement des employés et prévenir la détresse psychologique, ont permis d’élaborer une liste de six caractéristiques qu’ils considèrent comme les prérequis du sens au travail :

Voici les ingrédients sur lesquels bâtir le sens et l'essentiel du travail, à travers une expérience positive et durable au bureau, qui donne envie aux collaborateurs de se retrouver dans un lieu privilégié et propice à l’émergence d’une nouvelle réalité du travail post-Covid.

Pour tendre vers cette expérience désirable au bureau, il est primordial aujourd’hui pour les dirigeants et leurs managers de prendre le temps d’écouter les ressentis et les besoins de leurs collaborateurs et d’explorer avec eux les attributs de cette nouvelle réalité du travail. Construire ensemble une nouvelle expérience à vivre au quotidien, avec une part en distanciel pour optimiser son temps de production sans les transports, avec des temps réduits de réunions…, à doser selon les capacités individuelles à télétravailler, et une part en présentiel pour développer le sens et « les sens » au travail, avec ses collègues. Faire du bureau un lieu où l’on se sent choyé, stimulé, où l’on renoue avec le plaisir de créer et d’apprendre ensemble.

Faire du bureau un espace expérientiel du travail

Chez ACT4 TALENTS, notre espace de coworking dédié au développement humain est un véritable laboratoire des nouvelles aspirations au travail. Notre communauté est constituée pour moitié de salariés d’associations et pour l’autre moitié d’indépendants. Tous ont pratiqué le travail hybride depuis le début de la crise et ont pris leurs marques avec le télétravail. Pour autant, nous observons tous les jours les bénéfices du présentiel pour échanger des idées et créer ensemble ou tout simplement pour partager des moments conviviaux dans notre kitchenette au moment du déjeuner ou au gré d’un café. Il ne se passe pas un jour sans que l’un de nos résidents exprime sa satisfaction de retrouver la dynamique communautaire du coworking après plusieurs jours passés dans le confinement de sa bulle de télétravail.

Evidemment, on peut difficilement comparer le travail dans un espace de coworking et dans une entreprise classique. Quoi que… Commet faire du bureau un espace désirable, humain, vivant et porteur de sens ?

Un espace pour dialoguer autour du travail

Le retour au bureau doit sonner comme un retour aux libertés fondamentales de travail, celles qui donnent du sens et qui stimulent les sens dans le pouvoir agir. Pour ce faire, les managers ont la responsabilité de créer l’espace pour un dialogue ouvert et sincère dans lequel chacun peut exposer son expérience du travail pendant cette période de crise. Dresser le bilan de ce que l’on a perdu et de ce que l’on a gagné individuellement et collectivement à travers cette épreuve. Tirer les enseignements de ce qui a fonctionné et de ce qui ne fonctionne plus aujourd’hui dans nos pratiques de travail pour construire ensemble un futur souhaitable.

Un espace centré sur l’essentiel

Cette crise sanitaire avec ses contraintes de distanciation sociale nous a amenés à réduire le périmètre du clan professionnel et à privilégier les groupes à taille humaine. L’occasion rêvée pour investir le « moins mais mieux » au bureau, à travers une ambiance chaleureuse et rassurante, une réelle proximité entre les équipes, synonyme d’échanges réguliers, de dialogues profonds, d’une meilleure connaissance des missions de chacun et du développement de l’entraide. Une hiérarchie moins complexe et un processus de prise de décision simplifié sont les garants d’une réactivité optimisée et l’assurance d’une plus grande autonomie pour les collaborateurs.

Un espace pour créer et apprendre ensemble

Pour trancher avec la monotonie du travail à distance, les temps au bureau doivent être ponctués par des séquences pour créer et apprendre ensemble. Stimuler les sens et faire vibrer l’équipe sur de nouveaux challenges, le recours à l’intelligence collective pour lancer de nouveaux projets et des opportunités régulières de déployer le co-développement pour apprendre les uns des autres.

Pour que le bureau redevienne ce lieu privilégié du travail pour tous, dirigeants comme managers doivent s’accorder sur l’expérience qu’ils veulent cultiver pour leurs collaborateurs. Si le modèle de travail hybride semble faire l’unanimité dans cette perspective de sortie de crise sanitaire, les entreprises devront faire preuve de créativité et offrir une alternative désirable au télétravail, synonyme de curiosité, de liberté d’organisation et de dialogue. En faisant du bureau un territoire d’engagement pour vivre ensemble le travail, retrouver la connivence, la convivialité et le lien, essentiels à la coopération.

Quelques lectures inspirantes
CADREMPLOI - Saverio Tomasella : « Le cerveau n’est pas toujours d’accord pour retourner au bureau »
CHALLENGES - Comment les salariés voient leur retour au bureau post-Covid
KANDU - Présentiel et télétravail : une organisation différente, mais complémentaire
linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram