Comment se préserver de l’angoisse des injonctions, divisions, mensonges, menaces et autres brutalités qui bouleversent notre monde aujourd’hui ? Se couper du flot d’informations issu des médias et des réseaux sociaux n’y suffit pas. Face à la violence de notre époque, la réponse est intrinsèque. Elle se niche au cœur de la douceur qui berce la vie depuis ses origines. La douceur est une force de résistance. Comme un rempart, elle sait mettre la bonne distance vis-à-vis des inévitables agressions du quotidien. La douceur est politique. Elle n’offre aucune prise au pouvoir. La douceur est transformation. Elle réconcilie passé, présent et futur ; elle coud les mondes ensemble.
Selon le philosophe Charles Pépin, le métier d’homme est difficile et nous ne nous en sortirons pas sans la douceur : « C’est parce que la vie est dure que la douceur est nécessaire ; c’est parce que nous venons au monde inachevés, intranquilles, quasiment perdus, que la douceur est salutaire ».
Jamais autant qu’aujourd’hui, je n’ai éprouvé le besoin de brandir la douceur comme un étendard, de crier haut et fort cette paix intérieure pour qu’elle essaime mon monde, à l’extérieur. Je ressens la douceur si puissamment dans chacune de mes cellules ; son énergie réconfortante, sa puissance transformatrice font d’elle une énigme qu’il me revenait de percer, guidée par les mots d’une grande poésie de la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle, croisés avec les recherches de la journaliste Aurélie Godefroy.
Dans toutes les traditions spirituelles, la douceur relève d’un attribut de Dieu, avant d’être une vertu humaine. Tantôt élevée au rang d’état de grâce, tantôt inscrite comme fondement même de l’éthique, la douceur est féconde et porte en elle la quintessence des causes morales et politiques : la paix, le pardon, la générosité, la compassion, l’écoute, la justice…
« Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. » Évangile selon saint Matthieu
Certes, il n’est pas toujours doux de vivre. Car la douceur ne se possède pas, elle nous visite, inspirée d’un regard, d’un geste, d’une sensation, d’une lumière… Nous la sentons là, aussi discrète, intense et vitale qu’un battement de cœur.
La douceur nait de la vie comme la vie nait de la douceur. Venue du plus loin de la mémoire de la vie, là où mère et enfant ne font qu’un, la douceur évoque un paradis perdu, un bercement.
« La douceur vient avec la possibilité de la vie, avec l’enveloppe utérine qui filtre émotions, sons et pensées, avec l’eau amniotique, avec le toucher à l’envers de la peau, avec les yeux fermés qui ne voient pas encore, avec la respiration encore protégée des agressions de l’air. Sans la douceur de ce toucher originel nous ne serions pas au monde. » Anne Dufourmantelle
Le monde de l’enfance prolonge l’expérience de la douceur. On ne survivrait pas à l’enfance sans douceur, car tout y est tellement exposé, suraigu, violent en un sens, à découvert, que la douceur en est le préalable absolu.
Dans les bras maternels, la douceur s’éprouve, elle laisse une marque indélébile, une harmonie entre caresse et fermeté, une essence que le philosophe André Comte-Sponville prête au féminin : « …c’est un courage sans violence, une force sans dureté, un amour sans colère ».
Cette faculté de tisser une relation douce à soi-même et aux autres élève la douceur au rang des plus grandes qualités existentielles que sont la sagesse et la noblesse. Dans cette harmonie que vise la douceur, elle tient compte de la cruauté et de l’injustice du monde. Pour la philosophe : « être doux avec les choses et les êtres, c’est les comprendre dans leur insuffisance, leur précarité, leur immaturité, leur bêtise ».
Selon Anne Dufourmantelle, un art illustre autrement l’intelligence inhérente à la douceur : l’art équestre. « Il suppose l’entente de l’homme et de l’animal à un haut degré de raffinement et de complicité. Il s’agit pour l’un de comprendre (de deviner, de tolérer) l’autre au point d’en être accepté. Le cheval peut être guidé, dressé, bridé, cravaché, il ne s’accordera au cavalier que si celui-ci sait trouver avec douceur la légèreté de main et le mouvement dont il s’ajustera à la foulée du cheval. Il y a dans l’équitation un art de la douceur comparable à nul autre. En cela, la douceur est une harmonie. »
L’intelligence de la douceur porte la vie, elle y laisse son empreinte subtile au gré de notre vécu ; de l’animalité, elle garde l’instinct, de l’enfance l’énigme, de la prière l’apaisement, de la nature l’imprévisibilité, de la lumière la lumière.
La douceur est une manière d’être au monde. Les êtres qui en font preuve sont des résistants dont les actes ont plus de pouvoir sur le cœur des hommes que la violence et la barbarie. Incapables de trahir comme de se trahir, leur combat est au centre de l’éthique et du politique.
« La douceur est invincible » Marc Aurèle
Oui, la douceur est politique ! Elle est une force de résistance qui s’oppose à toute tentative de contrôle. Car elle n'est ni désobéissance ni insurrection. Elle n’offre aucune prise au pouvoir ; elle est non-gouvernable. « Là où la loi commande, la douceur invite. Là où la loi menace, la douceur attire. Là où la loi contraint, la douceur engage. »
La douceur est une passivité-active. Elle ne plie pas. Sa force de résistance tient précisément à sa vulnérabilité, à son exposition à tout ce qui peut la détruire. La promesse de la douceur est aussi celle d’un retournement des pouvoirs, d’une révolution secrète. Précisément parce qu’elle ne commande pas, n’oblige pas, ne gouverne pas. Comme dans certains arts martiaux, la douceur peut retourner le mal et le défaire mieux qu’aucune autre réponse.
« Son pouvoir est immense : elle soigne les âmes blessées, elle éloigne du mal ; elle nous guérit de l’illusion de la toute-puissance. Elle nous arrache au vouloir et nous rend au désir. » Charles Pépin
La douceur ne laisse pas indemne ; elle modifie substantiellement ce qu’elle affecte. Parce qu’elle sublime la vie, la sauve, l’accroît, elle est une insoupçonnable puissance de transformation des choses et des êtres.
« Je crois que la puissance de métamorphose de la vie elle-même se soutient dans la douceur. Quand l’embryon devient un nouveau-né, quand la chrysalide laisse éclore le papillon, quand une simple pierre devient la stèle d’un espace sacré dans les jardins de Kyoto, il y a, au minimum, la douceur. » Anne Dufourmentelle
La transformation ne peut arriver que dans la douceur. Elle n’est pas possible sans l’énergie du cœur, sans le courage du désir. À l’opposé de la violence de l’effraction, de l’injonction de la norme, elle crée un espace de liberté, la bonne distance, le bon rythme, qui permet à chacun d’oser exister à sa mesure.
« Car la douceur rend possible autre chose qu’elle-même ; elle favorise tous les passages, permet toutes les transitions, les métamorphoses les plus belles. » Charles Pépin
La douceur commence par soi, l’accueil de soi. Se montrer doux avec soi est très éloigné du défaitisme, de l’inaction ou de la complaisance. Cette capacité d’autocompassion favorise une grande résilience face aux difficultés, mais aussi une meilleure aptitude à se remettre en question, accompagnée d’un désir accru de changer !
En accueillant qui nous sommes, nos sensations, nos émotions… avec douceur, nous augmentons notre qualité de présence à nous-même et devenons capables d’augmenter notre accueil de l’autre avec douceur. En accueillant la douceur en nous, nous devenons meilleurs.
Mes sources d'inspiration :
Puissance de la douceur - Anne DUFOURMANTELLE
Eloge de la douceur - Aurélie GODEFROY
Et si nous réapprenions la douceur ? - Charles PEPIN
Quoi de plus significatif que l’image des lignes d’eau d’une piscine olympique pour symboliser l’alignement ? Les innombrables exploits des sportifs aux JO2024, notamment les extraordinaires performances de Léon Marchand en natation, ont faire remonter à la surface ce qui se joue dans les profondeurs de ces grandes compétitions et dans le cœur des grands champions. Comme en témoignent les athlètes qui ont marqué les épreuves de leurs prouesses, derrière chaque médaille se cache un travail de titan dans leur discipline, année après année, et aussi un état d’esprit puissant forgé à partir d’une meilleure connaissance de soi et de ses modes de fonctionnement. Cette préparation, bien plus « globale » que « mentale » à mon sens, est indispensable pour dépasser ses peurs, gagner en confiance et aller au-delà de ses limites. Qu’avons-nous à apprendre de ces sportifs de haut niveau pour donner le meilleur de nous-même dans nos activités professionnelles comme personnelles et libérer notre plein potentiel ? Je vous invite à plonger dans le grand bassin de l’alignement…
Dans le domaine du sport, toutes disciplines confondues, lorsque l’on décrypte les fondements de la performance, quatre éléments ressortent significativement aujourd’hui : les prédispositions, l’entraînement sportif, la préparation physique et la préparation dite « mentale », que j’appellerai plutôt « globale ».
Les athlètes qui gravissent les marches du podium, quelle que soit la compétition, possèdent en eux des prédispositions indéniables, génétiques, physiques, psychologiques, cognitives… et certainement un savant dosage de toutes ces capacités complémentaires.
Philippe Lucas, l’ancien entraîneur de la nageuse Laure Manaudou, a commenté les prouesses de Léon Marchand dans la presse. Le coach est dithyrambique. Pour lui, cet exploit n’est « même pas exceptionnel, c’est grandiose ! ». Il considère qu’il a toutes les qualités du très haut niveau et que tous les entraîneurs aimeraient avoir un tel athlète dans leur équipe. Philippe Lucas qualifie le jeune médaillé de « poisson ».
Selon lui : « c’est inné. Il est hyper aquatique ».
C’est indéniable, Léon Marchand a su trouver sa part de génie. Pourtant, la natation ne s’est pas imposée à lui immédiatement. Même s’il se sent très à l’aise dans l’eau dès le plus jeune âge, il s’est d’abord essayé au judo et au rugby et c’est seulement vers 12-13 ans qu’il commence à s’entraîner au club de natation toulousain.
Nous avons tous une part de génie en nous, de façon innée, qu’il nous faut découvrir. Cela ne fait pas nécessairement de nous des êtres d’exception, mais des êtres singuliers. Se connecter à nos ressources profondes, connaître nos talents innés, nos capacités à réaliser quelque chose dans quoi nous éprouvons du plaisir et qui nous rend uniques est de notre responsabilité. Nos capacités sont des trésors qui ne demandent qu’à être découverts et déployés !
Faire émerger nos talents est une source de joie et d’épanouissement personnel car ils sont une composante importante de l’estime de soi. C’est un véritable cercle vertueux : plus nous exerçons nos talents, plus nous réussissons, plus nous sommes confiants, plus nous osons les développer encore, et plus nous sommes épanouis.
Selon Thomas Sammut qui accompagne Léon Marchand et de nombreux sportifs de haut niveau à prendre soin de leur santé mentale, apprendre à se connaître et à s’épanouir en tant qu’individu est le meilleur chemin vers la réussite : « la clé de voute, c’est de participer à l’éveil de leur identité et de renforcer leur personnalité. C’est gagné quand ils se portent un amour inconditionnel ».
Il constate qu’en France, nous avons été éduqués à nous percevoir à travers nos manques et nos prétendus défauts. C’est une erreur. Nous sommes tous différents et uniques.
Pour le coach : « C’est en sublimant nos singularités que, d’abord, on se sent bien, puis que l’on excelle ».
La compétition, Thomas Sammut la voit comme une opportunité d’aller chercher le meilleur en nous. Mieux on se connaît et moins on subit les injonctions des autres qui nous renvoient l’image de ce que devrait être la « perfection ». La pression du résultat et de la première place est usante pour notre système nerveux qui n’est pas fait pour subir ce stress dans la durée. Personne ne peut fournir le meilleur de lui-même s’il subit une pression extrême ou régulière. Alors qu’en se focalisant sur notre plaisir dans la pratique d’un sport qui nous élève, il devient possible de performer durablement. Le plaisir fonctionne alors comme un véritable moteur.
Léon Marchand le répète à l’envi ; son mot clé est le plaisir. En étant focus sur ce qui le fait « kiffer » dans son sport, il vit un véritable « élan du cœur » qui lui permet de voir bien au-delà des médailles et des records. Sa curiosité, dans la vie comme dans son sport, l’incite à se challenger sur de nouvelles manières de faire, à se tester sur d’autres nages, plutôt que de faire la course aux records.
En se concentrant sur la recherche de maîtrise d’une nouvelle nage, plutôt que sur la recherche d’un résultat, l’entraînement peut être vécu comme un plaisir. Les efforts fournis pendant un entraînement régulier et intense favorisent ainsi la réalisation de soi et non la réalisation d’un objectif extérieur à soi.
Si Léon Marchand s’est abstenu de laisser exploser sa joie dès la première médaille, c’est pour conserver l’énergie procurée par cette extraordinaire émotion, intacte pour les épreuves suivantes.
Il évoque souvent l’énergie qui le porte, qu’il va chercher au moment de la compétition, pour prendre du plaisir dans son sport et « se transcender ». Cette énergie qu’il ressent dans son corps lui permet « de partir vite, de se régénérer pendant la course, d’arriver à fond »… Il capte aussi l’énergie qui l’entoure, dans le public, dans le bassin, pour performer, « sans forcer sur les muscles ». En se connectant à « l’ambiance dingue » dans la piscine, il ressent « les vibrations » provoquées par la clameur des supporters, « même sous l’eau » !
Lorsque Léon Marchand parle des bénéfices de son travail avec son coach Thomas Sammut, il confie « avoir grandi en tant qu’humain », avoir appris qui il est en tant qu’humain et pas uniquement en tant que nageur. Être au clair avec ce qui nous anime, au cœur du réacteur, est essentiel pour se connecter à son énergie vitale et s'élever au-delà du petit soi.
Cela implique d’être pleinement focus, « dans sa ligne », pour reprendre l’expression de ce formidable athlète. Une image qui sacralise l’importance d’aligner toutes ses capacités pour donner le meilleur de soi-même. La leçon d’alignement de Léo Marchand illustre parfaitement comment mettre en cohérence tous ses cerveaux : son cerveau rationnel, en définissant la stratégie et les projections pour performer ; son cerveau émotionnel, en capitalisant sur les émotions pour orienter l’énergie au bon endroit et au bon moment ; son cerveau sensoriel, en inscrivant dans chaque parcelle de son corps le plaisir de la nage pour se dépasser ; et enfin son cerveau spirituel, en ciblant son plaisir en direction d’un rêve plus grand que lui.
Après ces incroyables JO2024, Léon Marchand est résolu à s’accorder un mois et demi de vacances, sans nager, même s’il sait que l’appel du bassin va être fort. Cette pause lui permettra de « repartir de zéro » pour préparer les prochaines compétitions.
Même si les efforts consentis pour préparer et vivre une compétition de haut niveau sont sans commune mesure avec les exigences de notre quotidien de travail, il ne faut pas négliger que pour donner le meilleur de soi-même nous avons tous besoin de temps de décompression. S’extraire du rythme effréné, s’accorder du temps, de l’espace, pour sentir où le courant nous porte, laisser notre esprit se couler vers de nouvelles voies… Au-delà des vacances estivales, propices à la déconnexion, s’offrir des bulles de ressourcement et d’inspiration, seul.e ou entre pairs, favorise une reconnexion à soi et à nos aspirations profondes, à notre source.
Mes sources d'inspiration :
Comment le nageur Léon Marchand a travaillé son mental - BRUT
Léon Marchand : "C'est des moments incroyables dans une vie de sportif" - FRANCE.TV
Thomas Sammut, préparateur mental de Léon Marchand : « Quand je parlais du lien entre bien-être et performance, on me riait au nez ! » - COURRIER CADRES
Le sens est un puissant levier d’engagement et de joie… Pourquoi je me lève chaque matin ? Pourquoi j’ai choisi ce métier ? Pourquoi je prends cette décision ? Cette quête de sens qui rythme votre quotidien de travail n’est pourtant pas un long fleuve tranquille car le sens ne se décrète pas ! Ni par votre entreprise, ni par votre manager. Pas davantage par vos clients.
La quête de sens est une chasse au trésor dont vous êtes l’explorateur central. Le sens est une pépite, le carburant qui entraîne votre moteur, l’élan qui vous propulse dans l’action avec énergie et enthousiasme. Cette pépite est nichée dans les profondeurs de votre « mine » intérieure. Vous êtes un gisement de sens et pourtant ne savez pas comment extraire cette matière précieuse. Ne cherchez pas à l’extérieur, vous détenez tous les outils à l’intérieur. Cela demande juste un peu d’apprentissage et d’entraînement. Et surtout de mobiliser toutes vos intelligences… jusqu’à les mettre en cohérence, les aligner en quelque sorte.
En conjuguant toutes vos intelligences, vous êtes capable de percevoir la vie en 4 dimensions et de prendre les décisions les plus justes, celles qui font sens pour vous.
Vous avez toutes et tous déjà fait l’expérience de l’alignement, c’est certain. Souvenez-vous de ce moment intense où vous avez ressenti une incroyable énergie qui a irradié du bout de vos orteils jusqu’à la pointe de vos cheveux et vous a procuré une joie indicible. Un moment suspendu pendant lequel vous vous êtes senti.e puissant.e et porté.e vers l’action.
Vivre de telles sensations reste un événement rare et fugace. Pourtant, tout être humain est doté des ressources dont il a besoin pour sentir le sens dans sa vie et discerner avec clarté ce qui est juste et bon pour lui. Nous le sentions distinctement lorsque nous étions enfant, tout à notre joie de vivre le moment présent. Puis, en traversant l’adolescence, nous avons oublié ; nous avons perdu le contact avec la légèreté, avec la fluidité des émotions. La gravité du cerveau rationnel a pris le dessous jusqu’à nous détourner des autres cerveaux auxquels nous étions connectés dès le plus jeune âge.
Avec les études, le travail, les responsabilités, les contraintes diverses, les expériences de la vie, nous nous sommes forgé un mental fort, car la société met sur un piédestal l’intelligence rationnelle. Depuis l’école, nous avons appris qu’en développant cette intelligence, nous allions accroître nos capacités intellectuelles, obtenir des diplômes, évoluer professionnellement et ainsi réussir dans la vie.
En mettant toute notre énergie à entretenir notre intelligence rationnelle, nous avons fait de notre mental le radar principal pour analyser les situations et prendre des décisions, en nous dissociant des autres intelligences humaines dont nous étions dotés depuis la naissance. Nous avons ainsi occulté des dimensions essentielles pour percevoir distinctement les événements de la vie dans notre monde complexe et incertain.
En ne percevant les situations, qu’à travers notre cerveau rationnel, nous nous limitons à une seule dimension. Alors qu’en conjuguant nos intelligences rationnelle, émotionnelle, sensorielle et spirituelle, nous sommes capables de voir la vie en quatre dimensions !
Les neurosciences ont démontré qu’il n’y a pas de cerveau sans corps. Il est par conséquent impossible de prendre une décision juste sans avoir pris en compte notre ressenti et les émotions qui y sont liées, au niveau corporel.
Nos émotions sont le fruit d’une coopération entre le corps et la tête ! C’est dans notre corps qu’elles se font vibrantes, si nous savons y prêter attention. En se focalisant sur la sensation physique qui fait écho à une émotion, dans les recoins de notre corps, en accueillant et en reconnaissant cette sensation, qu’elle soit agréable ou désagréable, confortable ou inconfortable, nous devenons capables d’en comprendre le sens.
L’intelligence spirituelle, quant à elle, nous permet d’élever notre niveau de conscience sur les événements que nous vivons, c’est-à-dire, les regarder avec l’esprit critique, le recul, la prise de hauteur nécessaires pour les appréhender en toute neutralité, comme un observateur extérieur. Ce cerveau nous autorise également à élargir notre champ des possibles, à voir plus grand et ainsi à nous dépasser. Moins pollués par les peurs, les doutes, les croyances et les limitations de notre mental, nous devenons plus créatifs. Nous nous ouvrons à la nouveauté et à l’inconnue.
Synchroniser tous nos cerveaux nous procure une forme de limpidité intellectuelle qui est littéralement la porte d’entrée de notre intuition.
Nous entraîner régulièrement à solliciter nos quatre cerveaux, en accueillant, écoutant, ressentant profondément, nous permet d’affuter notre perception des signaux faibles et de contacter le sens en nous.
En mettant en cohérence l’ensemble de nos ressources intérieures nous sommes plus à même de faire face aux défis qui nous animent avec énergie, enthousiasme et impact. Nous développons une conscience profonde des choses : sentir et ressentir les événements, les situations, de l’intérieur favorise le développement d’une acuité et d’un discernement très fins.
Dans le monde complexe et impermanent dans lequel nous évoluons, sortir de l’incertitude et avancer dans nos projets avec confiance requiert une grande humilité et beaucoup de tâtonnements. Savoir que l’on ne sait pas nous ouvre à un immense espace de liberté pour s’ajuster, inspirer du nouveau, et ainsi, s’adapter en permanence.
En alignant tous nos cerveaux, nous créons un état de cohérence dans lequel toutes les informations et tous les choix deviennent accessibles, toutes les réponses à nos questions sont disponibles. Avec un entraînement régulier à l’art du discernement, nous sommes en mesure d’ausculter nos mouvements intérieurs pour décoder et comprendre le sens qui est juste pour nous et prendre les décisions en conséquence.
Face à un événement que nous vivons, une situation que nous traversons, un projet que nous construisons, nos intelligences synchronisées se mettent au diapason de notre raison et de notre désir, les conjuguent pour peser leurs poids respectifs chargés de sens. Peser ces pépites de sens nous permet de jauger de quel côté penche notre balance intérieure, de sentir ce qui se qui se manifeste en nous pendant cette pesée, ce qui s’est éventuellement déplacé par rapport à notre position initiale, ou ce qui, au contraire, s’est confirmé.
La décision est prise « du dedans », à partir de notre identité singulière. Il n’y a pas ici de « bon choix en soi », mais un « bon choix pour soi ». La confirmation de ce choix éclot en nous dans un mouvement de paix intérieure, une sensation de stabilité émotionnelle, un élan de confiance. L’action qui en découle est fluide, juste, emprunte d’évidence. Elle ne demande aucun effort, elle ne suscite aucune peur, aussi audacieuse soit-elle.
Harmoniser nos capacités sensorielles et psychiques fait de nous des êtres pleinement incarnés, avec un sens du discernement aiguisé, pour acquérir un haut degré de performance, une maîtrise de soi et une capacité d’adaptation permettant de traverser les difficultés imprévues.
Mes sources d'inspiration :
Et si je libérais mon intelligence intuitive et spirituelle - Valérie SEGUIN
Foi et neurosciences - Thierry MAGNIN
Eloge de la métamorphose - Alain de VULPIAN
Dans un monde empreint d’incertitude et d’impermanence, il vous arrive certainement d’éprouver des difficultés à vous orienter dans votre vie professionnelle comme personnelle. Vous vous sentez chahuté(e) dans tous les sens, impuissant(e) face à cette agitation. Vous avez le sentiment de maîtriser peu de choses. Naturellement, pour trouver un peu de sérénité, vous avez tendance à chercher dans votre environnement des perspectives rassurantes, des signaux qui semblent vous indiquer la direction à prendre… Il est cependant superflu de chercher très loin, car vous seul(e) portez le sens qui vous mettra en mouvement avec énergie et impact. La boussole est en vous ; encore faut-il en connaître le mode d’emploi.
Dans le tumulte du monde d’aujourd’hui, gouverné par l’incertitude et une certaine dictature de la vitesse, nous faisons face à de profonds dérèglements, d’ordre écologique, social, économique… et individuel. Nos repères sont ébranlés et il nous est difficile de nous projeter avec confiance dans l’avenir.
Pourtant, au-delà de ce tableau inquiétant, il existe des voix porteuses d’espoir qui discernent d’immenses potentiels dans l’époque que nous vivons. Otto Scharmer, maître de conférences au MIT et cofondateur du Presencing Institute, y voit le berceau de transformations profondes. Pour lui, nous assistons au passage d’un mode de pensée ego-systémique, centré sur le « moi d’abord » et le « toujours plus », à un mode de pensée éco-systémique, plus sobre et incluant le bien-être de tous.
Pour sa part, le sociologue et ethnologue Alain de Vulpian considère que nous avons organisé notre société, nos entreprises, nos systèmes de gouvernance et nos relations de façon rationnelle. Nous avons construit une économie rationnelle dont nous avons été incapables de piloter le développement et qui s’est emballée. En réaction, il voit s’esquisser une société plus fraternelle pour affronter les défis du XXIe siècle. Une nouvelle société, plus organique qu’organisée, pleine de vitalité, douée pour panser ses blessures et prendre soin de son bien-être. Une société qui, en s’épanouissant prépare un futur plein de sens pour l’espèce humaine.
Tous deux évoquent les formidables capacités dont tous les êtres humains sont dotés pour transformer ces obstacles en opportunités et nous invitent individuellement et collectivement à nous connecter aux ressources insoupçonnées que nous procure notre « plasticité du vivant » pour trouver le sens, la direction qui est juste pour chacun d’entre nous.
Comment prendre ma place dans ma nouvelle activité ? Comment engager mon équipe dans un nouveau projet, une nouvelle organisation ? Comment retisser des liens avec un collègue, un collaborateur, un ami, un membre de ma famille ? Quelle nouvelle orientation professionnelle envisager ?
Ces interrogations que je vois régulièrement émerger lors de mes accompagnements illustrent le besoin de sens qui nous étreint sur les grandes questions de notre existence. Que l’on soit dirigeant pour s’adapter aux bifurcations des marchés et des règlementations, que l’on soit manager pour accompagner les défis de son équipe, à titre individuel pour prendre sa place dans un nouveau projet…
Dans un environnement instable, complexe, incertain ; face à un horizon bouché, le principal indicateur sur lequel nous pouvons compter, c’est nous-même ! Pour faire le parallèle avec les indicateurs de pilotage ou de qualité en entreprise, nous pouvons mesurer au quotidien quel est le niveau de nos indicateurs humains afin d’apprécier la justesse de nos décisions, de nos actions et se réguler le cas échéant.
Selon Otto Scharmer, nous sommes aveugles à la dimension profonde de notre leadership. Pourtant, comme ses recherches auprès de dirigeants et d’athlètes le montrent, être à l’écoute de l’état intérieur, à la source de nos décisions, de nos actions, permet d’accroître son acuité et donc ses performances. Il nous invite ainsi à mettre en lumière ce « point aveugle » en approfondissant notre expérience de l’écoute « de l’intérieur vers l’extérieur ».
Otto Scharmer nous propose trois chemins pour accéder à nos territoires profonds :
Pour Alain de Vulpian, dans notre environnement vivant, impermanent, fragile et robuste à la fois, nous ne pouvons pas prévoir ni commander les évolutions. Nous pouvons tout juste percevoir les tendances, en cultivant le vivant, et anticiper prudemment des bifurcations. Ce sont les mécanismes naturels du vivant beaucoup plus que les volontés et les initiatives des acteurs qui produisent des changements structurels majeurs.
Ainsi, il nous invite à être à l’affût des réactions du système afin d’ajuster notre intervention, et nous propose d’adopter une « posture tâtonnante ». Pour cela, il nous faut développer notre conscience de nous-même, de la façon dont nous fonctionnons et de notre évolution continue. C’est-à-dire mieux comprendre le vivant en augmentant notre « plasticité du vivant ».
Nous devons apprendre à être en prise directe sur nos émotions, nos sensations et nos intuitions, tout en restant connectés à notre raison. En mobilisant tout notre potentiel humain et en reliant toutes nos intelligences : rationnelle, émotionnelle, sensorielle et spirituelle, nous pouvons faire face aux problèmes complexes de la vie. Nous devenons ainsi plus aptes à repérer les signaux faibles annonçant des blocages ou des opportunités, des fluctuations ou des bifurcations à engager pour avoir plus d’impact dans ce que nous créons et plus d’énergie pour passer à l’action.
En nous découvrant plus grands, plus profonds, plus multiples que nous le croyions, nous prenons conscience de la richesse des ressources dont le vivant nous a dotés. Et nous trouvons la faculté de mieux sentir le sens de notre vie et la voie à suivre. Cette connexion augmentée à nous même et à notre environnement fait de nous des êtes « socioperceptifs », à la fois sensibles et connectés aux autres.
Sentir le sens, c’est donc vivre une expérience des sens, de tous les sens. Pas seulement le sens rationnel fabriqué par notre mental, porté par nos croyances, nos habitudes, nos modèles mentaux, nos peurs… mais aussi le sens issu de notre intelligence émotionnelle et corporelle. Car le corps pense et nous ne comprenons une situation distinctement qu’à travers ce que nous ressentons. Notre corps est notre ami intime, notre boussole intérieure, notre indicateur de sens.
Par exemple, la joie nous fait vivre des sensations délicieuses qui courent dans notre sang jusqu’au fond de notre cœur et qui traversent notre esprit le plus pur dans une impression de calme. Notre esprit et notre corps se mêlent en harmonie. La tristesse s’accompagne d’une sensation de rétrécissement intérieur, voire de verrouillage de certaines parties de notre corps. Notre esprit et notre corps se trouvent comme entravés et notre respiration peut être altérée jusqu’à l’apnée. Chacune de ces informations délivrées par notre corps est précieuse pour comprendre notre état intérieur.
Comme l’évoque la psychologue et psychothérapeute Jeanne Siaud-Facchin, ressentir, c’est rendre nos vies pleines de sens, au sens propre et avec tous nos sens. Ressentir, c’est se sentir vivant, c’est donner de la vie à la vie.
C’est avec tous nos sens que l’on discerne clairement ce qui est bon pour nous. Je le sens, je le sais. Nous savons avec nos sens, juste avant de comprendre avec notre tête. Ressentir nous libère du besoin de maîtriser, a fortiori dans un environnement incertain et impermanent. D’ailleurs, nous conservons la trace d’un souvenir, agréable comme désagréable à travers ce que nous avons ressenti, au-delà des mots échangés. Nous sommes un tout, une alchimie.
En ressentant le sens avec tous nos sens, un champ des possibles s’ouvre à nous avec clarté. Ainsi, nos pensées, nos mémoires, nos émotions, nos sensations s’accordent pour entrevoir un futur souhaitable vers lequel se mettre en chemin et faire les meilleurs choix. S’entraîner chaque jour à activer cette « plasticité du vivant », nous permet de développer notre acuité et d’affuter notre discernement en étant pleinement connectés à notre boussole intérieure.
Mes sources d'inspiration : Théorie U, l'essentiel d'Otto SCHARMER Eloge de la métamorphose d'Alain de VULPIAN Happinez.fr - Jeanne SIAUD-FACCHIN - Ressentir Le ressort invisible ou comment survivre aux situations extrêmes - Philippe SILBERZAHN
Et vous, que faites-vous de vos émotions lorsqu’elles vous assaillent !? Vous les cachez sous le tapis pour les occulter ? Vous « mettez le couvercle » pour éviter qu’elles ne débordent ? Vous les subissez et vous laissez submerger ? Vous les regardez en coin en attendant qu’elles passent ? Ou peut-être vous prend-il l’audace de traverser vos émotions, d’en devenir l’explorateur.rice et de les prendre à bras-le-corps, comme on enlace une amie. Pour ma part, je leur donne de petits noms : ma « petite tristesse », ma « gardienne de peur », ma « renversante colère »… Car aussi inconfortables soient-elles, nos émotions sont de précieuses alliées pour identifier les situations incompatibles avec notre état d’équilibre et donc notre bien-être. Plus encore, nos émotions sont la porte d’entrée vers nos sentiments et notre cœur.
Nos émotions nous embarrassent, nous mettent mal à l'aise... Et pour cause, nous ne savons pas les décrypter. Tout comme une langue étrangère qui nous est inconnue, l'expression de nos émotions provoque en nous perplexité et confusion. Notre première réaction consiste donc tout naturellement à les ignorer !
Pourtant, lorsque l'on prend la peine de les explorer, on découvre que chacune de nos émotions recèle un trésor enfoui. Elles sont un passage vers une dimension complètement privée, qui nous est inaccessible sans une écoute profonde de nous-même : nos sentiments. Eprouver nos sentiments est un privilège, une clé qui ouvre toutes les portes de la reconnaissance de notre vraie nature.
Pour comprendre le mécanisme de nos émotions, j’aimerais vous partager ici trois regards très éclairants et complémentaires. Le regard de la psychologue et psychothérapeute Jeanne Siaud-Facchin éclaire le chemin vers La guérison émotionnelle. L’éclairage scientifique est celui du neurologue Antonio R. Damasio dans un ouvrage où il mêle également la dimension philosophique : Spinoza avait raison. Joie et tristesse, le cerveau des émotions. Et enfin, Stéphane Drouet, psycho-praticien et thérapeute quantique nous amène à comprendre nos émotions avec L’intelligence quantique du cœur.
Emotion vient du latin « emovere » qui signifie mouvement. Une émotion est donc une force qui nous met en mouvement. Être traversé par une émotion se rapporte à faire l’expérience d’une énergie circulant dans notre corps, nous projetant vers l’action. Elles créent de la vie en nous. Elles nous façonnent et nous donnent le sentiment d’exister, d’être en lien avec ce qui se manifeste dans le présent. Voilà pourquoi nous y sommes tellement attachés. Car notre besoin profond est existentiel. En apprenant à accueillir nos émotions, nous nous ouvrons donc au mouvement de la vie.
En soi, l’énergie émotionnelle est neutre. C’est la sensation générée et la réaction physiologique qui rendent une émotion positive ou négative et ce sont les pensées qu’elle suscite, en miroir, qui lui donnent un sens. Que les émotions soient positives ou négatives, c’est l’affaire du mental. Il va aller chercher les expériences et croyances héritées du passé ou de l’éducation pour étiqueter chaque émotion.
Nous sommes littéralement sous influence émotionnelle car nos émotions circulent à une vitesse qui dépasse largement celle de nos pensées. Il nous est donc impossible de contrôler les émotions par la pensée. Bien au contraire, nous sommes sous le joug d’un véritable tourbillon intérieur, un ballet perpétuel : chaque émotion fait émerger une pensée, consciente ou inconsciente et chaque pensée déclenche une émotion, ressentie ou non. Les deux sont indissociables et ne peuvent s’exprimer qu’en écho l’une de l’autre.
Dans leur mode automatique, les émotions nous coupent de notre liberté d’être et de penser. Nous sommes alors soumis à leur diktat, victimes d’un fonctionnement souterrain auquel nous n’avons pas accès.
Si chaque émotion suscite une réaction automatique et stéréotypée de la part de notre organisme, elle n’en reste pas moins un processus complexe et élaboré. Ainsi, les émotions constituent le moyen naturel pour le cerveau d’évaluer notre environnement à l’intérieur et hors de notre corps, afin d’y répondre de façon adaptée.
Il existe principalement deux sources d’émotions : l’une est la peur et toutes les émotions qui en découlent ; l’autre est l’amour ainsi que les sentiments qui en résultent. Nous vibrons tous à travers ces deux polarités émotionnelles, mais celle qui nous assaille le plus souvent est la peur. Notre vie tout entière est émaillée par la peur, une peur aux mille visages, alimentée par notre mental, celui-là même qui a forgé nos blessures et nos schémas. En conséquence, nos relations se fondent majoritairement sur la peur et minoritairement sur l’amour.
Les émotions issues de la peur déclenchent des turbulences qui ébranlent tout notre corps et notre cœur. Nous avons tendance à les subir, comme des ennemies, en résistant aux réactions qu’elles suscitent en nous. Alors que, comme des amies intimes, elles viennent tambouriner par toutes les cellules de notre corps pour nous mettre en alerte sur une situation inconfortable pour nous.
Le signal émotionnel que nous ressentons entraîne un grand nombre de tâches importantes, consciemment ou inconsciemment. Il attire l’attention sur certains aspects du problème et améliore ainsi la qualité du raisonnement à son propos. Quand le signal est explicite, il produit des signaux d’alarme automatisés concernant les options d’action susceptibles de donner des résultats, à la lumière des expériences que nous avons vécues antérieurement. Le signal émotionnel marque les options et les résultats d’un indice positif ou négatif qui réduit l’espace de prise de décision et augmente la probabilité pour que l’action se conforme à l’expérience passée.
Plus nous sommes conscients de ces turbulences intérieures et de leur signification, meilleure sera notre réponse. Nous avons donc la responsabilité d’accueillir nos émotions et de les écouter, pour les comprendre. Nous entraîner à reconnaître nos ressentis, dans les recoins de notre corps, nous redonne de l’espace pour agir et la liberté de réguler notre monde intérieur.
« Je ressens – pause – j’agis »
Jeanne Siaud-Facchin
La pause, c’est l’espace entre le stimulus de l’émotion, ou signal émotionnel, et la réponse. C’est notre espace de liberté pour souffler, prendre notre température intérieure et peser ce qui semble juste pour nous en écho avec nos ressentis.
Cette respiration nous permet de nous dégager de l’influence de ces « shoots émotionnels » et de sortir du circuit fermé émotions-pensées en restant centrés sur nos sensations corporelles. L’idée n’est pas ici de chercher à nommer les émotions que nous vivons mais de ressentir ce qu’elles produisent en nous, de les explorer avec curiosité. Une gorge nouée, un thorax comprimé, un poids dans le ventre, sont autant de sensations qui parlent de notre émotion. Accueillir ces tensions et écouter le tumulte de notre corps avec attention permet d’apaiser l’émotion et de retrouver le calme nécessaire à la résolution de la situation.
Lorsque nos émotions créent de l’inconfort, notre vision de la vie est déformée. Rééquilibrer notre état émotionnel passe donc par la recherche d’une cohérence intérieure ; un état qui nous est accessible si nous prenons la peine de traverser ces émotions pour voir au-delà, dans le repli de notre cœur, dans la grandeur de nos sentiments.
Les émotions et les sentiments sont si intimement liés qu’ils forment ensemble un processus continu qui nous donne à penser qu’ils ne sont qu’une seule et même chose. Pourtant, il serait plus juste de dire qu’ils sont jumeaux ! Le premier né étant l’émotion…
Pour comprendre la chaîne complexe des événements qui s’amorcent avec l’émotion et mènent au sentiment, il est utile d’observer la partie de ce processus qui est rendue publique et celle qui reste privée. En effet, les émotions sont des mouvements qui se déploient de façon publique, qui sont visibles pour autrui dès lors qu’ils se manifestent sur le visage, dans la voix et à travers des comportements spécifiques. A l’opposé, les sentiments sont toujours cachés, comme toutes les images mentales. Seul celui qui les possède peut les voir et ils constituent la propriété la plus privée de l’organisme.
« Les émotions se manifestent sur le théâtre du corps ; les sentiments sur celui de l’esprit. »
Antonio R. Damasio
Chaque shoot émotionnel ouvre une brèche et sert d’onde porteuse à tout le spectre des sentiments, entre bien-être et souffrance. Les sentiments résonnent comme la musique qui habite sans cesse notre esprit, une mélodie qui se fait tantôt chant d’allégresse lorsque nous sommes envahis par la joie, tantôt requiem funèbre quand la tristesse nous gagne.
Si quelque chose dans notre existence peut être un révélateur à la fois de notre faiblesse et de notre grandeur, ce sont bien les sentiments. Ils sont l’expression de l’épanouissement et de la détresse humaine, tels qu’ils se produisent dans notre esprit et notre corps. Ils révèlent l’état vécu au sein de notre organisme tout entier, dans le langage de l’esprit.
Le sentiment de joie s’apparente à des sensations délicieuses qui courent dans notre sang jusqu’au fond de notre cœur et qui traversent notre esprit le plus pur dans une impression de calme. Notre esprit et notre corps se mêlent en harmonie. Tout conflit intérieur s’apaise.
Le sentiment de tristesse s’accompagne d’une sensation de rétrécissement intérieur, voire de verrouillage de certaines parties de notre corps. Notre esprit et notre corps se trouvent comme entravés et notre respiration peut être altérée jusqu’à l’apnée.
Les sentiments sont des sentinelles. Ils font savoir à notre conscience quel est l’état vécu par notre organisme à un moment donné. Ce sont des manifestations mentales de l’équilibre et de l’harmonie, du déséquilibre et de la discorde vécus en nous.
Persévérer dans notre être requiert des efforts constants ; c’est même la destination première de notre existence.
« L’être humain n’a pas été créé en priorité pour le bonheur, mais essentiellement pour l’évolution. »
Stéphane Drouet
Tout ce qui nous arrive dans la vie est orienté dans ce sens. Le bonheur n’étant que la conséquence heureuse de notre trajectoire d’évolution.
Pour nous aligner avec notre juste place, nous attirons à nous, dans notre vie, des situations, des personnes, qui nous renvoient à nos excès, qui résonnent avec nos conditionnements. Lorsque nous ressentons une résistance, un inconfort, voire une souffrance, c’est le signe que la vie nous lance un défi, nous invitant à nous remettre en mouvement afin d’entrer en harmonie avec notre vraie nature.
Nous sommes donc responsables de tout ce que nous créons par nos pensées, nos émotions et nos sentiments en construisant un champ de cohérence en nous et autour de nous. Cette cohérence a également un rôle déterminant dans nos prises de décisions car notre mental, nos émotions et nos sentiments synchronisés s’accordent pour faire les meilleurs choix pour nous dans un discernement et une clairvoyance aiguisés. C’est dans cet état d’alignement profond que tous les choix deviennent accessibles, que toutes les réponses à nos questions sont disponibles.
En nous connectant à la grandeur de nos sentiments, nous ouvrons en grand notre corps et notre esprit et nous dilatons notre cœur. Alors, tout peut exister car nous avons un espace infini en nous.
Toute ma vie, j’ai entendu cette phrase : « Tu es trop gentille ! ». Je ne dirai pas que j’en ai souffert, simplement, j’ai régulièrement ressenti de l’inconfort à me voir classée dans la catégorie des « gentils », avec toutes les représentations que cela sous-entend. Aujourd’hui, j’ai compris combien cette forme d’intelligence – car c’est bien ce dont il s’agit – m’a été précieuse tant dans mon évolution personnelle que dans mes relations. Je réalise que mon ouverture du cœur est un cadeau qui me conduit chaque jour à faire les choix qui sont les meilleurs pour moi et à construire des liens solides et puissants avec les autres et le monde.
Rétrospectivement, je vois clairement les manifestations de mon intelligence du cœur car j’ai toujours su décrypter mes désirs profonds. A quatorze ans, j’avais déjà une vision très précise du métier vers lequel je voulais m’orienter. Par la suite, mes choix professionnels ont toujours été dictés par ma sensibilité du cœur. Dans mes relations amicales ou amoureuses, il en a été de même ; j’ai rarement été trompée par mes élans du cœur. Même s’il m’est arrivé de ne pas être en mesure de justifier instantanément d’une attraction ou d’une répulsion, la raison m’est apparue clairement un jour ou l’autre. Cependant, c’est bien là que se trouve la limite de l’intelligence du cœur, me semble-t-il, car si nous savons nous écouter et traduire nos intentions en actes, le motif de ces dispositions et bien souvent inaccessible. Pour permettre à l’intelligence du cœur de se déployer pleinement, nous devons donc faire preuve d’une grande confiance dans nos choix.
Aujourd’hui, l’intelligence du cœur est une capacité reconnue scientifiquement. La recherche en neurosciences a permis de découvrir que le cœur possède son propre système nerveux intrinsèque : un réseau de nerfs fonctionnellement sophistiqués décrit comme le « cerveau du cœur » contenant plus de 40 000 neurones. Ce petit cerveau donne au cœur la capacité d’évoluer de façon indépendante, de traiter l’information, de prendre des décisions, et même de démontrer un type d’apprentissage et de mémoire. Le cœur est donc reconnu comme un système intelligent qui influe directement sur le traitement des émotions et les facultés cognitives, en lien avec le cerveau de la tête et le cerveau du ventre.
Pour comprendre la place centrale qu’occupe notre cœur dans notre système neuronal, je vous invite à vous immerger dans l’ouvrage du psycho-praticien et thérapeute quantique Stéphane Drouet, intitulé L’intelligence quantique du cœur.
Stéphane Drouet, présente notre corps comme un média à part entière, un système d’information qui, sous l’influence de données extérieures, émet des signaux vers le centre de liaison et de coordination qu’est notre cerveau (de la tête) via nos ramifications nerveuses. Ces torrents d’informations qui circulent en nous à chaque instant pour rejoindre notre cerveau sont très majoritairement inconscients puisqu’ils relèvent d’un fonctionnement automatique. En effet, la plus grande partie de notre activité corporelle et psychique échappe à notre conscience qui ignore plus de 99 % des informations captées par nos sens. Cette intelligence automatisée est une merveilleuse mécanique qui nous permet de consommer un minimum d’énergie au quotidien.
Pourtant, les 60 000 à 70 000 pensées quotidiennes inconscientes, que nous ressassons de jour en jour, nous maintiennent dans des schémas du passé, construits sur la base des expériences et des perceptions que nous avons déjà vécues. [A lire : « Soigner son intention, c'est dire STOP aux ruminations ! »] Alors comment actualiser ces informations issues du passé et les mettre à jour sur la base de notre réalité au présent ? Selon l’auteur, c’est en capitalisant sur le 1 % d’espace de conscience, ce canal ouvert à de nouvelles informations, que nous pouvons en permanence créer de nouvelles connaissances, de nouvelles compétences qui, à force de répétition, vont s’ancrer dans l’inconscient, et devenir à leur tour réflexes et automatiques.
Si nous souhaitons sortir des programmes érigés par notre inconscient à partir des empreintes émotionnelles de notre petite enfance, nous devons stimuler notre conscience sur ce que nous captons de la réalité dans le présent.
J’aime beaucoup l’image utilisée par Stéphane Drouet quand il évoque ce phénomène. Il décrit l’inconscient comme « notre bulle d’histoire d’enfant qui nous entoure de manière invisible, comme un halo qui porte toutes nos joies et désillusions, tous nos espoirs et désespoirs. Et surtout, qui nous influence dans l’expression de nos émotions, comme des programmes automatiques qui se déclenchent, et qui nous interdisent de ressentir et penser autrement que par l’intermédiaire de ces informations portées par cette bulle qui nous entoure. Comme une mémoire que nous transportons avec nous et qui nous dit comment agir et réagir, et qui influence nos perceptions, nos interprétations des gestes et comportements des autres ».
Ces programmes de pensées récurrentes associées à nos dépendances émotionnelles constituent seulement le tiers de notre potentiel neurologique. A côté, figure un vide neurologique immense correspondant aux idées, questions, pensées ou émotions que nous n’avons jamais ou quasiment jamais eues. Voilà pourquoi il nous est plus facile de dire ce que nous ne voulons plus mais très difficile d’identifier ce que nous voulons vivre de différent à la place. Car dans ce vide, nos circuits sont débranchés et nous sommes incapables de penser avec les pensées de ce vide car nous n’avons jamais pensé dans ce sens. En conséquence, changer d’avis, de croyance, de valeurs, de modèle du monde, de philosophie de vie, nous demande une énergie considérable, car les circuits ne sont pas créés. Ou plutôt, certaines connexions neuronales se sont débranchées au fil des années. Car à l’âge de deux ans, l’enfant dispose d’un maximum de connexions neurologiques au regard de son potentiel génétique. Puis, en fonction de nos interactions avec nos parents, notre famille, notre environnement scolaire…et des émotions qu’elles génèrent, nous allons privilégier certaines connexions plutôt que d’autres, pour préserver notre sécurité, jusqu’à créer le vide que nous venons d’évoquer.
L’idée est ici de retrouver notre génie d’enfant, en recréant de nouvelles connexions, pour nous reprogrammer dans un sens qui est bon pour nous, dans notre réalité du présent. Cela signifie ouvrir les deux yeux, au lieu d’un seul, pour percevoir l’intégralité des informations de la situation, au-delà de notre vide neurologique du cerveau de la tête.
Pour la plupart d’entre nous, il n’existe qu’un cerveau, celui de la tête. Or, nous savons aujourd’hui que notre plein potentiel émane des connexions neuronales entre nos trois cerveaux.
Dans les années 1960, les docteurs américains Baule et Mac Fee découvraient un nouveau cerveau autonome qu’est celui du cœur, fait de 40 000 neurones. Puis, ce fut le scientifique Michael D. Gershon dans les années 1990, qui mis à jour l’intelligence du ventre, à travers son cerveau entérique, fait de 200 millions de neurones. Certains diront que face aux 100 milliards de neurones du cerveau de la tête, ces intelligences sont bien dérisoires. Pourtant, on sait en neurologie que ce qui fait l’intelligence, ce n’est pas le nombre de neurones, mais le nombre de connexions entre les neurones.
Pour redevenir des êtres complets, nous avons la responsabilité de faire dialoguer entre elles nos trois intelligences.
Nous avons d’abord appris à nous alimenter et penser par le ventre (survie par le cerveau entérique) puis à penser par le cerveau de la tête pour agir et évoluer dans ce monde (évolution personnelle). Il est temps d’apprendre à penser par le cœur pour être en lien avec l’autre (évolution universelle).
Selon l’auteur : « ce n’est pas un hasard si le cerveau du cœur se trouve entre le cerveau des émotions (ventre) et celui des pensées (tête), grâce au nerf vague qui relie les trois. Il permet de les rééquilibrer, de les synchroniser, de les réconcilier. Et réconcilier l’enfant (émotions) et l’adolescent en nous (pensées), pour accéder à l’adulte (lien). Le cœur est le grand réconciliateur. Il permet de mettre en cohérence, en congruence nos pensées et nos émotions, de les mettre en paix ».
Et la nature est bien faite ; tout est conçu en nous pour que ces trois cerveaux soient en lien ! Notre cerveau de la tête, pour communiquer avec les autres cerveaux, présente une « succursale » de chacun des deux cerveaux. Il est non pas le chef d’orchestre général, comme on pourrait le croire, mais le serviteur, soit du ventre, soit du cœur. Le reptilien et le limbique sont les deux « succursales » du cerveau du ventre, le néocortex est propre au cerveau de la tête et le préfrontal est la « succursale » du cerveau du cœur.
Le cerveau du cœur émet nos désirs, le cerveau de la tête les reçoit du champ et les transmet, notre cerveau du ventre les ressent émotionnellement.
Le cerveau originel est celui du ventre car nous sommes intrinsèquement des êtres émotionnels ; nos émotions circulent à une vitesse qui dépasse largement celle de nos pensées.
Comme le rappelle Doc Lew Childre Jr, fondateur du Heartmath Institute : « nos réactions émotionnelles se présentent dans l’activité cérébrale avant même que nous ayons eu le temps d’y penser. Nous évaluons tout d’une façon émotionnelle à mesure que nous le percevons. Si l’énergie émotionnelle est plus rapide que l’énergie mentale, comment pouvons-nous espérer gérer nos émotions avec nos pensées ? La cohérence du cœur aide à équilibrer notre état émotionnel ».
Emotion vient du latin « emovere » qui signifie mouvement. Une émotion est donc une énergie qui nous met en mouvement. En soi, l’énergie émotionnelle est neutre. C’est la sensation générée et la réaction physiologique qui rendent une émotion positive ou négative et ce sont les pensées qu’elle suscite qui lui donnent un sens. Car le cerveau de la tête agit en « miroir » de celui du ventre. Que les émotions soient positives ou négatives, c’est l’affaire du mental. Il va aller chercher les expériences et croyances héritées du passé ou de l’éducation pour étiqueter chaque émotion. Elles sont également des amplificateurs de nos pensées et de nos perceptions. Lorsque nos émotions sont en déséquilibre, notre vision de la vie est déformée.
Le développement de l’intelligence du cœur nous permet d’observer nos émotions, de les accueillir pour les vivre autrement, et en créant de la cohérence, d'équilibrer notre état émotionnel.
Notre cerveau de la tête est une incroyable merveille de technologie. Il a mis des centaines de milliers d’années à se perfectionner pour répondre aux défis changeants de son environnement. Pourtant, paradoxalement, il est animé de forces contraires qu’il n’arrive pas à concilier. En effet, il n’y a rien de commun entre sa partie primaire, le reptilien, qui gère des fonctions essentielles à la survie, et le cortex, qui élabore des représentations mentales, communique avec ses semblables, planifie des actions, conceptualise... Selon Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et auteur du livre Le bug humain : « le premier n’a même pas de conscience. Quant au second, il pourrait soulever des montagnes tant sa puissance est immense, mais il n’a pas d’objectif clairement établi. C’est un colosse aveugle ».
Stéphane Drouet considère que les pathologies viennent du conflit entre le cerveau du ventre et le cerveau de la tête, entre les pensées et les émotions. Le cerveau du cœur vient les réconcilier, les synchroniser. Au lieu de les séparer, il les remet en lien.
Très tôt, notre cœur et notre thymus, sa glande associée, subissent une décroissance. Selon Galien, médecin dans l’Antiquité, le thymus est le berceau de l’esprit et de l’âme. Il le décrit comme l’organe de purification du système nerveux. Il fut le premier à observer que de la naissance à la puberté, la taille du thymus augmente. Puis, à la puberté, le thymus subit un processus appelé « involution », qui définit sa décroissance progressive avec l’âge. Stéphane Drouet relie ce processus au fait que, très tôt dans notre vie, nos liaisons neuronales avec le cœur se sont déconnectées. Nous sommes alors séparés de notre cœur qui ne sait plus voir l’amour en tout. Un autre amour prend alors le dessus, celui du ventre, qui aime de manière conditionnée. Notre amour devient alors conditionné à nos attentes envers notre environnement : « Si tu m’aimes comme je l’attends, alors je serai certain que tu m’aimes ».
Tant que nos circuits neurologiques du cœur sont débranchés, nous vivons dans un monde très réduit. Or, c’est le cerveau du cœur qui peut percevoir ce qui est inaccessible pour nous aujourd’hui, dans le vide neurologique du cerveau de la tête ; c’est lui qui peut nous écarter peu à peu de nos dépendances émotionnelles, et construire une civilisation adulte et universelle.
« Seul le cœur peut apprendre à décoder l’insondable, à travers ses formes trompeuses. Il voit le sens à travers le brouillard épais des émotions et des perceptions du ventre qui nous trompent. »
Pour réapprendre à « penser avec le cœur », Stéphane Drouet nous dévoile les rôles du cœur quantique :
Nous sommes responsables de tout ce que nous créons par nos pensées, nos émotions et nos désirs en construisant un champ de cohérence en nous et autour de nous. Pour cela, nous devons faire en sorte que nos trois cerveaux émettent sur la même longueur d’ondes, en cohérence, pour construire des vies fidèles à ce que nous sommes et inspirer ceux qui nous entourent par notre rayonnement. Car une personne en cohérence rayonne et entraîne dans son sillage.
Pour Stéphane Drouet : « la cohérence du cœur est une puissante source de cohésion et de stabilité émotionnelle. Une source de confiance, d’harmonie, de convivialité et de paix intérieure. Un acte civique et responsable ».
Ce champ de cohérence du cœur a également un rôle déterminant dans nos prises de décisions car notre mental, nos émotions et nos sentiments synchronisés s’accordent pour faire les meilleurs choix pour nous dans un discernement et une clairvoyance aiguisés. C’est dans cet état de cohérence du cœur profond que tous les choix deviennent accessibles, que toutes les réponses à nos questions sont disponibles. C’est dans cet état de neutralité, que tout existe, que tout devient possible. [A lire : « Le désir est l'essence de l'homme... sa source est inépuisable ! »]
Lorsque vous respirez en vous concentrant sur votre cœur pendant plusieurs minutes et tous les jours, votre cerveau de la tête se met alors au diapason de cette cohérence et c’est tout votre être qui devient cohérent. A travers leurs ondes électriques, les champs des cerveaux du cœur, de la tête et du ventre se synchronisent. Ils font de même avec les champs électromagnétiques aux alentours, avec lesquels ils s’enchevêtrent, en commençant par vos enfants, votre compagnon, vos parents, vos amis, vos clients… Tout le monde est gagnant. Ils se transmettent de la paix, de la cohérence, de la sérénité.
« Notre chemin est un chemin de transformation par le cœur. »
L’intelligence du cœur se déploie à travers trois pratiques quotidiennes interdépendantes : la cohérence, l’attention et l’intention. Ce trio permet de mettre en lien nos quatre dimensions d’être humain, à savoir les dimensions émotionnelle, mentale, intuitive et corporelle.
C’est la cohérence du cœur qui, par la loi d’entraînement en physique, va entraîner toutes les autres fonctions de notre système vers la cohérence. Donc, c’est le cerveau central du cœur qui entraîne tous les autres vers la performance.
La pratique quotidienne de la cohérence cardiaque permet de mieux gérer ses émotions, apporte sérénité, endurance, confiance, favorise la créativité, l’intuition, et la prise de hauteur face aux aléas de la vie.
Apprenons à nous focaliser sur ce qui est bon pour nous, dans l’instant présent. Cela consiste à la fois à muscler notre concentration, à élever notre niveau de conscience mais aussi, à coordonner tous nos cerveaux, sans oublier notre corps, pour que tout fonctionne ensemble.
C’est la cohérence intérieure, c’est-à-dire apprendre à mettre en adéquation nos actions avec nos désirs, nos pensées avec nos désirs : je fais ce que je suis, je fais ce que j’aime.
Cela nécessite de s’entraîner chaque jour à interroger nos désirs, dans notre cœur, notamment lorsqu’un choix se présente à nous, dans la perspective d’un événement nouveau… pour se mettre en chemin avec joie et détermination et ainsi, avoir un impact positif sur nous, les autres, la vie. [A lire : « Avez-vous pris soin de vous accorder avec votre intention aujourd'hui ? »]
Ce triangle magique cohérence-attention-intention est capital pour notre écologie personnelle, au même titre que manger, dormir… La répétition quotidienne de ces pratiques est essentielle si nous voulons, à côté de nos programmes de survie, développer des programmes de croissance et d’évolution. S’entraîner continuellement afin de créer entre nos trois cerveaux des circuits durables et automatiques qui feront de nous des êtres équilibrés, des êtres de haute cohérence, des êtres de cœur, tout simplement.
Mes sources d'inspiration : L'intelligence quantique du cœur de Stéphane DROUET VIVRE LIBRE - L'intelligence du cœur influence nos pensées
Pendant une certaine période de ma vie professionnelle, j’ai souffert littéralement de suffocation, d’une impression de souffle court en arrivant au bureau le matin. Je ressentais physiquement un manque d’air qui me paralysait, jusqu’à la crise de panique parfois… Ce sentiment d’étouffer m’a accompagnée jusqu’à ce que je prenne la décision de m’émanciper de ce travail. J’ai découvert alors la Cohérence cardiaque. Une pratique qui m’accompagne chaque jour pour me rééquilibrer et qui m’amène aujourd’hui à m’intéresser à l’art de la respiration pour mieux vivre au quotidien.
Dans son best-seller Respirer, le journaliste scientifique James Nestor nous embarque dans une investigation étonnante à la découverte de l’art oublié de la respiration. Il nous apprend notamment que 90 % d’entre nous ne respirons pas comme il le faudrait et que ce dysfonctionnement provoque ou aggrave une longue liste d’affections chroniques. Ses recherches montrent qu’un des piliers de la santé est le souffle. Toutes les 3,3 secondes, qui est la fréquence de respiration moyenne de la plupart des gens, notre corps se transforme. Car les milliards de molécules que nous inhalons à chaque respiration contribuent à construire nos os, nos tissus musculaires, notre sang, notre cerveau et tous nos organes.
J. Nestor parle d’art oublié lorsqu’il évoque la respiration dans la mesure où la plupart des techniques qu’il présente dans son livre remontent à la plus haute antiquité. Elles ont été décrites, documentées puis oubliées et redécouvertes au fil des époques.
« Respirer ne se limite pas à faire entrer de l’air dans notre corps. La respiration, c’est notre relation la plus intime au monde qui nous entoure. […] En respirant, nous nous ancrons pleinement dans le monde qui nous entoure pour y puiser des particules de vie, les comprendre et laisser en retour un peu de nous-même. La respiration, c’est essentiellement un mouvement de réciprocité. »
Le nez est un organe essentiel parce qu’il filtre l’air, le réchauffe et l’humidifie pour faciliter son absorption. Avez-vous remarqué que nos narines s’ouvrent et se ferment à leur propre rythme, comme une fleur, en fonction de notre humeur, de notre état mental et, potentiellement, de la position de la lune et du soleil ?
Pour fonctionner de façon optimale, notre corps doit se trouver dans un état d’équilibre, entre action et relaxation, entre rêverie et pensée rationnelle. Il semblerait que cet équilibre soit influencé, voire directement contrôlé par le « cycle nasal »…
J. Nestor a découvert dans un ancien texte tantrique que l’une de nos narines s’ouvre parfois pour laisser passer l’air toute la journée, tandis que l’autre se ferme imperceptiblement. Certains jours, la narine droite se réveille en bâillant pour saluer le soleil ; d’autres jours, la gauche se réveille à la rondeur de la lune. Selon ce texte, ces rythmes sont les mêmes sur un mois et identiques pour l’humanité tout entière. Ce phénomène selon lequel nos narines pulsent à leur propre rythme, nommé « cycle nasal », a été vérifié par le monde scientifique.
« Le nez est un héros discret, le gardien des portes de notre corps, l’apothicaire de notre esprit, le baromètre de nos émotions… »
La magie du nez n’avait pas échappé à nos ancêtres. Vers 1500 avant J.-C. l’un des plus anciens textes médicaux jamais découverts explique que les narines sont censées amener l’air jusqu’au cœur et aux poumons, et non la bouche. Mille ans plus tard, la Genèse affirme que « l’Eternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant ». Un texte du Tao chinois, daté du VIIIe siècle avant notre ère, notait que le nez était la « porte céleste » par laquelle nous devions respirer. « N’y dérogez jamais nous avertit ce texte, sans quoi votre respiration est en danger et la maladie s’installe ».
Respirer la vie du bon côté nécessite donc de respirer par le nez ! Et pour cela, pas d’autre alternative, il faut fermer la bouche ! Selon les recherches menées par J. Nestor, respirer par la bouche est une abomination. Si le corps humain a développé deux canaux respiratoires, c’est pour augmenter nos chances de survie en permettant à la bouche d’être une ventilation de secours lorsque le nez est obstrué.
La phase la plus importante de la respiration ne consiste pas juste à inspirer de l’air par le nez. L’inspiration, c’est la partie la plus facile ! La clé de la respiration, de l’expansion des poumons et de la longévité se situe à l’autre bout du processus, dans le pouvoir transformateur d’une expiration complète.
Il s’agit de bien vider l’air de poumons afin d’en absorber davantage, en apprenant à ralentir et à prolonger l’expiration. Allonger chaque souffle de façon à utiliser 50 %, voire 70 % de l’amplitude du diaphragme permet de relâcher le stress cardiovasculaire et entraîne un meilleur fonctionnement du corps. C’est pourquoi on appelle le diaphragme le « deuxième cœur », car lui aussi est soumis à un battement qui affecte le rythme et la puissance de notre cœur.
Pour J. Nestor, « la respiration est un peu comme l’aviron : en donnant une multitude de coups de rame, vous finirez par arriver où vous voulez, mais vous gagnerez en vitesse et en efficacité si vous donnez des coups de rame plus longs, quoique moins nombreux ».
Il compare également la respiration lente à la prière. Dans toutes les cultures et les religions, on retrouve les mêmes techniques de prière nécessitant les mêmes schémas respiratoires s’allongeant sur 6 secondes et procurant le même effet apaisant sur ceux qui les pratiquent.
La cohérence cardiaque est née de travaux de recherche dans lesquels on mesurait les trois systèmes (respiratoire, cardiaque, nerveux) de volontaires à qui on faisait réciter des prières. A chaque fois qu’ils adoptaient ce rythme ralenti, le sang affluait vers leur cerveau et ces trois systèmes entraient dans un état de cohérence et donc d’efficacité optimale.
L’équation quasi magique de la cohérence cardiaque, ou de « respiration parfaite », comme la nomme J. Nestor, consiste à inspirer 5,5 secondes, puis expirer 5,5 secondes. Cela revient à 5,5 cycles respiratoires par minute pour un total d’environ 5,5 litres d’air. Dès 5 à 10 minutes d’exercice par jour, les résultats sont probants.
Par ailleurs, la cohérence cardiaque requiert très peu de temps, d’effort ou de capacité de concentration. On peut la pratiquer n’importe où, n’importe quand. A bien des égards, cette technique de respiration offre les mêmes bénéfices que la méditation ou le yoga. L’auteur préconise cette respiration parfaite au quotidien, comme on s’étire après être resté assis trop longtemps ou bien pour se calmer quand on est stressé.
« L’apaisement de la prière, sans la dimension religieuse ! »
Est-ce que, comme je l’ai vécu il y a quelques années, vous aussi, il vous arrive de ressentir cette sensation d’étouffement ?
J. Nestor a découvert que les personnes anxieuses souffrent d’un problème de connexion entre leurs chémorécepteurs (récepteurs reliés au système nerveux) et leurs amygdales cérébrales au point qu’elles retiennent leur souffle tout au long de la journée. Il faut attendre que leur corps soit saturé en dioxyde de carbone pour que leurs chémorécepteurs se mettent en état d’alerte et ordonnent au cerveau de déclencher immédiatement le réflexe respiratoire. Les personnes reprennent alors leur souffle dans un état de panique, un peu comme si elles avaient échappé à la noyade.
La respiration lente et régulière est très efficace pour réguler notre état d’anxiété, a fortiori lorsqu’il est rendu chronique par une situation stressante durable.
L’art de la respiration a des vertus préventives. Cela permet de maintenir un équilibre dans le corps, de façon que les problèmes bénins ne dégénèrent pas en pathologies plus graves. La respiration permet aussi, souvent, de rétablir cet équilibre s’il est momentanément perturbé. Apprendre à respirer mieux permet de vivre une vie plus saine.
Comme nous y invite J. Nestor : « Quand nous respirons, nous augmentons notre force de vie ».
Avec ce billet résolument moins « fouillé » que mes articles habituels, je fais l’expérience du « minimalisme » ce mois-ci. Cet exercice me sort de ma zone de confort et de mon besoin de creuser, d’explorer en profondeur les sujets que je vous partage. En vérité, le thème de la respiration se prêtait bien à un article court et léger… C’est mon cadeau de Noël, pour vous inviter à vivre les fêtes de fin d’année avec douceur et allégresse.
En matière de leadership, l’ego et l’intention sont les deux faces d’une même pièce. A qui se fier : côté pile, la voix tonitruante du jugement et des peurs portée par notre ego, ou côté face, la voix du cœur faite de désir et de joie, issue de notre intention ? Si vous laissez le hasard tirer à pile ou face, en faisant une confiance aveugle à votre ego, vous prenez le risque d’être orienté(e) dans la mauvaise direction, ou de prendre la mauvaise décision. Alors que si vous vous connectez à votre intention...
Je discutais récemment avec une ancienne journaliste qui venait de prendre un virage professionnel en accédant à de nouvelles fonctions managériales dans l’accompagnement à l’entrepreneuriat. Elle me partageait ses difficultés à prendre sa place dans une organisation qu’elle avait intégrée au bénéfice d’une création de poste. Comment prendre possession pleinement de ses nouvelles responsabilités sans empiéter sur les missions de son équipe qui était là avant elle ? Comment laisser s’exprimer les capacités pour lesquelles elle avait été recrutée sans faire de l’ombre à ses collaborateurs ? Je l’ai tout naturellement invitée à clarifier son intention dans cette prise de poste et à la partager, en toute sincérité et authenticité avec les membres de son équipe. Sans surprise, ses réflexes de journaliste ont rapidement été mis en éveil pour bien comprendre en quoi consistait cette intention sur laquelle je la challengeais. Elle m’a alors demandé de but en blanc si une intention pouvait être bonne ou mauvaise, faisant référence ici au management toxique dont peuvent souffrir certaines organisations, pilotées par des manageurs pétris de mauvaises intentions. J’avoue avoir été prise de cours par sa question ! Car le propre de l’intention est de libérer son énergie pour avoir un impact positif sur les environnements que nous désirons créer ou changer. Il n’existe pas d’un côté, les bonnes, et de l’autre, les mauvaises intentions. C’est un abus de langage, car une intention est nécessairement portée par un dessein constructif pour soi comme pour les autres.
Alors, qu’est ce qui guide ces managers à adopter des comportements nocifs pour leur collègues, leurs collaborateurs ? Ne serait-ce pas plutôt… leur ego ?
Mais qui donc est cet ego qui fait tant parler de lui ? C’est une construction mentale, une représentation que l’on a de soi-même, des autres et du monde. L’ego est une fausse identité en quelque sorte, un imposteur né de nos peurs et de nos croyances. Depuis notre plus tendre enfance, nous avons appris à nous comparer aux autres, à nos frères et sœurs, à nos camarades de classes… Ce réflexe s’est ancré avec les années, nous invitant à nous juger en permanence en nous affublant de trop ou de pas assez. Notre ego nous conduit à nous conformer à l’image de ce qui serait bien ou mal.
Notre mental, nourri par nos peurs et nos croyances, nous conduit ainsi à endosser des rôles qui font écran à notre vraie nature. Comme une partie de nous qui s’exprimerait à notre place, verrait et entendrait à notre place, et surtout, voudrait exister de plus en plus en nous… Nous ne réalisons pas à quel point notre ego dirige notre vie ! Quand il prend le pouvoir, nous sommes dans le mental. [A lire aussi : « Soigner son intention, c’est dire STOP aux ruminations ! » ]
« C’est un peu comme si vous n’habitiez plus votre corps, n’écoutiez plus votre cœur, ne ressentiez plus votre existence : vous interprétez la réalité, le plus souvent en la déformant, vous prêtez aux autres des intentions qui ne sont pas les leurs, vous projetez vos peurs, vos problèmes, vos doutes, vos attentes. Vous réfléchissez les événements au lieu de les vivre. Car le mental ne connaît que le passé et le futur. Le mental vous coupe du présent. » confie Laurent Gounelle dans son roman Et tu trouveras le trésor qui dort en toi.
L’ego a besoin de se sentir unique et différent. En cela, il nous sépare des autres et nous éloigne de notre vraie nature qui, au contraire, tend à l’union. Notre ego peut même nous pousser à l’opposition, au conflit et à la division pour se sentir exister, comme en témoignent les jeux de pouvoirs auxquelles s’adonnent nos édiles politiques.
C’est notre ego qui se manifeste lorsque :
Lorsque nous nous sentons misérables, angoissés, querelleurs, jaloux ; lorsque nous sommes effrayés, que nous nous sentons insultés ou flattés, c’est le jeu de notre ego. Alors, que faire puisque se battre contre son ego revient à lutter contre soi-même ?
L’ego étant le fruit de notre mental, il est infiniment difficile de faire taire les ruminations dont il nous affuble. Au contraire, chacune de nos pensées vient l'alimenter et lui donner encore plus de place. Il nous faut donc apprendre à détourner notre attention de ces raisonnements erronés pour se concentrer sur nos désirs, nos valeurs, nos engagements et vivre pleinement la réalité présente.
Le psychologue américain Albert Ellis nous enseigne que tous les êtres humains ont la même valeur, indépendamment de ce qu’ils possèdent et de leurs caractéristiques externes. En conséquence, il nous invite à reconnaître en conscience nos forces et nos faiblesses, notre potentiel, ainsi que nos limites pour mieux les accepter. Il fait de l’acceptation une condition indispensable pour affronter les aléas de la vie avec sérénité et trouver les ressources pour passer à l’action.
L’enjeu est de progresser vers plus de conscience en observant les informations qui proviennent de l’extérieur, tout comme nos pensées et émotions, avec recul et neutralité, sans jugement de valeur. Nous devenons ainsi plus conscients de ce qui nous guide et nous égare pour focaliser notre énergie non pas à lutter inutilement contre les errements de notre ego mais à progresser avec détermination vers notre objectif.
« Nous vivons à une époque de profonds dérèglements et d’immenses potentiels ; une époque marquée par la fin d’un mode de pensée et de structures sociétales liés au passé ; une époque qui accueille la naissance d’une nouvelle conscience », tel est le constat d’Otto Scharmer, maître de conférences au MIT (Massachussetts Institute of Technology) et cofondateur du Presencing Institute, à l’origine de la Theory U.
Pour lui, ce changement de conscience est capital, au regard des trois fractures que nous connaissons aujourd’hui :
En matière de leadership, O. Scharmer constate que nous assistons au passage d’une conscience ego-systémique, centrée sur notre propre bien-être, à une conscience eco-systémique, c’est-à-dire l’émergence d’une conscience incluant le bien-être de tous portée par l’activation d’une nouvelle intelligence, l’intelligence du cœur. Il observe que les groupes qui se mettent en action à partir de cette conscience peuvent être terriblement efficaces.
Il fait référence ici à ce qu’il appelle l’angle mort du leadership, c’est-à-dire cet état intérieur, à la source de nos actes, de nos paroles, de nos décisions… auquel la plupart d’entre nous est aveugle. Il nous invite à faire émerger cette conscience profonde, cette intention qui nous anime et suscite chez nous des émotions positives.
Le domaine du sport de haut niveau nous donne une grille de lecture de cette dimension intérieure. Tout compétiteur va s’employer à aligner sa volonté (ses forces physiques/mentales, sa capacité à se dépasser…), avec ses émotions (l’enthousiasme à vivre ce défi sportif et l’optimisme quant à ses résultats…), avec ses désirs (de victoire, de nouveaux records…) et son imaginaire (celui de se voir monter sur le podium). Dans le domaine du management, ces dimensions intérieures nous sont relativement inconnues. Il est très rare que soit mise en œuvre cette conscience de l’intérieur vers l’extérieur pour améliorer les performances managériales.
Cette nouvelle conscience de l’intérieur vers l’extérieur, est selon O. Scharmer le fruit d’un grand vouloir qui peut être activé sous trois conditions :
En psychologie, ce grand vouloir est ce qui caractérise l’intention. Dans son ouvrage Le pouvoir de l’intention, Wayne Dyer, psychothérapeute américain, désigne l’intention comme « un but ou un dessein clairement affirmé, accompagné de la détermination à obtenir le résultat désiré ». Pour lui, l’intention est « une force que nous portons tous en nous, un champ d’énergie qui se déploie au-delà de nos repères habituels ». [A lire aussi : "Avez-vous pris soin de vous accorder avec votre intention aujourd’hui ?"]
L’intention naît de l’alchimie entre notre désir d’être et notre pouvoir d’agir.
L’intention nous est propre et ne dépend que de nous ! Elle demande donc à être conscientisée, questionnée, explorée pour émerger et devenir claire à nos yeux. Car si l’intention existe déjà en nous, elle a besoin d’être extériorisée pour donner sa pleine puissance. L’intention fait l’action ! Plus souvent nous prenons le réflexe de clarifier notre intention, dans toute situation, mieux nous sommes à même de nous orienter dans l’action.
Pour Claire Rosart, chercheuse en systémique des groupes : « Une intention, c’est un peu comme une balise que l’on jetterait dans la direction que l’on souhaite emprunter et qui donnerait le cap en envoyant des signaux réguliers, nous permettant ainsi de cheminer dans son sens tout en s’adaptant à la réalité du terrain. C’est donc une force invisible qui dirige nos actions en mettant en route des dynamiques qui nous font avancer. […] Lorsqu’on est sur son chemin d’intention profonde, l’énergie déployée est décuplée. »
Il nous revient de choisir le champ d’énergie qui nous permettra d’avoir un impact positif sur les environnements que nous désirons créer ou changer dans notre vie. Cela signifie faire le choix d'ignorer notre ego et à travers lui la voix du jugement, du cynisme et de la peur, pour porter toute son attention sur son intention et écouter à travers elle et en pleine conscience la voix de son cœur et de sa volonté.
Cheminer en se laissant guider par son intention profonde procure l'enthousiasme pour passer à l'action, le cap pour prendre les bonnes décisions, la vision pour porter un projet, le sens pour engager ses parties prenantes et le bon niveau d'écoute pour se comprendre.
Mes sources d'inspiration Et tu trouveras le trésor qui dort en toi de Laurent GOUNELLE Le pouvoir de l'intention de Wayne W. DYER Théorie U, l'essentiel d'Otto SCHARMER L'intention personnelle en vidéo par Claire ROSART
Ah, ces fichues pensées qui tournent en boucle et nous gâchent l’existence. Elles nous enferment dans des jugements négatifs sur nous-même, sur les autres et sur la vie en général et nous incitent à chercher des coupables ! Imaginez que vous connaissiez les mécanismes qui fabriquent vos pensées... Imaginez que vous ayez en votre possession les clés de votre cerveau pour remodeler ces pensées avec l’intention de vous sentir bien… Ça n’est pas utopique ; le médecin spécialiste en neuropsychologie Bernard Anselem nous livre quelques enseignements issus de la recherche en neurosciences, ainsi que des approches concrètes pour rompre le cercle vicieux des pensées/émotions dans son ouvrage Je rumine, tu rumines, nous ruminons… En finir avec ces pensées qui tournent en boucle.
Outre le plaisir de vous partager la découverte de ce livre ; mon article vise également à mettre en résonnance ces bonnes pratiques avec la question de l’intention : l’intention comme cercle vertueux de bien-être pour endiguer le cercle vicieux des pensées négatives.
Aux origines de l’Homme, notre cerveau a été modelé pour survivre au danger : il en a fait sa priorité. L’énorme capacité de raisonnement dont nous avons été dotés est donc reliée à nos émotions pour enclencher l’action en vue de subsister dans un environnement hostile.
Aujourd’hui, les problèmes relationnels et les incertitudes professionnelles ont remplacé les bêtes sauvages mais la structure profonde de notre cerveau n’a pas évolué à la même vitesse. Cette préférence pour le négatif héritée de nos ancêtres reste la norme ; c’est ce que les psychologues appellent « biais de négativité ». Nous mémorisons donc mieux tout ce qui relève d’une menace pour être capable à nouveau de repérer et traiter les risques. Des groupes de neurones passent leur temps à faire des prédictions, des comparaisons, des anticipations basées sur l’expérience mémorisée de toute une vie, en lien avec les émotions rattachées à ces expériences.
Ainsi, nos ruminations débutent avec l’objectif de résoudre une situation inquiétante ou insatisfaisante. L’attention se concentre sur la situation en cause, mais dans des contextes d’incertitude, de doute de soi, de tensions, le processus déraille et les préoccupations réveillent des souvenirs chargés d’émotions pénibles. Le chemin des pensées se perd, les idées tournent en boucle. Cette spirale de négativité crée une distorsion dans nos perceptions, assombrissant toutes nos pensées. La noirceur de l’humeur vient alors se surajouter au problème initial.
Selon une étude du chercheur américain Matt Killingsworth pour Science, notre esprit divague pendant 47% de notre temps en moyenne. Ce vagabondage mental s’accompagne d’une baisse du bien-être car les pensées concernent le plus souvent des thèmes désagréables, que nous le voulions ou non. Être tracassé par des préoccupations diverses est la règle et non pas l’exception.
Selon B.Anselem : « notre principal ennemi ne provient pas de circonstances extérieures mais de nous-même. Nous sommes notre propre bourreau ».
De surcroît, les ruminations focalisent notre attention sur le ressenti émotionnel douloureux, pas sur les solutions. On pourrait croire qu’en se concentrant sur un problème, on le résout mieux. Mais c’est le contraire qui se produit. En cogitant, nous oublions d’agir et nous alimentons un cercle vicieux destructeur…
Comme le souligne B Anselem, il n’existe pas de bouton marche/arrêt pour les ruminations. Plus nous tentons de les bloquer, plus elles reviennent. En revanche, nous avons des raisons d’espérer car les neurosciences nous ont appris que le cerveau peut se modifier à tout âge. On parle de plasticité cérébrale. Par notre simple volonté, nous avons le pouvoir d’apprendre des comportements bénéfiques tout au long de notre vie et ainsi d’imprimer un changement durable au plus profond de notre cerveau. Il nous revient de choisir les pensées qui nous font du bien !
Mettre à distance ces ruminations ne demande ni talents ni connaissances exceptionnels, mais nécessite un peu d’humilité pour accepter de modifier les raisonnements que l’on a mis si longtemps à construire. B. Anselem propose trois méthodes de travail sur soi pour un résultat durable :
« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être, mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre. » Marc Aurèle
Il est difficile de ressentir la paix alors que l’on résiste à une émotion. On ne peut d’avantage s’évader d’une souffrance sans la reconnaître. B. Anselem compare les ruminations et les émotions qui y sont associées à des sables mouvants. L’agitation de nos pensées nous enfonce inexorablement et raisonner toujours plus revient à utiliser une pelle pour creuser. On peut éviter de s’enfoncer dans ce bourbier en cessant de s’agiter et de s’opposer, en accueillant nos ressentis tels qu’ils sont, a fortiori lorsque l’on n’a pas le pouvoir de les modifier.
Pour accueillir et dédramatiser une émotion, il convient de se positionner en tant qu’observateur plutôt qu’acteur de ses pensées et de ne pas entrer dans leur jeu. S’entraîner à ramener son attention vers le présent « ici et maintenant » est probablement la pratique la plus puissante contre les ruminations. L’objectif est de progresser vers plus de conscience de ce que nous voyons et ce que nous entendons en provenance de l’extérieur, mais aussi de nos ressentis internes, en toute neutralité. Et ainsi de comprendre que le reste n’est qu’une construction de nos pensées, pas la réalité.
Comme l’a souligné B. Anselem, les ruminations nous empêchent d’agir. En conséquence, pour éviter de retomber dans le cercle des ruminations, nous pouvons focaliser notre attention sur une action au présent, centrée sur un objectif désirable pour nous. En termes neurologiques, cela revient à s’engager dans un comportement qui alimente les circuits cérébraux de la récompense.
L’enjeu est ici d’agir sur nos forces plutôt que sur nos insatisfactions : capitaliser sur nos émotions positives, renforcer nos capacités à affronter l’adversité, améliorer notre rapport à soi et aux autres.
C’est là qu’entre en jeu l’intention pour inverser la tendance... Si nous considérons que les ruminations se déclenchent lorsqu’une émotion négative surgit et vient déformer nos pensées, cela signifie que nos émotions sont un précieux baromètre pour détecter nos résistances. L’émergence d’une émotion telle que le stress ou l’anxiété est donc le signal d’un besoin de changement qui se manifeste en nous. C’est aussi une invitation à mobiliser notre énergie et trouver les forces pour avancer. Chacune de nos pensées possède une énergie qui peut soit nous affaiblir, soit nous renforcer ; à nous de faire peser la balance du bon côté !
La question à se poser à ce stade pour se sentir bien est : « Qu’est ce qui est important pour moi, ici et maintenant ? ». B. Anselem évoque un engagement qui nous motive en profondeur à agir. L’intention est du même ordre car elle se situe au carrefour entre nos désirs profonds, la condition de tout projet, de tout espoir, de tous les possibles, et de notre pouvoir agir, la somme de nos expériences, connaissances, compétences, qui nous permettent de prendre notre vie en main, en autonomie. Le désir porte l’énergie et le pouvoir agir donne la puissance à l’action. Explorer son intention pour comprendre où se situe notre désir et notre pouvoir agir est déterminant dans la vie de tous les jours comme pour les grandes aspirations existentielles.
Clarifier son intention, au quotidien, pour toutes les choses de la vie, est une pratique extrêmement vertueuse. Car elle permet de rompre le cercle vicieux des ruminations et de se projeter dans l’action, en trouvant le sens, l’inspiration et la détermination qui nous conduiront à avoir un impact positif sur les environnements que nous souhaitons changer ou créer autour de nous !
Pour compléter votre inspiration EUROPE 1 - Bienfait pour vous - Est-ce qu’on ne se prendrait pas trop la tête, au quotidien ?
A l’approche des élections présidentielles, avec la multiplication des débats entre candidats et autres interviews dans les médias, me voilà de nouveau en proie à mes vieux démons… Ces combats de mots, ces attaques qui fusent, ces allégations mensongères dont le seul objectif est de faire poser genou à terre à son adversaire, tout cela m’oppresse !
Au lendemain d’un débat très commenté entre deux candidats, j’écoutais un programme à la radio dédié au décryptage de ce qui fût, selon certains chroniqueurs : « un duel et même un combat de catch plutôt qu’un échange, entre deux adversaires qui s’interrompaient et se hurlaient dessus sans s’écouter ». Et là, incroyable, l’émission de radio a pris la tournure d’un débat dans le débat, entre une partie des journalistes considérant qu’il n’y avait pas de débat sans surjouer, sortir les poings et s’invectiver, et les autres pour qui de telles foires d’empoigne finissaient par stériliser le débat, annihiler les idées et au bout du compte contribuaient à perdre les électeurs…
Effectivement, étymologiquement, le mot débattre signifie battre, frapper, rosser avec intensité. Et sans subtilité, ni nuance aucune, c’est bien ce à quoi se prêtent nombre de nos édiles politiques, encore aujourd’hui, et de façon de plus en plus virulente, me semble-t-il.
« Si bien que le débat politique finit par s’apparenter à ces reconstitutions de joutes chevaleresques, où des cascadeurs se livrent à une démonstration d’escrime chorégraphiée en poussant de grands cris rageurs, tout en sachant qu’ils ne courent aucun danger parce que leurs épées sont émoussées. Et pendant que nous nous divertissons devant ces simulacres d’affrontements herculéens, sans cesse rejoués, il y a une chose qu’hélas, nous perdons de vue : le véritable débat d’idée. » comme le souligne Clément Viktorovitch, journaliste à France Info dans son émission Entre les lignes en décembre 2021.
Et si nous nous employions à « relever le débat » ? Façonner une parole noble, forte et utile pour donner à comprendre et faire avancer les idées. Faire preuve d’exemplarité dans notre langage en s’inspirant de virtuoses de l’art oratoire, de champions de l’éloquence, d’amoureux de la parole, qui la portent avec talent dans les prétoires… Dans cet article, je m’inspire de deux ouvrages : Remarques sur la parole de Jacques Charpentier, Bâtonnier du barreau de Paris de 1938 à 1945 et La parole est un sport de combat de Bertrand Périer, avocat et enseignant de l’art oratoire à Sciences Po et HEC.
Alors que J. Charpentier s’amuse à opposer écriture et art oratoire, il est frappant de voir combien ses écrits sont porteurs de sa parole vibrante. Lui qui enseigne que la parole est d’abord un corps en mouvement et une tension. Il nous donne à lire ici un verbe vivant, vigoureux et volontaire.
En 1961, date de la parution de son ouvrage, J. Charpentier se questionnait sur l’avenir de la parole : « En l’an 2000, les hommes parleront ils encore ? ». Il percevait alors que la parole était en voie de régression. Pour lui, l’art oratoire était déjà gagné par la maladie : « Nous ne sommes pas en présence d’un accident, mais d’une affection déjà ancienne et qui a grandi. D’abord un léger voile sur les notes hautes, un peu de laryngite. Une extinction de voix. Puis l’enroulement est devenu chronique. Et un jour, le cancer se généralise ».
J. Charpentier avait également une vision très éclairée de la déliquescence de la parole politique. Il était pour lui évident que l’éloquence politique était en chute verticale. Il constatait depuis un demi-siècle la suppression progressive du débat public. Un constat qui l’amenait à porter un regard très dur et pourtant lucide sur l’impact de cette déliquescence sur la société.
« Dans un monde qui ne s’intéresse qu’à la quantité, les combats de l’esprit ne seront plus que des batailles de chiffres. A tout propos on nous ferme la bouche avec des statistiques. Mais pour rendre les équations accessibles aux foules, on les remplacera par des graphiques, des courbes, des feuilles de température, ou des images violentes qui se graveront dans les mémoires. »
Pour être transparente avec vous, j’avais prévu de donner comme sous-titre à ce chapitre : « Le contre-exemple du débat politique d’aujourd’hui » ! J’ai finalement décidé de l’aborder sous un angle plus positif… Alors pour éviter de biaiser mon analyse, étant donné que les débats politiques actuels m’angoissent littéralement, je préfère vous partager quelques extraits du décryptage du politologue et maître de conférences à Paris II, Benjamin Morel, dont vous trouverez l’intégralité de la chronique dans les ressources en toute fin du présent article.
Il s’agit ici d’entrevoir la portée possible d’un débat politique en partant d’un cas concret, significatif de ce que la campagne présidentielle nous donne à voir. J’ai choisi cet exemple indépendamment de l’identité et du bord politique des candidats qui sont les protagonistes de ce débat. L’objectif consistant simplement à en analyser la forme au regard des enjeux électoraux.
Pour B. Morel, chacun des deux candidats, en perte de vitesse dans les sondages, a cherché à se démarquer de son adversaire en incarnant une posture opposée, en surjouant ses positions pour construire l’autre candidat comme le négatif de lui-même.
Ces postures très tranchées, voire agressives, ont donné lieu à des échanges extrêmement vifs incitant les journalistes à intervenir à plusieurs reprises pour demander aux débatteurs d’arrêter de s’apostropher. Le débat a rapidement tourné à la cacophonie avec des interruptions multiples qui ont pu avoir comme conséquence de dé-présidentialiser chacun des candidats.
Dans ce face à face, on voit clairement que la stratégie de décrédibilisation de l’adversaire adoptée par chacun des candidats, non pas sur le fond des idées mais sur la personne, a conduit à ce qu’ils se neutralisent mutuellement. D’une certaine manière, les rhétoriques qui s’affrontent conduisent à stériliser les échanges. Au bout du compte, cela perd les électeurs et pour les deux candidats, le débat est une occasion manquée.
Voilà un exemple type du discours politique comme instrument de conquête du pouvoir, tel que le dépeint B. Périer. Nous atteignons ici des extrémités qui rendent inaudible toute vision politique, à part peut-être pour les plus avertis. Comment réconcilier les citoyens avec la politique en se donnant en spectacle dans un théâtre de stratégies et de manipulations ? Pour sa part, J. Charpentier considère que toutes les maladies du langage sont des défaillances de la volonté !
Pour toucher une population, un débat ne doit-il pas rentrer dans la société ? Se plonger dans les questions du quotidien ? Aborder avec humilité les crises traversées ? Ecouter avec compassion les besoins exprimés. Explorer avec curiosité les initiatives qui fonctionnent à une petite échelle pour les diffuser à des échelles plus grandes… Porter une parole ancrée dans le réel et dans l’humain, comme l’évoque B. Périer.
J. Charpentier considère qu’il n’y a que deux manières d’apprendre à parler : Parler. Ecouter : « le premier devoir de l’orateur est de connaître – ou de deviner – la vérité de ceux qui l’écoutent. Pour que ses vérités à lui s’incorporent à eux, qu’elles deviennent leur sang et leurs muscles… ».
Telle est l’invitation de B. Périer. Pour lui, le vrai débat d’idées est une façon d’éviter les rapports de force car la violence naît de l’incapacité à confronter les points de vue et à se comprendre...
« L’écoute, plutôt que les coups. Débattre, plutôt que se battre. […] En aidant chacun à exprimer sa pensée de façon plus exacte, plus précise, plus argumentée, en bannissant les invectives et les propos rudimentaires, j’ai la conviction que l’on facilite le débat, et que l’on parvient à faire reculer les violences qui naissent de l’incompréhension. De la même façon que la parole peut diviser, elle doit aussi pouvoir nous réunir. Pas nécessairement dans le consensus mais dans le goût partagé de la controverse. »
La parole est nécessaire à la construction de liens sociaux car elle favorise la communication pour nous amener vers une compréhension mutuelle. La parole permet ainsi d’élaborer un monde commun ; elle s’inscrit dans une relation à travers laquelle chacun peut exprimer des pensées, des émotions, des valeurs, des besoins… et partager des informations, des connaissances, des intentions… En cela, la parole est un mode d’accomplissement privilégié qui nous fait exister pour soi et à travers les autres. [A lire aussi : « Cultiver son langage, c’est prendre soin de soi et des autres… »]
Pour la politologue, philosophe et journaliste Hannah Arendt, « c’est parce qu’ils peuvent parler ensemble sur ce qui les concerne tous que les hommes peuvent partager la même vie et le même monde. Le dialogue est pour elle bien plus qu’une condition de la vie en société, il est un critère majeur d’humanité ».
Parce que la voix humaine est contagieuse, pour J. Charpentier, c’est grâce à la parole que nous pouvons passer à l’action. Pour lui, la parole est action ou n’est rien. Parler, c’est faire du travail. On juge la parole à ses résultats. C’est en passant l’épreuve d’un débat qu’une idée, une théorie révélera sa force ou sa faiblesse et qu’elle mènera ou non à l’action.
Parler, ce n’est pas rien dès lors que l’on met une intention dans le langage ou que l’on partage des intentions mutuelles dans la cadre d’un dialogue. Dans la discussion, parler consiste à chercher la compréhension mutuelle, rendre explicite l’implicite, c’est une réelle entreprise coopérative.
Le pouvoir du langage c’est celui de nommer, de créer et donc de réaliser une réalité. Alors, la parole devient action dans le sens où elle vise à accomplir quelque chose. Et le vouloir dire entraîne le pouvoir agir. Tout l’enjeu est ici d’inventer des espaces pour favoriser cette parole dans laquelle on se comprend et à travers laquelle on décide de se mettre en action.
« Parler, c’est convertir. Au moins convaincre ; ou raffermir des convictions chancelantes ; ou rapprocher des divergences ; ou mettre au monde des opinions embryonnaires ; au moins répandre un sentiment, propager une disposition, jeter la graine au vent, lancer la bouteille à la mer. » clame J. Charpentier.
Dans la même veine, B. Périer convoque une parole qui part à la recherche de ce qui nous rapproche plutôt que de ce qui nous sépare. Cela suppose de se positionner honnêtement et de ne pas caricaturer la pensée de l’autre dans le débat d’idée.
Dans ce chapitre, je vous propose d’étudier trois « espaces », à inventer ou existants, pour apprendre à discuter, débattre, délibérer et surtout, pour se comprendre et faire avancer les idées. Il m’a semblé intéressant d’appréhender trois dispositifs proches dans leur philosophie et complémentaires dans les populations qu’ils adressent : la société, le monde du travail et la famille. Ces systèmes vertueux venant se soutenir les uns les autres.
Pour François Taddei, spécialiste de l’évolution de la coopération qu’il étudie à l’Inserm, et fondateur du CRI devenu Learning Planet Institute, la démocratie du XXIème siècle, si elle veut survivre et se développer, doit devenir participative à tous les niveaux, du plus local au plus global. Il propose de « déployer, à toutes les échelles, des espaces de délibération démocratique qui intégreraient dans leur structure et leur fonctionnement les piliers d’une décision éclairée : la recherche de la compréhension des faits (par la science), la formation permanente des acteurs et l’écoute des oppositions et contre-pouvoirs ».
F. Taddei imagine une démocratie fondée sur un gouvernement humble qui sait qu’il n’a pas toutes les solutions et qu’il va falloir écouter les citoyens pour coconstruire ensemble un avenir souhaitable. Une démocratie capable d’empathie, de compassion, capable d’entendre les besoins, les désirs et les peurs aussi, dans un processus ouvert et pas descendant. Pour éprouver des solutions qui satisfassent tout le monde. Il propose d’inventer de nouveaux systèmes dans lesquels nous sommes encouragés à faire émerger le meilleur de nous-même, en réintroduisant des débats de qualité et en régulant ceux qui manipulent nos émotions. Il rêve de lieux dans lesquels la culture, l’éducation, l’information de qualité et l'inspiration vont pouvoir émerger.
Un rêve qui fait écho à une invitation de J. Charpentier : « Ecouter. Chaque fois que l’occasion s’en présente. Fréquenter les églises, les palais de Justice, les universités, les Parlements. Ecouter les maîtres. Ecouter les médiocres, ne serait-ce que pour apprendre d’eux ce qu’il ne faut pas dire. Et tout en écoutant, étudier le public ».
Un autre défi est d’ouvrir le dialogue dans les organisations ! Un dialogue permanent et à tous les niveaux qui s’inscrit dans les routines de l’entreprise de manière à élaborer ensemble les bases de l’action collective.
Là encore, le dialogue dans le travail s’articule autour de deux dimensions fondamentales : l’écoute et la discussion, pour confronter les objectifs stratégiques avec les réalités opérationnelles. L’enjeu est d’ouvrir le débat au sein des équipes sur les différentes façons d’envisager l’activité et partager sur les critères du travail bien fait. En somme, créer des lieux d’expression sur l’activité dédiés à la coopération, permettant à chacun de développer son pouvoir d’agir dans une optique de résolution de problèmes. [A lire aussi : « Communiquer sur le travail, c’est bien… Communiquer dans le travail, c’est mieux ! »]
Pour coopérer, selon le sociologue Philippe Zarifian : « il faut partager la compréhension des problèmes, confronter leur analyse, se projeter ensemble dans l’avenir et anticiper les actions à mener, voire coélaborer, coécrire en quelque sorte la conception de ce que l’on doit entreprendre ensemble ».
Ces espaces au sein desquels les personnes qui travaillent peuvent faire entendre leur voix pour que les modalités de l’action commune soient mises en délibération sont les Espaces de Discussion sur le Travail, développés par l’ANACT. Cette pratique permet une discussion centrée sur l’expérience du travail et ses enjeux, les règles de métier, le sens de l’activité, les ressources, les contraintes… C’est un lieu essentiel de progrès et d’innovation, car vecteur d’apprentissages individuels et collectifs, au croisement de la performance sociale et économique.
Dans son ouvrage L’entreprise délibérée. Refonder le management par le dialogue, Mathieu Detchessahar, professeur des Universités - Laboratoire d'Economie et de Management Nantes-Atlantique (LEMNA), l'assure : « Quand il est vécu à un bon niveau de dialogue, le travail devient une véritable « école de la citoyenneté » où l’on s’entraîne à examiner des problèmes de façon partagée et critique, où l’on est invité à cultiver les vertus de la dépendance assumée : écoute, prudence, maîtrise de soi, respect d’autrui… ».
L’entreprise n’est pas en dehors de la société, elle est la société ! C’est pourquoi elle a un rôle déterminant à jouer dans l’organisation de la vie au travail. Constituée de femmes et d’hommes animés par des aspirations sociales renouvelées et portés par un élan de vivre ensemble inégalé, l’entreprise est responsable de la qualité du lien social qui s’y inscrit.
La famille est le premier système au sein duquel les jeunes enfants commencent à acquérir les compétences sociales fondamentales qui vont forger leur vie d'adulte. Pour acculturer les plus jeunes à l’art de la discussion et du débat au sein du foyer, j’ai pour ma part expérimenté les Temps d’Echange en Famille (TEF), un outil de discipline positive aux nombreuses vertus. Ces rendez-vous hebdomadaires d'une trentaine de minutes permettent aux membres de la famille d’apprendre à s’apprécier de façon positive en se remerciant et en se faisant des compliments. Un autre objectif consiste à s’aider les uns les autres, à résoudre des problèmes et trouver des solutions sur des préoccupations qui adressent parents comme enfants. Et enfin, bénéfice non négligeable de ces rencontres, elles contribuent à se faire plaisir ensemble et à planifier des activités en famille.
Mes enfants, aujourd’hui jeunes adultes, se souviennent encore de nos Temps d’Echange en Famille qui ont rythmé leurs fins de week-end pendants de nombreux mois. Je me rappelle encore de la joie que j’ai éprouvée à les voir exprimer de plus en plus facilement des manifestations de reconnaissance mutuelle et à trouver des solutions par eux-mêmes à leurs petits tracas du quotidien. Ce type d'espace est parfaitement adapté pour favoriser l'apprentissage de l'empathie et de la conversation à l'école également.
EtSiNous apprenions à fusionner nos horizons à la recherche d’une vérité partagée dans le dialogue, en société, au travail, en famille ?
EtSiNous inventions des espaces pour discuter, débattre, délibérer et faire avancer les idées, avec des chercheurs, des philosophes, des sociologues, des journalistes, des amoureux du langages et tous ceux qui se retrouvent dans ce rêve éveillé…
Quelques références pour poursuivre l'inspiration : FIGARO LIVE - Débat Pécresse/Zemmour : notre débrief FRANCE INFO - Entre les lignes - Quand le débat politique devient une joute chorégraphiée FRANCE CULTURE - Les Chemins de la philosophie - Parler, est-ce agir ? FRANCE CULTURE - L'invité(e) des matins du samedi - François Taddei : "La coopération est l'avenir de notre société" THE CONVERSATION - Portrait(s) de France(s) : où en est le débat public ? SISMIQUE Podcast - David COLON : Nos cerveaux sous contrôle