Dans un monde empreint d’incertitude et d’impermanence, il vous arrive certainement d’éprouver des difficultés à vous orienter dans votre vie professionnelle comme personnelle. Vous vous sentez chahuté(e) dans tous les sens, impuissant(e) face à cette agitation. Vous avez le sentiment de maîtriser peu de choses. Naturellement, pour trouver un peu de sérénité, vous avez tendance à chercher dans votre environnement des perspectives rassurantes, des signaux qui semblent vous indiquer la direction à prendre… Il est cependant superflu de chercher très loin, car vous seul(e) portez le sens qui vous mettra en mouvement avec énergie et impact. La boussole est en vous ; encore faut-il en connaître le mode d’emploi.

Dans le tumulte du monde d’aujourd’hui, gouverné par l’incertitude et une certaine dictature de la vitesse, nous faisons face à de profonds dérèglements, d’ordre écologique, social, économique… et individuel. Nos repères sont ébranlés et il nous est difficile de nous projeter avec confiance dans l’avenir.

Pourtant, au-delà de ce tableau inquiétant, il existe des voix porteuses d’espoir qui discernent d’immenses potentiels dans l’époque que nous vivons. Otto Scharmer, maître de conférences au MIT et cofondateur du Presencing Institute, y voit le berceau de transformations profondes. Pour lui, nous assistons au passage d’un mode de pensée ego-systémique, centré sur le « moi d’abord » et le « toujours plus », à un mode de pensée éco-systémique, plus sobre et incluant le bien-être de tous.

Pour sa part, le sociologue et ethnologue Alain de Vulpian considère que nous avons organisé notre société, nos entreprises, nos systèmes de gouvernance et nos relations de façon rationnelle. Nous avons construit une économie rationnelle dont nous avons été incapables de piloter le développement et qui s’est emballée. En réaction, il voit s’esquisser une société plus fraternelle pour affronter les défis du XXIe siècle. Une nouvelle société, plus organique qu’organisée, pleine de vitalité, douée pour panser ses blessures et prendre soin de son bien-être. Une société qui, en s’épanouissant prépare un futur plein de sens pour l’espèce humaine.

Tous deux évoquent les formidables capacités dont tous les êtres humains sont dotés pour transformer ces obstacles en opportunités et nous invitent individuellement et collectivement à nous connecter aux ressources insoupçonnées que nous procure notre « plasticité du vivant » pour trouver le sens, la direction qui est juste pour chacun d’entre nous.

Mesurez le niveau de vos indicateurs humains

Comment prendre ma place dans ma nouvelle activité ? Comment engager mon équipe dans un nouveau projet, une nouvelle organisation ? Comment retisser des liens avec un collègue, un collaborateur, un ami, un membre de ma famille ? Quelle nouvelle orientation professionnelle envisager ?

Ces interrogations que je vois régulièrement émerger lors de mes accompagnements illustrent le besoin de sens qui nous étreint sur les grandes questions de notre existence. Que l’on soit dirigeant pour s’adapter aux bifurcations des marchés et des règlementations, que l’on soit manager pour accompagner les défis de son équipe, à titre individuel pour prendre sa place dans un nouveau projet…

Dans un environnement instable, complexe, incertain ; face à un horizon bouché, le principal indicateur sur lequel nous pouvons compter, c’est nous-même ! Pour faire le parallèle avec les indicateurs de pilotage ou de qualité en entreprise, nous pouvons mesurer au quotidien quel est le niveau de nos indicateurs humains afin d’apprécier la justesse de nos décisions, de nos actions et se réguler le cas échéant.

Selon Otto Scharmer, nous sommes aveugles à la dimension profonde de notre leadership. Pourtant, comme ses recherches auprès de dirigeants et d’athlètes le montrent, être à l’écoute de l’état intérieur, à la source de nos décisions, de nos actions, permet d’accroître son acuité et donc ses performances. Il nous invite ainsi à mettre en lumière ce « point aveugle » en approfondissant notre expérience de l’écoute « de l’intérieur vers l’extérieur ».

Otto Scharmer nous propose trois chemins pour accéder à nos territoires profonds :

Pour Alain de Vulpian, dans notre environnement vivant, impermanent, fragile et robuste à la fois, nous ne pouvons pas prévoir ni commander les évolutions. Nous pouvons tout juste percevoir les tendances, en cultivant le vivant, et anticiper prudemment des bifurcations. Ce sont les mécanismes naturels du vivant beaucoup plus que les volontés et les initiatives des acteurs qui produisent des changements structurels majeurs.

Ainsi, il nous invite à être à l’affût des réactions du système afin d’ajuster notre intervention, et nous propose d’adopter une « posture tâtonnante ». Pour cela, il nous faut développer notre conscience de nous-même, de la façon dont nous fonctionnons et de notre évolution continue. C’est-à-dire mieux comprendre le vivant en augmentant notre « plasticité du vivant ».

Nous devons apprendre à être en prise directe sur nos émotions, nos sensations et nos intuitions, tout en restant connectés à notre raison. En mobilisant tout notre potentiel humain et en reliant toutes nos intelligences : rationnelle, émotionnelle, sensorielle et spirituelle, nous pouvons faire face aux problèmes complexes de la vie. Nous devenons ainsi plus aptes à repérer les signaux faibles annonçant des blocages ou de opportunités, des fluctuations ou des bifurcations à engager pour avoir plus d’impact dans ce que nous créons et plus d’énergie pour passer à l’action.

En nous découvrant plus grands, plus profonds, plus multiples que nous le croyions, nous prenons conscience de la richesse des ressources dont le vivant nous a dotés. Et nous trouvons la faculté de mieux sentir le sens de notre vie et la voie à suivre. Cette connexion augmentée à nous même et à notre environnement fait de nous des êtes « socioperceptifs », à la fois sensibles et connectés aux autres.

Ressentir, c’est faire l’expérience du sens

Sentir le sens, c’est donc vivre une expérience des sens, de tous les sens. Pas seulement le sens rationnel fabriqué par notre mental, porté par nos croyances, nos habitudes, nos modèles mentaux, nos peurs… mais aussi le sens issu de notre intelligence émotionnelle et corporelle. Car le corps pense et nous ne comprenons une situation distinctement qu’à travers ce que nous ressentons. Notre corps est notre ami intime, notre boussole intérieure, notre indicateur de sens.

Par exemple, la joie nous fait vivre des sensations délicieuses qui courent dans notre sang jusqu’au fond de notre cœur et qui traversent notre esprit le plus pur dans une impression de calme. Notre esprit et notre corps se mêlent en harmonie. La tristesse s’accompagne d’une sensation de rétrécissement intérieur, voire de verrouillage de certaines parties de notre corps. Notre esprit et notre corps se trouvent comme entravés et notre respiration peut être altérée jusqu’à l’apnée. Chacune de ces informations délivrées par notre corps est précieuse pour comprendre notre état intérieur.

Comme l’évoque la psychologue et psychothérapeute Jeanne Siaud-Facchin, ressentir, c’est rendre nos vies pleines de sens, au sens propre et avec tous nos sens. Ressentir, c’est se sentir vivant, c’est donner de la vie à la vie.

C’est avec tous nos sens que l’on discerne clairement ce qui est bon pour nous. Je le sens, je le sais. Nous savons avec nos sens, juste avant de comprendre avec notre tête. Ressentir nous libère du besoin de maîtriser, a fortiori dans un environnement incertain et impermanent. D’ailleurs, nous conservons la trace d’un souvenir, agréable comme désagréable à travers ce que nous avons ressenti, au-delà des mots échangés. Nous sommes un tout, une alchimie.

En ressentant le sens avec tous nos sens, un champ des possibles s’ouvre à nous avec clarté. Ainsi, nos pensées, nos mémoires, nos émotions, nos sensations s’accordent pour entrevoir un futur souhaitable vers lequel se mettre en chemin et faire les meilleurs choix. S’entraîner chaque jour à activer cette « plasticité du vivant », nous permet de développer notre acuité et d’affuter notre discernement en étant pleinement connectés à notre boussole intérieure.

Mes sources d'inspiration :
Théorie U, l'essentiel d'Otto SCHARMER
Eloge de la métamorphose d'Alain de VULPIAN
Happinez.fr - Jeanne SIAUD-FACCHIN - Ressentir
Le ressort invisible ou comment survivre aux situations extrêmes - Philippe SILBERZAHN

Les vacances m’inspirent bien souvent des textes plus personnels. Comme si la pause estivale m’invitait au retour sur soi. Évidemment, un livre n’est jamais loin. En l’occurrence, ce livre-ci, je ne l’ai pas choisi ; c’est un cadeau. Il s’intitule « Être à sa place », par la philosophe Claire Marin. Un titre qui sonne très juste alors qu’exceptionnellement cette année, mes vacances d’été ont pour principal décor mon jardin. C’est donc baignée par l’énergie de l’érable argenté trônant au pied de ma maison que j’ai dévoré ce livre qui, pour le coup, m’a fait voyager. Car, comme l’envisage Claire Marin, le propre d’une place est de sans cesse se déplacer ou de déplacer celui ou celle qui croit pouvoir s’y installer…

Quitter la place qui nous rétrécit

« Être à sa place », la question se pose bien souvent lorsque nous ressentons un inconfort, le sentiment de se rétrécir et de s’enliser inexorablement dans les sables mouvants de la déchéance. Il peut arriver que la place que l’on s’est pourtant choisie tourne au cauchemar, que l’on s’y trouve coincé.e, empêché.e. Lorsque chaque matin, reprendre le chemin du travail nous fait suffoquer et que la proximité de notre bureau provoque panique et malaise, il faut fuir, fuir pour s’en sortir… Même si la destination n’est pas connue, nous savons combien il est vital d’échapper à ce confinement.

« S'arracher comme on arrache les mauvaises herbes, s'extraire pour ne pas pousser de travers. »

Fuir pour sauver sa peau revient parfois à s’exiler, disparaître du champ, le temps nécessaire pour se refaire – une santé – retrouver la confiance et renaître ailleurs, presque anonyme. Pas facile de disparaître, on y laisse des plumes, des amis, des choses qu’on aimait faire, quand même. Et puis, dans cet espace-temps où notre vie est suspendue, entre l’avant et l’après, dans cette parenthèse de rien, on reprend son souffle. Seul.e avec soi-même, l’imagination fait son œuvre, et dans ce tête-à-tête solitaire, on retrouve une place où créer un ailleurs.

Souvent, cette parenthèse de rien fait peur. Car on ne sait pas être dans le rien, surtout lorsque l’on vient de s’extirper de l’agitation d’un tourbillon de non-sens. Après le vacarme, le silence est assourdissant. Après le monde qui grouille d’esprits difformes, la solitude est effrayante. Alors, on apprend à écouter le silence. On apprend à percevoir les signaux émis par notre corps ; ceux que l’on n’avait pas su entendre jusqu’ici, malgré le corps qui crie. On sent l’inflexion de notre état intérieur, sa douce inclinaison du mode survie au mode vie. La paix reprend sa place.

Dans ce reset complet, nous pouvons nous réinventer. S’envisager autrement, sans nécessairement tirer un trait sur ce que nous étions, simplement se mettre à jour. En se libérant de toute contrainte, de nouvelles possibilités s’offrent à nous, qui n’attendaient que notre pleine et entière attention, dans l’espace créé hors des limites de notre mental et de nos peurs. S’extraire du temps et de l’espace permet d’entrevoir un au-delà du soi, ce soi qui nous était familier jusqu’ici, de dépasser le cadre de référence. Cet état suspendu donne une hauteur de vue pour surplomber le champ des possibles, une forme de souplesse pour s’agrandir et voir à hauteur de ses rêves.

Tracer sa route pour faire sa place

Lorsque le désir d’ailleurs se précise et l’appel du mouvement vibre dans toutes les cellules de notre être, il est temps de se mettre en chemin pour tisser la continuité de notre vie. Cette fois-ci, il ne s’agit plus de fuir, mais de s’ouvrir vers l’extérieur, de créer une brèche pour laisser passer la lumière. En suivant la lumière, comme un guide, le chemin se dessine, notre pas se fait plus sûr, jusqu’à trouver l’élan pour s’aventurer vers cet ailleurs qui nous attire. Dans le même temps, nous faisons la place pour que cet ailleurs s’immisce en nous et prenne ses marques.

Chacun à son rythme. Certains préfèrent arpenter les nouveaux espaces que le hasard a mis sur leur route, tel un pèlerinage. Goûtant avec curiosité les nouvelles saveurs que leur procure ce voyage itinérant en terres inconnues. D’autres préfèrent tracer leur route, avides de conquêtes, près à risquer leur vie « hors de soi », arpentant ces nouveaux territoires comme des opportunités à investir. Cultiver sa disponibilité intérieure permet d’accueillir l’inattendu dans la joie et l’enthousiasme.

« Il faut parfois faire tourner notre vie sur elle-même pour qu’elle s’insère parfaitement dans un lieu tout autre, qu’elle s’offre à un nouvel espace. »

Certaines terres se montrent naturellement hospitalières, nous ouvrant en grand les portes et nous accueillant spontanément dans notre altérité. Là où pour d’autres, il faut « montrer patte blanche », se faire introniser, jouer des coudes, ou finalement renoncer face à une trop forte hostilité. Lorsque l’espace résiste, se pose bien souvent la question de notre adéquation avec cette place. Est-elle réellement faite pour nous ?

C’est là toute la différence entre « faire sa place » et « forcer la place ». Peut-être avons-nous mal visé ! Cette place-là n’était pas bonne pour nous. Pour autant, cette épreuve nous a permis de voir plus juste pour ne pas rater notre cible la prochaine fois.

Attention également aux places en trompe l’œil. Elles ont l’air de nous aller comme un gant, comme taillées sur mesure. En s’insérant parfaitement dans l’espace en creux, comme la pièce manquante du puzzle, nous nous soustrayons à l’expérience d’apprendre de nouvelles choses, de nous jeter à l’eau et de grandir encore. Car être à sa place dans la vie est une évolution permanente.

La place dans le mouvement perpétuel

Paradoxalement, « être à sa place » ne signifie pas élire domicile, poser ses valises et se fixer une fois pour toutes, tel un arbre ou une montagne, immuables. Au risque de se voir rattrapé.e par l’immobilisme, l’isolement et l’habitude, premières causes de notre cécité et de notre surdité.

C’est, au contraire, faire l’expérience de la légèreté ; flotter dans l’existence au gré du mouvement de la vie. Nous découvrons notre place dans le désordre et les perturbations existentielles, en nous adaptant sans cesse aux aléas, aux turpitudes, faisant ainsi émerger nos ressources insoupçonnées.

Nous sommes en réalité des êtres sans cesse déplacés, comme portés par le vent ou les courants, ballottés d’une place à l’autre, loin de notre direction initiale. Tantôt pressés par un vent en rafales, tantôt ralentis par sa chute subite.

« Peut-être n’arrive-t-on jamais quelque part, quand on a tant traversé pour y parvenir. Comme si l’épreuve du trajet s’était substituée au lieu, comme si la dynamique et l’effort du mouvement s’étaient imprégnés en nous plus définitivement, telle une inquiétude caractéristique de notre personnalité, comme si cette oscillation entre le point de départ et d’arrivée était devenue une sorte de mouvement intérieur, une intranquillité impossible à calmer. »

Habiter la vie, c’est se mouvoir avec elle, danser avec elle, se couler dans son rythme, marcher dans ses pas, créer l’harmonie avec sa fréquence. En lâchant la volonté et en faisant confiance à la vie, on cesse de chercher le bon endroit. On n’a plus peur de se perdre. C’est justement là qu’on se trouve.

La place est en moi !

Habiter la vie, c’est aussi faire corps avec elle car la place est en nous ! Elle est l’empreinte de notre désir d’être et de devenir. Il nous appartient de désencombrer l’espace pour que ce désir puisse s’exprimer clairement en nous et à l’extérieur de nous. Reconnaître ce désir, l’écouter, le questionner, le partager, le mettre à jour, revient à prendre sa place, jour après jour.

Habiter sa vie, c’est habiter son corps. Ce corps qui a conservé les traces, les mémoires du vécu des places antérieures, celles où on s’est abîmé.e, épuisé.e, disloqué.e. Le corps se souvient, des années plus tard, et il se rappelle à nous lorsque l'on prend la mauvaise route, que l’on choisit la mauvaise place, encore. Le corps est pugnace ; il continue à nous parler, quand bien même nous avons été sourd.e et aveugle à ses signaux par le passé. Le corps est malin, il reproduit les mêmes troubles, les mêmes maux ; il réveille les mêmes schémas pour que la tête se rappelle.

Lorsque nous sommes à notre place, le corps s’étire dans sa plénitude, il respire la paix et nous gratifie d’une joie douce. Comme dans un alignement d’énergies, nous ressentons la cohérence et la synchronisation de toutes les fonctions de notre organisme. Notre corps a son propre langage, sa propre musique, qu’il nous faut apprendre à décoder pour entrer en harmonie avec les expériences de la vie.

Être à sa place, c’est danser de tout son être avec la vie, dans un mouvement et une impermanence perpétuels. Tel un funambule en quête d’équilibre, c'est s'entraîner chaque jour à poser un pied devant l’autre sur le fil tendu par l’existence, tantôt lâche, tantôt rigide...

Toute ma vie, j’ai entendu cette phrase : « Tu es trop gentille ! ». Je ne dirai pas que j’en ai souffert, simplement, j’ai régulièrement ressenti de l’inconfort à me voir classée dans la catégorie des « gentils », avec toutes les représentations que cela sous-entend. Aujourd’hui, j’ai compris combien cette forme d’intelligence – car c’est bien ce dont il s’agit – m’a été précieuse tant dans mon évolution personnelle que dans mes relations. Je réalise que mon ouverture du cœur est un cadeau qui me conduit chaque jour à faire les choix qui sont les meilleurs pour moi et à construire des liens solides et puissants avec les autres et le monde.

Rétrospectivement, je vois clairement les manifestations de mon intelligence du cœur car j’ai toujours su décrypter mes désirs profonds. A quatorze ans, j’avais déjà une vision très précise du métier vers lequel je voulais m’orienter. Par la suite, mes choix professionnels ont toujours été dictés par ma sensibilité du cœur. Dans mes relations amicales ou amoureuses, il en a été de même ; j’ai rarement été trompée par mes élans du cœur. Même s’il m’est arrivé de ne pas être en mesure de justifier instantanément d’une attraction ou d’une répulsion, la raison m’est apparue clairement un jour ou l’autre. Cependant, c’est bien là que se trouve la limite de l’intelligence du cœur, me semble-t-il, car si nous savons nous écouter et traduire nos intentions en actes, le motif de ces dispositions et bien souvent inaccessible. Pour permettre à l’intelligence du cœur de se déployer pleinement, nous devons donc faire preuve d’une grande confiance dans nos choix.

Aujourd’hui, l’intelligence du cœur est une capacité reconnue scientifiquement. La recherche en neurosciences a permis de découvrir que le cœur possède son propre système nerveux intrinsèque : un réseau de nerfs fonctionnellement sophistiqués décrit comme le « cerveau du cœur » contenant plus de 40 000 neurones. Ce petit cerveau donne au cœur la capacité d’évoluer de façon indépendante, de traiter l’information, de prendre des décisions, et même de démontrer un type d’apprentissage et de mémoire. Le cœur est donc reconnu comme un système intelligent qui influe directement sur le traitement des émotions et les facultés cognitives, en lien avec le cerveau de la tête et le cerveau du ventre.

Pour comprendre la place centrale qu’occupe notre cœur dans notre système neuronal, je vous invite à vous immerger dans l’ouvrage du psycho-praticien et thérapeute quantique Stéphane Drouet, intitulé L’intelligence quantique du cœur.

Stimuler notre conscience

Stéphane Drouet, présente notre corps comme un média à part entière, un système d’information qui, sous l’influence de données extérieures, émet des signaux vers le centre de liaison et de coordination qu’est notre cerveau (de la tête) via nos ramifications nerveuses. Ces torrents d’informations qui circulent en nous à chaque instant pour rejoindre notre cerveau sont très majoritairement inconscients puisqu’ils relèvent d’un fonctionnement automatique. En effet, la plus grande partie de notre activité corporelle et psychique échappe à notre conscience qui ignore plus de 99 % des informations captées par nos sens. Cette intelligence automatisée est une merveilleuse mécanique qui nous permet de consommer un minimum d’énergie au quotidien.

Pourtant, les 60 000 à 70 000 pensées quotidiennes inconscientes, que nous ressassons de jour en jour, nous maintiennent dans des schémas du passé, construits sur la base des expériences et des perceptions que nous avons déjà vécues. [A lire : « Soigner son intention, c'est dire STOP aux ruminations ! »] Alors comment actualiser ces informations issues du passé et les mettre à jour sur la base de notre réalité au présent ? Selon l’auteur, c’est en capitalisant sur le 1 % d’espace de conscience, ce canal ouvert à de nouvelles informations, que nous pouvons en permanence créer de nouvelles connaissances, de nouvelles compétences qui, à force de répétition, vont s’ancrer dans l’inconscient, et devenir à leur tour réflexes et automatiques.

Si nous souhaitons sortir des programmes érigés par notre inconscient à partir des empreintes émotionnelles de notre petite enfance, nous devons stimuler notre conscience sur ce que nous captons de la réalité dans le présent.

J’aime beaucoup l’image utilisée par Stéphane Drouet quand il évoque ce phénomène. Il décrit l’inconscient comme « notre bulle d’histoire d’enfant qui nous entoure de manière invisible, comme un halo qui porte toutes nos joies et désillusions, tous nos espoirs et désespoirs. Et surtout, qui nous influence dans l’expression de nos émotions, comme des programmes automatiques qui se déclenchent, et qui nous interdisent de ressentir et penser autrement que par l’intermédiaire de ces informations portées par cette bulle qui nous entoure. Comme une mémoire que nous transportons avec nous et qui nous dit comment agir et réagir, et qui influence nos perceptions, nos interprétations des gestes et comportements des autres ».

Ces programmes de pensées récurrentes associées à nos dépendances émotionnelles constituent seulement le tiers de notre potentiel neurologique. A côté, figure un vide neurologique immense correspondant aux idées, questions, pensées ou émotions que nous n’avons jamais ou quasiment jamais eues. Voilà pourquoi il nous est plus facile de dire ce que nous ne voulons plus mais très difficile d’identifier ce que nous voulons vivre de différent à la place. Car dans ce vide, nos circuits sont débranchés et nous sommes incapables de penser avec les pensées de ce vide car nous n’avons jamais pensé dans ce sens. En conséquence, changer d’avis, de croyance, de valeurs, de modèle du monde, de philosophie de vie, nous demande une énergie considérable, car les circuits ne sont pas créés. Ou plutôt, certaines connexions neuronales se sont débranchées au fil des années. Car à l’âge de deux ans, l’enfant dispose d’un maximum de connexions neurologiques au regard de son potentiel génétique. Puis, en fonction de nos interactions avec nos parents, notre famille, notre environnement scolaire…et des émotions qu’elles génèrent, nous allons privilégier certaines connexions plutôt que d’autres, pour préserver notre sécurité, jusqu’à créer le vide que nous venons d’évoquer.

L’idée est ici de retrouver notre génie d’enfant, en recréant de nouvelles connexions, pour nous reprogrammer dans un sens qui est bon pour nous, dans notre réalité du présent. Cela signifie ouvrir les deux yeux, au lieu d’un seul, pour percevoir l’intégralité des informations de la situation, au-delà de notre vide neurologique du cerveau de la tête.

Reconnecter nos 3 cerveaux

Pour la plupart d’entre nous, il n’existe qu’un cerveau, celui de la tête. Or, nous savons aujourd’hui que notre plein potentiel émane des connexions neuronales entre nos trois cerveaux.

Dans les années 1960, les docteurs américains Baule et Mac Fee découvraient un nouveau cerveau autonome qu’est celui du cœur, fait de 40 000 neurones. Puis, ce fut le scientifique Michael D. Gershon dans les années 1990, qui mis à jour l’intelligence du ventre, à travers son cerveau entérique, fait de 200 millions de neurones. Certains diront que face aux 100 milliards de neurones du cerveau de la tête, ces intelligences sont bien dérisoires. Pourtant, on sait en neurologie que ce qui fait l’intelligence, ce n’est pas le nombre de neurones, mais le nombre de connexions entre les neurones.

Pour redevenir des êtres complets, nous avons la responsabilité de faire dialoguer entre elles nos trois intelligences.

Nous avons d’abord appris à nous alimenter et penser par le ventre (survie par le cerveau entérique) puis à penser par le cerveau de la tête pour agir et évoluer dans ce monde (évolution personnelle). Il est temps d’apprendre à penser par le cœur pour être en lien avec l’autre (évolution universelle).

Selon l’auteur : « ce n’est pas un hasard si le cerveau du cœur se trouve entre le cerveau des émotions (ventre) et celui des pensées (tête), grâce au nerf vague qui relie les trois. Il permet de les rééquilibrer, de les synchroniser, de les réconcilier. Et réconcilier l’enfant (émotions) et l’adolescent en nous (pensées), pour accéder à l’adulte (lien). Le cœur est le grand réconciliateur. Il permet de mettre en cohérence, en congruence nos pensées et nos émotions, de les mettre en paix ».

Et la nature est bien faite ; tout est conçu en nous pour que ces trois cerveaux soient en lien ! Notre cerveau de la tête, pour communiquer avec les autres cerveaux, présente une « succursale » de chacun des deux cerveaux. Il est non pas le chef d’orchestre général, comme on pourrait le croire, mais le serviteur, soit du ventre, soit du cœur. Le reptilien et le limbique sont les deux « succursales » du cerveau du ventre, le néocortex est propre au cerveau de la tête et le préfrontal est la « succursale » du cerveau du cœur.

Le cerveau du cœur émet nos désirs, le cerveau de la tête les reçoit du champ et les transmet, notre cerveau du ventre les ressent émotionnellement.

Le ventre, notre cerveau originel

Le cerveau originel est celui du ventre car nous sommes intrinsèquement des êtres émotionnels ; nos émotions circulent à une vitesse qui dépasse largement celle de nos pensées.

Comme le rappelle Doc Lew Childre Jr, fondateur du Heartmath Institute : « nos réactions émotionnelles se présentent dans l’activité cérébrale avant même que nous ayons eu le temps d’y penser. Nous évaluons tout d’une façon émotionnelle à mesure que nous le percevons. Si l’énergie émotionnelle est plus rapide que l’énergie mentale, comment pouvons-nous espérer gérer nos émotions avec nos pensées ? La cohérence du cœur aide à équilibrer notre état émotionnel ».

Emotion vient du latin « emovere » qui signifie mouvement. Une émotion est donc une énergie qui nous met en mouvement. En soi, l’énergie émotionnelle est neutre. C’est la sensation générée et la réaction physiologique qui rendent une émotion positive ou négative et ce sont les pensées qu’elle suscite qui lui donnent un sens. Car le cerveau de la tête agit en « miroir » de celui du ventre. Que les émotions soient positives ou négatives, c’est l’affaire du mental. Il va aller chercher les expériences et croyances héritées du passé ou de l’éducation pour étiqueter chaque émotion. Elles sont également des amplificateurs de nos pensées et de nos perceptions. Lorsque nos émotions sont en déséquilibre, notre vision de la vie est déformée.

Le développement de l’intelligence du cœur nous permet d’observer nos émotions, de les accueillir pour les vivre autrement, et en créant de la cohérence, d'équilibrer notre état émotionnel.

Le cerveau de la tête, un paradoxe

Notre cerveau de la tête est une incroyable merveille de technologie. Il a mis des centaines de milliers d’années à se perfectionner pour répondre aux défis changeants de son environnement. Pourtant, paradoxalement, il est animé de forces contraires qu’il n’arrive pas à concilier. En effet, il n’y a rien de commun entre sa partie primaire, le reptilien, qui gère des fonctions essentielles à la survie, et le cortex, qui élabore des représentations mentales, communique avec ses semblables, planifie des actions, conceptualise... Selon Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et auteur du livre Le bug humain : « le premier n’a même pas de conscience. Quant au second, il pourrait soulever des montagnes tant sa puissance est immense, mais il n’a pas d’objectif clairement établi. C’est un colosse aveugle ».

Stéphane Drouet considère que les pathologies viennent du conflit entre le cerveau du ventre et le cerveau de la tête, entre les pensées et les émotions. Le cerveau du cœur vient les réconcilier, les synchroniser. Au lieu de les séparer, il les remet en lien.

Le cœur, le cerveau du lien et du sens

Très tôt, notre cœur et notre thymus, sa glande associée, subissent une décroissance. Selon Galien, médecin dans l’Antiquité, le thymus est le berceau de l’esprit et de l’âme. Il le décrit comme l’organe de purification du système nerveux. Il fut le premier à observer que de la naissance à la puberté, la taille du thymus augmente. Puis, à la puberté, le thymus subit un processus appelé « involution », qui définit sa décroissance progressive avec l’âge. Stéphane Drouet relie ce processus au fait que, très tôt dans notre vie, nos liaisons neuronales avec le cœur se sont déconnectées. Nous sommes alors séparés de notre cœur qui ne sait plus voir l’amour en tout. Un autre amour prend alors le dessus, celui du ventre, qui aime de manière conditionnée. Notre amour devient alors conditionné à nos attentes envers notre environnement : « Si tu m’aimes comme je l’attends, alors je serai certain que tu m’aimes ».

Tant que nos circuits neurologiques du cœur sont débranchés, nous vivons dans un monde très réduit. Or, c’est le cerveau du cœur qui peut percevoir ce qui est inaccessible pour nous aujourd’hui, dans le vide neurologique du cerveau de la tête ; c’est lui qui peut nous écarter peu à peu de nos dépendances émotionnelles, et construire une civilisation adulte et universelle.

« Seul le cœur peut apprendre à décoder l’insondable, à travers ses formes trompeuses. Il voit le sens à travers le brouillard épais des émotions et des perceptions du ventre qui nous trompent. »

Pour réapprendre à « penser avec le cœur », Stéphane Drouet nous dévoile les rôles du cœur quantique :

Nous sommes responsables de tout ce que nous créons par nos pensées, nos émotions et nos désirs en construisant un champ de cohérence en nous et autour de nous. Pour cela, nous devons faire en sorte que nos trois cerveaux émettent sur la même longueur d’ondes, en cohérence, pour construire des vies fidèles à ce que nous sommes et inspirer ceux qui nous entourent par notre rayonnement. Car une personne en cohérence rayonne et entraîne dans son sillage.

Viser la cohérence du cœur

Pour Stéphane Drouet : « la cohérence du cœur est une puissante source de cohésion et de stabilité émotionnelle. Une source de confiance, d’harmonie, de convivialité et de paix intérieure. Un acte civique et responsable ».

Ce champ de cohérence du cœur a également un rôle déterminant dans nos prises de décisions car notre mental, nos émotions et nos sentiments synchronisés s’accordent pour faire les meilleurs choix pour nous dans un discernement et une clairvoyance aiguisés. C’est dans cet état de cohérence du cœur profond que tous les choix deviennent accessibles, que toutes les réponses à nos questions sont disponibles. C’est dans cet état de neutralité, que tout existe, que tout devient possible. [A lire : « Le désir est l'essence de l'homme... sa source est inépuisable ! »]

Lorsque vous respirez en vous concentrant sur votre cœur pendant plusieurs minutes et tous les jours, votre cerveau de la tête se met alors au diapason de cette cohérence et c’est tout votre être qui devient cohérent. A travers leurs ondes électriques, les champs des cerveaux du cœur, de la tête et du ventre se synchronisent. Ils font de même avec les champs électromagnétiques aux alentours, avec lesquels ils s’enchevêtrent, en commençant par vos enfants, votre compagnon, vos parents, vos amis, vos clients… Tout le monde est gagnant. Ils se transmettent de la paix, de la cohérence, de la sérénité.

« Notre chemin est un chemin de transformation par le cœur. »

L’intelligence du cœur se déploie à travers trois pratiques quotidiennes interdépendantes : la cohérence, l’attention et l’intention. Ce trio permet de mettre en lien nos quatre dimensions d’être humain, à savoir les dimensions émotionnelle, mentale, intuitive et corporelle.

La cohérence : je fais ce que je suis

C’est la cohérence du cœur qui, par la loi d’entraînement en physique, va entraîner toutes les autres fonctions de notre système vers la cohérence. Donc, c’est le cerveau central du cœur qui entraîne tous les autres vers la performance.

La pratique quotidienne de la cohérence cardiaque permet de mieux gérer ses émotions, apporte sérénité, endurance, confiance, favorise la créativité, l’intuition, et la prise de hauteur face aux aléas de la vie.

Je mets de l’attention à vivre qui je suis

Apprenons à nous focaliser sur ce qui est bon pour nous, dans l’instant présent. Cela consiste à la fois à muscler notre concentration, à élever notre niveau de conscience mais aussi, à coordonner tous nos cerveaux, sans oublier notre corps, pour que tout fonctionne ensemble.

L’intention : j’envoie des messages à la vie en cohérence avec qui je suis

C’est la cohérence intérieure, c’est-à-dire apprendre à mettre en adéquation nos actions avec nos désirs, nos pensées avec nos désirs : je fais ce que je suis, je fais ce que j’aime.

Cela nécessite de s’entraîner chaque jour à interroger nos désirs, dans notre cœur, notamment lorsqu’un choix se présente à nous, dans la perspective d’un événement nouveau… pour se mettre en chemin avec joie et détermination et ainsi, avoir un impact positif sur nous, les autres, la vie. [A lire : « Avez-vous pris soin de vous accorder avec votre intention aujourd'hui ? »]

Ce triangle magique cohérence-attention-intention est capital pour notre écologie personnelle, au même titre que manger, dormir… La répétition quotidienne de ces pratiques est essentielle si nous voulons, à côté de nos programmes de survie, développer des programmes de croissance et d’évolution. S’entraîner continuellement afin de créer entre nos trois cerveaux des circuits durables et automatiques qui feront de nous des êtres équilibrés, des êtres de haute cohérence, des êtres de cœur, tout simplement.

Mes sources d'inspiration :
L'intelligence quantique du cœur de Stéphane DROUET
VIVRE LIBRE - L'intelligence du cœur influence nos pensées

En matière de leadership, l’ego et l’intention sont les deux faces d’une même pièce. A qui se fier : côté pile, la voix tonitruante du jugement et des peurs portée par notre ego, ou côté face, la voix du cœur faite de désir et de joie, issue de notre intention ? Si vous laissez le hasard tirer à pile ou face, en faisant une confiance aveugle à votre ego, vous prenez le risque d’être orienté(e) dans la mauvaise direction, ou de prendre la mauvaise décision. Alors que si vous vous connectez à votre intention...

Je discutais récemment avec une ancienne journaliste qui venait de prendre un virage professionnel en accédant à de nouvelles fonctions managériales dans l’accompagnement à l’entrepreneuriat. Elle me partageait ses difficultés à prendre sa place dans une organisation qu’elle avait intégrée au bénéfice d’une création de poste. Comment prendre possession pleinement de ses nouvelles responsabilités sans empiéter sur les missions de son équipe qui était là avant elle ? Comment laisser s’exprimer les capacités pour lesquelles elle avait été recrutée sans faire de l’ombre à ses collaborateurs ? Je l’ai tout naturellement invitée à clarifier son intention dans cette prise de poste et à la partager, en toute sincérité et authenticité avec les membres de son équipe. Sans surprise, ses réflexes de journaliste ont rapidement été mis en éveil pour bien comprendre en quoi consistait cette intention sur laquelle je la challengeais. Elle m’a alors demandé de but en blanc si une intention pouvait être bonne ou mauvaise, faisant référence ici au management toxique dont peuvent souffrir certaines organisations, pilotées par des manageurs pétris de mauvaises intentions. J’avoue avoir été prise de cours par sa question ! Car le propre de l’intention est de libérer son énergie pour avoir un impact positif sur les environnements que nous désirons créer ou changer. Il n’existe pas d’un côté, les bonnes, et de l’autre, les mauvaises intentions. C’est un abus de langage, car une intention est nécessairement portée par un dessein constructif pour soi comme pour les autres.

Alors, qu’est ce qui guide ces managers à adopter des comportements nocifs pour leur collègues, leurs collaborateurs ? Ne serait-ce pas plutôt… leur ego ?

L’ego, cet imposteur qui dirige notre vie !

Mais qui donc est cet ego qui fait tant parler de lui ? C’est une construction mentale, une représentation que l’on a de soi-même, des autres et du monde. L’ego est une fausse identité en quelque sorte, un imposteur né de nos peurs et de nos croyances. Depuis notre plus tendre enfance, nous avons appris à nous comparer aux autres, à nos frères et sœurs, à nos camarades de classes… Ce réflexe s’est ancré avec les années, nous invitant à nous juger en permanence en nous affublant de trop ou de pas assez. Notre ego nous conduit à nous conformer à l’image de ce qui serait bien ou mal.

Notre mental, nourri par nos peurs et nos croyances, nous conduit ainsi à endosser des rôles qui font écran à notre vraie nature. Comme une partie de nous qui s’exprimerait à notre place, verrait et entendrait à notre place, et surtout, voudrait exister de plus en plus en nous… Nous ne réalisons pas à quel point notre ego dirige notre vie ! Quand il prend le pouvoir, nous sommes dans le mental. [A lire aussi : « Soigner son intention, c’est dire STOP aux ruminations ! » ]

« C’est un peu comme si vous n’habitiez plus votre corps, n’écoutiez plus votre cœur, ne ressentiez plus votre existence : vous interprétez la réalité, le plus souvent en la déformant, vous prêtez aux autres des intentions qui ne sont pas les leurs, vous projetez vos peurs, vos problèmes, vos doutes, vos attentes. Vous réfléchissez les événements au lieu de les vivre. Car le mental ne connaît que le passé et le futur. Le mental vous coupe du présent. » confie Laurent Gounelle dans son roman Et tu trouveras le trésor qui dort en toi.

L’ego a besoin de se sentir unique et différent. En cela, il nous sépare des autres et nous éloigne de notre vraie nature qui, au contraire, tend à l’union. Notre ego peut même nous pousser à l’opposition, au conflit et à la division pour se sentir exister, comme en témoignent les jeux de pouvoirs auxquelles s’adonnent nos édiles politiques.

C’est notre ego qui se manifeste lorsque :

Lorsque nous nous sentons misérables, angoissés, querelleurs, jaloux ; lorsque nous sommes effrayés, que nous nous sentons insultés ou flattés, c’est le jeu de notre ego. Alors, que faire puisque se battre contre son ego revient à lutter contre soi-même ?

Accepter que notre ego puisse avoir tort

L’ego étant le fruit de notre mental, il est infiniment difficile de faire taire les ruminations dont il nous affuble. Au contraire, chacune de nos pensées vient l'alimenter et lui donner encore plus de place. Il nous faut donc apprendre à détourner notre attention de ces raisonnements erronés pour se concentrer sur nos désirs, nos valeurs, nos engagements et vivre pleinement la réalité présente.

Le psychologue américain Albert Ellis nous enseigne que tous les êtres humains ont la même valeur, indépendamment de ce qu’ils possèdent et de leurs caractéristiques externes. En conséquence, il nous invite à reconnaître en conscience nos forces et nos faiblesses, notre potentiel, ainsi que nos limites pour mieux les accepter. Il fait de l’acceptation une condition indispensable pour affronter les aléas de la vie avec sérénité et trouver les ressources pour passer à l’action.

L’enjeu est de progresser vers plus de conscience en observant les informations qui proviennent de l’extérieur, tout comme nos pensées et émotions, avec recul et neutralité, sans jugement de valeur. Nous devenons ainsi plus conscients de ce qui nous guide et nous égare pour focaliser notre énergie non pas à lutter inutilement contre les errements de notre ego mais à progresser avec détermination vers notre objectif.

Développer une nouvelle conscience

« Nous vivons à une époque de profonds dérèglements et d’immenses potentiels ; une époque marquée par la fin d’un mode de pensée et de structures sociétales liés au passé ; une époque qui accueille la naissance d’une nouvelle conscience », tel est le constat d’Otto Scharmer, maître de conférences au MIT (Massachussetts Institute of Technology) et cofondateur du Presencing Institute, à l’origine de la Theory U.

Pour lui, ce changement de conscience est capital, au regard des trois fractures que nous connaissons aujourd’hui :

En matière de leadership, O. Scharmer constate que nous assistons au passage d’une conscience ego-systémique, centrée sur notre propre bien-être, à une conscience eco-systémique, c’est-à-dire l’émergence d’une conscience incluant le bien-être de tous portée par l’activation d’une nouvelle intelligence, l’intelligence du cœur. Il observe que les groupes qui se mettent en action à partir de cette conscience peuvent être terriblement efficaces.

Il fait référence ici à ce qu’il appelle l’angle mort du leadership, c’est-à-dire cet état intérieur, à la source de nos actes, de nos paroles, de nos décisions… auquel la plupart d’entre nous est aveugle. Il nous invite à faire émerger cette conscience profonde, cette intention qui nous anime et suscite chez nous des émotions positives.

Le domaine du sport de haut niveau nous donne une grille de lecture de cette dimension intérieure. Tout compétiteur va s’employer à aligner sa volonté (ses forces physiques/mentales, sa capacité à se dépasser…), avec ses émotions (l’enthousiasme à vivre ce défi sportif et l’optimisme quant à ses résultats…), avec ses désirs (de victoire, de nouveaux records…) et son imaginaire (celui de se voir monter sur le podium). Dans le domaine du management, ces dimensions intérieures nous sont relativement inconnues. Il est très rare que soit mise en œuvre cette conscience de l’intérieur vers l’extérieur pour améliorer les performances managériales.

L’intention, catalyseur de notre désir d’être et pouvoir d’agir

Cette nouvelle conscience de l’intérieur vers l’extérieur, est selon O. Scharmer le fruit d’un grand vouloir qui peut être activé sous trois conditions :

En psychologie, ce grand vouloir est ce qui caractérise l’intention. Dans son ouvrage Le pouvoir de l’intention, Wayne Dyer, psychothérapeute américain, désigne l’intention comme « un but ou un dessein clairement affirmé, accompagné de la détermination à obtenir le résultat désiré ». Pour lui, l’intention est « une force que nous portons tous en nous, un champ d’énergie qui se déploie au-delà de nos repères habituels ». [A lire aussi : "Avez-vous pris soin de vous accorder avec votre intention aujourd’hui ?"]

L’intention naît de l’alchimie entre notre désir d’être et notre pouvoir d’agir.

L’intention nous est propre et ne dépend que de nous ! Elle demande donc à être conscientisée, questionnée, explorée pour émerger et devenir claire à nos yeux. Car si l’intention existe déjà en nous, elle a besoin d’être extériorisée pour donner sa pleine puissance. L’intention fait l’action ! Plus souvent nous prenons le réflexe de clarifier notre intention, dans toute situation, mieux nous sommes à même de nous orienter dans l’action.

Pour Claire Rosart, chercheuse en systémique des groupes : « Une intention, c’est un peu comme une balise que l’on jetterait dans la direction que l’on souhaite emprunter et qui donnerait le cap en envoyant des signaux réguliers, nous permettant ainsi de cheminer dans son sens tout en s’adaptant à la réalité du terrain. C’est donc une force invisible qui dirige nos actions en mettant en route des dynamiques qui nous font avancer. […] Lorsqu’on est sur son chemin d’intention profonde, l’énergie déployée est décuplée. »

Il nous revient de choisir le champ d’énergie qui nous permettra d’avoir un impact positif sur les environnements que nous désirons créer ou changer dans notre vie. Cela signifie faire le choix d'ignorer notre ego et à travers lui la voix du jugement, du cynisme et de la peur, pour porter toute son attention sur son intention et écouter à travers elle et en pleine conscience la voix de son cœur et de sa volonté.

Cheminer en se laissant guider par son intention profonde procure l'enthousiasme pour passer à l'action, le cap pour prendre les bonnes décisions, la vision pour porter un projet, le sens pour engager ses parties prenantes et le bon niveau d'écoute pour se comprendre.

Mes sources d'inspiration
Et tu trouveras le trésor qui dort en toi de Laurent GOUNELLE
Le pouvoir de l'intention de Wayne W. DYER
Théorie U, l'essentiel d'Otto SCHARMER
L'intention personnelle en vidéo par Claire ROSART

Ah, ces fichues pensées qui tournent en boucle et nous gâchent l’existence. Elles nous enferment dans des jugements négatifs sur nous-même, sur les autres et sur la vie en général et nous incitent à chercher des coupables ! Imaginez que vous connaissiez les mécanismes qui fabriquent vos pensées... Imaginez que vous ayez en votre possession les clés de votre cerveau pour remodeler ces pensées avec l’intention de vous sentir bien… Ça n’est pas utopique ; le médecin spécialiste en neuropsychologie Bernard Anselem nous livre quelques enseignements issus de la recherche en neurosciences, ainsi que des approches concrètes pour rompre le cercle vicieux des pensées/émotions dans son ouvrage Je rumine, tu rumines, nous ruminons… En finir avec ces pensées qui tournent en boucle.

Outre le plaisir de vous partager la découverte de ce livre ; mon article vise également à mettre en résonnance ces bonnes pratiques avec la question de l’intention : l’intention comme cercle vertueux de bien-être pour endiguer le cercle vicieux des pensées négatives.

Notre cerveau est formé pour notre survie, pas pour être heureux…

Aux origines de l’Homme, notre cerveau a été modelé pour survivre au danger : il en a fait sa priorité. L’énorme capacité de raisonnement dont nous avons été dotés est donc reliée à nos émotions pour enclencher l’action en vue de subsister dans un environnement hostile.

Aujourd’hui, les problèmes relationnels et les incertitudes professionnelles ont remplacé les bêtes sauvages mais la structure profonde de notre cerveau n’a pas évolué à la même vitesse. Cette préférence pour le négatif héritée de nos ancêtres reste la norme ; c’est ce que les psychologues appellent « biais de négativité ». Nous mémorisons donc mieux tout ce qui relève d’une menace pour être capable à nouveau de repérer et traiter les risques. Des groupes de neurones passent leur temps à faire des prédictions, des comparaisons, des anticipations basées sur l’expérience mémorisée de toute une vie, en lien avec les émotions rattachées à ces expériences.

Ainsi, nos ruminations débutent avec l’objectif de résoudre une situation inquiétante ou insatisfaisante. L’attention se concentre sur la situation en cause, mais dans des contextes d’incertitude, de doute de soi, de tensions, le processus déraille et les préoccupations réveillent des souvenirs chargés d’émotions pénibles. Le chemin des pensées se perd, les idées tournent en boucle. Cette spirale de négativité crée une distorsion dans nos perceptions, assombrissant toutes nos pensées. La noirceur de l’humeur vient alors se surajouter au problème initial.

Selon une étude du chercheur américain Matt Killingsworth pour Science, notre esprit divague pendant 47% de notre temps en moyenne. Ce vagabondage mental s’accompagne d’une baisse du bien-être car les pensées concernent le plus souvent des thèmes désagréables, que nous le voulions ou non. Être tracassé par des préoccupations diverses est la règle et non pas l’exception.

Selon B.Anselem : « notre principal ennemi ne provient pas de circonstances extérieures mais de nous-même. Nous sommes notre propre bourreau ».

De surcroît, les ruminations focalisent notre attention sur le ressenti émotionnel douloureux, pas sur les solutions. On pourrait croire qu’en se concentrant sur un problème, on le résout mieux. Mais c’est le contraire qui se produit. En cogitant, nous oublions d’agir et nous alimentons un cercle vicieux destructeur…

Choisir les pensées qui nous font du bien !

Comme le souligne B Anselem, il n’existe pas de bouton marche/arrêt pour les ruminations. Plus nous tentons de les bloquer, plus elles reviennent. En revanche, nous avons des raisons d’espérer car les neurosciences nous ont appris que le cerveau peut se modifier à tout âge. On parle de plasticité cérébrale. Par notre simple volonté, nous avons le pouvoir d’apprendre des comportements bénéfiques tout au long de notre vie et ainsi d’imprimer un changement durable au plus profond de notre cerveau. Il nous revient de choisir les pensées qui nous font du bien !

Mettre à distance ces ruminations ne demande ni talents ni connaissances exceptionnels, mais nécessite un peu d’humilité pour accepter de modifier les raisonnements que l’on a mis si longtemps à construire. B. Anselem propose trois méthodes de travail sur soi pour un résultat durable :

« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être, mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre. » Marc Aurèle

Accueillir nos émotions douloureuses, comme des observateurs

Il est difficile de ressentir la paix alors que l’on résiste à une émotion. On ne peut d’avantage s’évader d’une souffrance sans la reconnaître. B. Anselem compare les ruminations et les émotions qui y sont associées à des sables mouvants. L’agitation de nos pensées nous enfonce inexorablement et raisonner toujours plus revient à utiliser une pelle pour creuser. On peut éviter de s’enfoncer dans ce bourbier en cessant de s’agiter et de s’opposer, en accueillant nos ressentis tels qu’ils sont, a fortiori lorsque l’on n’a pas le pouvoir de les modifier.

Pour accueillir et dédramatiser une émotion, il convient de se positionner en tant qu’observateur plutôt qu’acteur de ses pensées et de ne pas entrer dans leur jeu. S’entraîner à ramener son attention vers le présent « ici et maintenant » est probablement la pratique la plus puissante contre les ruminations. L’objectif est de progresser vers plus de conscience de ce que nous voyons et ce que nous entendons en provenance de l’extérieur, mais aussi de nos ressentis internes, en toute neutralité. Et ainsi de comprendre que le reste n’est qu’une construction de nos pensées, pas la réalité.

Faire confiance à notre désir pour libérer l'énergie

Comme l’a souligné B. Anselem, les ruminations nous empêchent d’agir. En conséquence, pour éviter de retomber dans le cercle des ruminations, nous pouvons focaliser notre attention sur une action au présent, centrée sur un objectif désirable pour nous. En termes neurologiques, cela revient à s’engager dans un comportement qui alimente les circuits cérébraux de la récompense.

L’enjeu est ici d’agir sur nos forces plutôt que sur nos insatisfactions : capitaliser sur nos émotions positives, renforcer nos capacités à affronter l’adversité, améliorer notre rapport à soi et aux autres.

C’est là qu’entre en jeu l’intention pour inverser la tendance... Si nous considérons que les ruminations se déclenchent lorsqu’une émotion négative surgit et vient déformer nos pensées, cela signifie que nos émotions sont un précieux baromètre pour détecter nos résistances. L’émergence d’une émotion telle que le stress ou l’anxiété est donc le signal d’un besoin de changement qui se manifeste en nous. C’est aussi une invitation à mobiliser notre énergie et trouver les forces pour avancer. Chacune de nos pensées possède une énergie qui peut soit nous affaiblir, soit nous renforcer ; à nous de faire peser la balance du bon côté !

La question à se poser à ce stade pour se sentir bien est : « Qu’est ce qui est important pour moi, ici et maintenant ? ». B. Anselem évoque un engagement qui nous motive en profondeur à agir. L’intention est du même ordre car elle se situe au carrefour entre nos désirs profonds, la condition de tout projet, de tout espoir, de tous les possibles, et de notre pouvoir agir, la somme de nos expériences, connaissances, compétences, qui nous permettent de prendre notre vie en main, en autonomie. Le désir porte l’énergie et le pouvoir agir donne la puissance à l’action. Explorer son intention pour comprendre où se situe notre désir et notre pouvoir agir est déterminant dans la vie de tous les jours comme pour les grandes aspirations existentielles.

Clarifier son intention, au quotidien, pour toutes les choses de la vie, est une pratique extrêmement vertueuse. Car elle permet de rompre le cercle vicieux des ruminations et de se projeter dans l’action, en trouvant le sens, l’inspiration et la détermination qui nous conduiront à avoir un impact positif sur les environnements que nous souhaitons changer ou créer autour de nous !

Pour compléter votre inspiration
EUROPE 1 - Bienfait pour vous - Est-ce qu’on ne se prendrait pas trop la tête, au quotidien ?

Très récemment dans un de mes articles, je vous partageais ma détresse face aux joutes oratoires qui ont gâché les échanges lors des dernières élections présidentielles et mon besoin impérieux que nous nous employions à relever le débat ! [à lire : "Employons-nous à relever le débat ! »] Je me suis donc mise en quête d’initiatives, de pratiques, d’expertises à partir desquelles nous pourrions « inventer des espaces pour discuter, débattre, délibérer et faire avancer les idées ». Vous trouverez l’inventaire de mes recherches à ce stade sur la plateforme collaborative #EtSiNous initiée par le Learning Planet Institute, qui rassemble des communautés de change-makers dans le but de partager aspirations, ressources, idées, et de faire face ensemble aux défis du XXIème siècle. Sur cette plateforme, j’anime la « Chaîne de l’intention » sur laquelle je vous communiquer mes découvertes sur le thème du débat et du dialogue, dans l’onglet « EtSiNous relevions le débat ». Cette plateforme est collaborative ; je vous invite donc vivement à compléter ces contenus avec vos propres actions et inspirations...

Pour aller plus loin, il me semble que la question qui se pose véritablement aujourd’hui, au cœur de nos conversations, est celle de la qualité du lien que nous voulons tisser avec les autres et, par conséquent, du soin avec lequel nous communiquons. « L’incapacité à se parler dans la différence est criante », constate le chercheur, sociologue et sémiologue Olivier Fournout. Il y voit une urgence à trouver des modes de dialogue pour faire émerger les possibilités et agir. « Dialoguer autrement pour agir devient une nécessité absolue, pour ne pas rajouter une couche de problèmes relationnels aux problèmes de fond, déjà suffisamment complexes. »

Œuvrer en faveur d’une écologie relationnelle

Olivier Fournout propose d’œuvrer en faveur d’une écologie relationnelle, en considérant la relation comme le milieu dans lequel prennent racines les solutions collectives face aux problèmes globaux.

Car c’est bien collectivement, dans le dialogue, que l’on échange des idées, que l’on offre des ressources, que l’on crée l’innovation. Le dialogue devient alors « un lieu d’apprentissage collectif d’où peut émerger un sens accru d’harmonie, de camaraderie et de créativité » selon David Bohm, physicien et philosophe américain auteur de l’ouvrage Le dialogue.

Force est de constater que l’art du dialogue n’est pas aisé. Nous avons tous fait l’expérience de réunions dans lesquelles nous perdions notre temps, de conversations qui tournent rapidement au débat, d’entretiens dans lesquels chacun reste campé sur sa position sans volonté sincère d’entendre l’autre. Même si les protagonistes souhaitent véritablement contribuer au dialogue, ils ne savent pas comment s’y prendre !

« Contre les débats stériles et les positions opposées qui ne se rencontrent jamais, il s’agit d’innover dans le traitement sociétal des controverses, tant aux niveaux politiques que médiatiques et citoyens ; monter des dialogues partout, tout le temps, pour tous, sur tous les sujets, pour toutes les décisions, de la manière la plus inclusive possible ; former à l’exercice ; développer un recul réflexif et transverse sur le processus même de dialogue ; s’entraîner à respecter les écarts sans fermer la porte au rapprochement ; et ne pas tomber dans le piège que, bien sûr, au moindre anicroche, c’est toujours l’autre qui ne sait pas dialoguer. », clame O. Fournout.

Car le dialogue requiert avant tout de la pratique, bien plus qu’un ensemble de méthodes. Il s’agit de développer notre capacité à travailler avec les autres et d’aider les autres à mieux travailler ensemble. Et ce n’est pas une science exacte, particulièrement en ces temps de complexité croissante ! C’est sur ce constat que se déploie la pratique de l’Art of Hosting, développée par un large réseau de praticiens dans le monde entier. Le terme « hosting » faire référence à la notion « d’accueillir ». Il s’agit d’accorder une attention et un soin particuliers à tous les aspects qui entrent en jeu lorsque des personnes travaillent ensemble. L’intention est d’accompagner le groupe dans sa réussite, de la même manière qu’une personne qui accueille des invités s’assurera qu’ils ont tout ce dont ils ont besoin pour que leur séjour soit réussi.

Les groupes et les organisations qui utilisent l’Art of Hosting comme mode de fonctionnement constatent une amélioration de leur processus de décisions, un développement plus efficace de leurs compétences et une plus grande réactivité dans leur réponse aux opportunités, aux défis et aux changements. Les participants ont le sentiment d’être plus autonomes, plus responsables et plus à même de contribuer aux réunions et conversations auxquelles ils prennent part et, ainsi, d’aboutir plus efficacement aux résultats escomptés.

Pour D. Bohm, dans un dialogue, il s’agit pour les personnes de faire quelque chose en commun, c’est-à-dire de créer ensemble quelque chose de nouveau.

« Bien entendu, une telle communication ne peut conduire à la création de quelque chose de nouveau que si les individus sont capables de s’écouter librement, sans préjugés, sans chercher à s’influencer. Chacun d’eux doit s’intéresser avant tout à la vérité et à la cohérence et être disposé à abandonner ses idées et buts obsolètes, pour passer à quelque chose de différent, quand il l’estime nécessaire. »

En quelque sorte, D. Bohm nous invite individuellement à nous abandonner, à faire don de soi au dialogue. Le dialogue devient ainsi un voyage dans lequel chaque participant est explorateur de cet inédit qui émerge. En se laissant porter par sa curiosité de l’autre, d’un ailleurs. En prenant plaisir à rebondir d’une idée à l’autre, comme d’une terre à l’autre, pour découvrir où ce nouveau chemin peut nous mener. En fusionnant nos horizons pour découvrir de nouvelles contrées, inexplorées jusqu’ici.

Dialoguer pour créer le monde dans lequel nous vivons

Pour Otto Scharmer, maître de conférences au MIT où il a co-fondé le Presencing Institute, les conversations créent le monde dans lequel nous évoluons au sein des groupes, des organisations et de la société. Dans son ouvrage qui traite du modèle d'innovation et de conduite du changement qu'il a développé : Théorie U, l'essentiel, il parle de « cultiver le sol du champ social ». Le champ social représente ici l’ensemble des relations entre individus, groupes et systèmes donnant naissance à des modes et schémas de pensée, de conversation et d’organisation qui, à leur tour, produisent des résultats pratiques.

On retrouve dans la pratique du dialogue de D. Bohm et d’O. Scharmer les mêmes fondamentaux que ceux décrit par the Art of Hosting :

O. Scharmer a identifié quatre modes de conversation correspondant à quatre qualités d’échange : le mode automatique, le débat, le dialogue et la conversation générative. Le leadership tel qu’il le conçoit consiste à accompagner le passage d’un niveau de conversation à un autre en fonction de ce que requiert le contexte ou la situation.

Pour D. Bohm, l’image du dialogue est « un flux de sens circulant parmi nous, à travers nous et entre nous ». Ainsi, ce flux de sens qui circule dans l’ensemble du groupe permet à une nouvelle compréhension d’émerger.

« Dans un dialogue, personne n’essaie de l’emporter. Lorsque quelqu’un gagne, tout le monde gagne. »

Dans le dialogue, tout le monde gagne !

Etes-vous prêts à vous aventurer dans ce dialogue authentique, à vous laisser guider par une curiosité tranquille, sans préjugés, afin d’avoir sur les choses un regard aussi nouveau et clair que possible ?

Vous sentez-vous suffisamment libre de faire émerger cette pensée collective, cette pensée qui vous permet de tout envisager ? Car dans le dialogue, les personnes pensent ensemble…

Pour D. Bohm : « Penser ensemble, c’est quand une personne à une idée, qu’une autre l’adopte et qu’une autre la complète. On a alors une pensée fluide et non pas des personnes qui essaient de se convaincre les unes et les autres ».

L’objet d’un dialogue n’est pas d’analyser les faits ou les événements, ni d’avoir raison ou d’échanger des opinions. Il s’agit plutôt de « suspendre les opinions et de les examiner », en écoutant les points de vue de chacun, et en observant ce qu’ils signifient. Si nous parvenons à en comprendre le sens, alors nous partageons un contenu commun, même lorsque nous ne sommes pas entièrement d’accord. Nous découvrons peut-être que les opinions ne sont pas si importantes après tout, elles sont seulement des hypothèses. Et en nous donnant la possibilité de toutes les envisager, nous pourrons alors explorer de manière plus créative différentes directions et simplement apprécier ensemble ce qu’elles représentent. « C’est à partir de ce processus que la vérité émergera à l’improviste, sans que nous l’ayons choisie. »

« Dans le dialogue, chaque participant est libre. Ce n’est pas comme dans une foule où l’esprit collectif prend le dessus. Il s’agit de quelque chose qui évolue harmonieusement entre l’individu et le collectif pour aller vers toujours plus de cohérence. »

D. Bohm a imaginé des « cercles de dialogue », des espaces ouverts qui invitent à la communication et au partage de la parole. Le seul enjeu est d'écouter et de laisser émerger les différents points de vue pour se rendre compte de ses différences et réfléchir ensemble. Ces cercles permettent d’apaiser les tensions et de faire émerger la bienveillance, la sagesse et l’intelligence collective. Grâce à l’échange d’expériences, ils participent à créer une relation plus humaine et plus consciente pour penser en confiance.

Si vous êtes curieux(se) de vivre l'expérience d'un « cercle de dialogue », connectez vous à la Place du dialogue dont l'intention est de diffuser dans la société une culture du dialogue respectueuse de chacun, à travers des espaces éphémères. L'idée est simple, partager 30 minutes de conversation avec des inconnus sur une place publique ! Le thème est donné, les règles du jeu sont énoncées, il ne vous reste plus qu'à vous laisser porter au rythme du dialogue...

Quelques références pour poursuivre l'inspiration :
Association culturelle Krishnamurti - Le dialogue selon David Bohm
up-magazine.info - L'urgence à dialoguer autrement pour agir
Learning Planete Insitute - EtSiNous - La Chaîne de l'intention (EtSiNous relevions le débat)

En ce début 2022, à l’heure des vœux et des bonnes résolutions, je fais le choix de me connecter à une intention forte et ambitieuse pour l’année à venir. Parce que j’ai décidé que 2022 serait l’année de l’Intention avec un grand « I ». A la tiède résolution qui « dénoue » et « défait », je choisis l’énergie de l’intention qui « intensifie » et « augmente »… Je me mets en action, guidée par les signaux qui éclairent ce changement d’année et fondent ma conviction que si nous le décidons avec force, nous avons le pouvoir de créer un monde qui nous relie, plutôt qu’un monde qui nous divise !

Et côté signaux, je me trouve plutôt gâtée… Premier signe : la parution du nouvel ouvrage du chercheur François Taddei au titre plein de promesses Et si nous ? Comment relever ensemble les défis du XXIe siècle. Un livre vital qui invite à passer à l’action et qui porte l’ambition de changer d’échelle – et de monde – de coopérer pour prendre soin de soi, des autres et de la planète. Alors que j’avais là amplement matière à élever mon intention, l’algorithme de Twitter eut la bonne idée de sélectionner pour moi un podcast de France Culture diffusé fin 2017 intitulé Nous vivons dans une société liquide, inspiré des travaux du philosophe et sociologue polonais Zygmunt Bauman.

Alors, me direz-vous, en quoi ces ressources font elles écho à mon intention pour 2022 ? Je vous répondrai en trois points : un « optimisme de la volonté » pour citer Z. Bauman, la recherche d’une éthique de la relation et le besoin de changer d’échelle pour « fusionner nos horizons ».

J’ai mal à mon humanité !

F. Taddei nous rappelle combien la pandémie de Covid-19 a touché l’ensemble de nos vies, à une échelle et dans une temporalité inédites dans l’histoire, en remettant en question ce qui fait de l’espèce humaine une espèce à part : nos interactions. Il forme l’hypothèse que cette pandémie restera dans les livres d’histoire comme un marqueur important de bouleversements que nous ne faisons qu’entrevoir. Selon lui, nous observons la fin d’une époque…

« Nous assistons bien à la fin d’un monde, héritier des Lumières et des révolutions industrielles, qui est caractérisé par des rapports de domination, de compétition, d’exploitation (des êtres humains et de la planète). […] De nouvelles Lumières n’adviendront pas sans que tous ceux qui y aspirent ne se mobilisent dans la durée pour réinventer des manières de vivre ensemble qui soient plus inclusives, plus équitables et plus respectueuses de notre environnement ».

Lorsque Z. Bauman se figure notre époque contemporaine, il la dépeint comme une « vie liquide », une société « en voie de liquéfaction avancée » : un monde en mouvement permanent rythmé par une accélération irrépressible, dans lequel tout est jetable et interchangeable, y compris l’Homme… Nous y sommes exposés à des flux d’information continus et parfois contradictoires qui nous contraignent au zapping et nous soumettent au risque de malentendus et de mécompréhension. Cette société liquide nous détourne de l’autre. Elle génère un épuisement et un besoin de sécurité qui nous incitent à créer de l’entre-soi.

Ce phénomène est alimenté par les politiques de séparation qui sont le lot de notre civilisation contemporaine, encore largement gouvernée par les rapports de compétition et de domination évoqués par F.Taddei. Le spectacle navrant auquel se livrent certains candidats aux élections présidentielles en est la parfaite illustration. L’espace médiatique et internet sont accaparés par ces manipulateurs qui se servent de nos peurs pour nous diviser et brandissent des discours de fracture et de clivage, mettant à mal la confiance vis-à-vis de nos institutions et de la société dans son ensemble. Dans la cacophonie de la campagne, il est difficile d’entendre les voix de rassemblement et d’unité. Notre défi est de ne pas nous abandonner aux simplismes et aux réductionnismes et d’empêcher que de fausses informations puissent s’imposer dans le débat public. Selon le « baromètre de la confiance politique » publié le 24 janvier 2022 par le Cevipof, jamais les Français ne se sont sentis aussi méfiants envers la politique !

« Face à ces récits et manipulations qui s’appuient sur un mélange de faits, de crédulité, de peurs et de perceptions de déclassement […] il faut être capable d’inventer des récits fondés scientifiquement qui redonnent de l’espoir, en s’appuyant sur notre intelligence, notre besoin de vivre ensemble et notre besoin de sens. » suggère F. Taddei.

Il cite l’historien néerlandais Rutger Bregman qui tente de démontrer, dans Humanité. Une histoire optimiste que « la plupart des gens sont bons ». Selon lui, on « fabrique ce que l’on suppose chez l’autre. […] Si nous construisons nos institutions autour de l’idée que les gens sont égoïstes, nous ne devrions pas nous étonner que les gens se comportent ainsi ». Plutôt que d’accuser le public de sotte crédulité, le chercheur propose que nous nous attachions, chacun dans notre activité, à délivrer une information qualifiée et vérifiable, sans tenter d’imposer notre vérité. Dans le même temps, il nous appartient de former les jeunes à scruter les sources fiables et à dénoncer les manipulations d’acteurs peu scrupuleux et d’algorithmes maximisant davantage la recherche du profit que celle de la vérité.

Convoquons un « optimisme de la volonté » pour transformer la société

Afin de relever ces défis, F. Taddei comme Z. Bauman en appellent à notre responsabilité, individuelle et collective, de nous mobiliser pour passer à l’action.

Z. Bauman nous invite à mieux penser le monde pour mieux le transformer. Cela demande de mobiliser notre lucidité, d’aiguiser notre regard critique et d’apprendre à mieux voir pour faire que notre modernité soit la plus vivable que possible. Ainsi, le philosophe nous incite à développer notre pensée critique pour nous émanciper et sortir de ce qui nous aliène, donner la place à des micro gestes de résistance pour « renverser l’insoutenable ». Le processus révolutionnaire que revendique Z. Bauman est inspiré du philosophe et théoricien politique italien Antonio Gramsci, qui nous invite à « allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté ».

F. Taddei convient que : « … les révolutions naissent quand la somme des « je n’aime pas » devient intolérable pour un grand nombre de personnes ». Il s’inspire des œuvres du philosophe et sociologue Edgar Morin qui propose de lutter contre « les cécités de la connaissance » en combattant « l’erreur et l’illusion » qui ne cessent de parasiter l’esprit humain. Face au degré d’inconnues auquel nous confronte la période ouverte par la pandémie, « rechercher les ressources et le courage pour changer ce que l’on peut changer, la sérénité pour accepter ce que l’on ne peut changer et la sagesse pour distinguer les deux ». La sagesse s’impose ici pour enseigner la compréhension et nous mettre en posture d’apprendre les uns des autres avec humilité et empathie. A travers la pensée d’E. Morin, il introduit l’idée d’enseigner une « éthique du genre humain ».

Façonnons une éthique du « care »

Avec la portée inédite de la crise sanitaire et de ses conséquences socio-économiques, nous avons pris conscience que nous étions plus que jamais vulnérables et interdépendants, dans notre sphère personnelle comme professionnelle. En parallèle des personnes ayant contracté le virus, dont le nombre explose aujourd’hui avec les nouveaux variants, la pandémie a donné lieu à l’apparition de phénomènes en cascade – confinements, chômage partiel, télétravail, école à la maison… – qui ont pu être vécus comme des « rites de passage » pour reprendre l’expression de F. Taddei, amenant à cette prise de conscience de notre besoin d’entraide et de solidarité. Cette période de dérèglements a notamment permis d’entrevoir sa relation à l’autre à travers un nouveau prisme, celui du « care ». Une éthique de la relation qui a aujourd’hui largement dépassé le cadre des métiers du soin pour se diffuser plus largement dans la société et impacter les liens qui se nouent dans les organisations.

Si le « care » a été théorisé par Carol Gilligan en 1982 aux Etats-Unis ; je retiendrai ici la définition plus sociale proposée par la philosophe américaine Joan Tronto quelques années plus tard qui aborde l’éthique du « care » comme une manière de rendre le monde habitable par le soin que l’on apporte aux autres. Je trouve très évocatrice de ce que nous vivons aujourd’hui cette vision du « care » en tant qu’éthique de notre relation au monde et donc aux autres.

Entre vertu morale et geste technique, le « care » vu par le philosophe Paul Ricoeur s’apparente à une « sagesse pratique » dont la visée est de redonner une place à la vulnérabilité dans le lien social. Ici, prendre soin ne se résume pas à donner, mais cherche à solliciter la participation, le choix, et finalement l’action d’autrui. Autrement dit, le « care » est une relation entre deux acteurs – et non entre un sujet actif et un sujet passif. Avec le « care », nous offrons à l’autre les conditions d’éprouver sa dignité par davantage d’autonomie et la possibilité de s’émanciper. Pour permettre ce résultat, le « care » s’inscrit dans un processus qui va puiser dans quatre dimensions selon un principe de réciprocité.

Dans cette vision du « care » en tant qu’éthique de notre relation aux autres, nous voyons bien que la parole, le langage et le dialogue tiennent une place prépondérante pour se comprendre et se faire comprendre.

Cultivons notre langage pour « fusionner nos horizons »

Du fait de son ampleur inédite, la crise se matérialise dans un héritage qui nous réunit. Une histoire commune dans laquelle se raconter, partager son vécu, ses repères, dire ce qui a tangué, individuellement et collectivement, et comment on s’en est sortis ensemble.

« Autant que de biens matériels et de connaissances, nous avons besoin de mots et d’enchaînement de phrases pour réorienter notre monde dans des directions plus soutenables et émancipatrices » selon le théoricien de la littérature, philosophe et essayiste Yves Citton.

Car le langage fait de nous des créateurs. En nous donnant toute latitude pour nous positionner dans l’espace et le temps, convoquer le passé et inventer le futur. Le langage nous rend libres de créer, de faire émerger de nouvelles réalités. En cela, il nous donne une responsabilité considérable, qui peut nous conduire vers le meilleur, … comme le pire. On constate un peu partout une banalisation, voire un « ensauvagement » du langage, y compris dans les sphères diplomatiques les plus civilisées. Cette radicalisation du langage pourrait fait craindre une radicalisation des actes. Car la défaite du langage, c'est la défaite de la pensée ; « à langue molle, intelligence molle ». Et le contraire est vrai : lorsque la langue n'est plus nuancée, elle se délite !

Le langage est une ambition ! Il peut être fondateur de la société en tant qu’agent de liaison, d’échange et d’intégration. Quand il se fait dialogue, il nous donne à « fusionner nos horizons », à se parler au-delà des frontières intellectuelles et disciplinaires. Prendre soin du dialogue, c’est miser sur la créativité par la différence. [à lire aussi : Cultiver son langage, c’est prendre soin de soi et des autres…]

« Si, dans mes propres travaux, je dis qu’il est nécessaire qu’en toute compréhension, l’horizon de l’un se fusionne avec l’horizon de l’autre, il est clair que cela ne signifie pas non plus une unité stable et identifiable, mais quelque chose qui arrive à la faveur d’un dialogue qui se poursuit toujours. » précise le philosophe allemand Hans-Georg Gadamer

Nous devons être vigilants vis-à-vis de ces discours qui excluent, facteurs de division, source de manipulation et de mécompréhension. Pour autant, il ne s’agit pas de refuser le conflit mais de l’institutionaliser, de le rendre possible autrement que de façon violente. En réinventant des lieux pour se rencontrer, partager des savoirs, faire émerger des débats de qualité et inspirants.

Z. Beuman y voit des sphères de « générosité intellectuelle » dans lesquelles nous créons des communs ; nous nous mettons au point sur le monde que nous voulons construire et façonnons ensemble des solutions à notre échelle. Ces « panthéons vivants » que souhaite démocratiser F. Taddei, mettent en « coopétition » toute vérité humaine en reliant les champs du savoir à toutes les échelles. Passer du local au global nécessite pour lui de connecter celles et ceux qui ont des aspirations, des émotions, des rêves communs. Créer un « GPS des rêves » qui indiquerait comment réaliser nos rêves et avec qui. Et passer ainsi du rêve (personnel) à l’utopie (collective), en favorisant l’émergence de collectifs capables de faire ensemble des choses qu’une personne ne saurait faire seule…

Quelques références pour poursuivre l'inspiration
FRANCE CULTURE - L'invité(e) des matins du samedi - François Taddei : "La coopération est l'avenir de notre société"
FRANCE CULTURE - Conférences - Nous vivons dans une "société liquide"
CAIRN.INFO - L'éthique du care. Une nouvelle façon de prendre soin

Il m’a fallu plus de 20 ans pour comprendre que j’avais choisi le métier de la communication non pas pour développer des outils mais pour créer du lien autour de moi. C’est l’exercice du management qui m’a ouvert les yeux. La responsabilité que porte le manager par son intention, par sa posture et son discours, à donner du sens, à engager ses collaborateurs et à prendre soin de ses interactions avec son équipe. Comme il se doit également d’incarner le modèle de relation qu’il souhaite voir se développer entre ses collaborateurs.

C’est bien là tout l’enjeu de notre société à mon sens. Quels liens voulons-nous tisser avec nos « semblables » ? Ce mot, « semblables », peut paraître désuet mais il me semble traduire qu’au-delà des cultures, des communautés, des statuts, des niveaux hiérarchiques, des classes d’âge…, nous sommes avant tout des êtres sociaux, et à ce titre, nous nous devons de prendre soin les uns des autres dans nos relations interpersonnelles, notamment à travers notre langage. Car le langage est un phénomène social de premier ordre au travers de ses fonctions d’expression et de communication. Il participe ainsi à la sociabilisation de l’individu.

Pour autant, nos modes de vie en accéléré et le tumulte des réseaux sociaux peuvent nous faire perdre de vue la valeur du langage dans nos interactions au quotidien. Comment le choix d’un mot, en fonction de la charge émotionnelle qu’il véhicule, peut faire basculer une relation, une situation, une action… dans une dynamique positive ou négative. Comment une conversation, faute d’attention portée au mode de fonctionnement ou à l’état émotionnel de notre interlocuteur, peut tourner au « combat de mots » et finir dans une impasse…

Comme le souligne Jeanne Bordeau dans son récent ouvrage Le nouveau pouvoir du langage : « La langue de notre époque perd une part de sa chair et se doit d’être courte, brève et péremptoire dans un monde accéléré (…) Vélocité de l’information, diffusion immédiate de concepts grandiloquents, le tout à l’info flash, vient hystériser des informations qu’il faut rendre spectaculaires. Sans hiérarchie, sans cohérence, sans vision, le langage circule dans tous les sens et en devient « in-sensé ».

Le langage est d’autant plus précieux qu’il est vecteur de sens, qu’il donne de la clarté à nos idées pour relier et faire cohabiter des faits et des ressentis profonds souvent paradoxaux.

A travers l’éclairage de Jeanne Bordeau et quelques autres lectures, je vous invite à prendre toute la mesure du pouvoir du langage. Car le langage nous fait exister, par notre compréhension du monde, par l’expression de nos idées, de nos émotions. Et en nous reliant, il nous fait exister aux yeux des autres. Il nous signe, nous dessine et dit qui nous sommes. En créant un monde commun dans le dialogue, le langage est source d’humanité… Cultiver son langage, c’est donc prendre soin de soi et des autres et se projeter dans la relation avec attention et plaisir !

La recherche d’une vérité partagée dans le dialogue

Le langage est nécessaire à la construction de liens sociaux dans le sens où il favorise la communication. Vivre ensemble suppose un minimum d’échanges et de coordination, donc un minimum de communication entre les membres d’une communauté. Le langage permet ainsi d’élaborer un monde commun ; il s’inscrit dans une relation à travers laquelle chacun peut exprimer des pensées, des émotions, des valeurs, des besoins… et partager des informations, des connaissances, des intentions… En cela, le langage est un mode d’accomplissement privilégié car il nous fait exister pour soi et à travers les autres.

Le langage peut donc être fondateur de la société en tant qu’agent de liaison, d’échange et d’intégration. Mais le langage peut également devenir facteur de division, soit de façon inconsciente, en étant source de malentendu ou de maladresse, soit de façon consciente, en devenant un instrument de manipulation, de mensonge et de domination.

Toutefois, quelle que soit l’origine de ces divisions et tensions sociales, elles ne pourront se résoudre que par l’intermédiaire du langage construit sur une véritable éthique de communication fondée sur le dialogue !

Comme l’exprime très justement Abdelbasset Fatih, professeur agrégé de lettres modernes, dans son article Le langage dans la société : « Ce qui fait vraiment de la société un espace humain, ce n’est pas le langage mis au service des appétits de pouvoir et de domination, ce n’est pas le langage qui divise et qui exclut mais le dialogue qui jette les ponts entre les humains ».

Dans son article, Abdelbasset Fatih aime à citer la politologue, philosophe et journaliste Hannah Arendt : « Pour Hannah Arendt, c’est parce qu’ils peuvent parler ensemble sur ce qui les concerne tous que les hommes peuvent partager la même vie et le même monde. Le dialogue est pour elle bien plus qu’une condition de la vie en société, il est un critère majeur d’humanité ».

Pour tendre vers une éthique de la discussion, les interlocuteurs doivent s’accorder sur les critères de réussite du dialogue et sur le fondement de ce dialogue qui les réunit, à savoir la volonté d’entendre ce que dit l’autre et d’accepter ce qui nous sépare : « L’aptitude de dialogue implique le dépassement de l’égocentrisme, du dogmatisme et des préjugés pour tenter d’entendre ce que dit l’autre ». Un dialogue fondé sur le respect et la dignité de chacun.

Cette éthique du dialogue ne se résume pas à un simple échange de paroles. Elle suppose que l’on respecte certaines règles, comme être de bonne foi, écouter, accepter l’objection, être prêt à reconnaître ses erreurs... Car le langage doit permettre la rechercher d’une vérité partagée dans le dialogue. Et pour accéder à cette vérité, il peut être judicieux d’adapter son langage à celui de l’autre pour en favoriser la compréhension mutuelle.

Faire de nos interactions sociales une source de plaisir !

Dans son article intitulé Le langage contribue-t-il à unir ou à diviser les hommes ? Maryvonne Longeart, Docteur en philosophie, souligne : « La parole échangée suppose la recherche d’une vérité partagée et non la pure affirmation dogmatique d’une opinion. Dans l’échange, on est prêt éventuellement à changer de point de vue ».

Elle illustre son propos en reprenant la métaphore de Maurice Merleau-Ponty pour qui « dans l’expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font qu’un seul tissu ». On peut voir ici une référence aux deux fils d’un tissage : la trame et la chaîne ; l’un des interlocuteurs fournit la trame, l’autre la chaîne et la signification commune - le tissu commun - est la résultante des deux.

Pour sa part, Abdelbasset Fatih vise une véritable « esthétique du dialogue. Autrement dit l’art de parler qui consiste à rendre l’échange agréable pour les deux parties. Il s’agit bien ici du plaisir qu’on éprouve en parlant à autrui ou en l’écoutant, car la société des hommes, c’est aussi cela ».

Nous sommes tous familiers de ce dialogue qui tisse des liens et forge la relation. Le plaisir de s’ouvrir à un échange authentique et sincère, dans lequel chacun se sent libre d’incarner son histoire et sa sensibilité, sans phare ni faux semblants. Un dialogue qui s’enrichit des expériences de chacun et qui permet à un langage vivant et en mouvement de rebondir d’une idée à l’autre. Un dialogue prolongé qui ouvre des horizons infinis et stimule le pouvoir d’agir… Car comme le suggère Hannah Arendt : « Les mots justes, trouvés au bon moment, sont de l'action ».

Un langage responsable qui donne de l’attention

Jeanne Bordeau scrute les métamorphoses du langage dans les entreprises. Pour elle, les évolutions du langage de l’entreprise et de la marque sont éloquentes car elles sont le reflet des transformations sociétales et des nouvelles attentes des « consomm’acteurs ». C’est aussi le langage qui exprime la culture des organisations et façonne leur relation avec l’ensemble de leurs parties prenantes.

Elle voit émerger un langage responsable et attentionné, incarné par des « entreprises qui ont une âme » et qui parlent avec cœur et raison au plus près de l’oreille de leurs clients. Pour adopter le ton juste, elles fondent leur langage sur la « parole source » de leurs équipes et des personnes de métiers et d’expertise. Une « langue de preuve » héritée d’un savoir-faire et d’un savoir-être incarnés, une langue fiable et juste chargée d’une histoire et de la sédimentation d’une culture.

Néanmoins, si le langage des entreprises est aujourd’hui construit pour susciter plaisir et émotion auprès de ses clients, il doit viser les mêmes vertus en interne… Une Symétrie des attentions qui pose comme principe fondamental que la qualité de la relation entre une entreprise et ses clients est symétrique de la qualité de la relation de cette entreprise avec l’ensemble de ses collaborateurs. [à lire aussi : Collaborateur vs Client ? Et si on visait plutôt l’alignement des expériences…] C’est pourquoi, ce langage empreint de justesse et d’attention doit également s’ancrer au cœur de l’entreprise, dans les relations interpersonnelles, en exprimant de l’écoute, de la bienveillance et de la considération. Fort heureusement, les organisations ont pris conscience de l’enjeu de capitaliser sur l’intelligence relationnelle de leurs forces vives en investissant le champ de la communication interpersonnelle. Parce que l’entreprise est un organisme vivant, elle construit sa valeur économique sur les multiples connexions tissées entre ses différentes parties prenantes. Elle a ainsi la capacité à redonner au langage ses lettres de noblesse dans ses rangs. Pour Jeanne Bourdeau : « mieux on maîtrise le langage, mieux l’on va » car formaliser et dire avec justesse libère de ce que nous ressentons et ouvre la voie à des échanges constructifs et sincères.

L’entreprise a également pour mission de cultiver un dialogue de qualité qui prend sa source au cœur du travail. [à lire aussi : Manager, c’est se réapproprier l’essence (les sens) de la communication… et favoriser le dialogue] Donner la parole aux collaborateurs pour débattre des règles, des contraintes, des ressources…de leur activité, c’est les reconnaître dans leur autorité sur leur métier et c’est leur donner le pouvoir d’agir au sein de leur organisation, voire en dehors. Elle a donc un rôle déterminant à jouer pour conforter le « vivre ensemble » qui s'y joue et prendre soin de la qualité du lien social qui s'y noue. Car l’entreprise n’est pas hors de la société, elle est la société !

Lorsque l’on franchit la porte du « camp de base » d’Oslandia, en plein cœur de Lyon, on perçoit au premier coup d’œil ce qui fait la spécificité de cette entreprise : quelques postes de travail répartis en hexagone dans un open space , de grandes parois transparentes, un petit salon très cosy où sont installés les invités. Pas de téléphone qui sonne, pas de bruits de conversation, l’ambiance qui règne ce jour-là est particulièrement feutrée…

Je suis accueillie par Jeanne Cartillier, chief office manager (à défaut d’une appellation en français adaptée à la nature et la diversité de ses tâches), dont la mission est d’assurer le bon fonctionnement global de l’entreprise en pilotant notamment l’administration générale, les ressources humaines, les finances et la comptabilité, la communication, mais également l’organisation interne et la vie d’une équipe distribuée… Une fonction que Jeanne assume avec l’appui d’Inès, assistante Office Manager en contrat de professionnalisation, aux côtés de Vincent Picavet, cofondateur et CEO de l’entreprise, à partir du « camp de base » de Lyon.

Je reviens volontairement sur cette appellation de « camp de base », recueillie dans la bouche même de Jeanne, qui marque la singularité d’Oslandia. Et pour bien comprendre ce que traduit cette idée, j’ai cherché à quelle définition elle se rapportait… Après avoir écarté les notions de « lieu de stationnement d'une unité militaire » ou de « campement où l'on plante sa tente », je me suis arrêtée sur une définition bien plus conforme à l’environnement tel que je le découvrais : « partie, par opposition à une ou plusieurs autres parties »… Car ce « camp de base » n’est qu’une petite partie d’Oslandia ; le socle d’une « équipe distribuée », organisation très répandue dans le secteur de l’IT. Secteur dont est issue l’entreprise, spécialisée dans l’architecture de Systèmes d’Information Géographiques et le développement de logiciels cartographiques open source.

Pour comprendre le choix de cette organisation, il faut revenir à la création d’Oslandia, en 2009, par deux cofondateurs situés l’un à Paris et l’autre à Chambéry. Le travail à distance s’est naturellement imposé du fait de l’éloignement géographique des deux associés mais aussi comme un modèle d’entreprise naturel pour des profils de développeurs rompus au travail nomade. Depuis lors, la totalité des recrutements des fonctions de production (profils d’ingénieurs-développeurs) est assurée en 100% télétravail.

Si le recours au télétravail est courant dans l’IT, car il permet notamment d’attirer les meilleurs talents, quel que soit leur lieu de vie, et ainsi de consolider une richesse d'expertise ; les équipes qui travaillent 100% à distance sont néanmoins encore relativement rares. Et pour cause… L’impact de ce modèle est certes inestimable en termes d’agilité et de liberté d’action ; pour autant, il nécessite un cadre extrêmement structurant et une exigence suprême en matière d’organisation.

Un idéal d'ouverture et d'autonomie

Forte de 10 ans d’existence, Oslandia est une PME mature. Une maturité éprouvée jusque dans ses effectifs, dont la moyenne d’âge est de 35 ans, qui permet à l’entreprise de partager une vision et un socle de valeurs communes, fondés sur la responsabilité et l’autonomie.

L'équipe d'Oslandia s'est habituée au fait que l’entreprise soit régulièrement rangée du côté des startups dans les salons, et cela fait sourire : « Nous ne sommes pas une startup, non seulement du fait de nos dix ans d’existence, mais également car nous ne sommes pas dans une logique de levée de fonds. Notre modèle est celui d’une PME en croissance raisonnée. »

En qualité d’éditeur et d’expert en logiciels open source, Oslandia contribue activement à l’évolution des logiciels cartographiques libres et s’engage dans la communauté open source, via ses projets clients mais également par une politique d’entreprise affectant 10% du temps de travail de ses collaborateurs (soit environ 20 jours par an) à de la contribution open source laissée au libre choix de chacun.

La dimension open source chez Oslandia constitue à la fois un socle de valeurs communes, un modèle économique et un cercle vertueux qui favorisent l’excellence technique et l’émulation grâce à des modes de fonctionnement comme l’évaluation par les pairs (Peer Review).

« La culture open source façonne un état d’esprit d’humilité car elle encourage la contribution individuelle à un bien commun. Chez Oslandia, cela se traduit notamment par une posture d’ouverture à la discussion, à l’argumentation, et son corollaire : l’écoute et la capacité à se laisser convaincre. »

Libérer l'agilité avec le télétravail

Le télétravail participe aussi pleinement à un cadre de confiance revendiqué par Oslandia. Concrètement, le télétravail s’illustre par une auto-organisation du temps de travail et des horaires flexibles, à travers le forfait jour fixé par accord d’entreprise, qui offrent une grande liberté aux collaborateurs pour concilier leur vie professionnelle et personnelle. Le travail à distance est un aiguillon incitant à défricher et tester sans cesse de nouvelles méthodes de collaboration pour tendre vers l’efficience.

« C’est très stimulant car on invente des modes de fonctionnement adaptés à nos besoins au fur et à mesure qu’ils se dessinent, avec parfois des zones grises juridiques avec lesquelles nous devons composer ! Le télétravail est un défi quotidien à partir duquel nous avons bâti notre modèle managérial. Une hygiène de travail qui nous oblige à penser notre organisation avec le maximum d’attention. »

Chez Oslandia, l’autonomie et la responsabilisation de chacun des collaborateurs et collaboratrices s’adosse à un cadre et des process structurants, au prix d’une exigence forte. L’organisation et l’animation d’une équipe distribuée est synonyme de véritables défis managériaux, parmi lesquels : la cohésion d’équipe au quotidien, ainsi que le partage de l’information et la transparence.

L'attention au service de la dimension humaine et collective

Dans le cadre d’une organisation basée à 100% sur le travail à distance, sans interactions régulières en présentiel, comment permettre de tisser des liens étroits entre les collaborateurs et collaboratrices ? Le premier enjeu pour l’entreprise est donc de souder l’équipe autour de valeurs communes et de créer les conditions d’une interconnaissance approfondie et d’échanges réguliers, formels et informels, pour nourrir l’esprit d’équipe.

Si l’attention à la dimension humaine et collective est au cœur du modèle d’organisation en télétravail d’Oslandia, cette attention cultivée en continu est centrale dans les missions de Jeanne. Cela se traduit par une palette de rendez-vous et rituels aux objectifs complémentaires et structurants.

Les « sessions corpo », des séminaires résidentiels dans des lieux d’exception « au vert » qui réunissent trois fois par an l’ensemble des collaborateurs et collaboratrices, en constituent la pierre angulaire. D’ailleurs, sauf cas de force majeure, personne ne manque à l’appel de ces quatre jours intenses de cohésion et de co-production autour du projet d’entreprise.

« Les « sessions corpo » demandent un gros travail de préparation pour passer au tamis les sujets prioritaires à aborder que ce soit au niveau stratégique, technique, organisationnel… pour stimuler l’intelligence collective et coproduire des feuilles de route opérationnelles sur chacun des thèmes abordés. »

Indépendamment des temps de détente et de convivialité, chaque session se déploie autour de séquences rituelles qui constituent des repères dans la culture du travail en équipe :

Lorsqu’exceptionnellement un collaborateur vient à manquer à l’appel de ce temps fort de la vie de l'entreprise, un binôme se voit confier la mission de réaliser un vlog (courte vidéo) rétrospectif de chaque journée, mémoire vivante du séminaire.

L'équipe Oslandia réunie en "session corpo".

Ces « sessions corpo » sont précieuses pour consolider le sentiment d’appartenance et booster la motivation sur la durée. Pour autant, elles doivent être complétées de rituels de communication interne qui viennent jalonner le quotidien à distance, amplifier la fonction d’écoute et accompagner au jour le jour les besoins de chacun.

« Nous sommes attachés aux rituels quotidiens comme se dire bonjour le matin et au revoir en fin de journée sur le chat de l’équipe ».

Des rituels qui, chez Oslandia, peuvent prendre la forme de « pauses café virtuelles » lancées de façon inopinée par un collaborateur via le chat et auxquelles toute personne peut se joindre en fonction de ses disponibilités, comme nombre de salariés ont coutume de le faire autour de la machine à café…

Comme le souligne Jeanne : « Un des risques clairs du télétravail avec forte autonomie et responsabilisation des collaborateurs est le surinvestissement. Nous devons redoubler d’attention, notamment dans les phases de fin de sprint et de fin projet, où la gestion du temps peut être génératrice de stress, a fortiori quand on est seul devant son ordinateur. La fréquence des pauses café virtuelles est à ce titre un excellent indicateur du niveau de pression et de plan de charge de l'équipe ».

Pour appréhender les éventuels problèmes liés à la charge de travail, ou aborder toute question individuelle relative à l’activité, Jeanne anime tous les vendredis matin les « rendez-vous prise de pouls », un dialogue ouvert d’un quart d’heure avec chaque collaborateur. Menés en visioconférence, ces temps de discussion et d’écoute sont essentiels pour interroger les besoins de chacun et apporter du soutien le cas échéant. Sur les volets connaissance de soi et des autres, et communication interpersonnelle, l’entreprise est par ailleurs accompagnée par une psychologue-coach depuis plusieurs années.

Pour que ces temps d’échanges soient fluides et efficaces, et l’organisation optimisée, Oslandia a sélectionné avec exigence les outils de partage et de communication que sont wiki, chat, visioconférence… Des outils essentiels pour le travail en mode collaboratif et précieux au regard de la politique de transparence totale de l’entreprise tant sur l’activité commerciale que sur l’activité de production.

« Chez Oslandia, tout est très documenté, dans une logique de versioning chère à la production du code informatique et qui s’applique à tout type d’échange documentaire. Une activité qui génère en moyenne 50 à 100 notifications par jour ! On doit donc être très attentifs au « signal bruit » et à la charge mentale générée par ce souci de transparence ».

Au terme de cet entretien avec Jeanne Cartillier, deux mots se sont instantanément imposés pour traduire la nature du modèle organisationnel singulier d’Oslandia : « attention » et « humilité ». Une attention aux processus et aux signaux faibles pour contrecarrer et traiter le plus finement possible les défis quotidiens posés par le travail à distance. Et une humilité incarnée par un effort continu pour remettre le travail sur l’ouvrage, afin d’adresser de façon agile les problématiques d’une organisation vivante comme celle d’Oslandia.

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