Systématiquement, lorsque j’anime ma conférence « En leadership, quel est mon meilleur guide, mon ego ou mon intention ? », une personne dans la salle se dresse pour défendre l’ego et soutenir combien il est essentiel pour conforter son leadership… Voilà qui illustre le paradoxe de l'ego. Il est très malin puisqu’il a réussi à se faire une place prépondérante dans la tête de nombre de personnes qui croient qu’il est le socle de leur identité. En réalité, l’ego est un faux ami, un imposteur ! Il est une construction de notre mental faite de nos croyances et de nos peurs. N’est-il pas un peu risqué de bâtir notre leadership à partir de nos peurs ?

L’ego est partout ! Il s’immisce dans nos relations, est en embuscade dans nos postures, prend le dessus dans nos décisions… C’est la raison pour laquelle nous le confondons avec notre identité. Il se manifeste par cette petite voix que nous entendons dans notre tête et qui nous assène encore et encore « tu es trop ci », « tu n’es pas assez ça », en nous comparant en permanence.

Depuis notre plus tendre enfance, nous avons acquis le réflexe de nous comparer aux autres, à nos frères et sœurs, à nos camarades de classe… Ce réflexe s’est ancré avec les années, nous invitant à nous juger et nous conduisant à nous conformer à l’image de ce qui serait bien ou mal. C’est cela l’ego, un filtre que l’on s’est fabriqué pour ne pas se montrer tels que nous sommes vraiment, comme les filtres avec lesquels nous jouons sur notre téléphone pour nous montrer plus beaux, plus jeunes…

L’ego porte en lui la quintessence de nos blessures, de nos peurs et de nos croyances ! C’est une construction mentale, une représentation que l’on a de soi-même, des autres et du monde. L’ego est une fausse identité en quelque sorte, un imposteur né de notre besoin de nous protéger des menaces qui semblent planer comme des ombres sur notre vie.

Notre mental, nourri par nos peurs et nos croyances, nous conduit ainsi à endosser des rôles qui font écran à notre vraie nature, à nous affubler de masques pour nous montrer tels que nous devrions être et non pas tels que nous sommes réellement. Comme une partie de nous qui s’exprimerait à notre place, verrait et entendrait à notre place… Nous ne réalisons pas à quel point notre ego dirige notre vie ! Quand il prend le pouvoir, nous sommes dans notre mental, dans l'illusion, pas dans notre identité. [A lire aussi : « Soigner son intention, c’est dire STOP aux ruminations ! »]

« C’est un peu comme si vous n’habitiez plus votre corps, n’écoutiez plus votre cœur, ne ressentiez plus votre existence : vous interprétez la réalité, le plus souvent en la déformant, vous prêtez aux autres des intentions qui ne sont pas les leurs, vous projetez vos peurs, vos problèmes, vos doutes, vos attentes. Vous réfléchissez les événements au lieu de les vivre. Car le mental ne connaît que le passé et le futur. Le mental vous coupe du présent. » confie Laurent Gounelle dans son roman Et tu trouveras le trésor qui dort en toi.

Ce « moi » qui nous sépare de soi et des autres

Les philosophes, lorsqu’ils parlent de l’ego, le qualifie souvent du « moi ». Le philosophe Pierre Guenancia, dans son ouvrage L’homme sans moi, le dépeint comme ce personnage que nous croyons être, voire que nous jouons, comme un rôle que nous endossons.

Le « moi » est cette force qui tend à ramener tout à soi, ce « moi » tyrannique qui veut tout pour lui-même. Pour se sentir exister, il dépend du regard des autres et de la valeur qu’ils lui reconnaissent ; il se regarde lui-même dans le regard des autres. Avec les années, ce « moi » familier et rassurant, est devenu une sorte d’idole, à laquelle nous nous identifions, supérieure et unique. A tel point que nous venons à penser que si nous ne sommes pas ce « moi », nous ne sommes rien !

Victor Hugo, dans Les Misérables, évoque « le moi si enflé qu’il ferme l’âme ».

L’ego a besoin de se sentir unique et différent. En cela, il nous sépare des autres et nous éloigne de notre vraie nature qui, au contraire, tend à l’union. Notre ego peut même nous pousser à l’opposition, au conflit et à la division pour se sentir exister, comme en témoignent les jeux de pouvoirs auxquelles nous nous adonnons parfois dans nos relations.

En s’aimant lui-même, il s’empêche d’aimer une autre personne que lui, du moins d’un amour désintéressé. Pour le « moi », l’amour qu’il donne à l'autre n'est pas gratuit ; il doit lui revenir majoré du témoignage d’amour et de reconnaissance de la personne aimée.

Né de nos peurs, il exerce sur nous une grande emprise dont nous sommes prisonniers et qui nous empêche d’avoir le recul nécessaire et la liberté de nous voir autrement. Pourtant, il est possible de se libérer de sa tyrannie en comprenant qu’il n’est qu’un imposteur.

Notre ego n’est pas notre identité !

Pour sortir de l’emprise de l’ego, encore faut-il prendre conscience de son existence et des raisonnements erronés dans lesquels il nous confine.

Voici quelques exemples de manifestations de notre ego. Il est à l’œuvre lorsque :

Dès lors que nous avons démasqué notre ego, que nous avons mis à jour ces rôles qu’il nous presse de jouer pour nous montrer « plus ceci » ou « moins cela », ne soyons pas trop durs avec lui. Après tout, il n’a cherché qu’à nous protéger de notre peur d’être rejetés ! Il est incapable de connaître nos besoins profonds, c'est-à-dire ce qui nous rend vraiment heureux, car il n’est qu’une création mentale. Il revisite en permanence les expériences du passé et croit que nous allons toujours vivre la même souffrance dans le futur.

Observer notre vie, comme un témoin extérieur, est un bon moyen d'identifier les masques dont nous nous affublons depuis des années et de ne pas entrer dans son jeu. Lorsque nous détectons les filtres de notre ego à l’œuvre et que nous ressentons une forme de décalage, d’inconfort, le temps est venu de les déjouer. Cela signifie qu’à ce stade nous sommes capables de nous montrer tels que nous sommes vraiment, et prêts à en assumer les conséquences.

Sortir de ce « moi » dans lequel nous sommes restés enfermés toutes ces années demande du courage. Quitter le confort de l’ego pour s’aventurer à la découverte de soi requiert de l’audace et la curiosité d’aller explorer ce que cela fait d’être soi ! [A lire aussi : « En leadership, quel est mon meilleur guide, mon ego ou mon intention ? »]

S’entraîner sans cesse à ramener son attention vers le présent, ce qui se déroule « ici et maintenant », permet de distinguer la réalité, des scénarios inventés de toutes pièces par notre mental. Déconstruire les filtres de notre ego implique que nous les regardions bien en face, en étant à l’affût de nos comportements dissonants et inhibants, ceux-là même qui nous éloignent de notre vraie nature et nous empêchent d’exprimer qui nous sommes. C’est une discipline quotidienne qui nécessite beaucoup de patience et de détermination ; une poursuite de petits pas pour tester des comportements plus alignés, valider leur justesse et les ancrer durablement.

Cet entraînement à dépasser nos peurs et nos croyances pour nous aligner avec nos aspirations profondes est un formidable catalyseur d’énergie. Car l’ego est très consommateur de ressources pour parer aux menaces qu’il perçoit partout et tout le temps. Au fur et à mesure que nous nous libérons de son emprise, nous regagnons en énergie pour construire une vie plus compatible avec nos désirs.

Mes sources d'inspiration :
L’homme sans moi - Pierre GUENANCIA
Et tu trouveras le trésor qui dort en toi - Laurent GOUNELLE
Qui dirige votre vie, vous ou votre ego ? - Ecoutetoncorps.com - Lise BOURBEAU

Je n’ai jamais autant pris la mesure de l’impact des rencontres dans ma vie que depuis que j’en ai changé… Est-ce à dire que les grandes étapes de transformation qui jalonnent notre existence sont émaillées de rencontres clés, voire que ces transformations sont favorisées par les personnes que nous rencontrons sur notre chemin ? Oui, c’est une évidence : la rencontre est au cœur de l’aventure de notre existence. Pourtant, ce que l’on pourrait croire être l’œuvre du hasard, se provoque, en se tenant prêt.e à accueillir les rencontres.

J'ai donc décidé de les ritualiser, de me nourrir aussi souvent que possible du plaisir de la rencontre dans un principe de réciprocité. C’est-à-dire de gratifier mes journées de « rencontres augmentées », ces moments précieux de pleine présence à soi et à l’autre, d’où chacun repart comme « augmenté », plus grand, plus intense, plus profond… En plaçant la rencontre comme centrale dans le déroulement de ma vie, le champ des possibles s’est ouvert, telle une invitation à « sortir de moi », à quitter ma zone de confort. Dans la rencontre, je me suis rendue disponible pour accueillir ce que la vie m’offrait à travers l’autre, et donner à mon tour.

Pourquoi certaines rencontres nous donnent-elles l’impression de renaître ? Cette question que pose l’ouvrage de Charles Pépin : La Rencontre, une philosophie, traduit l’extrême puissance de cette aventure humaine qui peut nous bouleverser au plus haut point.

Rencontrer l’autre, c’est accepter d’être troublé, bousculé

Charles Pépin nous partage sa définition : le mot « rencontre » vient du vieux français « encontre ». Il exprime « le fait de heurter quelqu’un sur son chemin » et renvoie donc à un choc avec l’altérité. Deux êtres entrent en contact, se heurtent, et voient leurs trajectoires modifiées.

Quelque chose se produit, que nous n’avons pas choisi, qui nous prend par surprise : c’est le choc de la rencontre. Ce trouble qui nous étreint a une double résonance. Il nous porte vers l’autre, cet inconnu qui nous étonne et nous attire à la fois, pour qui nous ressentons perplexité et curiosité. Le choc de la rencontre nous renvoie également vers cette partie de nous-même qui nous échappe. Comme un retour à soi, il nous révèle à nous-même.

Selon le philosophe, dans la rencontre, l’autre m’intéresse, au sens le plus noble ; il m’intéresse même deux fois. Une première en tant qu’autre qui m’éblouit et me questionne. Une seconde en tant qu’occasion de progresser.

Rencontrer l’autre, c’est une invitation à explorer un autre monde

Pour Charles Pépin : « Rencontrer quelqu’un, c’est se trouver projeté au seuil d’un monde nouveau, happé par l’envie de l’explorer ; c’est une invitation au voyage. »

La rencontre nous aspire vers un ailleurs, un territoire inconnu et nous élève au rang d’explorateur. Le choc laisse place à une vibration, un désir intense de découvrir l’autre, de déplier le paysage dans lequel il est enveloppé et s’y promener.

Dans ce voyage, nous faisons l’expérience de l’altérité, en découvrant un autre point de vue, en acceptant de se décentrer pour voir les choses à travers son regard. Ce rapprochement d’horizons différents produit une pensée nouvelle et permet à chacun de progresser, de s’ouvrir à la vision de l’autre, sans renier la sienne, mais en l’approfondissant. Il s’agit de faire exister l’autre à ses côtés, dans son altérité. Se donner la chance de voir le monde avec les yeux de l’autre nous autorise à ressentir les choses avec son cœur.

La première rencontre a une saveur toute particulière. Ce moment où nous croisons le chemin de cette personne pour la première fois. Il peut nous sembler que nous la connaissions déjà, que nous avions rendez-vous avec elle. Ce sentiment d’évidence que nous ressentons lorsque l’inconnu nous semble si familier donne à la rencontre une forme de durabilité, l’espoir que l’autre reste un mystère à découvrir sans fin.

Il existe autour de moi quelques « personnes ressources » avec lesquelles je pourrais goûter au plaisir de la rencontre, encore et encore. Les retrouver me procure curiosité et joie, comme une soif inextinguible de les découvrir vraiment. Car chacune de nos rencontres est l’occasion d’approfondir et de croiser nos facettes respectives.

« Nous n’avons jamais fini de faire le tour de l’autre » écrit le philosophe Alain Badiou.

Parfois, une rencontre a lieu pour accompagner une transformation ou impulser la naissance d’un projet. Avoir rencontré l’autre nous donne des ailes. Nous allons additionner nos talents pour écrire une histoire ensemble et créer quelque chose de plus grand que nous, que nous ne pouvions accomplir seul.e.

Le signe que la rencontre a lieu est l’excitation que ce projet provoque en nous, cette envie de s’engager sans tarder, la certitude que nous allons faire équipe et ensemble réaliser de grandes choses. La rencontre permet alors de dépasser nos craintes ou nos angoisses, attachées à notre propre histoire, comme l’autre le fait avec les siennes. Ainsi, s’ouvre un champ des possibles inédits : du seul fait de la rencontre, le pouvoir de l’un s’accroît de celui de l’autre.

Lorsque nous changeons au contact des autres, nous comprenons combien nous avons besoin d’eux pour devenir nous-mêmes.

Nous avons besoin de rencontrer l’autre pour nous rencontrer

« Le plus court chemin de soi à soi passe par autrui » nous partage le philosophe Paul Ricoeur.

Si la rencontre est première, marquée par un mouvement hors de soi, où nous restons un temps fasciné par l’autre, vient le moment où nous revenons à nous-même, où nous intégrons cette rencontre dans notre propre histoire, où nous en faisons quelque chose pour nous-même.

Pour Charles Pépin, au fond, c’est comme s’il y avait deux rencontres simultanées : à travers l’altérité de l’autre se révèle l’altérité en nous. En s’aventurant hors de soi pour aller à la rencontre de l’autre, nous éprouvons cet ailleurs pour nous-même, nous goûtons à une nouvelle identité, échappée de notre conditionnement social.

Heureusement, certaines rencontres nous arrachent à ce cadre social dans lequel nous sommes enferrés. Elles produisent un choc capable de fissurer notre carapace et de faire souffler un vent de liberté sur notre identité figée.

Ces rencontres-là se jouent sur une fréquence transformatrice, elles ébranlent toutes nos croyances. Les émotions qu’elles génèrent provoquent un débordement qui abolit les limites ordinaires et laissent place à un espace infini pour exister pleinement.

Le trouble, la curiosité et le désir de se lancer sont les premiers signes de la rencontre en train de se faire. Puis l’expérience de l’altérité et la transformation sont les signes d’une rencontre qui se continue et produit ses effets.

Encore faut-il être disposé.e à la rencontre…

Nous avons tous connu des rendez-vous manqués ! La rencontre n’a pas eu lieu pour une raison ou une autre, avec son lot de déception et de frustration. Pour réussir la rencontre, Charles Pépin relève trois dispositions préalables.

Sortir de (chez) soi

Rencontrer quelqu’un, c’est s’arracher à sa position de sujet autocentré pour s’ouvrir à la perspective de l’autre. C’est provoquer la chance en faisant un pas de côté, rompre avec les habitudes qui nous engourdissent. C’est aussi être prêt à accueillir ce qui se présente, le bon comme le mauvais. Se lancer l’esprit ouvert, moins concentré sur le but qu’attentif à tout le reste.

Notre époque ne nous encourage pas suffisamment à l’action. Comment oser partir à la rencontre de l’imprévu, se jeter dans l’inconnu avec confiance, quand le mot d’ordre est à la prévision, à l’anticipation, au risque calculé ?

« Une vision gestionnaire de l’existence a triomphé des conceptions aventureuses de la vie » selon Charles Pépin.

Avec son mantra « J’y vais-je vois », le philosophe nous invite à la rencontre. Car la vie véritable, essentielle, repose précisément sur ce qui échappe à l’anticipation. Y aller vraiment, c’est y aller sans vraiment être prêt.

Se rendre disponible à la rencontre

Des attentes trop précises risquent de nous faire manquer la rencontre. Développons donc notre disponibilité en goûtant à l’excitation que connaît l’aventurier. Sortons de chez nous, enthousiaste à l'idée de ne pas savoir à quoi nous attendre.

« Plutôt qu’abolir le hasard, embrassons-le et jouons avec lui. […] Laisser le hasard présider à nos destins est souvent la promesse des plus belles rencontres » nous encourage Charles Pépin.

Nous rendre disponible, nous demande d’assouplir nos attentes, nos critères, nos préjugés. Pareils à des œillères, ces derniers restreignent notre champ de vision et nous empêchent d’envisager ce qui pourrait faire notre bonheur. Débarrassons-nous de nos restrictions, remettons en question nos habitudes et nos certitudes. Expérimentons notre aptitude à ne pas savoir.

Moins nos attentes sont précises, plus nous sommes ouverts à ce que le moment peut nous offrir dans le présent. Il ne s’agit pas d’une attention focalisée vers un but précis, mais d’un état général d’éveil. Là s’exprime la vraie disponibilité.

La rencontre exige cette disponibilité-là, être capable de prendre son temps, de la perdre aussi, de s’arracher à la dictature des choses à faire, à la pression de l’urgence. En discutant de tout et de rien, en flânant, nous nous donnons le loisir de rencontrer profondément, de vivre un moment hors du temps. Nous nous autorisons un instant de grâce en nous livrant entièrement à la rencontre.

Laisser sa vulnérabilité s’exprimer

S’autoriser à tomber le masque, se départir de son « meilleur profil » pour se montrer sous un jour moins lisse, plus sincère. Lorsque nous assumons nos doutes et nos craintes, lorsque nous osons les exprimer ouvertement, sans fard ni faux-semblant, alors s’ouvre un espace où la rencontre devient possible.

Nous croyons que ce masque social dont nous nous affublons nous protège, alors qu’il nous isole et nous éloigne des belles rencontres. Oser se montrer vulnérable permet de briser d’un coup tout un jeu de postures et de rôles qui font barrage à la rencontre.

« Il y a une faille en toute chose, c’est par là qu’entre la lumière » chante Léonard Cohen.

Se montrer vulnérable autorise l’autre à faire de même, à se montrer comme il est, sans craindre d’être jugé, à laisser surgir ses émotions, en écho à sa propre histoire.

Le dénominateur commun à ces trois dispositions à la rencontre est la confiance. Avoir confiance en l’action et son pouvoir de reconfigurer le réel. Avoir confiance dans l’imprévu et dans l’inconnu pour se découvrir autre. Avoir confiance en nous-même pour oser se « mettre à nu ». La meilleure façon de rencontrer les autres est de leur faire confiance.

Dans la rencontre, nous vivons littéralement un choc à retardement ! Un temps pour le choc initial, un temps pour l’assimiler. Un temps pour être désemparé, un temps pour agir et s’aventurer dans sa propre existence. Un temps pour s’oublier, un temps pour revenir à soi.

Nos rencontres nous permettent, en nous tournant vers les autres, d’exister au plus haut point possible par la conscience commune que nous avons l’un de l’autre.

La découverte de l’autre, et plus encore, sa redécouverte permanente dans une rencontre perpétuellement augmentée, est un rendez-vous avec soi, en même temps qu’une exploration du monde.

Honorons ces rencontres qui chaque jour tissent la toile de notre vie !

Les vacances m’inspirent bien souvent des textes plus personnels. Comme si la pause estivale m’invitait au retour sur soi. Évidemment, un livre n’est jamais loin. En l’occurrence, ce livre-ci, je ne l’ai pas choisi ; c’est un cadeau. Il s’intitule « Être à sa place », par la philosophe Claire Marin. Un titre qui sonne très juste alors qu’exceptionnellement cette année, mes vacances d’été ont pour principal décor mon jardin. C’est donc baignée par l’énergie de l’érable argenté trônant au pied de ma maison que j’ai dévoré ce livre qui, pour le coup, m’a fait voyager. Car, comme l’envisage Claire Marin, le propre d’une place est de sans cesse se déplacer ou de déplacer celui ou celle qui croit pouvoir s’y installer…

Quitter la place qui nous rétrécit

« Être à sa place », la question se pose bien souvent lorsque nous ressentons un inconfort, le sentiment de se rétrécir et de s’enliser inexorablement dans les sables mouvants de la déchéance. Il peut arriver que la place que l’on s’est pourtant choisie tourne au cauchemar, que l’on s’y trouve coincé.e, empêché.e. Lorsque chaque matin, reprendre le chemin du travail nous fait suffoquer et que la proximité de notre bureau provoque panique et malaise, il faut fuir, fuir pour s’en sortir… Même si la destination n’est pas connue, nous savons combien il est vital d’échapper à ce confinement.

« S'arracher comme on arrache les mauvaises herbes, s'extraire pour ne pas pousser de travers. »

Fuir pour sauver sa peau revient parfois à s’exiler, disparaître du champ, le temps nécessaire pour se refaire – une santé – retrouver la confiance et renaître ailleurs, presque anonyme. Pas facile de disparaître, on y laisse des plumes, des amis, des choses qu’on aimait faire, quand même. Et puis, dans cet espace-temps où notre vie est suspendue, entre l’avant et l’après, dans cette parenthèse de rien, on reprend son souffle. Seul.e avec soi-même, l’imagination fait son œuvre, et dans ce tête-à-tête solitaire, on retrouve une place où créer un ailleurs.

Souvent, cette parenthèse de rien fait peur. Car on ne sait pas être dans le rien, surtout lorsque l’on vient de s’extirper de l’agitation d’un tourbillon de non-sens. Après le vacarme, le silence est assourdissant. Après le monde qui grouille d’esprits difformes, la solitude est effrayante. Alors, on apprend à écouter le silence. On apprend à percevoir les signaux émis par notre corps ; ceux que l’on n’avait pas su entendre jusqu’ici, malgré le corps qui crie. On sent l’inflexion de notre état intérieur, sa douce inclinaison du mode survie au mode vie. La paix reprend sa place.

Dans ce reset complet, nous pouvons nous réinventer. S’envisager autrement, sans nécessairement tirer un trait sur ce que nous étions, simplement se mettre à jour. En se libérant de toute contrainte, de nouvelles possibilités s’offrent à nous, qui n’attendaient que notre pleine et entière attention, dans l’espace créé hors des limites de notre mental et de nos peurs. S’extraire du temps et de l’espace permet d’entrevoir un au-delà du soi, ce soi qui nous était familier jusqu’ici, de dépasser le cadre de référence. Cet état suspendu donne une hauteur de vue pour surplomber le champ des possibles, une forme de souplesse pour s’agrandir et voir à hauteur de ses rêves.

Tracer sa route pour faire sa place

Lorsque le désir d’ailleurs se précise et l’appel du mouvement vibre dans toutes les cellules de notre être, il est temps de se mettre en chemin pour tisser la continuité de notre vie. Cette fois-ci, il ne s’agit plus de fuir, mais de s’ouvrir vers l’extérieur, de créer une brèche pour laisser passer la lumière. En suivant la lumière, comme un guide, le chemin se dessine, notre pas se fait plus sûr, jusqu’à trouver l’élan pour s’aventurer vers cet ailleurs qui nous attire. Dans le même temps, nous faisons la place pour que cet ailleurs s’immisce en nous et prenne ses marques.

Chacun à son rythme. Certains préfèrent arpenter les nouveaux espaces que le hasard a mis sur leur route, tel un pèlerinage. Goûtant avec curiosité les nouvelles saveurs que leur procure ce voyage itinérant en terres inconnues. D’autres préfèrent tracer leur route, avides de conquêtes, près à risquer leur vie « hors de soi », arpentant ces nouveaux territoires comme des opportunités à investir. Cultiver sa disponibilité intérieure permet d’accueillir l’inattendu dans la joie et l’enthousiasme.

« Il faut parfois faire tourner notre vie sur elle-même pour qu’elle s’insère parfaitement dans un lieu tout autre, qu’elle s’offre à un nouvel espace. »

Certaines terres se montrent naturellement hospitalières, nous ouvrant en grand les portes et nous accueillant spontanément dans notre altérité. Là où pour d’autres, il faut « montrer patte blanche », se faire introniser, jouer des coudes, ou finalement renoncer face à une trop forte hostilité. Lorsque l’espace résiste, se pose bien souvent la question de notre adéquation avec cette place. Est-elle réellement faite pour nous ?

C’est là toute la différence entre « faire sa place » et « forcer la place ». Peut-être avons-nous mal visé ! Cette place-là n’était pas bonne pour nous. Pour autant, cette épreuve nous a permis de voir plus juste pour ne pas rater notre cible la prochaine fois.

Attention également aux places en trompe l’œil. Elles ont l’air de nous aller comme un gant, comme taillées sur mesure. En s’insérant parfaitement dans l’espace en creux, comme la pièce manquante du puzzle, nous nous soustrayons à l’expérience d’apprendre de nouvelles choses, de nous jeter à l’eau et de grandir encore. Car être à sa place dans la vie est une évolution permanente.

La place dans le mouvement perpétuel

Paradoxalement, « être à sa place » ne signifie pas élire domicile, poser ses valises et se fixer une fois pour toutes, tel un arbre ou une montagne, immuables. Au risque de se voir rattrapé.e par l’immobilisme, l’isolement et l’habitude, premières causes de notre cécité et de notre surdité.

C’est, au contraire, faire l’expérience de la légèreté ; flotter dans l’existence au gré du mouvement de la vie. Nous découvrons notre place dans le désordre et les perturbations existentielles, en nous adaptant sans cesse aux aléas, aux turpitudes, faisant ainsi émerger nos ressources insoupçonnées.

Nous sommes en réalité des êtres sans cesse déplacés, comme portés par le vent ou les courants, ballottés d’une place à l’autre, loin de notre direction initiale. Tantôt pressés par un vent en rafales, tantôt ralentis par sa chute subite.

« Peut-être n’arrive-t-on jamais quelque part, quand on a tant traversé pour y parvenir. Comme si l’épreuve du trajet s’était substituée au lieu, comme si la dynamique et l’effort du mouvement s’étaient imprégnés en nous plus définitivement, telle une inquiétude caractéristique de notre personnalité, comme si cette oscillation entre le point de départ et d’arrivée était devenue une sorte de mouvement intérieur, une intranquillité impossible à calmer. »

Habiter la vie, c’est se mouvoir avec elle, danser avec elle, se couler dans son rythme, marcher dans ses pas, créer l’harmonie avec sa fréquence. En lâchant la volonté et en faisant confiance à la vie, on cesse de chercher le bon endroit. On n’a plus peur de se perdre. C’est justement là qu’on se trouve.

La place est en moi !

Habiter la vie, c’est aussi faire corps avec elle car la place est en nous ! Elle est l’empreinte de notre désir d’être et de devenir. Il nous appartient de désencombrer l’espace pour que ce désir puisse s’exprimer clairement en nous et à l’extérieur de nous. Reconnaître ce désir, l’écouter, le questionner, le partager, le mettre à jour, revient à prendre sa place, jour après jour.

Habiter sa vie, c’est habiter son corps. Ce corps qui a conservé les traces, les mémoires du vécu des places antérieures, celles où on s’est abîmé.e, épuisé.e, disloqué.e. Le corps se souvient, des années plus tard, et il se rappelle à nous lorsque l'on prend la mauvaise route, que l’on choisit la mauvaise place, encore. Le corps est pugnace ; il continue à nous parler, quand bien même nous avons été sourd.e et aveugle à ses signaux par le passé. Le corps est malin, il reproduit les mêmes troubles, les mêmes maux ; il réveille les mêmes schémas pour que la tête se rappelle.

Lorsque nous sommes à notre place, le corps s’étire dans sa plénitude, il respire la paix et nous gratifie d’une joie douce. Comme dans un alignement d’énergies, nous ressentons la cohérence et la synchronisation de toutes les fonctions de notre organisme. Notre corps a son propre langage, sa propre musique, qu’il nous faut apprendre à décoder pour entrer en harmonie avec les expériences de la vie.

Être à sa place, c’est danser de tout son être avec la vie, dans un mouvement et une impermanence perpétuels. Tel un funambule en quête d’équilibre, c'est s'entraîner chaque jour à poser un pied devant l’autre sur le fil tendu par l’existence, tantôt lâche, tantôt rigide...

Toute ma vie, j’ai entendu cette phrase : « Tu es trop gentille ! ». Je ne dirai pas que j’en ai souffert, simplement, j’ai régulièrement ressenti de l’inconfort à me voir classée dans la catégorie des « gentils », avec toutes les représentations que cela sous-entend. Aujourd’hui, j’ai compris combien cette forme d’intelligence – car c’est bien ce dont il s’agit – m’a été précieuse tant dans mon évolution personnelle que dans mes relations. Je réalise que mon ouverture du cœur est un cadeau qui me conduit chaque jour à faire les choix qui sont les meilleurs pour moi et à construire des liens solides et puissants avec les autres et le monde.

Rétrospectivement, je vois clairement les manifestations de mon intelligence du cœur car j’ai toujours su décrypter mes désirs profonds. A quatorze ans, j’avais déjà une vision très précise du métier vers lequel je voulais m’orienter. Par la suite, mes choix professionnels ont toujours été dictés par ma sensibilité du cœur. Dans mes relations amicales ou amoureuses, il en a été de même ; j’ai rarement été trompée par mes élans du cœur. Même s’il m’est arrivé de ne pas être en mesure de justifier instantanément d’une attraction ou d’une répulsion, la raison m’est apparue clairement un jour ou l’autre. Cependant, c’est bien là que se trouve la limite de l’intelligence du cœur, me semble-t-il, car si nous savons nous écouter et traduire nos intentions en actes, le motif de ces dispositions et bien souvent inaccessible. Pour permettre à l’intelligence du cœur de se déployer pleinement, nous devons donc faire preuve d’une grande confiance dans nos choix.

Aujourd’hui, l’intelligence du cœur est une capacité reconnue scientifiquement. La recherche en neurosciences a permis de découvrir que le cœur possède son propre système nerveux intrinsèque : un réseau de nerfs fonctionnellement sophistiqués décrit comme le « cerveau du cœur » contenant plus de 40 000 neurones. Ce petit cerveau donne au cœur la capacité d’évoluer de façon indépendante, de traiter l’information, de prendre des décisions, et même de démontrer un type d’apprentissage et de mémoire. Le cœur est donc reconnu comme un système intelligent qui influe directement sur le traitement des émotions et les facultés cognitives, en lien avec le cerveau de la tête et le cerveau du ventre.

Pour comprendre la place centrale qu’occupe notre cœur dans notre système neuronal, je vous invite à vous immerger dans l’ouvrage du psycho-praticien et thérapeute quantique Stéphane Drouet, intitulé L’intelligence quantique du cœur.

Stimuler notre conscience

Stéphane Drouet, présente notre corps comme un média à part entière, un système d’information qui, sous l’influence de données extérieures, émet des signaux vers le centre de liaison et de coordination qu’est notre cerveau (de la tête) via nos ramifications nerveuses. Ces torrents d’informations qui circulent en nous à chaque instant pour rejoindre notre cerveau sont très majoritairement inconscients puisqu’ils relèvent d’un fonctionnement automatique. En effet, la plus grande partie de notre activité corporelle et psychique échappe à notre conscience qui ignore plus de 99 % des informations captées par nos sens. Cette intelligence automatisée est une merveilleuse mécanique qui nous permet de consommer un minimum d’énergie au quotidien.

Pourtant, les 60 000 à 70 000 pensées quotidiennes inconscientes, que nous ressassons de jour en jour, nous maintiennent dans des schémas du passé, construits sur la base des expériences et des perceptions que nous avons déjà vécues. [A lire : « Soigner son intention, c'est dire STOP aux ruminations ! »] Alors comment actualiser ces informations issues du passé et les mettre à jour sur la base de notre réalité au présent ? Selon l’auteur, c’est en capitalisant sur le 1 % d’espace de conscience, ce canal ouvert à de nouvelles informations, que nous pouvons en permanence créer de nouvelles connaissances, de nouvelles compétences qui, à force de répétition, vont s’ancrer dans l’inconscient, et devenir à leur tour réflexes et automatiques.

Si nous souhaitons sortir des programmes érigés par notre inconscient à partir des empreintes émotionnelles de notre petite enfance, nous devons stimuler notre conscience sur ce que nous captons de la réalité dans le présent.

J’aime beaucoup l’image utilisée par Stéphane Drouet quand il évoque ce phénomène. Il décrit l’inconscient comme « notre bulle d’histoire d’enfant qui nous entoure de manière invisible, comme un halo qui porte toutes nos joies et désillusions, tous nos espoirs et désespoirs. Et surtout, qui nous influence dans l’expression de nos émotions, comme des programmes automatiques qui se déclenchent, et qui nous interdisent de ressentir et penser autrement que par l’intermédiaire de ces informations portées par cette bulle qui nous entoure. Comme une mémoire que nous transportons avec nous et qui nous dit comment agir et réagir, et qui influence nos perceptions, nos interprétations des gestes et comportements des autres ».

Ces programmes de pensées récurrentes associées à nos dépendances émotionnelles constituent seulement le tiers de notre potentiel neurologique. A côté, figure un vide neurologique immense correspondant aux idées, questions, pensées ou émotions que nous n’avons jamais ou quasiment jamais eues. Voilà pourquoi il nous est plus facile de dire ce que nous ne voulons plus mais très difficile d’identifier ce que nous voulons vivre de différent à la place. Car dans ce vide, nos circuits sont débranchés et nous sommes incapables de penser avec les pensées de ce vide car nous n’avons jamais pensé dans ce sens. En conséquence, changer d’avis, de croyance, de valeurs, de modèle du monde, de philosophie de vie, nous demande une énergie considérable, car les circuits ne sont pas créés. Ou plutôt, certaines connexions neuronales se sont débranchées au fil des années. Car à l’âge de deux ans, l’enfant dispose d’un maximum de connexions neurologiques au regard de son potentiel génétique. Puis, en fonction de nos interactions avec nos parents, notre famille, notre environnement scolaire…et des émotions qu’elles génèrent, nous allons privilégier certaines connexions plutôt que d’autres, pour préserver notre sécurité, jusqu’à créer le vide que nous venons d’évoquer.

L’idée est ici de retrouver notre génie d’enfant, en recréant de nouvelles connexions, pour nous reprogrammer dans un sens qui est bon pour nous, dans notre réalité du présent. Cela signifie ouvrir les deux yeux, au lieu d’un seul, pour percevoir l’intégralité des informations de la situation, au-delà de notre vide neurologique du cerveau de la tête.

Reconnecter nos 3 cerveaux

Pour la plupart d’entre nous, il n’existe qu’un cerveau, celui de la tête. Or, nous savons aujourd’hui que notre plein potentiel émane des connexions neuronales entre nos trois cerveaux.

Dans les années 1960, les docteurs américains Baule et Mac Fee découvraient un nouveau cerveau autonome qu’est celui du cœur, fait de 40 000 neurones. Puis, ce fut le scientifique Michael D. Gershon dans les années 1990, qui mis à jour l’intelligence du ventre, à travers son cerveau entérique, fait de 200 millions de neurones. Certains diront que face aux 100 milliards de neurones du cerveau de la tête, ces intelligences sont bien dérisoires. Pourtant, on sait en neurologie que ce qui fait l’intelligence, ce n’est pas le nombre de neurones, mais le nombre de connexions entre les neurones.

Pour redevenir des êtres complets, nous avons la responsabilité de faire dialoguer entre elles nos trois intelligences.

Nous avons d’abord appris à nous alimenter et penser par le ventre (survie par le cerveau entérique) puis à penser par le cerveau de la tête pour agir et évoluer dans ce monde (évolution personnelle). Il est temps d’apprendre à penser par le cœur pour être en lien avec l’autre (évolution universelle).

Selon l’auteur : « ce n’est pas un hasard si le cerveau du cœur se trouve entre le cerveau des émotions (ventre) et celui des pensées (tête), grâce au nerf vague qui relie les trois. Il permet de les rééquilibrer, de les synchroniser, de les réconcilier. Et réconcilier l’enfant (émotions) et l’adolescent en nous (pensées), pour accéder à l’adulte (lien). Le cœur est le grand réconciliateur. Il permet de mettre en cohérence, en congruence nos pensées et nos émotions, de les mettre en paix ».

Et la nature est bien faite ; tout est conçu en nous pour que ces trois cerveaux soient en lien ! Notre cerveau de la tête, pour communiquer avec les autres cerveaux, présente une « succursale » de chacun des deux cerveaux. Il est non pas le chef d’orchestre général, comme on pourrait le croire, mais le serviteur, soit du ventre, soit du cœur. Le reptilien et le limbique sont les deux « succursales » du cerveau du ventre, le néocortex est propre au cerveau de la tête et le préfrontal est la « succursale » du cerveau du cœur.

Le cerveau du cœur émet nos désirs, le cerveau de la tête les reçoit du champ et les transmet, notre cerveau du ventre les ressent émotionnellement.

Le ventre, notre cerveau originel

Le cerveau originel est celui du ventre car nous sommes intrinsèquement des êtres émotionnels ; nos émotions circulent à une vitesse qui dépasse largement celle de nos pensées.

Comme le rappelle Doc Lew Childre Jr, fondateur du Heartmath Institute : « nos réactions émotionnelles se présentent dans l’activité cérébrale avant même que nous ayons eu le temps d’y penser. Nous évaluons tout d’une façon émotionnelle à mesure que nous le percevons. Si l’énergie émotionnelle est plus rapide que l’énergie mentale, comment pouvons-nous espérer gérer nos émotions avec nos pensées ? La cohérence du cœur aide à équilibrer notre état émotionnel ».

Emotion vient du latin « emovere » qui signifie mouvement. Une émotion est donc une énergie qui nous met en mouvement. En soi, l’énergie émotionnelle est neutre. C’est la sensation générée et la réaction physiologique qui rendent une émotion positive ou négative et ce sont les pensées qu’elle suscite qui lui donnent un sens. Car le cerveau de la tête agit en « miroir » de celui du ventre. Que les émotions soient positives ou négatives, c’est l’affaire du mental. Il va aller chercher les expériences et croyances héritées du passé ou de l’éducation pour étiqueter chaque émotion. Elles sont également des amplificateurs de nos pensées et de nos perceptions. Lorsque nos émotions sont en déséquilibre, notre vision de la vie est déformée.

Le développement de l’intelligence du cœur nous permet d’observer nos émotions, de les accueillir pour les vivre autrement, et en créant de la cohérence, d'équilibrer notre état émotionnel.

Le cerveau de la tête, un paradoxe

Notre cerveau de la tête est une incroyable merveille de technologie. Il a mis des centaines de milliers d’années à se perfectionner pour répondre aux défis changeants de son environnement. Pourtant, paradoxalement, il est animé de forces contraires qu’il n’arrive pas à concilier. En effet, il n’y a rien de commun entre sa partie primaire, le reptilien, qui gère des fonctions essentielles à la survie, et le cortex, qui élabore des représentations mentales, communique avec ses semblables, planifie des actions, conceptualise... Selon Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et auteur du livre Le bug humain : « le premier n’a même pas de conscience. Quant au second, il pourrait soulever des montagnes tant sa puissance est immense, mais il n’a pas d’objectif clairement établi. C’est un colosse aveugle ».

Stéphane Drouet considère que les pathologies viennent du conflit entre le cerveau du ventre et le cerveau de la tête, entre les pensées et les émotions. Le cerveau du cœur vient les réconcilier, les synchroniser. Au lieu de les séparer, il les remet en lien.

Le cœur, le cerveau du lien et du sens

Très tôt, notre cœur et notre thymus, sa glande associée, subissent une décroissance. Selon Galien, médecin dans l’Antiquité, le thymus est le berceau de l’esprit et de l’âme. Il le décrit comme l’organe de purification du système nerveux. Il fut le premier à observer que de la naissance à la puberté, la taille du thymus augmente. Puis, à la puberté, le thymus subit un processus appelé « involution », qui définit sa décroissance progressive avec l’âge. Stéphane Drouet relie ce processus au fait que, très tôt dans notre vie, nos liaisons neuronales avec le cœur se sont déconnectées. Nous sommes alors séparés de notre cœur qui ne sait plus voir l’amour en tout. Un autre amour prend alors le dessus, celui du ventre, qui aime de manière conditionnée. Notre amour devient alors conditionné à nos attentes envers notre environnement : « Si tu m’aimes comme je l’attends, alors je serai certain que tu m’aimes ».

Tant que nos circuits neurologiques du cœur sont débranchés, nous vivons dans un monde très réduit. Or, c’est le cerveau du cœur qui peut percevoir ce qui est inaccessible pour nous aujourd’hui, dans le vide neurologique du cerveau de la tête ; c’est lui qui peut nous écarter peu à peu de nos dépendances émotionnelles, et construire une civilisation adulte et universelle.

« Seul le cœur peut apprendre à décoder l’insondable, à travers ses formes trompeuses. Il voit le sens à travers le brouillard épais des émotions et des perceptions du ventre qui nous trompent. »

Pour réapprendre à « penser avec le cœur », Stéphane Drouet nous dévoile les rôles du cœur quantique :

Nous sommes responsables de tout ce que nous créons par nos pensées, nos émotions et nos désirs en construisant un champ de cohérence en nous et autour de nous. Pour cela, nous devons faire en sorte que nos trois cerveaux émettent sur la même longueur d’ondes, en cohérence, pour construire des vies fidèles à ce que nous sommes et inspirer ceux qui nous entourent par notre rayonnement. Car une personne en cohérence rayonne et entraîne dans son sillage.

Viser la cohérence du cœur

Pour Stéphane Drouet : « la cohérence du cœur est une puissante source de cohésion et de stabilité émotionnelle. Une source de confiance, d’harmonie, de convivialité et de paix intérieure. Un acte civique et responsable ».

Ce champ de cohérence du cœur a également un rôle déterminant dans nos prises de décisions car notre mental, nos émotions et nos sentiments synchronisés s’accordent pour faire les meilleurs choix pour nous dans un discernement et une clairvoyance aiguisés. C’est dans cet état de cohérence du cœur profond que tous les choix deviennent accessibles, que toutes les réponses à nos questions sont disponibles. C’est dans cet état de neutralité, que tout existe, que tout devient possible. [A lire : « Le désir est l'essence de l'homme... sa source est inépuisable ! »]

Lorsque vous respirez en vous concentrant sur votre cœur pendant plusieurs minutes et tous les jours, votre cerveau de la tête se met alors au diapason de cette cohérence et c’est tout votre être qui devient cohérent. A travers leurs ondes électriques, les champs des cerveaux du cœur, de la tête et du ventre se synchronisent. Ils font de même avec les champs électromagnétiques aux alentours, avec lesquels ils s’enchevêtrent, en commençant par vos enfants, votre compagnon, vos parents, vos amis, vos clients… Tout le monde est gagnant. Ils se transmettent de la paix, de la cohérence, de la sérénité.

« Notre chemin est un chemin de transformation par le cœur. »

L’intelligence du cœur se déploie à travers trois pratiques quotidiennes interdépendantes : la cohérence, l’attention et l’intention. Ce trio permet de mettre en lien nos quatre dimensions d’être humain, à savoir les dimensions émotionnelle, mentale, intuitive et corporelle.

La cohérence : je fais ce que je suis

C’est la cohérence du cœur qui, par la loi d’entraînement en physique, va entraîner toutes les autres fonctions de notre système vers la cohérence. Donc, c’est le cerveau central du cœur qui entraîne tous les autres vers la performance.

La pratique quotidienne de la cohérence cardiaque permet de mieux gérer ses émotions, apporte sérénité, endurance, confiance, favorise la créativité, l’intuition, et la prise de hauteur face aux aléas de la vie.

Je mets de l’attention à vivre qui je suis

Apprenons à nous focaliser sur ce qui est bon pour nous, dans l’instant présent. Cela consiste à la fois à muscler notre concentration, à élever notre niveau de conscience mais aussi, à coordonner tous nos cerveaux, sans oublier notre corps, pour que tout fonctionne ensemble.

L’intention : j’envoie des messages à la vie en cohérence avec qui je suis

C’est la cohérence intérieure, c’est-à-dire apprendre à mettre en adéquation nos actions avec nos désirs, nos pensées avec nos désirs : je fais ce que je suis, je fais ce que j’aime.

Cela nécessite de s’entraîner chaque jour à interroger nos désirs, dans notre cœur, notamment lorsqu’un choix se présente à nous, dans la perspective d’un événement nouveau… pour se mettre en chemin avec joie et détermination et ainsi, avoir un impact positif sur nous, les autres, la vie. [A lire : « Avez-vous pris soin de vous accorder avec votre intention aujourd'hui ? »]

Ce triangle magique cohérence-attention-intention est capital pour notre écologie personnelle, au même titre que manger, dormir… La répétition quotidienne de ces pratiques est essentielle si nous voulons, à côté de nos programmes de survie, développer des programmes de croissance et d’évolution. S’entraîner continuellement afin de créer entre nos trois cerveaux des circuits durables et automatiques qui feront de nous des êtres équilibrés, des êtres de haute cohérence, des êtres de cœur, tout simplement.

Mes sources d'inspiration :
L'intelligence quantique du cœur de Stéphane DROUET
VIVRE LIBRE - L'intelligence du cœur influence nos pensées

A l’heure de la sobriété énergétique, je vous propose de vous connecter à une ressource inépuisable et pourtant méconnue, vecteur de joie et d’épanouissement : votre désir ! Il fait partie des ressources encore mal connues car accéder à son désir requiert d’aller explorer au plus profond de son cœur. Et pour la plupart, nous n’avons pas appris à écouter notre cœur, à sonder au-delà du bruit de fond produit par notre ego… Car je ne parle pas ici de notre désir de posséder toujours plus, guidé par notre mental, mais du désir comme moteur de notre vie et guide pour nous réaliser ! Pour vous montrer le chemin, je me suis inspirée des philosophes, car ils ont observé que le désir tient un rôle essentiel dans la vie et que notre bonheur, le nôtre et celui de notre entourage, dépend de sa maîtrise.

Pour vous mettre sur la piste de votre désir, j’ai trouvé un formidable manuel d’éducation au désir signé par le philosophe et sociologue Frédéric Lenoir à travers son dernier livre Le désir, une philosophie.

Frédéric Lenoir est convaincu que nous ne trouverons notre liberté et une joie véritable qu’en cultivant nos désirs les plus personnels et en les orientant vers des objets qui nous font grandir, qui donnent du sens à nos vies, qui nous permettent de nous réaliser pleinement selon notre nature singulière.

En revisitant les philosophes de l’Antiquité d’Orient et d’Occident à aujourd’hui, il pointe deux clés de compréhension du désir humain dont nous faisons tous l’expérience : le désir-manque, qui nous apporte du plaisir, mais qui peut aussi nous conduire à la convoitise, à l’envie et à l’insatisfaction permanente ; et le désir-puissance, qui nous élève jusqu’à la joie parfaite, mais qui peut aussi nous conduire à une forme de domination ou d’excès s’il n’est pas réglé par la raison. Selon F. Lenoir, notre existence oscille bien souvent entre les deux et si nous aspirons à la sérénité et à la joie, il est nécessaire de se concentrer sur le désir-puissance, d’apprendre à le discerner et à bien l’orienter.

Notre cerveau est configuré pour désirer toujours plus

C’est avec Platon, que nous découvrons le désir-manque. Il présente l’être humain comme un perpétuel insatisfait qui ne cesse de désirer ce qu’il n’a pas. Nous sommes tous familiers de ce processus sans fin : nous désirons jusqu’à ce que nous obtenions l’objet de notre désir pour finalement nous en lasser et reporter notre désir sur un nouvel objet à désirer, dont nous allons également finir par nous lasser… Le désir-manque est largement exploité par la société de consommation dans laquelle nous évoluons !

Pour expliciter ce processus, F. Lenoir met en lumière les travaux du chercheur en neurosciences Sébastien Bohler qui propose une synthèse des recherches scientifiques sur le cerveau humain dans son lien avec le désir et le plaisir. Il met en cause une partie archaïque de notre cerveau : le striatum, programmé depuis des millions d’année pour la survie de l’individu et de l’espèce. Chaque fois que notre quête de nourriture, de sexe, de pouvoir ou d’information est couronnée de succès, le striatum libère de la dopamine, la molécule du plaisir. Motivés par notre cerveau, nous sommes donc naturellement en quête de ce plaisir occasionné par la satisfaction de nos désirs.

« Notre cerveau est configuré pour en demander toujours plus, même quand ses besoins sont satisfaits » précise Sébastien Bohler (XXIe siècle)

Le striatum nous pousse ainsi, de manière compulsive, à désirer toujours plus ! Cette tendance au toujours plus est renforcée par la comparaison sociale, inscrite dans nos gènes, qui nous incite à nous comparer à nos semblables et à vouloir posséder davantage qu’eux. Nous désirons ce que les autres désirent (désir mimétique), ce que les autres possèdent (convoitise) et nous comparons notre bonheur au leur (envie).

Dans l’expression de ce désir-manque, conduit par notre striatum vers une insatisfaction permanente, se joue la manifestation de notre ego. Pour enrayer cet appauvrissement du désir et contourner les effets de notre cerveau, il nous appartient de nous connecter à nos désirs profonds, porteurs de notre singularité et de notre élan vital.

Cultiver notre désir pour augmenter notre puissance vitale

C’est le philosophe hollandais Baruch Spinoza qui constate la place centrale que tient le désir dans notre existence. Le désir est une force qu’il faut cultiver pour nous sentir de plus en plus vivants, pour augmenter notre puissance d’action et pour grandir dans la joie. Il définit le désir-puissance comme cet appétit conscient qui nous pousse à persévérer dans notre être et à augmenter sans cesse notre puissance vitale.

« Le désir est l’essence de l’homme » écrivait Spinoza au XVIIe siècle.

L’être humain est selon lui un être désirant qui jouit pleinement de la vie grâce au désir. Un être humain qui ne ressent plus aucun désir est un mort-vivant. Lorsque nous sommes sourds à notre désir, nous diminuons notre puisse d’être et d’action et nous ressentons de la tristesse. Lorsque nous écoutons notre désir, nous augmentons notre puissance vitale et nous ressentons de la joie.

Pour grandir dans la joie, il nous revient d’orienter nos désirs vers des idées, des choses, des personnes, des aliments qui sont bons pour nous et qui s’accordent bien avec notre nature singulière. Pour cela, nous devons soumettre nos désirs au discernement de notre raison, voire de notre intuition si nous l’avons développée. C’est par l’observation minutieuse de nous-même, par l’introspection, par l’expérience de la vie, que nous parvenons à déceler et à nous connecter aux désirs qui sont bons pour nous et font notre bonheur.

Nietzsche, quant à lui, emprunte à Spinoza cette force désirante de l’être humain qui le pousse à grandir, à prospérer et à agir, qu’il baptise « volonté de puissance ». Comme Spinoza, il admet que pulsions, désirs et passions peuvent nous avilir, c’est pourquoi, il convient selon lui de les spiritualiser, de les embellir, de les élever par la raison et par les effets les plus nobles que sont l’amour, la gratitude et la joie.

Nietzsche dépeint l’être humain désirant comme un surhomme qui assume pleinement la vie, qui dit « un grand oui sacré » à la vie, car il l’aime telle qu’elle est, et non pas telle qu’il voudrait qu’elle soit.

« Nietzsche nous invite donc à affirmer notre volonté de puissance, à désirer pleinement, à nous dépasser, à développer notre créativité, mais aussi à acquiescer au monde et à la vie » nous partage F. Lenoir.

Avec le philosophe Henri Bergson, nous continuons à marcher dans les pas de Spinoza et de Nietzsche, à travers sa théorie de « l’élan vital » qui désigne ce mouvement créateur permanent qui accompagne l’évolution de la vie et des êtres. Il permet non seulement à la vie de dépasser les obstacles qui se présentent, mais aussi de migrer continuellement en créant de la nouveauté.

Cet élan de vie se caractérise par une « formidable poussée intérieure ». Nous sommes tous soutenus, traversés, tirés par l’élan vital, qui nous incite à progresser, à grandir, à nous adapter, à évoluer, à créer et à nous inventer.

Pour F. Lenoir, cultiver notre puissance vitale, comme le soulignent Spinoza et Nietzsche, ou cultiver l’élan vital, à l’invitation de Bergson, nous conduit à désirer en nous sentant pleinement vivants. Mais, plus que l’objet du désir, c’est le mouvement même du désir qui importe dans le sens où il nous inspire, nous fait agir, nous rend créatifs.

Oser désirer, avec intensité et détermination

« Malheur à celui qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. » Jean-Jacques Rousseau (1761)

Les philosophent nous engagent ici à oser désirer et à écouter nos désirs. Or, bien souvent, nous n’avons pas conscience de nos désirs profonds et ne savons pas comment nous y connecter. Si nous sommes conscients de notre désir, nous pouvons avoir des difficultés à les exprimer et le chemin vers leur réalisation est donc bloqué. Alors, comment identifier ces désirs qui pourraient nous mettre dans la joie ?

Le médecin et penseur suisse Carl Gustav Jung a placé ces questions au cœur de sa pratique thérapeutique et de sa réflexion. Pour lui, la question du sens de la vie et centrale. Selon Jung, il existe deux grandes voies pour répondre à ce besoin vital de sens : la religion et le processus d’individuation. Une croyance religieuse structurante fournit en effet à l’être humain un dispositif de sens qui l’aide à vivre et qui répond à son besoin fondamental d’avoir une représentation du monde et de son existence qui satisfasse la totalité de son être (conscient et inconscient). Ce besoin peut aussi provenir, pour des individus non religieux, d’un travail psychologique et spirituel, que Jung appelle le « processus d’individuation », et qui consiste à devenir l’individu singulier que nous sommes, à accéder à notre véritable personnalité. Il s’agit d’accueillir et de faire grandir ce qui pousse en soi, de conscientiser le mouvement singulier de notre puissance vitale et d’identifier ainsi nos désirs les plus profonds et personnels. A la suite de Spinoza, Nietzsche et Bergson, Jung est donc convaincu que chaque individu est mû par une force intérieure qui le pousse à s’accomplir, à se réaliser de manière unique, d’où le mot « individuation ».

« Il s’agit de dire oui à soi-même », écrit Jung.

Pour y parvenir, Jung nous invite à écouter les messages de notre inconscient, notamment à travers nos rêves et les synchronicités (les troublantes coïncidences qui se manifestent parfois dans nos vies), à faire tomber le masque social que nous portons et qui dissimule notre véritable personnalité et à identifier nos désirs les plus intimes et les plus forts, ceux qui nous mettent dans la joie.

Jung a ainsi mis à jour une loi universelle de l’être humain : ce besoin de s’accomplir de manière singulière en réalisant sa personnalité, en accomplissant sa vocation profonde. S’aligner avec nos désirs, nous procure une joie et une énergie intenses, et la détermination à aller jusqu’au bout de ce que nous entreprenons.

« Plus l’âme désire avec intensité, plus elle rend les choses agissantes, et le résultat est semblable à ce qu’elle a souhaité » écrivait le grand théologien médiéval Saint Albert le Grand (XIIIe siècle).

Dans sa carrière, F. Lenoir nous confie avoir expérimenté cette vérité absolue : l’univers répond bien souvent aux désirs les plus profonds et les plus justes de notre cœur. J’observe combien ce constat se vérifie, à titre personnel, en osant prendre ma place dans une nouvelle trajectoire professionnelle, et via le chemin parcouru par les personnes que j’accompagne dans la clarification de leur intention. Lorsque nous sommes alignés avec nos désirs, tout s'aligne !

Mettre de la conscience sur nos désirs pour mener une existence juste et bonne

« La manière dont nous orientons nos désirs n’a pas seulement un effet sur notre vie personnelle : elle impacte aussi notre entourage, la société dans laquelle nous vivons et aujourd’hui la planète entière » souligne l’auteur.

En matière de désir, la question essentielle à se poser est la suivante : mon désir s’exprime-t ’il dans « l’être » ou « l’avoir » ? Si nous plaçons essentiellement notre désir dans le domaine de l’avoir, nous demeurons éternellement insatisfaits et restons prisonniers des pulsions de notre cerveau primaire. A l’inverse, si nous sommes mus par un accroissement de notre être, nous ne sommes jamais frustrés car la connaissance, l’amour, la contemplation de la beauté, le progrès intérieur nous comblent.

Dans son livre Avoir ou être. Un choix dont dépend l’avenir de l’homme (1976), le psychanalyste et sociologue américain Erich Fromm affirme que du choix que l’humanité fera entre ces deux modes d’existence dépend sa survie même. « Pour la première fois dans l’histoire, la survie physique de la race humaine dépend du changement radical du cœur humain ».

Un rééquilibrage entre l’avoir et l’être, entre l’extériorité et l’intériorité, entre les besoins du corps et les besoins de l’âme, entre la conquête du monde et la conquête de soi, est plus que jamais nécessaire. Pour mener une existence juste et bonne, nous devons mettre de la conscience sur nos désirs. Cela suppose une très grande soif de vérité. C’est parce que j’ai un très grand désir de vérité que je serai capable de dépasser mes désirs-manque, mes peurs et mes croyances et de les soumettre objectivement à la vérité des faits et du réel. Cette urgence à bien penser est devenue vitale pour F. Lenoir.

« La survie de nos sociétés dépend de cette juste orientation de nos désirs et cela ne peut se faire sans qu’ils soient polarisés par le respect du vivant, le souci d’autrui et la recherche de vérité. Il est donc plus que jamais nécessaire de mettre de la conscience sur nos désirs. Tel est sans doute le plus grand défi de notre époque. »

Personnellement, je m'emploie chaque jour à conscientiser mes désirs et à les expliciter, pour comprendre et me faire comprendre de mon entourage sur ce qui m'anime dans ma vie. Cet entrainement quotidien à cultiver, nourrir et m'aligner avec mes désirs est un processus puissant qui me met en mouvement avec détermination et efficacité, et me procure une joie immense !

Pour diffuser la puissance du désir et stimuler le pouvoir d'agir autour de moi, j'ai choisi de guider les individus et les collectifs qui souhaitent se connecter à leur nature profonde en contribuant à faire émerger leur singularité et à se réaliser dans l'action avec énergie et impact.

Et vous, mettez-vous de la conscience sur vos désir ?

Je fête aujourd’hui un bel anniversaire, celui de ma liberté professionnelle ! Voilà 3 ans que j’ai quitté le salariat et je savoure chaque jour un peu plus le goût de cette liberté nouvelle. Non pas la liberté de ne plus travailler mais la liberté de choisir ma route, mon histoire professionnelle. La liberté d’explorer de nouveaux horizons, de me tromper, de bifurquer et d’incarner pleinement ma contribution à l’œuvre que j’ai choisi d’accomplir.

Car c’est bien d’accomplissement dont il est question. Ça n’est pas la liberté que je suis allée chercher en premier lieu en quittant mon emploi de salariée ; c’est la nécessité de combler un désir d’accomplissement personnel dans ma vie professionnelle. Un désir d’expansion, de dépassement de soi littéralement ! La valeur « liberté » ne m’est apparue que récemment, comme la seule voie possible face à une crise que j’ai dû traverser.

« La liberté ne se définit pas par la quantité de choix, mais elle se construit à partir des obstacles qu'elle trouve sur son chemin... » souligne la philosophe Gabrielle Halpern.

La liberté n’est donc pas un acte posé là, une décision que l’on prend. Elle commence par s’insinuer dans notre vie, subtilement, dans les interstices de notre Désir de travail. Elle profite de l’espace que nous lui accordons pour s’y introduire et lorsque ce Désir de travail est bien clair, notre liberté peut s’exprimer pleinement.

Puiser à la source de notre Désir de travail

Quand on cherche à comprendre en quoi consiste la liberté dans le travail, il est utile de commencer à se questionner sur son Désir de travail. Cette notion a été développée par Roland Guinchard, psychologue et psychanalyste et Gilles Arnaud, psychosociologue et professeur de psychologie des organisations à l'ESCP, dans leur ouvrage Psychanalyse du lien au travail. Le désir de travail. [A lire aussi : « Savoir donner toute sa place à notre désir, dans le travail… »]

Pour les deux auteurs, la question du Désir de travail se pose à tous car il existe chez tout être humain une énergie pulsionnelle orientée vers l’action et la réalisation :

« Cette poussée énergétique brute, en s’intégrant à la psychologie de l’individu au cours des premières années de sa vie, se transforme alors en un désir d’agir et de faire à la recherche d’un accomplissement en ce monde… »

Dans leur ouvrage, ils proposent de changer de regard : plutôt que de chercher à mettre un peu de désir dans le travail, faire apparaître que le travail est partie intégrante du désir humain

Toute personne qui travaille ou souhaite travailler, doit donc s’attacher à ne jamais renoncer à son désir et s’engager à faire absolument quelque-chose de ce désir-là ! Pas seulement une petite place, ni n’importe quelle place car le désir de travail est exigeant. Chacun d’entre nous a donc la responsabilité de clarifier son Désir de travail pour lui donner toute sa place.

Alors que je m’efforçais en vain depuis des années de donner un nouveau souffle à ma carrière dans la communication, j’ai dû me rendre à l’évidence que mon Désir de travail était ailleurs… Il m’a fallu traverser de nombreux écueils pour, à chaque fois, être amenée à creuser un peu plus profondément en moi et trouver enfin la source de mon Désir de travail. Alors, le temps est venu d’en parler, à toutes les personnes susceptibles de m’aider à le préciser encore et encore, à le comprendre, à le rendre tangible, accessible… jusqu’à me sentir complètement au clair et alignée avec ce Désir de travail.

C’est à ce moment-là que les premiers indices de liberté sont apparus. A travers le sentiment que tout devenait possible grâce à la nouvelle activité que j’étais en train de me construire, au gré de rencontres et d’opportunités. [A lire aussi : « Quand tout devient possible ! »]

Assez naturellement, est né ensuite le besoin de nourrir ce désir de travail en s’aventurant dans de nouvelles contrées pour continuer à apprendre et ainsi, me dépasser. Car, selon Spinoza, le désir est un effort pour persévérer dans son être. Cette période où l’on explore le champ des possibles, où l'on se « jette à l’eau » pour apprendre encore et challenger ses capacités, est d’une richesse incroyable ! On repousse les limites toujours plus loin pour s’augmenter et tendre vers la liberté. Pour le penseur indien Jiddu Krichnamurti, apprendre est un mouvement qui libère l’esprit et qui ouvre en grand l’espace dans lequel notre Désir de travail peut s’exprimer.

Selon Jiddu Krichnamurti, la liberté intérieure est impossible sans cet espace intérieur.

« La liberté est un état d’esprit. Un état d’esprit qui ne peut être compris sans l’espace. La liberté exige de l’espace. L’esprit ne peut-il jamais être libre s’il ne possède pas à l’intérieur de lui-même un espace illimité ? »

A ce moment-là, après que j’ai créé l’espace permettant à mon Désir de travail de s’épanouir, j’ai pris conscience combien la valeur liberté était devenue cruciale pour moi.

Libérer les énergies dans le travail

Si l'on s’inspire de la conception énergétique du désir de Spinoza, faire toute sa place au Désir de travail revient à déployer une puissante énergie au service d’une mission qui nous tient à cœur.

L’enjeu pour l’entreprise et le management se situe dans leur capacité à donner aux personnes qui travaillent la liberté d’agir, de créer et de s’accomplir autant que possible dans leur activité professionnelle. Pour cela, il convient de prendre en compte la singularité de chaque individu et de reconnaître l’énergie humaine qui est à l’œuvre dans son travail. [A lire aussi : « Trouver sa juste place au travail, c’est permettre à sa singularité de s’exprimer pleinement »]

Récemment, Marie, une jeune manager que j’accompagne me partageait son intention de faire monter en compétence son équipe pour que chaque individu gagne en autonomie et prenne ses responsabilités dans ses missions. Et là, perplexe, elle constatait qu'en réaction, la plupart des membres de son équipe s’étaient mis en retrait de leurs responsabilités. Pour bien comprendre, il faut savoir que cette équipe a longtemps travaillé « sous cloche », dirigée par un manager omniprésent qui commandait la moindre tâche à effectuer. Cette liberté subitement offerte par leur nouvelle manager est apparue très effrayante pour une équipe qui a longtemps été maternée.

Pour permettre à ses collaborateurs de prendre la mesure de leurs responsabilités, Marie, doit donc veiller à faire émerger le Désir de travail de chacun des membres de son équipe. Inscrire ces désirs individuels dans une ambition commune et une exigence forte invitant au dépassement. Et rendre visible par la reconnaissance le chemin parcouru et le fruit des efforts consentis par chacun.

« Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité » Victor Hugo

Dans son ouvrage Travail, la soif de liberté, le DG de la Word Employment Confederation, Dennis Pennel milite pour un modèle plus organique d’entreprise, qui passe par une meilleure reconnaissance et un meilleur respect de la nature humaine, où l’être humain est considéré d’abord pour ce qu’il apporte plus que pour ce qu’il exécute.

Il pointe la naissance d’un nouvel âge du travail, réconcilié avec la liberté, pour répondre à une aspiration profonde des travailleurs vers plus d’autonomie et moins d’autorité. Il dépeint dans son livre le « besoin d’air » qu’éprouvent nombre de salariés face à des prescriptions de plus en plus contraignantes et une charge de travail de plus en plus stressante.

Denis Pennel accuse la « perte de soi-même » car beaucoup de travailleurs n'ont le sentiment d’être eux-mêmes qu’en dehors du travail ; dans le travail, ils se sentent en dehors d’eux-mêmes.

Donner le meilleur de soi, dans le travail

Denis Pennel nous invite à introduire une forme d’écologie humaine au travail : « tout comme l’écologie de la nature doit entendre le cri de la planète, celle du travail doit écouter le cri de hommes ! »

Le travail a connu de nombreux bouleversements ces dernières années. Tout d’abord avec le déploiement du télétravail, le travail est de moins en moins un endroit où se rendre qu'une activité à mener. Dans le même temps, les heures de bureau ont volé en éclat ! Autre phénomène observé par Josh Bersin, analyste pour Deloitte : « Dans le monde d’aujourd’hui, les gens ne sont plus embauchés pour un poste mais plus pour des rôles qu’ils vont occuper. Ils sont responsables de « missions » et de « projets » et plus simplement d’une fonction ».

Pour autant, même si aujourd’hui le travail s’est affranchi de l’espace, du temps, de la fonction, il étouffe encore dans un cadre trop rigide et coercitif conçu à l’ère industrielle, qu’est le modèle du salariat. Selon Denis Pennel, le salariat est devenu un choix par défaut, non pour ses caractéristiques intrinsèques mais plutôt pour la protection et la couverture sociale que son statut garantit. Il prône l’émergence d’un nouveau modèle, inspiré de la révolution du travail portée par les start-uppers, slaschers, co-workers : le « libertariat ».

Denis Pennel décrit le « libertariat » comme : « la recherche d’un marché du travail sans domination et sans exploitation, où les individus s’associent et coopèrent librement dans une dynamique de liberté et de respect mutuel tout en bénéficiant d’une protection juridique et sociale garantissant leurs droits fondamentaux ».

Selon l’auteur, nous ne règlerons pas les problèmes du XXIe siècle par des solutions inventées au XXe. Il invite plutôt à regarder du côté de ceux qui cherchent de nouvelles solutions permettant aux individus de redevenir acteurs et sujets de leur travail et d’accomplir une activité qui leur tient à cœur.

Il cite une interview du philosophe Bernard Stiegler en 2015 : « La société de demain devra tirer de chacun de nous le meilleur aussi souvent que possible. Or ce meilleur, c’est ce que nous faisons de bonne volonté. Lorsque je suis libre de mon temps et que je m’adonne à ce que j’aime, je donne le meilleur de moi-même ».

A l’heure où les robots libèrent l’homme du travail le plus pénible, pour Denis Pennel, il est essentiel de se recentrer sur l’humanité au travail, sur ce que seul l’homme peut accomplir face aux robots. Après les bras et le cerveau, c’est maintenant au cœur de prendre le dessus dans le travail.

Il nous partage l’extrait d’une interview du consultant américain Dov Seidman dans Les Echos : « nous sommes passés d’une économie industrielle – où on embauchait des bras – à une économie de la connaissance – où on embauchait des têtes – et maintenant une économie humaine – où on embauche des cœurs ».

Dans cette révolution du travail en marche, l'émergence des cœurs risque fort de chambouler les mécanismes de l’entreprise et la société toute entière. Pour ma part, je compte bien y contribuer, à mon échelle !

Mes sources d'inspiration
Psychanalyse du lien au travail. Le désir de travail de Roland GUINCHARD
Travail, la soif de liberté de Denis PENNEL
LES ECHOS - Quand les entreprises embaucheront des cœurs 

En matière de leadership, l’ego et l’intention sont les deux faces d’une même pièce. A qui se fier : côté pile, la voix tonitruante du jugement et des peurs portée par notre ego, ou côté face, la voix du cœur faite de désir et de joie, issue de notre intention ? Si vous laissez le hasard tirer à pile ou face, en faisant une confiance aveugle à votre ego, vous prenez le risque d’être orienté(e) dans la mauvaise direction, ou de prendre la mauvaise décision. Alors que si vous vous connectez à votre intention...

Je discutais récemment avec une ancienne journaliste qui venait de prendre un virage professionnel en accédant à de nouvelles fonctions managériales dans l’accompagnement à l’entrepreneuriat. Elle me partageait ses difficultés à prendre sa place dans une organisation qu’elle avait intégrée au bénéfice d’une création de poste. Comment prendre possession pleinement de ses nouvelles responsabilités sans empiéter sur les missions de son équipe qui était là avant elle ? Comment laisser s’exprimer les capacités pour lesquelles elle avait été recrutée sans faire de l’ombre à ses collaborateurs ? Je l’ai tout naturellement invitée à clarifier son intention dans cette prise de poste et à la partager, en toute sincérité et authenticité avec les membres de son équipe. Sans surprise, ses réflexes de journaliste ont rapidement été mis en éveil pour bien comprendre en quoi consistait cette intention sur laquelle je la challengeais. Elle m’a alors demandé de but en blanc si une intention pouvait être bonne ou mauvaise, faisant référence ici au management toxique dont peuvent souffrir certaines organisations, pilotées par des manageurs pétris de mauvaises intentions. J’avoue avoir été prise de cours par sa question ! Car le propre de l’intention est de libérer son énergie pour avoir un impact positif sur les environnements que nous désirons créer ou changer. Il n’existe pas d’un côté, les bonnes, et de l’autre, les mauvaises intentions. C’est un abus de langage, car une intention est nécessairement portée par un dessein constructif pour soi comme pour les autres.

Alors, qu’est ce qui guide ces managers à adopter des comportements nocifs pour leur collègues, leurs collaborateurs ? Ne serait-ce pas plutôt… leur ego ?

L’ego, cet imposteur qui dirige notre vie !

Mais qui donc est cet ego qui fait tant parler de lui ? C’est une construction mentale, une représentation que l’on a de soi-même, des autres et du monde. L’ego est une fausse identité en quelque sorte, un imposteur né de nos peurs et de nos croyances. Depuis notre plus tendre enfance, nous avons appris à nous comparer aux autres, à nos frères et sœurs, à nos camarades de classes… Ce réflexe s’est ancré avec les années, nous invitant à nous juger en permanence en nous affublant de trop ou de pas assez. Notre ego nous conduit à nous conformer à l’image de ce qui serait bien ou mal.

Notre mental, nourri par nos peurs et nos croyances, nous conduit ainsi à endosser des rôles qui font écran à notre vraie nature. Comme une partie de nous qui s’exprimerait à notre place, verrait et entendrait à notre place, et surtout, voudrait exister de plus en plus en nous… Nous ne réalisons pas à quel point notre ego dirige notre vie ! Quand il prend le pouvoir, nous sommes dans le mental. [A lire aussi : « Soigner son intention, c’est dire STOP aux ruminations ! » ]

« C’est un peu comme si vous n’habitiez plus votre corps, n’écoutiez plus votre cœur, ne ressentiez plus votre existence : vous interprétez la réalité, le plus souvent en la déformant, vous prêtez aux autres des intentions qui ne sont pas les leurs, vous projetez vos peurs, vos problèmes, vos doutes, vos attentes. Vous réfléchissez les événements au lieu de les vivre. Car le mental ne connaît que le passé et le futur. Le mental vous coupe du présent. » confie Laurent Gounelle dans son roman Et tu trouveras le trésor qui dort en toi.

L’ego a besoin de se sentir unique et différent. En cela, il nous sépare des autres et nous éloigne de notre vraie nature qui, au contraire, tend à l’union. Notre ego peut même nous pousser à l’opposition, au conflit et à la division pour se sentir exister, comme en témoignent les jeux de pouvoirs auxquelles s’adonnent nos édiles politiques.

C’est notre ego qui se manifeste lorsque :

Lorsque nous nous sentons misérables, angoissés, querelleurs, jaloux ; lorsque nous sommes effrayés, que nous nous sentons insultés ou flattés, c’est le jeu de notre ego. Alors, que faire puisque se battre contre son ego revient à lutter contre soi-même ?

Accepter que notre ego puisse avoir tort

L’ego étant le fruit de notre mental, il est infiniment difficile de faire taire les ruminations dont il nous affuble. Au contraire, chacune de nos pensées vient l'alimenter et lui donner encore plus de place. Il nous faut donc apprendre à détourner notre attention de ces raisonnements erronés pour se concentrer sur nos désirs, nos valeurs, nos engagements et vivre pleinement la réalité présente.

Le psychologue américain Albert Ellis nous enseigne que tous les êtres humains ont la même valeur, indépendamment de ce qu’ils possèdent et de leurs caractéristiques externes. En conséquence, il nous invite à reconnaître en conscience nos forces et nos faiblesses, notre potentiel, ainsi que nos limites pour mieux les accepter. Il fait de l’acceptation une condition indispensable pour affronter les aléas de la vie avec sérénité et trouver les ressources pour passer à l’action.

L’enjeu est de progresser vers plus de conscience en observant les informations qui proviennent de l’extérieur, tout comme nos pensées et émotions, avec recul et neutralité, sans jugement de valeur. Nous devenons ainsi plus conscients de ce qui nous guide et nous égare pour focaliser notre énergie non pas à lutter inutilement contre les errements de notre ego mais à progresser avec détermination vers notre objectif.

Développer une nouvelle conscience

« Nous vivons à une époque de profonds dérèglements et d’immenses potentiels ; une époque marquée par la fin d’un mode de pensée et de structures sociétales liés au passé ; une époque qui accueille la naissance d’une nouvelle conscience », tel est le constat d’Otto Scharmer, maître de conférences au MIT (Massachussetts Institute of Technology) et cofondateur du Presencing Institute, à l’origine de la Theory U.

Pour lui, ce changement de conscience est capital, au regard des trois fractures que nous connaissons aujourd’hui :

En matière de leadership, O. Scharmer constate que nous assistons au passage d’une conscience ego-systémique, centrée sur notre propre bien-être, à une conscience eco-systémique, c’est-à-dire l’émergence d’une conscience incluant le bien-être de tous portée par l’activation d’une nouvelle intelligence, l’intelligence du cœur. Il observe que les groupes qui se mettent en action à partir de cette conscience peuvent être terriblement efficaces.

Il fait référence ici à ce qu’il appelle l’angle mort du leadership, c’est-à-dire cet état intérieur, à la source de nos actes, de nos paroles, de nos décisions… auquel la plupart d’entre nous est aveugle. Il nous invite à faire émerger cette conscience profonde, cette intention qui nous anime et suscite chez nous des émotions positives.

Le domaine du sport de haut niveau nous donne une grille de lecture de cette dimension intérieure. Tout compétiteur va s’employer à aligner sa volonté (ses forces physiques/mentales, sa capacité à se dépasser…), avec ses émotions (l’enthousiasme à vivre ce défi sportif et l’optimisme quant à ses résultats…), avec ses désirs (de victoire, de nouveaux records…) et son imaginaire (celui de se voir monter sur le podium). Dans le domaine du management, ces dimensions intérieures nous sont relativement inconnues. Il est très rare que soit mise en œuvre cette conscience de l’intérieur vers l’extérieur pour améliorer les performances managériales.

L’intention, catalyseur de notre désir d’être et pouvoir d’agir

Cette nouvelle conscience de l’intérieur vers l’extérieur, est selon O. Scharmer le fruit d’un grand vouloir qui peut être activé sous trois conditions :

En psychologie, ce grand vouloir est ce qui caractérise l’intention. Dans son ouvrage Le pouvoir de l’intention, Wayne Dyer, psychothérapeute américain, désigne l’intention comme « un but ou un dessein clairement affirmé, accompagné de la détermination à obtenir le résultat désiré ». Pour lui, l’intention est « une force que nous portons tous en nous, un champ d’énergie qui se déploie au-delà de nos repères habituels ». [A lire aussi : "Avez-vous pris soin de vous accorder avec votre intention aujourd’hui ?"]

L’intention naît de l’alchimie entre notre désir d’être et notre pouvoir d’agir.

L’intention nous est propre et ne dépend que de nous ! Elle demande donc à être conscientisée, questionnée, explorée pour émerger et devenir claire à nos yeux. Car si l’intention existe déjà en nous, elle a besoin d’être extériorisée pour donner sa pleine puissance. L’intention fait l’action ! Plus souvent nous prenons le réflexe de clarifier notre intention, dans toute situation, mieux nous sommes à même de nous orienter dans l’action.

Pour Claire Rosart, chercheuse en systémique des groupes : « Une intention, c’est un peu comme une balise que l’on jetterait dans la direction que l’on souhaite emprunter et qui donnerait le cap en envoyant des signaux réguliers, nous permettant ainsi de cheminer dans son sens tout en s’adaptant à la réalité du terrain. C’est donc une force invisible qui dirige nos actions en mettant en route des dynamiques qui nous font avancer. […] Lorsqu’on est sur son chemin d’intention profonde, l’énergie déployée est décuplée. »

Il nous revient de choisir le champ d’énergie qui nous permettra d’avoir un impact positif sur les environnements que nous désirons créer ou changer dans notre vie. Cela signifie faire le choix d'ignorer notre ego et à travers lui la voix du jugement, du cynisme et de la peur, pour porter toute son attention sur son intention et écouter à travers elle et en pleine conscience la voix de son cœur et de sa volonté.

Cheminer en se laissant guider par son intention profonde procure l'enthousiasme pour passer à l'action, le cap pour prendre les bonnes décisions, la vision pour porter un projet, le sens pour engager ses parties prenantes et le bon niveau d'écoute pour se comprendre.

Mes sources d'inspiration
Et tu trouveras le trésor qui dort en toi de Laurent GOUNELLE
Le pouvoir de l'intention de Wayne W. DYER
Théorie U, l'essentiel d'Otto SCHARMER
L'intention personnelle en vidéo par Claire ROSART

Ah, ces fichues pensées qui tournent en boucle et nous gâchent l’existence. Elles nous enferment dans des jugements négatifs sur nous-même, sur les autres et sur la vie en général et nous incitent à chercher des coupables ! Imaginez que vous connaissiez les mécanismes qui fabriquent vos pensées... Imaginez que vous ayez en votre possession les clés de votre cerveau pour remodeler ces pensées avec l’intention de vous sentir bien… Ça n’est pas utopique ; le médecin spécialiste en neuropsychologie Bernard Anselem nous livre quelques enseignements issus de la recherche en neurosciences, ainsi que des approches concrètes pour rompre le cercle vicieux des pensées/émotions dans son ouvrage Je rumine, tu rumines, nous ruminons… En finir avec ces pensées qui tournent en boucle.

Outre le plaisir de vous partager la découverte de ce livre ; mon article vise également à mettre en résonnance ces bonnes pratiques avec la question de l’intention : l’intention comme cercle vertueux de bien-être pour endiguer le cercle vicieux des pensées négatives.

Notre cerveau est formé pour notre survie, pas pour être heureux…

Aux origines de l’Homme, notre cerveau a été modelé pour survivre au danger : il en a fait sa priorité. L’énorme capacité de raisonnement dont nous avons été dotés est donc reliée à nos émotions pour enclencher l’action en vue de subsister dans un environnement hostile.

Aujourd’hui, les problèmes relationnels et les incertitudes professionnelles ont remplacé les bêtes sauvages mais la structure profonde de notre cerveau n’a pas évolué à la même vitesse. Cette préférence pour le négatif héritée de nos ancêtres reste la norme ; c’est ce que les psychologues appellent « biais de négativité ». Nous mémorisons donc mieux tout ce qui relève d’une menace pour être capable à nouveau de repérer et traiter les risques. Des groupes de neurones passent leur temps à faire des prédictions, des comparaisons, des anticipations basées sur l’expérience mémorisée de toute une vie, en lien avec les émotions rattachées à ces expériences.

Ainsi, nos ruminations débutent avec l’objectif de résoudre une situation inquiétante ou insatisfaisante. L’attention se concentre sur la situation en cause, mais dans des contextes d’incertitude, de doute de soi, de tensions, le processus déraille et les préoccupations réveillent des souvenirs chargés d’émotions pénibles. Le chemin des pensées se perd, les idées tournent en boucle. Cette spirale de négativité crée une distorsion dans nos perceptions, assombrissant toutes nos pensées. La noirceur de l’humeur vient alors se surajouter au problème initial.

Selon une étude du chercheur américain Matt Killingsworth pour Science, notre esprit divague pendant 47% de notre temps en moyenne. Ce vagabondage mental s’accompagne d’une baisse du bien-être car les pensées concernent le plus souvent des thèmes désagréables, que nous le voulions ou non. Être tracassé par des préoccupations diverses est la règle et non pas l’exception.

Selon B.Anselem : « notre principal ennemi ne provient pas de circonstances extérieures mais de nous-même. Nous sommes notre propre bourreau ».

De surcroît, les ruminations focalisent notre attention sur le ressenti émotionnel douloureux, pas sur les solutions. On pourrait croire qu’en se concentrant sur un problème, on le résout mieux. Mais c’est le contraire qui se produit. En cogitant, nous oublions d’agir et nous alimentons un cercle vicieux destructeur…

Choisir les pensées qui nous font du bien !

Comme le souligne B Anselem, il n’existe pas de bouton marche/arrêt pour les ruminations. Plus nous tentons de les bloquer, plus elles reviennent. En revanche, nous avons des raisons d’espérer car les neurosciences nous ont appris que le cerveau peut se modifier à tout âge. On parle de plasticité cérébrale. Par notre simple volonté, nous avons le pouvoir d’apprendre des comportements bénéfiques tout au long de notre vie et ainsi d’imprimer un changement durable au plus profond de notre cerveau. Il nous revient de choisir les pensées qui nous font du bien !

Mettre à distance ces ruminations ne demande ni talents ni connaissances exceptionnels, mais nécessite un peu d’humilité pour accepter de modifier les raisonnements que l’on a mis si longtemps à construire. B. Anselem propose trois méthodes de travail sur soi pour un résultat durable :

« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être, mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre. » Marc Aurèle

Accueillir nos émotions douloureuses, comme des observateurs

Il est difficile de ressentir la paix alors que l’on résiste à une émotion. On ne peut d’avantage s’évader d’une souffrance sans la reconnaître. B. Anselem compare les ruminations et les émotions qui y sont associées à des sables mouvants. L’agitation de nos pensées nous enfonce inexorablement et raisonner toujours plus revient à utiliser une pelle pour creuser. On peut éviter de s’enfoncer dans ce bourbier en cessant de s’agiter et de s’opposer, en accueillant nos ressentis tels qu’ils sont, a fortiori lorsque l’on n’a pas le pouvoir de les modifier.

Pour accueillir et dédramatiser une émotion, il convient de se positionner en tant qu’observateur plutôt qu’acteur de ses pensées et de ne pas entrer dans leur jeu. S’entraîner à ramener son attention vers le présent « ici et maintenant » est probablement la pratique la plus puissante contre les ruminations. L’objectif est de progresser vers plus de conscience de ce que nous voyons et ce que nous entendons en provenance de l’extérieur, mais aussi de nos ressentis internes, en toute neutralité. Et ainsi de comprendre que le reste n’est qu’une construction de nos pensées, pas la réalité.

Faire confiance à notre désir pour libérer l'énergie

Comme l’a souligné B. Anselem, les ruminations nous empêchent d’agir. En conséquence, pour éviter de retomber dans le cercle des ruminations, nous pouvons focaliser notre attention sur une action au présent, centrée sur un objectif désirable pour nous. En termes neurologiques, cela revient à s’engager dans un comportement qui alimente les circuits cérébraux de la récompense.

L’enjeu est ici d’agir sur nos forces plutôt que sur nos insatisfactions : capitaliser sur nos émotions positives, renforcer nos capacités à affronter l’adversité, améliorer notre rapport à soi et aux autres.

C’est là qu’entre en jeu l’intention pour inverser la tendance... Si nous considérons que les ruminations se déclenchent lorsqu’une émotion négative surgit et vient déformer nos pensées, cela signifie que nos émotions sont un précieux baromètre pour détecter nos résistances. L’émergence d’une émotion telle que le stress ou l’anxiété est donc le signal d’un besoin de changement qui se manifeste en nous. C’est aussi une invitation à mobiliser notre énergie et trouver les forces pour avancer. Chacune de nos pensées possède une énergie qui peut soit nous affaiblir, soit nous renforcer ; à nous de faire peser la balance du bon côté !

La question à se poser à ce stade pour se sentir bien est : « Qu’est ce qui est important pour moi, ici et maintenant ? ». B. Anselem évoque un engagement qui nous motive en profondeur à agir. L’intention est du même ordre car elle se situe au carrefour entre nos désirs profonds, la condition de tout projet, de tout espoir, de tous les possibles, et de notre pouvoir agir, la somme de nos expériences, connaissances, compétences, qui nous permettent de prendre notre vie en main, en autonomie. Le désir porte l’énergie et le pouvoir agir donne la puissance à l’action. Explorer son intention pour comprendre où se situe notre désir et notre pouvoir agir est déterminant dans la vie de tous les jours comme pour les grandes aspirations existentielles.

Clarifier son intention, au quotidien, pour toutes les choses de la vie, est une pratique extrêmement vertueuse. Car elle permet de rompre le cercle vicieux des ruminations et de se projeter dans l’action, en trouvant le sens, l’inspiration et la détermination qui nous conduiront à avoir un impact positif sur les environnements que nous souhaitons changer ou créer autour de nous !

Pour compléter votre inspiration
EUROPE 1 - Bienfait pour vous - Est-ce qu’on ne se prendrait pas trop la tête, au quotidien ?

Il y a à peine dix ans, nous débattions de l’opportunité de convoquer le « bonheur » au travail… Avec la crise sanitaire, on a vu poindre une question encore plus cruciale dans le monde du travail : la place du désir… Il ne vous a pas échappé que depuis un an ou deux le désir a investi le vocabulaire de l’entreprise : économie désirable, entreprise désirable, expérience désirable du travail… Pas étonnant, si l'on considère le séisme qui a bousculé de façon systémique tous les piliers de notre vie depuis 2020. Pas étonnant lorsque l’on se remémore le premier confinement ; ce temps suspendu qui nous a permis de prendre un peu de hauteur sur notre quotidien et de nous poser les vraies questions sur le sens de notre existence, notamment dans notre travail. Un temps long, détaché du bureau, pendant lequel de nombreux salariés ont éprouvé le besoin de comprendre à nouveau pourquoi ils travaillent. Derrière ce besoin de sens au travail, se cache l’histoire d’une quête, celle de nos désirs profonds !

Le désir est en nous la marque du manque, une faille qui caractérise le fonctionnement humain. Par extension, le désir est donc la condition de tout projet, de tout espoir, de tous les possibles…

« De ce point de vue, il est non seulement le signe de l’imperfection au cœur de l’être humain et de son "défaut" structurel, mais il est aussi et surtout ce qui permet à chacun de se projeter en dehors de lui-même, de s’activer, d’aller vers la rencontre, de sortir de sa solitude et de s’acheminer là où son désir le pousse » comme le décrit la chercheuse, philosophe et écrivaine italienne Michela Marzano dans son article Le désir : un équilibre instable entre manque et puissance.

Entre manque et puissance, je vous propose ici d’invoquer ce désir, de le faire émerger et de penser la place qu’il occupe dans votre vie ! Car le désir évoque l’homme, comme l’écrit le psychanalyste Denis Vasse dans son essai Le temps du désir. Le désir est notre essence, la source de ce qui nous pousse à agir, la marque de ce qui fait de nous un être singulier.

« Le désir n’est jamais une « chose » qui est « là », déterminée une fois pour toutes. Il n’est jamais un « point précis ». Il est plutôt une espèce de ligne de fuite, une tension, une expansion, ce par quoi la subjectivité de chacun peut se définir. » selon M. Marzano.

Spinoza a une conception énergétique du désir. Le désir est selon lui un effort pour persévérer dans son être et devenir conscient de soi. On trouve une illustration de cette approche grâce à Roland Guinchard, psychologue et psychanalyste et Gilles Arnaud, psychosociologue et professeur de psychologie des organisations à l'ESCP, qui ont collaboré à l’écriture de Psychanalyse du lien au travail. Le désir de travail.

Ils explorent ici le Désir de travail comme un processus vivant qui est une part importante de la vie, au moins autant que l’amour. Leur réflexion se réfère à l’existence, chez tout être humain, d’une énergie pulsionnelle orientée vers l’action ou la réalisation : « Cette poussée énergétique brute, en s’intégrant à la psychologie de l’individu au cours des premières années de sa vie, se transforme alors en un désir d’agir et de faire à la recherche d’un accomplissement en ce monde… ».

Dans leur ouvrage, ils proposent de changer de regard : plutôt que de chercher à mettre un peu de désir dans le travail, faire apparaître que le travail est partie intégrante du désir humain

Le Désir de travail, un désir d’agir et de faire à la recherche d’un accomplissement en ce monde

Selon R.Guinchard et G.Arnaud, le désir qui nous pousse au travail est une énergie. En cela, le Désir de travail n’a rien à voir avec l’envie de travailler ou la motivation. C’est l’ensemble des éléments conscients et inconscients qui déterminent tous les avatars de notre travail, depuis notre comportement face à la tâche jusqu’à notre parcours de carrière.

« Créer la motivation est évidemment un abus de langage, si on considère que la seule chose vraiment possible ne consiste en rien d’autre qu’à dégager de la place à un Désir de travail. […] Il conviendra de respecter d’abord le Désir, et tout ce dont il a besoin et se nourrit : du « sens » et du « symbolique », de la parole claire et des repères sans cesse revus et précisés, des champs délimités, des relations infiniment régulées, et entretenues. »

La question du Désir de travail se pose à tous. Toute personne qui travaille ou souhaite travailler, doit donc s’attacher à ne jamais renoncer à son désir et s’engager à faire absolument quelque-chose de ce désir-là ! Pas seulement une petite place, ni n’importe quelle place car le Désir de travail est exigeant.

Un Désir cinq fois exigeant

Dans ce sens, la responsabilité du chef d’entreprise ou du manager est de favoriser l’expression du Désir de travail chez les personnes auxquelles il propose un emploi. Car l’ignorance du Désir de travail ne peut qu’entraîner sa maltraitance. Il leur appartient donc de désencombrer le Désir de travail.

« La richesse de l’entreprise, c’est son énergie, et l’énergie de l’entreprise n’est pas l’homme mais le Désir de travail. »

Le Désir de travail ne se manage pas, il se ménage plutôt !

Dégager le terrain pour permettre au Désir de travail de s’exprimer pleinement nécessite de s’appuyer sur une idée qui peut paraître invraisemblable : tout le monde a envie de travailler ! Car, comme nous l’avons vu dans le précédent chapitre, le Désir de travail est exigeant au regard de l’ambiance et de ses conditions d’exercice. Ce que certains pourraient caractériser de paresse est en fait le résultat d’une forme de carence au sein de l’organisation, l’absence d’un véritable espace pour permettre au projet de l’équipe de s’épanouir.

Il faut comprendre qu’il existe une rivalité entre l’objet travail interne, qui est la manifestation de notre désir, et l’objet travail externe, qui est porté par le marché de l’emploi, la culture d’entreprise… Il y a manifestement méprise lorsque l’entreprise s’évertue à rendre cet objet travail externe tout de même assez désirable pour ses collaborateurs. Cette course éperdue à la (re)motivation est illusoire si le management laisse le Désir de travail orphelin, sans reconnaissance, sans repères et sans parole tenue.

« Si le travail est enfin reconnu comme objet véritable du désir humain, il devient inutile de vouloir créer la motivation de toutes pièces puisque le désir a cette particularité qu’il ne meurt jamais, même s’il peut être recouvert ou mis en veille. »

C’est dans cet espace, cette place consacrée à l’expression du Désir de travail que se joue la manifestation du sens. On parle souvent de sens dans le travail sans pouvoir définir clairement de quoi il s’agit. Pour R.Guinchard, quatre dimensions contribuent au sens car elles sont constitutives des piliers qui soutiennent le Désir de travail :

Comme le souligne G.Arnaud : « L’origine de la plupart des problèmes de management réside dans tout ce qui empêche le Désir de travail de se manifester ».

Nous avons le devoir d'explorer le champ des possibles de notre Désir

A l'invitation de R.Guinchard et G.Arnaud, je vous invite donc à changer de regard, à appréhender le travail comme Désir, comme un objet au cœur de notre inconscient, mystérieux et essentiel, avec lequel nous entretenons une relation intime, précieuse. Acceptons que le Désir de travail soit à l'œuvre en nous. Accueillons cette donnée énergétique indispensable pour comprendre notre rapport au monde et à nous-même. Nous avons le devoir d'explorer le domaine de notre Désir de travail pour déterminer le champ des possibles et nous réaliser en ce monde.

J'aimerais conclure en vous partageant une très belle contribution à l'ouvrage Le désir au féminin de Gabrielle Halpern, Docteur en philosophie et autrice : « C’est précisément par le désir que l’on échappe à soi, à ses rétrécissements et que l’on est entraîné vers tout ce qui est autre. C’est par le désir seulement, comme sortie hors de soi, que l’on existe, au sens fort du mot, plutôt que de se contenter de vivre ».

Pour G.Halpern : « Désirer, ce n’est pas voyager, c’est s’aventurer. [...] Cette philosophie du désir devrait être la première chose que l’on enseigne aux enfants : les rendre désireux du monde, de ceux qui les entourent, de ce qu’ils ne connaissent pas, de ce qui leur est étranger. On apprend trop souvent aux enfants à être désirables, et non à être désireux ».

Quelques références pour poursuivre l'inspiration :
RIMEFI Recherche en Management Economie et Finance - Qu'est-ce que le Désir de travail ?
CAIRN.INFO - Le désir : un équilibre instable entre manque et puissance
Cercle de Réflexion Universitaire du lycée Chateaubriand - Spinoza ou l’énergie du désir
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